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GPHG 2025 #14 (accès libre)
Dix évaluations de dix tourbillons en piste pour le GPHG

En parallèle avec nos pages « Repérages » habituelles, nous proposons cet été un « repérage » des montres inscrites pour le prochain GPHG, dans l’ordre choisi par le GPHG, mais dans le cadre d’une revue critique, éclairée et commentée. De quoi aider les académiciens à faire leur choix. Voici donc dix montres de dix marques en quête de prix : Agelocer, Arnold & Son, Artime, ArtyA, Bianchet, BlackOut, Bvlgari, Czapek, Fam Al Hut et Grandeur USA…


En toute transparence, avant d’être critiquées (au meilleur sens du terme) et appréciées, ces nouveautés sont expliquées dans la jamais trop fleurie « langue de boîte » : c’est la langue usuelle de nos « amies les marques » et c’est la langue de bois des « boîtes » d’horlogerie. Dans tous les styles et à tous les prix, venues de Suisse ou d’ailleurs, au masculin comme au féminin, quelles montres les académiciens vont-ils devoir sélectionner ? Certaines de ces montres ont déjà été présentées par Business Montres, mais nous y revenons avec plaisir ! Place à un nouvel épisode de notre panorama du GPHG 2025, avec nos commentaires critiques sur dix montres de dix marques…

AGELOCER Tourbillon Raie Manta

La montre à tourbillon Manta Ray fusionne un concept écologique avec une esthétique mécanique d’exception, insufflant un nouveau langage visuel à l’art horloger. Son inspiration principale provient de la raie Manta, une créature marine reconnue pour sa posture élégante en nageant et sa grande sensibilité aux écosystèmes, symbolisant l’harmonie entre la nature et l’humanité. En transformant cette forme naturelle en une structure mécanique, la montre établit un lien profond entre forme et fonction. Dans la conception du module de tourbillon, les méthodes traditionnelles de traitement plan sont totalement réinventées, remplacées par deux plaques de fixation en forme de raies Manta nageant en sens opposé. Ce design adopte une structure courbée en trois dimensions, offrant une forme fluide et dynamique, marquant une avancée majeure dans les techniques de finition en horlogerie mécanique. De la modélisation numérique à la formation de surfaces complexes, en passant par un contrôle de précision au niveau micrométrique, chaque étape exige un soutien technique de haute précision.

En raison de l’irrégularité des surfaces courbes, le matériau est sujet à des déformations thermiques ou à un durcissement de surface pendant l’usinage, ce qui augmente considérablement la difficulté de coupe. Ainsi, même avec des équipements avancés pour le formage initial, un polissage manuel par des artisans expérimentés, incluant chanfreinage et polissage, reste essentiel pour garantir un équilibre optimal entre fonctionnalité et esthétique. Au cours de ce processus, les concepteurs doivent contrôler précisément l’impact des formes courbes sur la dynamique du tourbillon afin de maintenir sa stabilité et sa précision chronométrique. La montre est équipée d’un mouvement de tourbillon volant sans index, intégrant une technologie à double barillet parallèle pour une réserve de marche de 60 heures, avec une fréquence d’oscillation de 28800 alternances par heure (4 Hz), garantissant une performance chronométrique exceptionnelle. Le cadran, doté d’aiguilles et d’index luminescents Super-LumiNova, renforce la lisibilité pratique et l’esthétique visuelle. Le design global, en équilibrant fonctionnalité et valeur esthétique dans ses détails, incarne une interprétation profonde de l’esthétique mécanique moderne.

UN COMMENTAIRE ? Si le narratif sur cette raie Manta est amusant [on admettra que cette raie Manta a de curieux faux airs de l’astérohache qu’on retrouve dans les montres de MB&F], il est cependant moyennement convaincant pour un tourbillon à remontage manuel (60 heures de réserve de marche), dont le boîtier en acier de 40 mm x 9,5 mm est annoncé à 1 150 francs suisses – ce qui décrédibilise une proposition par ailleurs originale dans sa démarche conceptuelle. L’équipe euro-asiatique d’Agelocer apprend vite, mais n’a pas encore tout compris des hautes mécaniques et du design horloger. Au vu des dix-sept autres montres inscrites dans la catégorie « Tourbillon », il est douteux que les jurés en charge de la présélection aient les yeux de Chimène pour cette raie Manta qu’on pourrait qualifier de raie… menteuse !

ARNOLD & SON Tourbillon 11 Constant Force

La montre Constant Force Tourbillon 11 en or jaune 18 carats et de 41,5 mm de diamètre, proposée en édition limitée à 11 exemplaires par Arnold & Son, est animée par un mouvement mécanique à remontage manuel. Doté de deux barillets assurant 100 heures de réserve de marche, il a été entièrement développé et construit dans la manufacture de La Chaux-de-Fonds. Il est équipé d’un mécanisme à force constante observable sur le cadran en émail et est régulé par un tourbillon visible au dos. Ce calibre présente une architecture qui s’inspire de celle de l’instrument de mesure du temps mû par le premier tourbillon réalisé en 1808 par Abraham-Louis Breguet, sur la base d’un mouvement de chronomètre conçu par John Arnold. Ce premier régulateur à tourbillon, aujourd’hui conservé au British Museum, fut offert par l’horloger basé à Paris à John Roger Arnold en l’honneur des liens scientifiques et amicaux qui l’unissait à son père. Le garde-temps Constant Force Tourbillon 11, conçu pour clôturer le cycle anniversaire marquant les 260 ans d’héritage de John Arnold, célèbre le génie de cet horloger et son amitié avec Abraham-Louis Breguet.  La Maison Arnold & Son a choisi d’habiller cette montre Constant Force Tourbillon 11 d’un boîtier en or jaune 18 carats de 41,5 mm de diamètre aux lignes classiques. La tonalité jaune du métal précieux a été choisie car elle était couramment employée à l’époque de John Arnold pour les montres de poche de prestige. Elle s’harmonise parfaitement avec le pont ajouré de l’organe servant à transmettre la force constante, lui aussi réalisé en or jaune 18 carats. La carrure bassinée de la pièce permet d’affiner le profil du boîtier. Elle reçoit, côté face, une fine lunette enchâssant une glace légèrement bombée en saphir traité antireflet double face.

Pour la pièce Constant Force Tourbillon 11, Arnold & Son a choisi un cadran en émail Grand Feu blanc dans l’esprit des cadrans des chronomètres de pont proposés par John Arnold dans sa boutique londonienne aux officiers de marine anglais. Ce disque a été réalisé à l’unité par un artisan spécialisé sur une base en or jaune 18 carats. L’émail blanc est obtenu en faisant fondre des matériaux mis en poudre, dans un four chauffé à un peu plus de 800° centigrades. Après plusieurs passages au feu pour obtenir l’épaisseur nécessaire, la surface est rodée pour la rendre lisse et uniforme. Puis, si durant les opérations, aucun accident n’est venu fracturer cette matière et qu’aucune imperfection n’a altéré sa blancheur, un émail translucide est apposé lors d’une dernière cuisson. Il confère une profondeur et une transparence soulignant toute la magie de cet émail dont la teinte est inaltérable et auquel est associé le nom de « Grand Feu » car il est vitrifié par fusion. Ce disque précieux et délicat est ouvert pour permettre d’observer le mécanisme de force constante et l’intégration du sous-cadran en opale blanche, véritable signature de la Maison. Ici, et pour la première fois chez Arnold & Son, cette pierre fine est recreusée offrant ainsi une plus grande présence visuelle et un angle propice à la lecture des chiffres romains décalqués en noir.

Le mouvement portant la désignation A&S5219 a été spécialement développé par les ingénieurs et les horlogers de la Manufacture, selon les spécifications de la montre Constant Force Tourbillon 11. Afin de coller au plus près du mouvement original, ce calibre est à remontage manuel. Inspiré du passé, il n’en demeure pas moins contemporain. Ainsi, embarque-t-il deux barillets identiques montés en série pour une réserve de marche de 100 heures. Ils assurent tour à tour l’alimentation du mécanisme, le second entrant en action lorsque le couple du premier passe sous le niveau optimal de rendement durant les 100 heures de fonctionnement, les concepteurs du mouvement ont installé un mécanisme breveté de force constante entre le rouage primaire et le tourbillon. Celui-ci, visible côté cadran, a pour objet de lisser l’énergie délivrée par les barillets pour éviter qu’un excès ou un manque de couple n’altère les oscillations du balancier contenu dans la cage de tourbillon. Soutenu par son pont en or jaune 18 carats, ce mécanisme de force constante effectue une giration minutée. En plus de la force constante, l’avantage du système retenu pour cette pièce permet un affichage dit de « seconde morte » où la trotteuse ne présente pas une course fluide mais effectue des sauts successifs d’une seconde juste ; un peu à la façon des trotteuses des chronomètres de marine qui effectuaient, elles aussi, des sauts sensiblement similaires (les chronomètres à détente battaient en général la demi-seconde). Dans la configuration choisie pour la montre Constant Force Tourbillon 11, les secondes se lisent non pas à l’aide d’une aiguille classique mais à la pointe de l’ancre de marine bleuie à la flamme qui sert de pont structurel au mécanisme de force constante. Pensée pour célébrer l’amitié entre John Arnold et Abraham-Louis Breguet, la montre Constant Force Tourbillon 11 dispose d’un fond transparent en verre saphir antireflet permettant de découvrir l’architecture du calibre A&S5219 inspirée du dos de l’instrument de mesure du temps conservé au British Museum. Ici, la cage de tourbillon effectuant une rotation par minute reprend le dessin général de celle que le brillant ami de John Arnold avait employée dans le garde-temps destiné à commémorer leur indéfectible amitié et à matérialiser la portée effective des recherches menées en commun. Extrêmement épuré, le tourbillon présente un pont de cage linéaire poli-bercé d’une grande finesse permettant de découvrir un balancier à inertie variable doté de masselottes inspiré des oscillateurs les plus aboutis installés dans les chronomètres de John Arnold. Le choix a également été fait de placer un ressort de maintien en forme de « T » reprenant celle du « pare-chute » mis au point par Abraham-Louis Breguet et que l’on retrouve sur le pont de tourbillon de l’instrument original. En revanche, l’échappement à ancre suisse plus pratique et moins sensible aux chocs a été préféré à celui à détente embarqué dans la pièce d’époque. Les finitions de la platine, du pont et du coq de tourbillon sont ici pratiquement identiques entre les deux garde-temps et l’on retrouve sur le pont de barillet grené et anglé de la montre Constant Force Tourbillon 11, des inscriptions gravées-main et la fameuse plaque sur laquelle a été inscrit un nouveau texte inspiré de l’original : « To the revered memory of John Arnold and Abraham-Louis Breguet. Friends in their time, legendary watchmakers always. » (A la mémoire révérée de John Arnold et Abraham-Louis Breguet. Amis en leur temps, horlogers de légende toujours). Cette citation achève d'inscrire cette création Arnold & Son, éditée à 11 exemplaires, dans un contexte historique et horloger où l’amitié et l’art de la mesure du temps ont été les plus forts des ressorts.

UN COMMENTAIRE ? Ce tourbillon à l’esthétique inclassable – sinon, d’emblée, dans une nébuleuse « haute mécanique créative à forte valeur ajoutée horlogère » – est sans doute une des montres les plus convaincantes de la séquence « Tourbillon » du GPHG : rien n’y manque, de la substance culturelle horlogère à l’exécution mécanique, en passant par le raffinement de l’habillage ou le génie d’un design néo-classique innovant [ce qui n’a rien d’évident !], sans oublier, bien sûr, le prix tout aussi exceptionnel, de rigueur pour le GPHG (130 000 francs suisses pour un boîtier en or jaune de 41,5 mm x 13,7 mm d’épaisseur, étanche à 30 m et muni d’un mouvement à remontage qui propose une réserve de marche de 100 heure). Même si beaucoup des tourbillons inscrits cette année sont d’une rare force collective, l’apport d’Arnold & Son à la tradition du tourbillon est ici sans égal : non seulement la présélection nous semble acquise, mais on tient avec cette montre une solide candidate pour le prix final…

ARTIME ART03

Une évolution marquante dans l’univers Artime : après le succès de la ART01 en 2023, dont la production cessera en fin d’année, limitée à 40 mouvements livrés, la ART03 repousse les frontières de l’horlogerie traditionnelle. Elle intègre des matériaux à la fois classiques et contemporains, dans une esthétique résolument moderne. Chaque composant a été méticuleusement conçu pour offrir une expérience unique aux passionnés de haute horlogerie. Un mouvement en or inédit, sans platine, taillé pour de nouvelles proportions : ses proportions inédites ont nécessité le développement d’un mouvement entièrement nouveau, aux dimensions réduites, parfaitement adapté à la nouvelle boîte. Le résultat : une performance optimale, une ergonomie améliorée, et une mise en valeur exceptionnelle de l’architecture et de la décoration du mouvement. Design, fonctionnalité et rareté ! Boîtier : en acier, coiffé d’un verre saphir, diamètre de 39 mm, garantissant confort et résistance. Lisibilité : affichage distinctif, céramique luminescente , lisible de jour comme de nuit. Fonctionnalité : poussoir du sélecteur de fonction repositionné à 4 heures pour une meilleure ergonomie. Mouvement : remontage manuel haute précision, visible recto-verso à travers un fond intermédiaire en titane, mettant en lumière l’expertise des maîtres horlogers d’Artime. Ponts, roues et échappement sont réalisés en or.

UN COMMENTAIRE ? Au-delà de la prouesse esthétique de cette ART03 et de ses capacités horlogères indéniables, on peut cependant se demander s’il n’y a pas quelque chose de daté dans ce genre d’hubris mécanique, très caractéristique des années 2000 et 2010, mais désormais en phase de saturation dans le champ mental des amateurs : trop de virtuosité tue la virtuosité, qu’elle s’équilibre dans les tensions graphiques de cette architecture ou dans les prétentions à sortir du lot par le haut, puisqu’il faut compter dans les 227 000 francs suisses pour ce boîtier en acier de 39 mm [c’est bien d’avoir fait un effort sur la taille !] x 11,4 mm d’épaisseur, étanche à 50 m, avec un mouvement à remontage manuel prévu pour 80 heures de réserve de marche. Question subsidiaire : le « style Richard Mille » a-t-il encore de l’avenir, dans la mesure où, dans ce cas précis, on achète une marque-fétiche symbolique plus qu’une montre iconique ? Les académiciens du GPHG ressentiront-ils cette « fatigue » des abus de l’hyper-mécanicisme horloger ? 

ARTYA Wavy Central tourbillon Nanosaphir Chameleon

La collection manufacture Purity ne cesse de s’affiner, avec comme dernière création audacieuse, son tourbillon central de 20 mm, dans un boîtier Wavy en NanoSaphir Chameleon. L’impressionnante cage danse à une fréquence de 4 Hz, une prouesse pour un tourbillon aussi corpulent. Il est le 5ème calibre manufacture développé par ArtyA, le 4ème doté d’un tourbillon, mais le premier bénéficiant d’un remontage automatique. Son imposante masse ArtyA remonte deux barillets montés en parallèle qui offrent une réserve de marche de plus de 72 heures. L’affichage de l’heure a été entièrement pensé pour s’éclipser autour de la pièce maîtresse qu’est le tourbillon. Une solution sans aiguilles vient remplir cette mission avec seulement deux indicateurs périphériques indiquant l’heure et les minutes de l’extérieur vers l’intérieur. Pour accueillir ce mouvement et profiter pleinement du spectacle qu’il propose, Jérémie Arpa, designer et fils de Yvan Arpa, a dessiné un magistral boîtier Wavy entièrement en verre NanoSaphir Chameleon. Ce matériau est une exclusivité mondiale de la part de la marque indépendante genevoise. À la lumière naturelle, le boîtier "Chameleon" reflète une première couleur, ici un orange ambré profond. Lorsqu'il est exposé à la lumière artificielle (6500K ou plus), il change instantanément de couleur pour offrir un vert vif dans le cas de cette pièce unique. Son diamètre de 40 mm est idéal pour un équilibre parfait entre élégance et confort. Les 14,5 mm d’épaisseur permettent au tourbillon de s’élever dans les airs et d’être admiré sous tous ses angles.

UN COMMENTAIRE ? il faut bien admettre, non sans honte, que le GPHG ne s’est jamais montré particulièrement reconnaissant à l’égard d’Yvan Arpa, qui n’a cessé de multiplier les inscriptions en repartant toujours bredouille : si son tourbillon boxe dans une catégorie poids lourds qui ne pardonne pas la moindre, il n’est cependant pas dénué de souffle et de punch ! Il faut compter dans les 165 000 francs suisses pour un bouquet d’innovations esthétiques, mécaniques et techniques (boîtier et cadran en saphir aux couleurs changeantes de 40 mm x 14,5 mm d’épaisseur, étanche à 30 m et animé par un tourbillon central à l’affichage « mystérieux »). Si les académiciens ont un tant soit peu envie de se faire plaisir en organisant un beau combat pour la finale, ils présélectionneront cette pièce singulière – quoique non spectaculaire – quelques part entre Arnold & Son, Jacob & Co., Titan et Louis Vuitton… ?

BIANCHET Ultrafino Skeleton Titanium

Le tourbillon UltraFino marque une étape importante pour Bianchet avec l’introduction de son premier mouvement automatique ultrafin: le calibre UT01. Entièrement conçu et développé en interne, ce mouvement se distingue par son épaisseur de 3,85 mm, son poids de 8 grammes et sa très grande robustesse. Forgé en titane grade 5, il intègre un rotor central en or et une cage de tourbillon d’une hauteur de 2,66 mm. Ce calibre a été développé pour résister à des chocs de plus de 5'000 G, tout en conservant les qualités attendues d’un mouvement de Haute Horlogerie. Le développement du calibre UT01 repose sur une série d’innovations techniques visant à associer finesse, performance mécanique et fiabilité, sans sacrifier la pureté des proportions, ni la poésie du tourbillon. Barillet suspendu : la suppression de la roue de rochet a permis l’implémentation d’un barillet suspendu, offrant une réserve de marche de 60 heures dans un volume ultra-réduit. Nouvelle architecture de l’échappement : l'empilement de l'échappement permet d'accueillir un grand balancier à vis, assurant à la fois élégance visuelle et stabilité fonctionnelle. Système de remontage et de mise à l'heure optimisé : un mécanisme entièrement repensé réduit les frictions et améliore le rendement énergétique. Protection antichoc avancée : des dispositifs de sécurité intégrés au niveau du balancier et de la structure du mouvement absorbent les chocs et préservent la précision, y compris en conditions extrêmes. Malgré sa finesse, le mouvement de l'UltraFino révèle une belle profondeur visuelle grâce à son architecture tridimensionnelle et au jeu des finitions. Chaque mouvement nécessite 15 heures de chanfreinage traditionnel réalisé à la main, auxquels s’ajoute un travail de décoration jouant sur les contrastes de matières et de surfaces. Grâce à un boîtier tonneau légèrement galbé de 40 mm de largeur et de 8,9 mm d’épaisseur, habillé d’un bracelet intégré en titane aux finitions soignées, l’UltraFino allie solidité et raffinement, et incarne pleinement l’approche esthétique de Bianchet, fondée sur l’harmonie des proportions. L’UltraFino parvient ainsi à combiner exigences horlogères de pointe et sens du design pour offrir un tourbillon fin et robuste, destiné à être porté au quotidien.

UN COMMENTAIRE ? Un tourbillon très sérieusement et très sincèrement pensé dans les moindres détails de ses lignes, de ses volumes et de ses entrailles mécaniques, quoiqu’on puisse le questionner comme le tourbillon Artime ci-dessus, qui s’inscrit dans la même logique inspirée : le temps de l’hubris mécanique n’est-il pas révolu et n’a-t-il pas commencé à laisser la place à des expressions plus apaisées et moins orgueilleusement démonstratives ? Il faut compter dans les 85 400 francs suisses pour ce boîtier tonneau en titane de 40 mm x 47,3 mm x 8,9 mm d’épaisseur [ça, c’est une performance !], étanche à 50 m [ça, c’est moins performant !] et animé par un mouvement automatique donné pour 60 heures de réserve de marche. On en revient à la fameuse « fatigue » des académiciens présélectionneurs, visuellement saturés par cette overdose d’hypermécaniques squelettées…

BLACKOUT WATCHES XP1 Tourbillon Phantom

Blackout Watches est née d’une conviction simple : apporter de nouvelles alternatives au paysage horloger (qui est déjà très bien représenté sur le très haut de gamme avec des marques ancestrales). Nous voulions créer une montre qui redonne ses lettres de noblesse à des éléments horlogers emblématiques – comme la complication tourbillon, le carbone forgé ou le boîtier tonneau – tout en restant accessible. Trop souvent, les collectionneurs se retrouvent face à un choix impossible : d’un côté, des pièces suisses irréprochables et magnifiques mais inaccessibles, de l’autre, des alternatives asiatiques aux performances incertaines, notamment sur le tourbillon. Notre pari : combiner le meilleur des deux mondes. Grâce à nos horlogers à Carouge (Suisse), nous avons développé une méthode unique de fiabilisation des mouvements tourbillon étrangers : remplacement de composants clés, contrôles au binoculaire, protocoles de tests stricts… Le résultat ? Une pièce technique, au design fort et à la qualité éprouvée, avec d’excellents taux de retours. Le tout à un prix qui ouvre enfin cette complication mythique à une nouvelle génération de passionnés. Nous sommes une équipe jeune, indépendante, déterminée à donner du sens, de la valeur et du plaisir dans chaque pièce. Cette montre est le fruit d’une collaboration inédite avec Ocarat, premier revendeur horloger en ligne en France. L’idée a émergé dans leurs bureaux : imaginer une version radicale de notre modèle iconique, la XP1, qui pousserait notre esthétique à son paroxysme. Nous avons opté pour un cadran Musou Black – l’un des noirs les plus profonds au monde – pour créer une sensation d’absolu visuel. L’ensemble est conçu pour absorber la lumière, jusqu’à ce qu’une seule chose attire le regard : le tourbillon, mis en scène comme une source de lumière unique, presque surnaturelle. Cette construction théâtrale vise à sublimer la complexité du mécanisme en le transformant en point focal poétique. Point final de ce design, sur la branche simple du tourbillon une vis a été peinte en noire pour donner la seconde sur un mouvement 2 aiguilles. C’est aussi un clin d’œil à notre ADN : Blackout, c’est l’ombre, le contraste, l’audace.

UN COMMENTAIRE ? On peut jouer à « Retour vers le passé », mais cela fait-il avancer le célèbre schmilblic ? Ce n’est pas certain, et il est encore moins évident que les académiciens soient sensibles à cette sorte de rétronostalgie qui tient ici de la nécrophilie : la mode « All Black » remonte à l’invisible visibilité chère à Jean-Claude Biver dans les années 2000 et le noir absolu – sans l’art de Soulages – date des années 2010. Alors, pour émerger, on en rajoute dans le carbone incrusté de photoluminescence ! Peut-on en demander plus à un tourbillon posé dans son évidence évidente à six heures, fût-il futilement volant et aussi accessible soit-il (il faut compter dans les 3 300 francs suisses pour ce boîtier en carbone forgé luminescent de 44 mm x 52 mm x 14,8 mm d’épaisseur [tant qu’à faire, autant rouler des mécaniques !], étanche à 100 m et mû par un calibre à remontage manuel conçu pour 72 heures de réserve de marche). Il est assez peu probable que le « Musou Black » tape dans l’œil présélectif des académiciens…

BVLGARI Octo Finissimo Ultra Tourbillon

Mieux qu’un record de finesse, la nouvelle Octo Finissimo Ultra Tourbillon de Bvlgari est un manifeste. En parvenant à intégrer un tourbillon squelette dans la platine d’une montre dont l’épaisseur totale ne dépasse pas 1,85 mm, Bvlgari synthétise son expertise horlogère autour de la plus emblématique des complications horlogères. Le squelettage, ou l’art de sculpter la finesse. Aujourd’hui, pour décupler encore la présence du tourbillon, Bvlgari a choisi de squeletter au maximum sa nouvelle Octo Finissimo Ultra Tourbillon afin que la lumière se diffuse au mieux et vienne jouer avec les effets de contrastes apportés par les décorations contemporaines des éléments techniques les plus visible. Boîte de 40 mm avec cornes, lunette et carrure en titane sablé. Plaque principale en carbure de tungstène. Roues de remontage et de mise à l'heure en acier inox cerclé. Rochet en acier cerclé gravé d'un décor géométrique. Bracelet en titane sablé avec boucle déployante entièrement intégrée, d'une épaisseur de 1,50 mm. Compteur des heures et des minutes en laiton sablé avec revêtement DLC anthracite, aiguilles en laiton poli avec revêtement rhodié. Mouvement mécanique ultraplat tourbillon à remontage manuel BVF 900.

UN COMMENTAIRE ? La virtuosité mécanique est au rendez-vous, l’exclusivité esthétique aussi, de même que la sélectivité économique, puisqu’il faudra poser 635 000 francs suisses sur la table pour passer à son poignet cet impondérable boîtier en titane de 40 mm x 46 mm x 1,85 mm d’épaisseur, dont le mouvement à remontage manuel dispose tout de même de 42 heures de réserve de marche. Le bracelet en titane est à lui seul un chef-d’œuvre. Pas de souci pour la présélection : les académiciens ont bien compris le message, déjà répété plusieurs fois pour tous les prix raflés au GPHG par des Octo plus fines les unes que les autres. Pour la finale, c’est un peu moins évident : on finit par se lasser de ces squelettages superlatifs qui relèvent du gongorisme mécanique…

CZAPEK Antarctique Tourbillon Glacier bleu

Présentée à Watches and Wonders 2025, l'Antarctique Tourbillon Glacier Blue est animée par le nouveau calibre manufacture 9 doté d'un régulateur à tourbillon volant. La montre arbore un nouveau motif guilloché spectaculaire sur le cadran, nommé Singularité, ainsi qu'une architecture saisissante. Le boîtier a été redessiné pour faire écho à l'esthétique curviligne du mécanisme et du cadran. Reprenant le principe du verre « cheminée » incurvée de l'Antarctique Rattrapante, les glaces saphir avant et arrière ont été subtilement rehaussées. Au verso, cela donne l'impression qu'il n'y a pas de lunette et, en effet, les gravures qui apparaîtraient normalement sur une lunette de fond de boîtier sont réalisées à l'intérieur de la glace par métallisation - exécutées en miroir de manière à se lire « dans le bon sens » de l'extérieur. Pour amplifier l'effet de trompe-l'œil, la surface du rotor de remontage en or est également convexe. De plus, Michèle Rothen, maître graveur indépendant cher à Czapek, l'a gravé à la main d'un motif inspiré des trous noirs, similaire au guillochage « Singularité ». Ce lancement marque le début de l'année du 10e anniversaire de la renaissance de Czapek & Cie, qui coïncide avec le 180e anniversaire de la Maison horlogère éponyme fondée en 1845 par François Czapek à Genève.

UN COMMENTAIRE ? Comme on aimerait voir présélectionnée, puis récompensée par le prix « Tourbillon », cette montre qui est une des plus belles de toutes les collections Czapek depuis dix ans : pureté formelle, rigueur mécanique, subtilité décorative et même réalisme commercial du fait de son prix [68 000 francs suisses : face aux concurrents de la spécialité, c’est héroïque !]. Les académiciens seront sensibles à ce cadran bleu glacier tellement à la mode ? Rien n’est moins sûr quand il faut éliminer deux montres sur trois (boîtier en acier de 40,5 mm x 11,5 mm d’épaisseur, étanche à 50 m et mouvement automatique avec 72 heures de réserve de marche. Tant qu’à faire, cette montre méritait un boîtier en platine pour le grand chic ou un boîtier en titane pour le sport chic…

FAM AL HUT Möbius

Fam Al Hut présente la Mark 1 Möbius – une première audacieuse qui redéfinit la miniaturisation technique et la conception spatiale dans le domaine de la haute horlogerie. Au cœur de cette pièce se trouve un tourbillon biaxial conçu en interne, logé dans l’un des formats de montre-bracelet les plus compacts jamais réalisés. La Mark 1 Möbius est le fruit d’une collaboration créative entre Xinyan Dai et Lukas Young, figure pionnière du design horloger chinois contemporain. Young apporte à la maison Fam Al Hut sa vision novatrice, ouvrant ainsi un nouveau chapitre placé sous le signe de l’innovation et de l’ingénierie raffinée. Compacte mais mécaniquement sophistiquée, la Mark 1 Möbius affiche des dimensions de seulement 42,2 mm x 24,3 mm x 12,9 mm. À l’intérieur, un mouvement de type capsule se déploie tel une cité mécanique microscopique – stratifiée, complexe et fascinante. Le tourbillon biaxial effectue ses rotations sur deux axes respectivement en 150 secondes et 60 secondes, devenant le centre cinétique de cette merveille architecturale. Malgré sa complexité, le mouvement manuel développé en interne offre une réserve de marche de 50 heures. Le design sans cornes renforce l’ergonomie raffinée de la montre, procurant une sensation au poignet comparable à celle des pièces traditionnelles de 36 à 38 mm. L’extérieur, en contraste avec la complexité du mouvement, se distingue par un minimalisme radical – son boîtier concave en acier inoxydable et ses verres saphir polis à l’avant et à l’arrière s’intègrent parfaitement à un bracelet intégré, créant une silhouette moderne et épurée. La Mark 1 Möbius est bien plus qu’une montre : c’est une déclaration d’intention – une fusion entre pureté esthétique et profondeur mécanique, conçue pour repousser les conventions et captiver les collectionneurs grâce à une vision sans compromis.

UN COMMENTAIRE ? Amis créatifs chinois, au risque de vous décevoir, autant vous le dire tout de suite : ce n’est pas gagné d’avance avec votre « manifeste » révolutionnaire qui tient, lui aussi comme tant d’autres, à « repousser les conventions grâce à une vision sans compromis » [discours convenu qui ne déconventionne rien, ni personne]. Aussi radicale et minimaliste qu’elle soit, cette Möbius n’a pas vraiment sa place dans la présélection « Tourbillon » 2025, même si elle est très honnêtement tarifée : il faut compter 26 600 francs suisses [n’importe quelle maison suisse aurait doublé ou triplé ce prix !] pour cet étrange boîtier en acier de 24,3 mm x 42,2 mm x 12,9 mm d’épaisseur, étanche à 30 m et développé autour d’un calibre à remontage manuel revendiquant 50 heures de réserve de marche et affichant heures rétrogrades, minutes rétrogrades, heures sautantes et tourbillon. Dans cette catégorie, c’est un peu une erreur de casting, qui libère de la place pour les six candidats à la finale…

GRANDEUR USA Lumilion

Le tout premier tourbillon lumineux au monde est le fruit de plus de 24 mois de développement intensif. L’intégration de matière luminescente dans le tourbillon a nécessité des ajustements minutieux pour en préserver l’équilibre, et plusieurs autres composants du mouvement ont été largement personnalisés au cours du processus. Le Lumillion affiche l’heure avec élégance grâce à des repères lumineux de quart d’heure, réalisés en BGW9 suisse, positionnés sur le pourtour du cadran. L’heure se lit au niveau du repère rouge luminescent. Le boîtier, aux courbes uniques, s’incline délicatement pour mettre en valeur la zone de lecture de l’heure. Conçu en titane Grade 5 ultraléger, il est doté d’un cadran distinctif en aluminium damassé encerclant le tourbillon lumineux central. Un verre saphir avec revêtement antireflet coiffe un boîtier élégant de 42 mm de diamètre, pour une épaisseur de seulement 5,6 mm.

Associé à un fond en verre saphir de 5,7 mm, le profil total atteint une précision de 11,3 mm. Au cœur du Lumillion se trouve un mouvement Hangzhou 37Z0E modifié et réglé, soigneusement amélioré par l’équipe Grandeur pour offrir une précision quotidienne de +3 à +6 secondes à 28 800 alternances par heure. Le mouvement dispose d’une réserve de marche de 42 heures et comporte 29 rubis pour une précision optimale. Des bracelets interchangeables en caoutchouc se fixent sous le boîtier pour une apparence fluide et intégrée. Une boucle en titane Grade 5 assure durabilité et confort au quotidien, avec une étanchéité de 5 ATM. Le Lumillion réunit précision, innovation et design dans une forme remarquable.

UN COMMENTAIRE ? Bien préciser « USA » après Grandeur, parce qu’on avait comme un doute sur la génétique sino-chinoise de ce premier tourbillon lumineux, central qui plus est, qui se trouve proposé à 1 725 francs suisses (boîtier en titane de 42 mm x 11,3 mm d’épaisseur, étanche à 50 m et animé par un mouvement automatique calé sur 42 heures de réserve de marche (lecture latérale de l’heure façon M.A.D.Editions). Tout ceci est bien sympathique, mais il s’agit d’éliminer deux montres sur trois pour n’en conserver que six qui correspondent à l’idée qu’on peut se faire d’un tourbillon : plus chinoise que nature et aussi déconcertante soit-elle, la Lumilion a ici peu de chances…

COORDINATION ÉDITORIALE : JACQUES PONS



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