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@2013 : Les 10 meilleures bonnes surprises d'une année en pente douce (descendante)

Une année de transition sait ménager d'amusantes surprises à ceux qui savent monter dans les bons wagons. Si 2013 n'était pas le millésime du siècle, c'était cependant une bonne occasion pour les connaisseurs de déguster, ici et là, d'excellentes cuvées...  ▶▶▶ BONNES SURPRISES 2013 1] La consécration de Philippe Dufour (GPHG)...◉◉◉◉ 


Une année de transition sait ménager d'amusantes surprises à ceux qui savent monter dans les bons wagons.

Si 2013 n'était pas le millésime du siècle, c'était cependant une bonne occasion pour les connaisseurs de déguster, ici et là, d'excellentes cuvées...

 
 BONNES SURPRISES 2013
 
1] La consécration de Philippe Dufour (GPHG)...
◉◉◉◉ Si un horloger méritait bien le Prix spécial du Jury décerné cette année par les vingt-trois jurés du Grand Prix d'Horlogerie de Genève (GPHG), aréopage jusque-là plutôt porté à récompenser des institutions, c'est bien Philippe Dufour, le « trésor vivant » de la vallée de Joux, dépositaire de quatre siècles de savoir-faire horloger dans un atelier qui s'est mué, au fil des ans, en conservatoire quasiment muséographique des beaux-arts de la montre. En un demi-siècle d'horlogerie, il n'a jamais réalisé que 215 montres (analyse Business Montres du 8 septembre et vidéo Business Montres Vision, avec un complément du 4 septembre), mais il s'impose aujourd'hui comme la référence alternative aux dérives de l'horlogerie marchande. Ses cinquante années d'établi n'ont pas asséché son imagination : il a encore beaucoup de projets à traiter, mais sa priorité est aujourd'hui la transmission de ses connaissances et de ses tours de main, notamment dans le projet « Le Garde-Temps-naissance d'une montre » développé avec l'équipe Greubel Forsey. Il était vraiment temps de le récompenser, non ?
 
2] Les révolutions de l'histoire horlogère (culture)...
◉◉ Les manuels d'histoire sont faits pour être réécrits, refondus et révisés en permanence. Encore faut-il avoir des historiens à la hauteur – ce qui n'est malheureusement pas le cas dans l'espace francophone, toujours dramatiquement soumis à la pression de marques toujours soucieuses de réécrire l'histoire, mais uniquement à leur profit. On l'a vu avec la génèse du mouvement automatique, préemptée au détriment de toute vraisemblance par la marque Perrelet, aux bons soins d'une coterie d'« historiens » dont on découvrira par la suite qu'ils étaient financés par cette même marque [sans parler des « experts » qui ont vendu des montres attribuées à Perrelet dont il est aujourd'hui démontré que leur concept était celui de Sarton]. Cette année, l'histoire du chronographe a été avancée de quelques années, avec une pièce Louis Moinet de 1816 qui remet également en cause l'histoire de nos connaissances sur les hautes fréquences (Business Montres du 23 mars). On a également reculé de près de 60 ans l'histoire du chronomètre de marine, avec la redécouverte, l'authentification et le rachat par le musée Patek Philippe du Balancier Marin Parfait de Christian Huygens (ci-dessus : Business Montres du 8 novembre). Même l'histoire de la montre portative est à refaire, avec les instruments de mesure du temps que les Romains de l'Antiquité pratiquaient en lumière solaire et avec précision, souvent grâce à de multiples fuseaux horaires (Business Montres du 18 février). 2013 restera comme une année catastrophique pour les historiens conformistes...
 
3] Le retour de Girard-Perregaux (résurrection)...
◉◉ On avait senti dès le début de l'année qu'il se passait quelque chose de nouveau du côté de La Chaux-de-Fonds, où Michele Sofisti entreprenait de reprendre la situation en main l'ensemble Sowind, désormais propriété du groupe Kering (chaises musicales Business Montres du 18 janvier). Baselworld confirmait cette dynamique, tant du côté Jeanrichard (collections redessinées et repositionnées) que du côté Girard-Perregaux, qui venait enfin de mettre au point un échappement à force constante qui aurait réclamé cinq années d'efforts, mais qui a été récompensé par l'Aiguille d'or au Grand Prix d'horlogerie de Genève (vidéo Business Montres Vision et images au ralenti). La manufacture relancée en son temps par la famille Macaluso est désormais le pivot de la stratégie du groupe Kering dans la haute horlogerie – à quelques bavures près, comme la sous-traitance chez Parmigiani-Vaucher des collections Pomellato ! Reste maintenant à vérifier sur le terrain, dans la durée, les réalités du réenracinement commercial de Girard-Perregaux et sa capacité à résister aux tempêtes qui s'annoncent.
 
4] La renaissance des indépendants courageux (saison 2)...
◉◉ Que de sauvetages en 2013 ! On a vu se relancer dans la bataille des maisons indépendantes comme Cabestan, Hautlence, H.Moser & Cie (ci-contre), Manufacture royale, MCT et quelques autres. Ce qui n'a pas empêché des concepts aussi intéressants que celui de Heritage Watch Manufactory de couler corps et biens. On a vu TechnoMarine trouver une solution originale de reprise par son équipe dirigeante (révélation Business Montres du 21 juillet) et la manufacture Corum sauvée du désastre par un investisseur chinois (révélation Business Montres du 24 avril). On a également vu, après des années d'errements, Péquignet tomber à terre et se reprendre en limogeant le naufrageur responsable de sa dégringolade (révélation Business Montres du 5 avril 2013) et en se repositionnant sur ses terrains de légimité. On a enfin vu la référence française pour la haute horlogerie, L. Leroy, tenter de se refaire une santé en s'inventant un nouveau destin avec Olivier Müller (qui a quitté cet été Laurent Ferrier, autre marque indépendante en pleine révision après le départ de son premier animateur). Pour les marques indépendantes et créatives, 2013 sera une année-charnière, car il faudra être fort pour résister en 2014...
 
5] La bonne santé des concepts horlogers (innovation)...
◉◉ Après une vague de néo-classicisme vite lassant, le marché a retrouvé le goût des concepts horlogers qui « décoiffent » et qui ne ressemblent qu'à eux-mêmes, dans tous les registres – y compris d'ailleurs dans le goût du nouveau néo-classique, tout de même très conceptuel, revisité par MB&F avec sa collection Legacy Machine (ci-contre). Cette année, il ne fallait pas manquer la nouvelle H2 de HYT (Vincent Perriard), évolution logique qui permet de comprendre que H1 (présentée en 2012) n'était que le brouillon de la H2. Il fallait aussi jouer avec les fantastiques machines mécaniques de Christophe Claret, qui a également su nous apprivoiser avec la sonnerie atypique de sa Kantharos. On s'est également bien amusés avec le nouveau Sistem51 de Swatch (robotisation automatique), le baromètre de la Breva, les quatre balanciers de la Quatuor chez Roger Dubuis ou la maîtrise électronique de la mécanique par le dispositif ECM d'Urwerk. Les plus magnifiques concepts resteront cependant, pour 2013, le tourbillon Deep Space de Vianney Halter, dont nous avons déjà beaucoup parlé [un autre bel exemple de néo-classicisme conceptuel : Business Montres Vision] et, dans un style ultra-futuriste, et la montre La Ferrari de Hublot, avec ses cinquante jours de réserve de marche et son architecture métamécanisée (révélation Business Montres du 25 mars).
 
6] La découverte de Briston (nouvelle marque)...
◉◉ Parmi les 134 marques de la génération 2013, une superbe idée française [encore que partiellement suisse, britannique, italienne, hongkongaise et japonaise] parce qu'elle arrive à temps pour recréer, chez les détaillants, grâce à un excellent positionnement prix et à son non moins excellent rapport qualité/image, les volumes qui leur manquent et que ne peuvent plus leur garantir des marques suisses follement montés en gamme (révélation Business Montres du 27 novembre). On admirera au passage la qualité du matériau (acétate high-tech aux nuances uniques), la subtilité élégante du design (un « coussin » travaillé sur 40 mm, taille unisexe et multiculturelle), le sens du détail dans l'habillage (bracelets Nato très travaillés) et l'expertise du branding initial. On peut parler d'une nouvelle « french touch » pour définir l'esprit de Briston, qui a des atouts pour reconquérir le coeur des amateurs de montres simples qui ne se prennent pas au sérieux quoiqu'elles prennent au sérieux leur vocation horlogère. Marque de niche à vocation cependant plus large, Briston est l'exacte illustration de cette « créativité accessible » qui est la clé de l'avenir pour l'horlogerie indépendante. 
 
7] La réactivation des métiers d'art (création)...
◉◉ L'assomption d'une horlogerie décorative était prévisible autant qu'inéluctable depuis plusieurs années. Faute de pouvoir rivaliser entre elles sur le terrain purement technique [trop de risques dans des développements toujours aléatoires], les manufactures s'affrontent sur le terrain des métiers d'art en renouant avec des pratiques décoratives parfaitement oubliées (la granulation étrusque pour Cartier : ci-contre) ou récemment redécouvertes, comme la micro-mosaïque de verre pour Piaget (Business Montres du 28 janvier) ou même la broderie de haute couture pour Chanel (comme la Mademoiselle Privé récompensée au GPHG). Même les métiers d'art traditionnels connaissent de nouveaux développements comme l'émail grand feu en base plique-à-jour réinventé par Julien Coudray (Business Montres Vision), la sculpture en bas-relief à la façon De Bethune (les têtes en bronze du zodiaque chinois) ou la marqueterie de paille magnifiée par Hermès. On en est à présent à mixer les techniques sur un même cadran. C'est la grande chasse aux métiers manuels : les artistes ont eu (provisoirement) raison des mécaniciens – ce qui tient sans doute à l'influence asiatique et à la passion des collectionneurs locaux pour l'artisanat virtuose. Qui s'en plaindra ?
 
8] L'activation des offres alternatives (mouvements)...
◉◉ Le coup de chaud (ou plutôt de froid) sur les livraisons de mouvements et d'assortiments assurées jusqu'ici par le Swatch Group a fini par convaincre tout le monde que le temps béni du « supermarché » où chacun pouvait librement s'approvisionner à bas prix est terminée. Du coup, les projets alternatifs au complexe industriel ETA se multiplient, tant du côté des acteurs déjà bien connus (Sellita, Soprod, Technotime, Concepto, etc.) que des nouveaux acteurs qui s'apprêtent à entrer sur ce marché des mouvements mécaniques ou électroniques clonés ou non à partir de mouvements ETA [on ne décompte pas moins de six unités de production potentielles pour des offres de calibres et d'assortiments de remplacement en quantités industrielles]. Le vrai problème d'avenir n'est donc pas la pénurie initialement redoutée, mais bien le choix du produit le plus fiable dans une production relativement abondante, mais encore mal certifiée : la concurrence sera créatrice, même si Nick Hayek (ci-contre) – qui a ses propres usines à faire tourner – a un vrai droit de vie et de mort sur ses concurrents, puisque c'est lui qui fixe le niveau des prix et qu'il peut, à tout moment, réorienter la demande au mieux de ses intérêts en pratiquant un discret dumping...
 
9] L'impératif Swiss Made (qualité)...
◉◉ Désormais, sans Swiss Made sur le cadran, pas de salut aux yeux des nouveaux consommateurs de belles montres [qui ne sont pas forcément des montres chères]. Les groupes horlogers non suisses l'ont compris. Timex annonce le développement d'une ligne de montres Swiss Made et Fossil profite de ce changement de paradigme pour mettre en place, dans le Tessin, une unité de montage de mouvements originaux, qui sera alimentée en boîtiers et en composants par les ateliers qui seront bientôt terminés dans le Jura suisse. Cette nouvelle « swissmademania » va d'ailleurs permettre au groupe Fossil d'enrichir son offre « suisse », sur un parcours déjà bien balisé par les nouvelles collections Burberry et par les prochaines collections Armani (deux marques exploitées en licence horlogère par les Texans de Fossil). Le marché à tranché : le pôle de résistance à l'inévitable offensive chinoise passe par la consolidation de la seule forteresse européenne qui soit crédible, le Swiss Made dans les watch valleys. Même les marques européennes extra-suisses (France, Belgique, Italie, Espagne, etc.) devront s'y résoudre. Encore faudra-t-il que l'offre suive, en composants d'habillage (boîtiers, cadrans, bracelets) et en composants mécaniques, à des prix réalistes et dans les quantités industrielles indispensables...
 
10] Et tout le reste (en vrac et en bref)...
◉◉ Plein d'autres bonnes surprises, comme le million de « vues » dépassé sur la chaîne images connectée Business Montres Vision [les deux millions sont prévues pour le début 2014] qui propose désormais de nombreuses playlists par marque (Swatch, Cartier, Chanel, Piaget, etc.), l'immense succès de l'exposition Anticythère à Athènes, exceptionnellement prolongée pour réduire les files d'attente [en attendant la présentation de tout ce qui sera découvert sous la mer], le baby boom de la démographie horlogère [134 nouvelles marques répertoriées en 2013 à travers le monde, et c'est un minima], les 5 millions d'amis affichés par la page Facebook d'Ice-Watch [un record dans l'horlogerie ?], les 20 000 « vues » du Gen'vois Staïle, devenu hymne officieux du SIHH (musique, paroles et décodage Business Montres du 21 décembre 2012) et quelques éléments de réponse à la question fondamentale : « Le sexe fait-il vendre plus de montres ? » (playlist exclusive de 108 vidéos, soit 2 heures et 8 minutes d'un cours magistral illustré par l'exemple : Business Montres du 22 juin)...
 
 
 à suivre...
Les 10 mauvaises surprises de 2013...
(Business Montres du 31 décembre)
 
 
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