BUSINESS TOURISTIQUE : Les Chinois changent la règle du jeu, et ça va faire des dégâts horlogers !
Le 22 / 08 / 2013 à 05:46 Par Le sniper de Business Montres - 1096 mots
C'est une note très officielle du ministère chinois du Tourisme : le 1er octobre prochain, une nouvelle loi sur le tourisme va « réguler » – c'est-à-dire bouleverser – l'actuel écosystème du shopping touristique tel que le pratiquent des millions de Chinois. L'article 35 prohibe toutes les combines des profiteurs d'un système trop corrompu aux yeux du nouveau Politburo...
▶▶▶ SHOPPING TOURISTIQUEIl ne faudra que quelques semaines pour dégonfler la …
C'est une note très officielle du ministère chinois du Tourisme : le 1er octobre prochain, une nouvelle loi sur le tourisme va « réguler » – c'est-à-dire bouleverser – l'actuel écosystème du shopping touristique tel que le pratiquent des millions de Chinois. L'article 35 prohibe toutes les combines des profiteurs d'un système trop corrompu aux yeux du nouveau Politburo...
▶▶▶ SHOPPING TOURISTIQUEIl ne faudra que quelques semaines pour dégonfler la bulle... ◉◉◉◉ Pour nos lecteurs, cette nouvelle loi pour encadrer l'activité touristique chinoise n'est pas vraiment une révélation : ils étaient prévenus qu'une nouvelle loi, annoncée pour le 1er octobre, allait tout changer (Business Montres du 25 juin). C'est désormais officiel : la loi existe, elle est détaillée sur le site officiel de l'administration chinoise chargée du tourisme (image ci-dessous) et elle entrera bien en vigueur le 1er octobre. Première précision : cette loi est à replacer dans la logique de la nouvelle « ligne de masse » : elle vise à mieux défendre les « petits » [les touristes de base] contre les « gros » [les professionnels du tourisme, qui ont bien abusé de leur omnipotence passée], dans une ambiance de moralisation collective et d'éducation aux vrais valeurs de la Chine éternelle. Du classique dans la nouvelle Chine de Xi Jinping, dont les services ont entrepris une très active campagne de sensibilisation de toutes les administrations chinoises plus ou moins liées au tourisme, jusqu'au plus humble niveau... ◉◉◉◉ Ce qui est moins classique, c'est le changement brutal des règles du jeu auxquelles tout le monde s'était habitué depuis le gonflement de la bulle du « global shopping » et qui avait fait éclore de fastueux projets comme la transformation d'Old England Paris en mégastore Bucherer ou la réhabilitation de la Samaritaine Paris en caravansérail pour touristes chinois plus pressés de faire leurs emplettes que de visiter la capitale française. Quelques articles du chapitre IV de cette loi vont bouleverser cet écosystème. Il est impossible de détailler une loi qui compte 111 articles : on se reportera donc au lieu ci-dessus pour en connaître les orientations précises. Contentons-nous d'un article particulièrement stratégique : ◉◉ L'article 35 prohibe très clairement deux des ressorts fondamentaux du shopping touristique chinois : d'une part, est interdite l'organisation de voyages à des prix « écrasés » [parfois même gratuits] qui permettaient aux tour operators de conquérir une clientèle captive, en réalisant de fantastiques profits sur les commissions commerciales tirées des achats « arrangés » de ces touristes. Mécaniquement, le prix des voyages à l'étranger va augmenter, alors même que les nouvelles règles prudentielles imposées aux agences de voyages va les obliger à mieux se couvrir, juridiquement et commercialement – ce qui sera un second facteur de renchérissement des prix. Mieux encadrée, l'activité touristique sera également mieux surveillée, avec de très lourdes amendes pour les contrevenants (articles 95 et suivants du chapitre IX). D'autant que les nouveaux droits concédés aux consommateurs de tourisme encourage clairement la dénonciation aux autorités des manquements à la loi : les touristes tiennent le couteau par le manche et il serait douteux qu'ils ne s'en servent pas... ◉◉ Autre disposition de l'article 35 : l'interdiction d'imposer aux touristes des « haltes commerciales » obligatoires ou des services commerciaux surnuméraires. Il faudra que ces « haltes » aient l'agrément des touristes concernés et qu'elles n'empiètent pas sur les activités touristiques proprement dites. Là encore, les sanctions sont dissuasives, avec une disposition étonnante : l'agence de voyages reconnue comme responsable serait tenue de rembourser les « victimes » d'achats qui seraient considérés comme « arrangés ». Là encore, la perspective de perdre ces revenus annexes ne pourra que renchérir le prix des voyages dans les capitales du luxe, donc de calmer les flux. Surtout si on prend en compte la construction rapide, en Chine même, de nouvelles destinations hors-taxes... ◉◉◉◉ Autant dire qu'il faut recadrer et même repenser toutes les stratégies concernant ce « shopping touristique » de masse, à peu près monopolisé par les Chinois, qui assurent aujourd'hui l'essentiel de la dynamique du marché européen du luxe. Sans juteuses « commissions » sur les achats des groupes véhiculés par les autobus qui déversent leurs passagers dans des haltes jusqu'ici « obligatoires », les vocations des tour operators vont se calmer : faisons confiance aux Chinois pour trouver le moyen de contourner ces dispositions législatives, mais la prudence sera de mise dans un pays qui ne rigole pas avec les tricheurs, surtout s'ils « exploitent le peuple ». L'âge d'or du travel retail est derrière nous : la grande époque des shopping spots trop juteux est révolue. D'AUTRES SÉQUENCES RÉCENTESDE L'ACTUALITÉ DES MONTRES ET DES MARQUES...