GPHG 2025 #23 (accès libre)
Dix-sept jugements rapides sur dix-sept montres « Petite aiguille » du GPHG

En toute transparence, avant d’être critiquées (au meilleur sens du terme) et appréciées, ces nouveautés sont expliquées dans la jamais trop fleurie « langue de boîte » : c’est la langue usuelle de nos « amies les marques » et c’est la langue de bois des « boîtes » d’horlogerie. Dans tous les styles et à tous les prix, venues de Suisse ou d’ailleurs, au masculin comme au féminin, quelles montres les académiciens vont-ils devoir sélectionner ? Certaines de ces montres ont déjà été présentées par Business Montres, mais nous y revenons avec plaisir ! Place à un nouvel épisode de notre panorama du GPHG 2025, avec nos commentaires critiques sur dix-sept montres de dix-sept marques (pour les notices complètes de présentation, on pourra se reporter à la page du GPHG qui présente les montres en compétition)…

NALLA NERAM Kaalam

Nalla Neram présente un chronographe minuteur, destiné aux professionnels, avec minutes courantes et minutes écoulées, idéal pour gérer les activités et tâches quotidiennes. Nalla Neram signifie « bon moment » ou « temps propice » en tamoul, une langue du sud de l'Inde. Chez Nalla Neram, nous nous concentrons sur les minutes. Notre vie se déroule en minutes : le temps nécessaire pour prendre une décision, accomplir une tâche ou vivre un moment important. Si les heures et les jours sont calculés en fonction des alignements planétaires (une rotation de la Terre autour du Soleil), ce sont les minutes qui façonnent notre quotidien. La plupart des gens gèrent leur temps en minutes, et non en heures. Le chronomètre minutes Kaalam offre une clarté optimale de chaque minute grâce à un cadran au design exclusif. Chaque minute, de 1 à 60 par heure, est clairement visible sur deux anneaux extérieurs situés sur le bord du cadran. Les minutes sont surlignées toutes les trois minutes en orange – 3, 6, 9… Il s’agit d’une autre mesure pour gérer les tâches ou activités quotidiennes – par multiples de 3 minutes.

UN COMMENTAIRE ? Un joli chronographe, esthétiquement original et conceptuellement intéressant, mais cela ne suffira sans doute pour qu’il émerge aux yeux des académiciens en vue de la présélection…

NOMOS GLASHÜTTE Club Sport neomatik Worldtimer

L'heure universelle redéfinie : Club Sport neomatik mondial argent de Nomos Glashütte est une interprétation moderne et novatrice de la montre à heure universelle. Dotée d’un calibre automatique entièrement nouveau, elle compte parmi les montres à heure universelle les plus fines du marché. Son design associe un boîtier robuste à un cadran au caractère sportif et à un mécanisme facile à utiliser. Le cadran rhodié avec soleillage ajoute une pointe d'élégance au design sportif de cette montre. L'anneau bleu sur le pourtour du cadran principal indique les 24 fuseaux horaires à l’aide de codes de villes. Le cadran annexe à 3 h affiche un second fuseau horaire au format 24 heures avec une seule aiguille rouge : les heures du jour sont représentées par un anneau extérieur en bleu, celles de la nuit en rouge. Une échelle subtile sur le pourtour intérieur du cadran principal permet de visualiser facilement les différences horaires entre deux fuseaux. Le Superluminova sur les aiguilles et les index émet une lueur bleue pour garantir la lisibilité dans l’obscurité.

UN COMMENTAIRE ? Une intéressante tentative de repenser les montres à fuseaux horaires, à un prix raisonnable et avec un graphisme très pédagogique : il serait intelligent de la part des académiciens présélecteurs de lui laisser une chance pour la finale dans une catégorie où il leur faudra éliminer plus de cinq montres sur six…

NUKUMI Le 1964

La caractéristique la plus marquante de cette montre est sa finition extérieure, obtenue grâce à un revêtement spécialisé développé au cours de plusieurs années. Le revêtement « candy », conçu spécialement pour ce modèle, se compose de cinq couches appliquées avec une grande précision, produisant une brillance unique que l’on ne retrouve pas sur d’autres montres. En général, les finitions peintes sont sensibles aux dommages causés par l’usure quotidienne ou les chutes accidentelles, ce qui rend leur application sur les boîtiers de montres particulièrement complexe. Cependant, cette montre utilise un revêtement spécialement mis au point, affichant une dureté de 5,5 sur l’échelle de Mohs, et répond à la norme ISO 1413 en matière de résistance aux chocs (test de chute d’un mètre). Une dureté de 5,5 sur l’échelle de Mohs est équivalente à celle du verre ou de l’acier inoxydable, garantissant une résistance aux rayures, à l’abrasion et aux impacts liés à un usage quotidien.

UN COMMENTAIRE ? Si l’idée était de sélectionner une montre sur ses qualités d’innovation technique [c’est une catégorie qui manque au GPHG], cette Nukumi aurait des chances de se distinguer. Là, pour la présélection, en dépit de l’originalité de son habillage, elle semble assez désavantagée face à ses trente-deux concurrentes…

OTSUKA LOTEC No. 5 Kai

Le modèle « No.5 KAI » est équipé d'un mouvement japonais Miyota avec un module additionnel de l’heure satellite conçu et fabriqué en interne. Pour éviter le jeu caractéristique du mécanisme de l'heure satellite, le disque des heures est entraîné par un double réducteur. En outre, pour mettre en valeur le mécanisme statique de l'heure satellite, une conception réfléchie a été utilisée pour s'assurer que le fonctionnement du mécanisme soit clairement visible. Tout d'abord, le disque des heures est en prise directe avec un palier à roulement à billes à la position 8 heures. Le disque des secondes, situé à 5 heures, se déplace constamment, quelle que soit la position du disque des heures, ce qui permet de visualiser le mécanisme de façon continue. Afin de souligner la forme tridimensionnelle du mécanisme de l'heure satellite, chaque composant logé dans le verre en saphir, y compris la « plaque d'index des minutes » et le « disque des heures », est conçu pour projeter des ombres distinctes.

UN COMMENTAIRE ? La nouvelle génération de l’horlogerie créative japonais a du répondant et elle entend le prouver : cet affichage singulier des heures satellitaires mérite une présélection de la part des académiciens, sinon une place sur le podium en finale…

QANNATI Qannati Quantum 2 Pearl Edition

Qannati Quantum 2 Édition Pearl rend hommage au riche patrimoine perlier de Bahreïn et à sa position de leader mondial des perles, évoquant la danse paisible des perles en suspension dans des profondeurs secrètes, réalisée par un travail artisanal minutieux et une précision mécanique suisse. Logée dans un boîtier rectangulaire de 41 × 27 mm en acier inoxydable PVD noir, sa silhouette allongée offre une toile contemporaine à une scène poétique. Un fond en nacre sombre apporte une iridescence feutrée où des perles naturelles bahreïniennes — célébrant la renommée de Bahreïn pour ses perles d’exception — circulent librement dans une cavité sculpturale conçue au Qannati Lab à Bahreïn. Au cœur, le mouvement automatique Sellita SW100 garantit une mesure du temps fiable, tandis que le bracelet en python gris, aux nuances profondes, encadre le boîtier avec élégance texturée.

UN COMMENTAIRE ? Un brillant exercice de style en même temps qu’une intéressante mise en valeur d’un patrimoine culturel perlier un peu oublié : il est cependant douteux que ces deux arguments soient suffisants pour accéder à la finale dans une catégorie où la présélection est aussi impitoyable qu’injuste…

RAJAMÄEN KELLOTEHDAS M.Jaune

L'objectif est d'appliquer sa propre vision à ces pièces. Elles sont dotées d'un cadran tridimensionnel monobloc. Boîtier en acier classique. Mouvement mécanique automatique.

UN COMMENTAIRE ? Cette aimable maison finlandaise n’a apparemment pas tout compris de la règle du jeu GPHG : sa présentation des plus succintes ne l’aidera pas à espérer une place dans la présélection…

RESERVOIR GT Starship Orbiter One

Née de la rencontre entre la précision instrumentale de Reservoir et la radicalité esthétique de Label Noir, Orbiter One n’est pas une montre - c’est un prototype de mission. Inspirée des modules orbitaux des vols spatiaux habités, elle transforme le cadran en interface de commande : minute rétrograde comme vecteur de navigation, heure sautante comme repère temporel. Façonnée en noir profond, pensée comme un cockpit, éditée en série limitée, Orbiter One est la première pièce d’une nouvelle trajectoire horlogère. Un vaisseau personnel pour explorer le temps autrement. Mission activée. Orbite engagée.

UN COMMENTAIRE ? Ce n’est pas décidément pas la bonne année pour Reservoir, qui n’a pas sélectionné les bonnes montres dans les bonnes catégories : le narratif tombe un peu à plat et il ne poussera sans doute pas les présélectionneurs de l’Académie à retenir Reservoir dans leur liste finale pour le podium…

ROBOT Robotic 1

Robotic One marque un nouveau chapitre audacieux pour la marque tchèque Robot. Conçue par le célèbre designer suisse Marcus Eilinger, la montre présente un boîtier asymétrique saisissant inspiré d'une tête de robot stylisée – un hommage à l'origine tchèque du mot « robot ». Alliant narration tchèque et excellence horlogère suisse, Robotic One intègre un système de changement de bracelet rapide, un cadran galvanique brossé verticalement avec index luminescents, et des aiguilles ajourées finies à la main. C'est le premier modèle d'une nouvelle génération de montres mécaniques au design expressif, incarnant l'identité de la marque sous forme horlogère.

UN COMMENTAIRE ? Venue de Prague (Tchéquie), cette jeune marque indépendante se défend bien, dans la forme comme dans le fond. Ce chronographe original aurait tout-à-fait sa place dans la présélection…

SARTORY BILLARD SB04-E Chrysocolle & Platine

Il est des cadrans qui ne se contentent pas d’indiquer l’heure. Ils racontent une histoire. Avec la SB04‑E Chrysocolla, Sartory‑Billard célèbre la beauté brute de la nature en capturant l’essence même de la pierre chrysocolle – minéral rare aux teintes oscillant entre bleu turquoise, vert d’eau et nervures profondes. Chaque cadran, taillé dans une même concrétion, est unique. Aucun ne se répète. Comme une île vue du ciel, comme un lagon figé dans le temps. Autour de ce paysage minéral, un anneau fumé aux reflets de platine vient créer une profondeur hypnotique. Les index lumineux, suspendus dans la transparence du verre saphir, semblent flotter. Les aiguilles, taillées comme des facettes de lumière, captent les moindres rayons du jour. Il ne s’agit pas d’un cadran, mais d’une scène. Silencieuse. Vivante. Le boîtier de 39,5 mm épouse le poignet avec élégance et discrétion. Il disparaît presque, pour mieux révéler le cadran. La lunette concave guide l’œil vers l’intérieur. Tout est pensé pour sublimer la matière, sans jamais la dominer. C’est une montre qui se contemple avant même de se lire.

UN COMMENTAIRE ? Belle réalisation, mais un peu vaine et faiblement sensible en termes d’émotions : on applaudit du bout des doigts et non du fond du cœur. Dommage, Sartory Billard aurait déjà dû mériter un prix du GPHG, mais il est douteux que ce soit pour cette année…

SEA-GULL 1963 Rattrapante 70th Anniversary Special Edition

Inspirée de la collection Aviation, cette montre arbore un cadran multicouches très lisible. Sa palette de couleurs est volontairement limitée au noir, au blanc et au bleu Sea-Gull. Le boîtier est en titane grade 5. Les aigulles bleuies ont été minutieusement peaufinées pour un équilibre visuel et une fluidité de mouvement optimale. Le cadran est gravé au laser et présente un processus de coloration multicouche fait main qui produit un effet exceptionnel. La montre est animée par le calibre chronographe à rattrapante ST1961 de la manufacture, développé à partir du très réputé calibre ST1901. La décor a subi une mise à niveau complète. Les platines et les ponts adoptent un nouveau processus de polissage, et les composants présentent désormais le poli spéculaire.

UN COMMENTAIRE ? Voir une Sea-Gull inspirée par les montres de l’armée de l’Air chinoise dans la présélection serait un événement marquant dans le concours du GPHG. La voir monter sur le podium – cette montre le mériterait – serait une fantastique claque pour les arrogantes montres suisses. Les académiciens auront-ils le cran de cette trangression du tabou grand-chinois ?

SEIKO King Seiko Vanac

Le cadran violet de la Vanac évoque le crépuscule tombant sur la capitale japonaise, berceau de la collection King Seiko. Orné d’un motif aux lignes horizontales, il est structuré par un rehaut intérieur dédié aux index. L’index à midi ainsi que le contrepoids de la trotteuse arborent la lettre « V », en référence directe au nom de la série. Malgré son apparence puissante et robuste — comme taillée d’une pièce dans un bloc de métal—, la Vanac conserve une silhouette fine et élégante grâce à l’absence de lunette. Le bracelet, de conception inédite, associe des maillons aux finitions polies miroir et satinées qui offrent à la fois un grand confort au porté et un bel équilibre visuel. La ligne d’horizon de Tokyo se devine en filigrane, évoquée par les lignes horizontales du design. La Vanac est animée par le calibre 8L45, un nouveau mouvement Seiko doté d’une réserve de marche de 72 heures grâce à un ressort-moteur optimisé. Il assure une précision remarquable de +10 à -5 secondes par jour. Entièrement repensé pour répondre aux exigences des montres sportives mécaniques contemporaines, ce calibre allie robustesse, performance et beauté fonctionnelle. Visible à travers le fond transparent en verre saphir, le 8L45 incarne le summum du savoir-faire mécanique de Seiko.

UN COMMENTAIRE ? On se demande un peu comment Seiko a pu s’égarer dans cette série des « Petite aiguille » où s’ébattent tant de marques inconnues, mais la Vanac ne manque pas d’excellents arguments pour franchir le cap de la présélection et pour disputer une finale dont les résultats seront forcément surprenants…

SHERPA WATCHES Ultradive Sun

Le modèle Ultradive Sun élève le style épuré du modèle Ultradive original à un niveau plus luxueux, proche de celui d'une montre habillée. Le revêtement galvanisé en or rose confère au cadran des surfaces plus réfléchissantes, tandis que le brossage soleil apporte un caractère changeant à l'affichage de la montre tout au long de la journée. Afin de conserver la lisibilité et le contraste caractéristiques des montres Sherpa, nous avons remplacé l'impression sur le dessus des aiguilles et des index par du noir et simplifié la disposition interne de la lunette de plongée, permettant ainsi à la montre de fonctionner comme un outil tout en laissant s'exprimer la nouvelle couleur or rose.

UN COMMENTAIRE ? Le retour du style « Compressor » est assez réjouissant et cette élégante Ultradive offre à l’équipe allemande de Sherpa un ticket d’accès à la présélection : c’est déjà beaucoup face aux trent-deux concurrentes de la catégorie…

TAG HEUER TAG Heuer Carrera Astronomer

Avec la TAG Heuer Carrera Astronomer, la Maison suisse vise la Lune et renoue avec son héritage spatial à travers une réinterprétation résolument contemporaine de la complication des phases de lune. Hommage à la mission orbitale de John Glenn en 1962, au cours de laquelle un chronomètre Heuer devint la première montre suisse portée dans l’espace, ce nouveau garde-temps de 39 mm en acier mêle tradition horlogère et vision contemporaine avec assurance. La TAG Heuer Carrera Astronomer revisite la traditionnelle phase de lune avec une précision inédite. À 6 heures, un disque rotatif dévoile le cycle lunaire dans ses moindres détails. Deux flèches, placées à l’intérieur du cercle, indiquent l’âge de la Lune, de 1 à 29,5 jours, une lecture rare et intuitive dans l’horlogerie contemporaine. Recouvertes de Super-LumiNova, les phases de lune sont parfaitement lisibles en toutes circonstances. Inspirée de la Heuer Solunar de 1949, cette complication offre à la fois clarté visuelle et prouesse technique, réaffirmant la maîtrise de TAG Heuer en matière d’élégance fonctionnelle. Le design n’est pas en reste : cadran argenté soleillé, rehaussé d’un rehaut de cadran noir et argent, aiguilles rhodiées, chiffres arabes nets, boîtier en acier poli et satiné. Chaque détail témoigne d’un sens esthétique affirmé. Le bracelet iconique « grains de riz », une signature TAG Heuer, apporte la touche finale : un clin d’œil assumé aux modèles des années 60.

UN COMMENTAIRE ? Tiens, une grande marque ? On se demande un instant si la maison TAG Heuer ne s’est pas égarée dans cette catégorie, mais on réalise qu’il lui est possible de faire une belle opération avec cette Astronomer qui ose afficher de façon innovante les phases de la lune. Une place dans la présélection semble acquise d’avance…

THE CORNELL WATCH COMPANY Lozier

Le Lozier est une étude de subtilité. Le boîtier en acier inoxydable de taille modeste mesure 37,4 mm de diamètre et seulement 8,5 mm d'épaisseur, cristal inclus. Il utilise une construction classique à trois pièces, avec des finitions brossées mates sur le dessus et les côtés et un fond de boîtier circulaire brossé propre, sans aucune gravure superflue. Il possède des cornes longues et largement espacées (22 mm) qui rappellent le profil de certaines des montres habillées les plus classiques des années 1930 et 1940. Il est terminé par une couronne portant un logo Cornell gravé au laser. Le cadran et les aiguilles « Cornell Leaf » conçues sur mesure sont réalisés en argent allemand, ce qui leur donne un look chaud et subtil en deux tons contre le boîtier en acier. Le cadran est usiné à partir d'un seul bloc d'argent allemand, avec trois niveaux qui descendent de la bague extérieure aux marqueurs d'heure jusqu'à la section centrale avec la signature Cornell. Il est taillé au diamant et fini à la main, avec une finition givrée ponctuée par les bords brillamment polis. Les chiffres « Chicago Roman » ont été spécifiquement conçus pour le Lozier par Samuel Baker et s'inspirent de l'incroyable architecture Art Déco de la ville. Les chiffres, la bague des heures et la signature sont tous imprimés au pad en encre noire foncée, ce qui permet juste un léger aperçu de la texture du cadran sous-jacent, donnant à la montre une allure plus harmonieuse dans l'ensemble.

UN COMMENTAIRE ? La montre est superbe et elle prouve qu’il est urgent de dédoubler la catégorie « Petite Aiguille » en plusieurs séquences, dont une serait réservée aux montres entre 4 000 francs suisses et 6 000 francs suisses [c’est le cœur de l’offre pour les montres inscrites], histoire de rendre moins injuste une présélection qui ne retiendra qu’une montre sur six en éliminant au passage une offre américaine aussi intéressante que cette Lozier…

TOLEDANO & CHAN b/1.2

Toledano & Chan s'intéresse à la forme et à la matière, à la silhouette et à la sculpture. Avec la B/1, nous avons créé un nouveau langage, inspiré de l'architecture brutaliste, et plus particulièrement de Marcel Breuer. Au fil de notre développement, nous introduirons de nouveaux mots et expressions dans ce langage, élargissant ainsi la perspective de Toledano & Chan. La b1.2 reprend le style de la b/1, mais au lieu d'étendre le design avec de l'acier, nous avons utilisé du verre saphir, créant ainsi un verre asymétrique qui contrebalance la forme de la tête de montre. Poursuivant sur le thème des contraires, la puissance architecturale du boîtier et du bracelet est contrebalancée par les tons doux et organiques de la nacre de Tahiti.

UN COMMENTAIRE ? Bof… Belle pièce, mais elle semble un peu incongrue dans cette catégorie, alors qu’elle aurait tout sa place dans une catégorie à créer pour les montres bâties autour d’un concept de design. Pas sûr que les académiciens soient sensibles à son message brutaliste…

VENEZIANICO Redentore Utopia

Né d'une idée qui semblait irréalisable en Italie, la première montre à accueillir le mouvement mécanique manuel avec le calibre V5000 est le modèle Redentore, dans une version inédite baptisée à juste titre « Utopia ». « Une montre qui unit forme, substance et signification. Chaque détail, du cœur mécanique au cadran gravé à la main, raconte qui nous sommes et où nous voulons aller. C’est une étape, certes. Mais pour nous, ce n’est que le début », affirment les frères Alberto et Alessandro Morelli. La Redentore Utopia présente un boîtier en acier 316L de 38 mm et une épaisseur de seulement 8,9 mm, avec un cadran gravé à la main selon la technique du guillochage sur tour rose engine, suivant un dessin exclusif développé spécialement pour ce modèle par le maître artisan Riccardo Renzetti. Le motif radial, composé d’ondes parfaitement régulières, naît d’une séquence de gestes lents, mécaniques mais non automatisés : chaque étape est guidée par la main et l’œil de l’artisan. Pour sublimer cette surface vivante, le métal est soumis à une coloration par traitement IP (Ion Plating), conférant au cadran une teinte profonde et vibrante, capable de varier selon la lumière. Les reflets se déplacent suivant la gravure, créant un effet dynamique et changeant qui valorise chaque détail du travail. Dans un cadran aussi riche en détails visuels que le guilloché, chaque élément doit trouver sa place avec équilibre. Pour cette raison, sous le verre saphir avec traitement antireflet, tournent des aiguilles de type alpha, facettées et polies miroir, capables de refléter la lumière de manière nette et d’assurer une lecture claire en toutes conditions.

UN COMMENTAIRE ? Disons-le clairement : avec son style très travaillé et son mouvement « manufacture » italien, cette Venezianico est sans aucun doute une des deux ou trois montres qui mériteraient cette année de décrocher le prix « Petite aiguille » : reste à savoir si les académiciens, puis les jurés en charge de la finale seront sensibles aux arguments d’authenticité de cette jeune maison indépendante vénitienne…

VIRAGES WATCHES Ballet d'été

Avec ce premier modèle, Virages inaugure une odyssée horlogère : une quête du temps ressenti, une lecture de la journée telle que nous la vivons, et non telle que les aiguilles la comptent. Ici, le cadran ne se contente pas de mesurer le temps, il le dessine. Grâce à un module sur mesure fabriqué à La Chaux-de-Fonds, l’aiguille suit une courbe conchoïdale, une boucle dans la boucle, élégante et unique. Loin des cercles rigides de l’horlogerie classique, le temps s’étire, se resserre, à l’image de nos jours et de nos nuits. De 18h à 6h, l’aiguille trace une petite boucle, marquée par la lune à minuit. À l’inverse, de 6h à 18h, elle s’élargit pour dessiner une grande courbe, guidée par le soleil à midi. Ces deux boucles durent douze heures chacune, mais n’occupent pas le même espace : le jour s’étale, la nuit se replie. En bas du cadran, les minutes sont indiquées par une aiguille à trois branches, qui effectue une rotation complète en trois heures, parcourant ainsi un tiers de cercle à chaque heure. Dans cette configuration, les heures du jour s’étendent, rappelant les longues journées de solstice d’été. Dans ce moment propice à la liberté et au relâchement, l’aiguille danse sa propre valse autour du cadran, comme sur une piste dessinée sur mesure.

UN COMMENTAIRE ? Dernière montre de la série des « Petite aiguille », ce Ballet d’été nous rejoue, non sans une certaine élégance, les « heures virevoltantes » imaginées il y a quelques années par Pierre Kunz : est-ce suffisant pour accéder à la finale ? On ne peut que le souhaiter, la pièce – en dépit de son prix superlatif – méritant vraiment qu’on s’y intéresse…

COORDINATION ÉDITORIALE : JACQUES PONS