GPHG 2025 #12 (accès libre)
Dix éclairages critiques sur dix montres proposées au GPHG 2025
En parallèle avec nos pages « Repérages » habituelles, nous proposons cet été un « repérage » des montres inscrites pour le prochain GPHG, dans l’ordre choisi par le GPHG, mais dans le cadre d’une revue critique, éclairée et commentée. De quoi aider les académiciens à faire leur choix. Voici donc dix montres de dix marques en quête de prix : Andersen Genève, Audemars Piguet, Breguet, Bvlgari, Eberhard & Co., Elgé, Favre Leuba, Raúl Pagès, Sartory Billard, Taos et Tasaki…

En toute transparence, avant d’être critiquées (au meilleur sens du terme) et appréciées, ces nouveautés sont expliquées dans la jamais trop fleurie « langue de boîte » : c’est la langue usuelle de nos « amies les marques » et c’est la langue de bois des « boîtes » d’horlogerie. Dans tous les styles et à tous les prix, venues de Suisse ou d’ailleurs, au masculin comme au féminin, quelles montres les académiciens vont-ils devoir sélectionner ? Certaines de ces montres ont déjà été présentées par Business Montres, mais nous y revenons avec plaisir ! Place à un nouvel épisode de notre panorama du GPHG 2025, avec nos commentaires critiques sur dix montres de dix marques…
(dessin publié en novembre 2022)
RAÚL PAGÈS RP2
La RP2 est née du désir de créer un garde-temps d'une élégance discrète et d'une grande profondeur mécanique. À première vue, le cadran de la RP2 semble simple, mais il cache une complexité remarquable. Construit à partir de cinq éléments distincts, il présente une base bleu céruléen profond avec un centre en agate blanche, créant un contraste subtil mais saisissant. Les aiguilles, minutieusement berçées et polies à la main, s'inspirent des dessins intemporels d'Abraham-Louis Breguet. Composées de plusieurs éléments, elles révèlent un niveau exceptionnel de savoir-faire, rehaussé par leurs "pommes" matifié à la main, un détail discret mais saisissant qui renforce à la fois la lisibilité et le caractère de la montre. Une signature quasi invisible, délicatement gravée sur le cadran, reflète la philosophie de Pagès : chaque élément est conçu pour surprendre sans perturber la pureté générale de la montre. Dans la plus pure tradition horlogère, ce détail reste presque caché, ne se révélant qu'à l'œil le plus attentif.
Au cœur de la RP2 se trouve un mouvement d'une pureté saisissante, où convergent l'excellence mécanique et le raffinement esthétique. Le mouvement est doté d'un balancier de 12,50 mm, inspiré de la chronométrie de marine, fondement du chronométrage de précision moderne. Fonctionnant à 3 Hz, il offre un équilibre parfait entre tradition et performance contemporaine. Raffinement technique rare, l'ancre à contrepoids renforce la stabilité de l'échappement, garantissant une précision optimale. De tels détails, rarement vus dans l'horlogerie contemporaine, illustrent la quête d'excellence de Pagès.
UN COMMENTAIRE ? Il y a des montres qui donnent le frisson tellement elles semblent réussies – et la fête est encore plus complète quand elles sont mécaniquement autant qu’esthétiquement. La RP2 de Raúl Pagès est non seulement une des plus belles montres de la catégorie « Time Only », mais aussi de toute la « promotion » GPHG 2025. Bien entendu, c’est une friandise pour grand collectionneur doré sur tranche, puisqu’il faut compter dans les 89 000 francs pour ce boîtier trois-aiguilles en acier de 38,5 mm x 11,5 mm d’épaisseur, étanche à 30 m et doté d’un mouvement à remontage manuel prévu pour 60 heures de réserve de marche (série limitée à 50 pièces). À ce prix-là [on sera donc dans les 30 000 francs suisses par aiguille !], on peut se passer de signature sur le cadran. Il nous semble donc évident que cette RP2 puisse accéder à la présélection avant de pouvoir défendre sa place sur le podium du prix « Time Only », à moins qu’elle ne soit promue en « Révélation » ou même qu’on lui décerne une « Aiguille d’or » : allez savoir, tant les académiciens (présélection) que les jurés « physiques » (finale) peuvent parfois se laisser aller à des complaisances coupables pour les grandes montres des petits ateliers de la nouvelle génération…
SARTORY BILLARD SB05 Sunfl0wer (Sartory Billard x Studio Underd0g)
La SB05 Sunfl0wer est une célébration poétique du printemps, née de l’imagination créative de Studio Underd0g et incarnée par le savoir-faire intransigeant de Sartory Billard. Là où Studio Underd0g a imaginé une montre joyeuse et irrévérencieuse autour du thème du tournesol, Sartory Billard a donné vie à cette vision en la transposant dans le langage de la haute horlogerie avec une précision et une maîtrise remarquables. Cette collaboration réunit deux forces très différentes mais parfaitement complémentaires dans l’horlogerie indépendante : Studio Underd0g, basé au Royaume-Uni, reconnu pour ses concepts ludiques et axés sur le design ; et l’atelier français Sartory Billard, réputé pour son savoir-faire sur-mesure, ses finitions manuelles et sa maîtrise exceptionnelle de la fabrication de cadrans. Le résultat : une création aussi surprenante qu’harmonieuse, à la croisée du design expressif et de l’artisanat traditionnel. À la fois fantasque et techniquement exigeant, le cadran est le théâtre du savoir-faire de Sartory Billard. La partie centrale, représentant le cœur de la fleur, est exécutée à la main en guilloché grand grain, une technique nécessitant une précision extrême. Autour, un anneau doré gravé de 24 pétales guillochés demande un alignement méticuleux et une finition irréprochable. Un disque de saphir flottant, usiné avec une transparence parfaite et des tolérances rigoureuses, porte les index dorés des heures et les repères des minutes, semblant léviter au-dessus du cadran dans un effet aussi esthétique que technique. Le boîtier de 38,5 mm de diamètre pour 8,5 mm d’épaisseur, fabriqué selon les spécifications de Sartory Billard, alterne surfaces polies, satinées et microbillées. Les cornes vissées, la lunette concave et la couronne cannelée emblématique témoignent de l’attention obsessionnelle portée aux détails et à l’harmonie tactile. Les aiguilles en forme de lance, conçues et finies en interne, associent sablage, polissage et moletage. Les touches de vert, clin d’œil à la tige du tournesol, sont intégrées avec une grande justesse. L’assemblage final et la régulation sont réalisés sous la supervision directe de Sartory Billard.
UN COMMENTAIRE ? Virtuose et sincère, cette « collab » entre deux des plus intéressants ateliers de la nouvelle vague horlogère n’en est pas moins légèrement décevante : on attendait quelque chose de plus fort et de plus expressif, sinon de plus disruptif, que cette SB05 proposée autour des 12 000 francs suisses (boîtier de 38,5 mm x 8,5 mm étanche à 50 m et animé par un mouvement à remontage manuel calé sur 90 heures de réserve de marche). Face à l’avalanche de belles montres en « Time Only », Sartory Billard risque d’avoir un peu de peine à tirer son épingle du jeu. C’est pour ce genre de montre qu’il est urgent d’« étirer » en plusieurs catégories parallèles l’actuel prix « Petite Aiguille », en créant notamment une catégorie entre 10 000 francs suisses et 20 000 francs suisses…
TAOS Savile Row
Vision pure des talents du prestigieux « Atelier Olivier Vaucher » à Genève combinée à l’intuition de l’horloger passionné Olivier Gaud, Taos voit le jour en 2024 en inaugurant un nouveau concept horloger : Des montres d’atelier, toutes uniques, combinant plusieurs Métiers d’Art d’exception, donnant naissance à d’extraordinaires cadrans fabriqués à Genève, animés par un calibre mécanique richement décoré. Chaque montre est une pièce unique. Chacun des cadrans est une œuvre d’art, fruit d’années d’expérience, de patience, de créativité cumulées par les plus de 40 artisans de l’Atelier Olivier Vaucher. La montre Savile Row est une réinterprétation du tissu Tartan. Né dans les brumes des Highlands, le tartan est un symbole d’identité et de distinction, une danse de couleurs évoquant l’âme sauvage de l’Écosse. Savile Row, située en plein cœur de Londres, est le sanctuaire des tailleurs d’exception et est synonyme d’élégance sur mesure, de tissus somptueux et d’un art de vivre intemporel. Taos capture cette noblesse et fusionne le textile et l’horlogerie, créant une montre d’une beauté éternelle. Le calibre automatique à double-barillet montés en parallèle VOP318, développé exclusivement par Télôs (La Chaux-de-Fonds, Suisse) pour Taos, est entièrement gravé à la main par les graveurs de l'Atelier Olivier Vaucher. Le décor de cette année, nécéssitant plus d'une centaine d'heure de travail pour un seul mouvement est inspiré par du tressage et du matelassé, avec des rubans gravés qui jouent avec la lumière.
UN COMMENTAIRE ? Superbe réalisation sur une magnifique idée de décoration magistralement exécutée, cette Savile Row a-t-elle cependant sa place en « Time Only », où elle est défavorisée, plutôt qu’en « Métiers d’art » [où il y a déjà une autre Taos] ou dans une autre catégorie que le GPHG n’a pas eu l’intelligence d’imaginer au lieu de tout fourrer dans l’attrape-tout « Métiers d’art » ? On touche encore une fois du doigt l’imprécision de la grille du loto horloger qu’est le GPHG, où il n’est pas toujours possible de miser sur le bon numéro de la bonne carte. Il faut compter dans les 151 000 francs suisses pour ce boîtier en or de 38 mm x 10 mm d’épaisseur, étanche à 30 m et équipé d’un excellent mouvement automatique qui affiche 72 heures de réserve de marche). Il sera difficile à Taos d’émerger dans cette catégorie piégeuse et piégée par de puissants concurrents, mais l’essentiel n’est-il pas de participer ?
TASAKI Face of Tasaki (nacre noir)
Symbole du lien unique entre Tasaki et la nature, Face of Tasaki s’inspire de l’esthétique singulière de nos fermes perlières. Ces structures flottantes, reconnaissables à leur trame géométrique, deviennent le point de départ d’une montre au dessin épuré : un boîtier rectangulaire ultra-fin, aux proportions allongées et aux cornes inclinés, intégralement fini à la main. Le mouvement mécanique exclusif FK:μ:T001, développé spécialement pour Tasaki par Fiona Krüger, repose sur une base micro-mécanique sur mesure. Sa construction en mosaïque de ponts rectangulaires – brossés à la main dans des directions variées et gravés au laser – évoque les reflets de la lumière sur les vagues bordant les fermes perlières. Ce calibre automatique, pensé pour ce format hors norme, incarne la fusion entre haute technicité et raffinement artistique. Le cadran, conçu en deux parties, est découpé dans une seule et même pièce de nacre naturelle. Le rotor, visible côté cadran, tourne au gré des mouvements du poignet et anime la surface tel une « perle flottante ». À l’arrêt, les veines nacrées du cadran restent parfaitement alignées, soulignant l’harmonie du matériau. Proposée en plusieurs finitions – nacre blanche ou noire, laque, ou teintes métalliques mates – chaque déclinaison est habillée d’index en décalque et d’aiguilles mates. Le bracelet en cuir de pomme, matière innovante et responsable, complète cette pièce élégante et contemporaine. La montre est entièrement produite en Suisse grâce à un réseau de sous-traitants locaux spécialisés. Ce mode de production soutient l’artisanat, garantit la traçabilité et limite l’impact environnemental, non seulement en réduisant les transports, mais aussi en favorisant une fabrication responsable à petite échelle. Le bracelet est réalisé en cuir de pomme, une alternative végétale et durable au cuir animal.
UN COMMENTAIRE ? Si on doit se féliciter de voir une montre de forme (elles sont rares en « Time Only ») dans cette catégorie vouée au minimalisme, il faut avouer que Tasaki frappe fort dans la sobriété stylistique et dans la radicalité spectaculairement dépouillée, tant des lignes de la montre que de son affichage des heures et surtout des secondes (il faut compter dans les 20 000 francs suisses pour ce boîtier en acier de 24 mm x 35,6 mm x 6,2 mm d’épaisseur, étanche à 50 m et doté d’un mouvement automatique avec 38 heures de réserve de marche). Tasaki a relativement peu de chances de faire valoir sa différence en « Time Only » pour pouvoir accéder à la présélection [encore une preuve qu’il manque des catégories pour dédoubler « Challenge »]. Quel gâchis de ne pas pouvoir distinguer des montres de cette qualité et de cette expressivité !
ANDERSEN GENÈVE Communication 45
Cette montre à heure universelle en or jaune sera produite en trois séries de 15 pièces pour marquer les 45 ans de la création de la marque en 1980 ; et les 35 ans de sa première montre à heure universelle. Andersen Genève présente la Communication 45, une nouvelle montre à heure universelle fabriquée à la main et limitée à 45 pièces - une pour chaque année de l'existence de la marque - qui tire son nom de la série originale de montres à heure universelle du fondateur Svend Andersen datant de 1990, la Communication. Cette montre, très recherchée aujourd'hui, a contribué à rétablir cette complication légendaire parmi les collectionneurs de haute horlogerie, et a cimenté Andersen Genève comme l'un des noms les plus influents et les plus sérieux de l'horlogerie indépendante. La nouvelle Communication 45 devient la dixième série de montres universelles d'Andersen Genève depuis 1990. Raffinée, harmonieuse dans ses moindres détails, elle incarne les valeurs clés de l'art d'Andersen Genève : une conception et une fabrication méticuleuses, l'utilisation de matériaux précieux et l’aide d’artisans exceptionnels. La Communication 45 sera fabriquée en trois séries limitées de 15 pièces, chacune avec un cadran représentant l'une des trois régions : Europe, Asie ou Amériques. Comme pour les précédentes montres aux heures du monde d'Andersen Genève, la disposition suit le format classique d'une bague rotative 24 heures, entourée d'un disque des villes représentant les 24 fuseaux horaires du monde entier. L'heure locale est lue au centre à l'aide d'aiguilles squelettes en or jaune en forme d'épée. Au cœur de la montre se trouve un spectaculaire décor de carte aux couleurs dorées. Le cadran central, en « BlueGold » 21ct, est délicatement guilloché avec le motif historique de tapisserie en forme de vague d'Andersen Genève. Sa riche teinte cognac est obtenue par cuisson au four dans l'Atelier d'Andersen Genève, selon un procédé exclusif de la marque. Dans cette mer, les zones terrestres sont incrustées d'or jaune, grâce à différentes techniques de gravure, de remplissage en plusieurs étapes ; techniques qui ont été spécialement développées pour cette montre. (…) Etc. Etc.
UN COMMENTAIRE ? Comment une maison comme Andersen Genève peut-elle infliger plus de 20 minutes de lecture (on compte 200 mots à la minute et Andersen Genève nous explique sa montre en 4 300 mots) aux académiciens qui s’intéresseraient à sa Communication 45 : par paresse, trop de marques font la bêtise de recopier leur dossier de presse – erreur de ciblage et de communication, un comble pour une montre baptisée Communication ! Donc, au moment de la présélection, beaucoup d’académiciens n’auront pas le courage de consacrer vingt minutes d’écran à cette seule montre et ce sera dommage, parce qu’elle serait effectivement assez iconique pour se distinguer dans la catégorie « Iconique » (cette Communication 45 est proposée à 50 000 francs suisses : boîtier en or de 38 mm x 8, 9 mm d’épaisseur, étanche à 30 m et animée par un mouvement automatique qui garantit 40 heures de réserve de marche). Face aux seize montres qui prétendent au glorieux prix « Iconique », Andersen Genève part donc avec un verbeux handicap non négligeable : ce n’est pas gagné pour une présélection qui éliminera quasiment deux sur trois des montres inscrites…
AUDEMARS PIGUET Royal Oak Quantième perpétuel
Afin de marquer le début des célébrations de son 150e anniversaire, Audemars Piguet dévoile le Calibre 7138, une nouvelle génération de mouvement automatique à quantième perpétuel. Celui-ci renforce le confort d’utilisation en permettant pour la première fois le réglage de toutes les fonctions de la montre grâce à un système «tout-à-la-couronne». Il en résulte une complication qui révolutionne l’expérience du calendrier perpétuel tout en renforçant sa lisibilité et étend le champ des possibilités techniques et esthétiques. Ce nouveau calibre est lancé simultanément dans un modèle Code 11.59 by Audemars Piguet de 41 mm en or gris ainsi que dans deux modèles Royal Oak de 41 mm déclinés en acier inoxydable ou en sand gold.
UN COMMENTAIRE ? Icône iconique d’entre les icônes de notre époque horlogère, cette Royal Oak a tout pour s’imposer dans cette catégorie « Iconique » (comptez dans les 140 000 francs suisses pour ce boîtier de 41 mm x 9,5 mm d’épaisseur, étanche à 50 m et doté d’un mouvement à quantième perpétuel particulièrement innovant dans son ergonomie). La place en présélection semble donc garantie, l’accès au podium en finale devant probablement se jouer entre les « fétiches » dont la catégorie regorgent cette année, avec un match dans le match entre les « grandes » maisons et les « petites » marques en compétition…
BREGUET Classique Souscription 2025
Premier garde-temps à l’architecture simple, esthétiquement et mécaniquement puisqu’il ne révèle qu’une seule aiguille sur son cadran d’émail blanc, la montre dite de Souscription renaît en montre-bracelet. Cette création d’une grande pureté propose une lisibilité claire. Il y a plus de deux siècles, elle était proposée au travers d’un prospectus publicitaire, du jamais vu auparavant. Le visage du modèle Souscription 2025 se pare d’un émail grand feu blanc éclatant qui retranscrit le plus fidèlement l’esprit des pièces jadis façonnées Quai de l’Horloge, telles les montres n° 246, n° 324 ou encore n°383. Le dos s’inspire directement de l’architecture des premières montres de Souscription signées A.-L. Breguet. Classique Souscription 2025, calibre VS00 à remontage manuel, 3 Hz et 96 heures de réserve de marche, grenaillage fin, guillochage et gravure main, boîtier de 40 mm de diamètre en or Breguet 18K, carrure satinée, cadran en émail traditionnel grand feu blanc, chiffres arabes Breguet et minuterie en émail petit feu noir, aiguille unique Breguet à pomme évidée en acier bleui à la main, bracelet cuir alligator et boucle à ardillon en or Breguet 18K.
UN COMMENTAIRE ? Le caractère « iconique » de cette superbe Breguet Souscription n’est pas évident : si la marque est effectivement iconique, cette « réinterprétation contemporaine » [cas prévu par le règlement intérieur, beaucoup trop flou dans ce domaine] casse un peu l’esprit de la catégorie « Iconique » – c’est également le cas de la Bvlgari x MB&F. Peu importe, la montre est très réussie (comptez dans les 45 000 francs suisses pour ce boîtier de 40 mm x 10,8 mm d’épaisseur, étanche à 30 m et équipé d’un mouvement à remontage manuel prévu pour 96 heures de réserve de marche). S’il est très positif de voir Breguet revenir concourir au GPHG, ce que les académiciens chargés de la présélection apprécieront certainement, la place sur le podium en finale n’est en rien assurée tellement la concurrence polymorphe est séduisante, avec un arbitrage imprévisible entre marques plus ou moins notoires, mais toutes iconiques…
EBERHARD & CO. chronographe 1887 (série limitée)
La collection « 1887 » est un hommage à l’année de fondation d’Eberhard & Co., une synthèse contemporaine de sa riche histoire et ADN. Née d'une recherche approfondie sur les chronographes d'époque de la Maison du milieu des années 1930 et 1940, le Chronographe 1887 Édition Limitée est une montre mécanique à remontage manuel limitée à 250 pièces et dotée d’un calibre exclusif Eberhard & Co. avec roue à colonnes et complication fly-back. Le mouvement, visible à travers le fond vitré, témoigne d'un haut niveau de spécialisation technique et de raffinement. Ce garde-temps, proposé avec un choix de cadrans soigneusement sélectionnés, évoque les lignes typiques des chronographes vintage d'Eberhard & Co. : un caractère qui se reflète dans de nombreux détails, tels que la couronne de style vintage avec poussoir coaxial et le boîtier aux formes sinueuses et élégantes.
UN COMMENTAIRE ? Une réédition mieux qu’à l’identique qui ne manque pas de charme (ce boîtier de 41,5 mm x 13,9 mm d’épaisseur, étanche à 50 m et motorisé par un mouvement à remontage manuel disposant de 63 heures de réserve de marche, est proposé à 6 900 francs suisses). La compétition pour la présélection sera rude (deux montres sur trois à éliminer), mais Eberhard & Co. peut jouer de son charme indéniable pour y arriver : les académiciens seront sans doute sensibles à la sincérité de cette icône revisitée et à l’authenticité qui se dégage de la démarche de la marque. Viser ensuite le podium sera une autre paire de manches. Nous en reparlerons…
ELGÉ Chamonix
La Chamonix d’Elgé réunit design utilitaire vintage, ingénierie moderne et élégance fonctionnelle à la française. Inspirée du modèle original des années 1950 et baptisée d’après la ville emblématique de Chamonix-Mont-Blanc, cette montre incarne l’aventure au quotidien — avec raffinement, robustesse et héritage. Avec ses 38 mm de diamètre et seulement 11,6 mm d’épaisseur, la Chamonix associe finesse et robustesse avec une étanchéité à 150 mètres. Boîtier en acier 316L, finitions brossées et détails polis, cornes percées et sculptées, couronne vissée de 7 mm : chaque élément est pensé pour allier confort, durabilité et style. Le fond vissé décagonal — clin d’œil au patrimoine Elgé — assure la protection du mouvement France Ébauche. Fabriqué à Maîche par France Ébauche et soutenu par Soprod et le groupe Festina, le calibre FE Auto – No Date repose sur l’architecture FE 5601/5611, modernisée pour répondre aux exigences actuelles. Un calibre de manufacture fiable, réparable et durable — fabriqué en France et fier représentant du savoir-faire horloger hexagonal. Le cadran laqué noir brillant met en valeur des chiffres sérifés retracés depuis les archives d’Elgé. Des index en relief et de larges aiguilles « Magnum » sont traités en Super-LumiNova C3 pour une lisibilité optimale, même dans l’obscurité. La trotteuse centrale, blanche et sans contrepoids, rend hommage au modèle original. Les bracelets en cuir tanné végétal — noir, brun ou havane — se patinent naturellement avec le temps. Une plaque bund optionnelle, inspirée du monde militaire, apporte une touche d’aventure supplémentaire. Couronne et fond sont gravés de messages fonctionnels, dont une alerte sur le contrôle d’étanchéité — des détails qui soulignent la vocation utilitaire de la montre.
UN COMMENTAIRE ? « J’iconise, donc je suis » : alors que l’icône horlogère est généralement le fruit d’une histoire couronnée de succès, on peut choisir la rétroactivité en s’iconisant aujourd’hui à partir d’une icône d’hier. Va donc pour cette Chamonix proposée à 920 francs suisses (boîtier de 38 mm x 11,6 mm, étanche à 150 m et doté d’un excellent mouvement automatique à 46 heures de réserve de marche). Si l’iconicité est discutable, le charme de cette « petite française » est indéniable : les académiciens y seront sans doute sensibles, mais pas forcément au point de présélectionner Elgé à côté d’icônes incontestables. Avec une catégorie « Challenge » subdivisée dans un segment à moins de 2 000 francs suisses, cette Chamonix aurait eu toutes ses chances. Là, en « Iconique », elle ne se bat pas vraiment à armes égales avec la Royal Oak ou avec la Franck Muller…
FAVRE LEUBA Sea Sky Revival
La Sea Sky Revival est une montre inspirée du modèle original Sea Sky, lancé dans les années 1960 par Favre Leuba. Cette pièce au charme vintage se distingue par un cadran à la finition mate discrète dans sa variante noire, rehaussé d’index horaires de style rétro et d’aiguilles facettées. Le boîtier en acier de 40 mm, à l’ergonomie soignée, abrite une configuration chronographe tricompax, dotée de compteurs contrastés pour une meilleure lisibilité. Les aiguilles et les index bénéficient d’un généreux traitement luminescent rappelant le radium, apportant à la montre une allure délicieusement vintage tout en assurant une visibilité optimale dans l’obscurité. Le verre saphir doublement bombé est traité antireflet sur ses deux faces, tandis que le fond de boîte transparent en saphir permet d’admirer les rouages internes tout en conservant une étanchéité de 100 mètres. Cette montre est animée par un mouvement chronographe automatique, doté d’un rotor squeletté en 4N conçu sur mesure. Ce calibre est équipé d’un mécanisme à roue à colonnes, d’une architecture tricompax et d’une réserve de marche de 60 heures. Le mouvement se distingue par des finitions remarquables, notamment un perlage sur les ponts inférieurs, des Côtes de Genève sur la platine principale, et un soleillage appliqué sur le rotor en 4N.
UN COMMENTAIRE ? Une montre tellement iconique qu’on la prendrait pour une pièce vintage qui aurait miraculeusement survécu à toutes les révolutions horlogères de ce dernier demi-siècle : il faut compter dans les 3 950 francs suisses pour ce boîtier de 40 mm x 15,2 mm, étanche à 100 m et mécanisé par un calibre automatique prévu pour 60 heures de réserve de marche. Plus iconique, tu meurs ! Pourvu que les académiciens n’aient pas la tête ailleurs au moment de présélectionner cette Sea Sky Revival parmi les six montres finalistes de la catégorie « Iconique »…
COORDINATION ÉDITORIALE : JACQUES PONS