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COPIÉ-COLLÉ (accès libre) : Les petites pompeuses de Reuters ne manquent pas d'air (Richard Mille #4)

L'histoire est savoureuse : comment une agence de presse réputée fait du copié-collé à partir des révélations d'une newsletter indépendante, sans citer ses sources, en arguant d'un malentendu sémantique sur l'usage du conditionnel dans la presse française...  ▶▶▶ DOSSIER RICHARD MILLE-KERINGFortiches dans le « malentendu », les copieuses de Reuters...  ◉◉◉◉ Il y a une dizaine de jours, Reuters demandait à Business Montres, qui pratique souvent ce genre d'échanges confraternels, de lui …


L'histoire est savoureuse : comment une agence de presse réputée fait du copié-collé à partir des révélations d'une newsletter indépendante, sans citer ses sources, en arguant d'un malentendu sémantique sur l'usage du conditionnel dans la presse française...

 
 DOSSIER RICHARD MILLE-KERING
Fortiches dans le « malentendu », les copieuses de Reuters... 
 
◉◉ Il y a une dizaine de jours, Reuters demandait à Business Montresqui pratique souvent ce genre d'échanges confraternels, de lui communiquer nos pages (payantes pour les non-abonnés) concernant le rachat de Richard Mille par le groupe Kering (Business Montres du 8 juin et Business Montres du 10 juin). Ce n'est pas la première fois et, généralement, ça se passe bien. Astrid Wendlandt et Pascale Denis, du bureau parisien de l'agence, disposaient donc de l'intégralité de notre enquête et de nos informations. Moyennant quoi, hier, elles publiaient une dépêche titrée « PPR en discussions pour racheter l'horloger Richard Mille » (Business Montres du 17 juin), dans laquelle elles reprennaient l'essentiel de nos affirmations, de notre chiffrage de l'opération et des hypothèses opérationnelles sur le montage de ce rachat. Pas une de leurs informations à propos de cette opération – attribuées à différentes « sources proches du dossier » ou « sources industrielles » – qui ne figure déjà dans nos deux articles...
 
◉◉ Moyennant quoi, Business Montres n'est pas cité. Contactée, la direction parisienne de Reuters explique, dans un premier temps, que ses journalistes travaillaient depuis longtemps sur ce dossier et qu'elles disposaient déjà de ces informations : dans ce cas, pourquoi ne pas les avoir publiées si elles étaient bonnes au point d'être publiées hier ? Les clients de Reuters apprécieront de le savoir. Dans un deuxième temps, quelle concordance des précisions ! On se demande aussi comment Reuters a pu arriver exactement aux mêmes chiffres que Business Montres, alors que l'opération d'audit sur la valorisation de Richard Mille est entourée du plus grand secret. C'est sûr : les grands esprits se rencontrent ! Astrid Wendlandt et Pascale Denis ont exactement le même logiciel, à l'unité binaire près, que celui de Business Montres : à partir d'enquêtes parallèles, elles parviennent à converger sur les mêmes évaluations. Fortiche, non ? La probabilité d'arrive au même chiffrage étant nulle [les parallèles ne se rencontrent qu'en géométrie non-euclidienne], chacun en concluera que les « pompeuses » de Reuters ne manquent pas d'air en affirmant avoir trouvé tout ça toutes seules...
 
◉◉ Dans un troisième temps, c'est là que ça devient croustillant, la direction de Reuters Paris argumente en disant que, tous comptes faits, nos articles n'étaient qu'au conditionnel et relevaient donc de l'hypothèse, et non de l'affirmation. Effectivement, c'était noté dès les premières lignes : nous avons tout présenté au conditionnel pour ne pas terminer en garde à vue à la Brigade financière, pour cause de « délit d'inité ». Kering étant une société cotée, toute divulgation d'informations sensibles et officiellement sourcées qui ne seraient pas accessibles à tous les actionnaires et à tous les analystes constituerait une infraction grave. Il est donc d'usage, pour ce type de révélations, d'user du conditionnel (principe de précaution) et de ne pas divulguer ses sources autrement que sous la désignation de « proches du dossier » : tout le monde comprend, sauf, apparemment, Reuters qui ne veut pas comprendre alors que l'agence utilise le même procédé pour présenter sa dépêche ! C'est pour ne pas risquer ce « délit d'initié » qu'on insiste lourdement sur le fait que les informations sont « non officielles et non autorisées » : là encore, tout le monde comprend et traduit le conditionnel au présent. « Malentendu sémantique », explique Reuters : à ce stade, c'est plutôt de la désinformation, puisque rien dans l'article ne laissait planer le moindre doute – tous les lecteurs ont compris que les jeux étaient faits – et que tous les indices d'un rachat par Kering étaient exposés. Ça aussi, Reuters le reprendra, avec les mêmes phrases qui permettent de penser que les petites « pompeuses » ont eu accès exactement aux mêmes sources que Business Montres : là, ce n'est plus du copié-collé, c'est de la voyance extra-lucide...
 
◉◉ Il fut un temps où, dans les écoles de journalisme, on enseignait le sourcing aux futurs agenciers. La tradition a dû se perdre. Si les copieuses malentendent le français, elles savent le lire – surtout les révélations des autres. Entre nous, il aurait été plus malin de coopérer sur ce dossier explosif, en échangeant nos informations : Reuters possède une toute autre puissance de frappe que Business Montres. Il aurait été possible de faire sortir la vérité du puits et de contraindre Kering à la transparence. Au lieu de quoi, les lecteurs doivent se contenter, dans Business Montres, de révélations « non officielles et non autorisées » [mais le contrat de lecture avec les abonnés est un contrat de confiance] et, chez Reuters, d'hypothétiques « discussions » déjà dévoilées dix jours auparavant. Au risque d'un nouveau « malentendu sémantique », ce sont des pratiques de photocopillage sans la moindre vergogne...
 
 
 
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