GPHG 2025 #09 (accès libre)
Dix nouvelles montres masculines du GPHG 2025 au crible d’un regard critique

En toute transparence, avant d’être critiquées (au meilleur sens du terme) et appréciées, ces nouveautés sont expliquées dans la jamais trop fleurie « langue de boîte » : c’est la langue usuelle de nos « amies les marques » et c’est la langue de bois des « boîtes » d’horlogerie. Dans tous les styles et à tous les prix, venues de Suisse ou d’ailleurs, au masculin comme au féminin, quelles montres les académiciens vont-ils devoir sélectionner ? Certaines de ces montres ont déjà été présentées par Business Montres, mais nous y revenons avec plaisir ! Place à un nouvel épisode de notre panorama du GPHG 2025, avec nos commentaires critiques sur dix montres de dix marques…

ATOWAK Manta-X

Inspirée par la glisse gracieuse des raies manta dans les profondeurs marines, la montre Manta-X incarne une fusion entre le biomimétisme et l’esthétique mécanique — une audacieuse exploration de l’harmonie entre la nature et la technologie. Avec cette création avant-gardiste, Atowak transpose les courbes fluides de la vie marine en une structure mécanique complexe, redéfinissant les frontières entre fonctionnalité et expression artistique. Au cœur de Manta-X se trouve le tout premier système horaire errant 3D Hexa-Prism à 180°, une innovation qui transcende les limites des systèmes traditionnels à trois bras et quatre faces. En utilisant une architecture à deux bras et six faces, l’affichage des heures effectue un saut précis tous les 15°, marquant le passage de chaque heure — offrant ainsi une amélioration remarquable tant en lisibilité spatiale qu’en précision horlogère.Poussant encore plus loin les frontières de l’innovation mécanique, Manta-X intègre un système d'engrenage involute dans son affichage des heures errantes — une évolution significative par rapport au mécanisme conventionnel de la croix de Malte. Ce design permet une friction réduite et une stabilité de transmission supérieure, garantissant la précision et la fiabilité du mouvement même après une utilisation prolongée.

Pour l’indication des minutes, Manta-X inaugure le système d’affichage Tidal Minutes, composé de 13 satellites tridimensionnels rotatifs pour les minutes. Toutes les cinq minutes, les satellites adjacents basculent alternativement dans une chorégraphie évoquant les courants océaniques — une expression dynamique du rythme du temps qui passe. Le design du boîtier s’inspire directement de l’anatomie de la raie manta, capturant la courbure de ses lignes branchiales et l’envergure de ses ailes. Fabriqué en titane Grade 5 à l’aide d’un usinage avancé à cinq axes, le boîtier allie robustesse et légèreté. Les affichages des heures et des minutes sont chacun protégés par un verre saphir distinct à haute dureté, revêtu de six couches de traitement antireflet pour améliorer la clarté et le confort au porté. Au cœur de la montre bat le mouvement automatique Sellita SW200, parfaitement intégré au système de complications modulaires exclusif d’Atowak — réunissant la complexité technique et l’élégance philosophique d’un design inspiré par la nature. Manta-X n’est pas seulement un instrument de mesure du temps ; c’est une exploration artistique de la convergence entre le mécanique et l’organique. À l’image de la glisse silencieuse d’une raie manta sous les vagues, elle se déplace discrètement au poignet – tout en éveillant l’imagination vers un avenir où nature et innovation ne font plus qu’un.

UN COMMENTAIRE ? Stylistiquement parlant, cette montre d’une jeune marque indépendante hongkongaise est malheureusement à la mauvaise place dans la mauvaise catégorie (« Complication Homme ») : certes, cette montre exprime une certaine idée de la complexité mécanique, certes, elle est compliquée, mais elle ne peut pas prétendre combattre pour la présélection face à des « vraies » complications mécaniques embusquées dans les dix-huit montres du concours. Il faut compter dans les 3 000 francs suisses pour ce boîtier « tonneau » géométrique en titane de 42 mm x 49,5 mm x 13 mm d’épaisseur, étanche à 30 m et motorisé par un mouvement à remontage manuel disposant de 38 heures de réserve de marche (base suisse Sellita et module Atowak). Cette horlogerie satellitaire très pointue méritait mieux que ce combat perdu d’avance, mais les catégories officielles du GPHG sont malheureusement restées figées dans le paysage horloger de l’an 2000 : un quart de siècle plus tard, elles ne reflètent plus la diversité de l’offre [pour le comprendre, il faut un minimum de culture horlogère, et c’est une denrée rare dans le micro-bureaucratie du GPHG]…

AUDEMARS PIGUET Royal Oak Quantième perpétuel squelette « 150e anniversaire »

Audemars Piguet dévoile une édition limitée Royal Oak Quantième Perpétuel Squelette « 150e anniversaire », reflétant l’exploration incessante de la marque en termes de design, de matériaux et de technique. Cette pièce est la dernière à être dotée du Calibre 5135, pour un ultime adieu à ce mouvement qui a animé les montres-bracelets squelette à calendrier perpétuel automatique 41 mm de la Manufacture.Soulignant son élégance intemporelle, le mariage high-tech de titane et de verre métallique (BMG) qui compose la boîte et le bracelet, contraste avec l’esthétique vintage du cadran, inspiré d’une montre de poche exposée au Musée Atelier Audemars Piguet (référence 25729). Cette édition limitée de 150 exemplaires arbore les codes esthétiques développés spécialement pour cet anniversaire.

UN COMMENTAIRE ? On peut dire de ce QP que le prix « Complication homme » lui tend les bras, même si concurrence sera féroce en finale : c’est en tout cas la plus convaincante des montres Audemars Piguet présentée dans le concours 2025 (il faut compter dans les 189 000 francs suisses pour ce boîtier de 41 mm x 9,9 mm d’épaisseur, étanche à 20 m [ce n’est pas une plaisanterie et c’est la principale faiblesse de cette montre] et doté d’un mouvement automatique calé sur 40 heures de réserve de marche pour afficher heures, minutes, date, jour, mois, phases de lune, lune astronomique, années bissextiles et numéro de la semaine dans l’année. En revanche, pas pas le moindre affichage des secondes…

BOVET 1822 Récital 30

Le Récital 30 est l’ultime garde-temps à heure universelle, mettant à l’honneur le système à rouleaux inédit issu du Récital 28 Prowess 1, primé par le GPHG 2024 dans la catégorie Exception Mécanique. La véritable innovation réside dans l’utilisation de rouleaux à la place d’un affichage traditionnel. En effet, les dates de passage à l’heure d’été varient chaque année aux États-Unis et en Europe, rendant impossible une solution fixe. Le Récital 30 intègre 24 rouleaux de villes imprimés sur leurs quatre faces, et un rouleau d’indication de période, divisé en quatre zones : UTC, heure d’été américaine (AST), heure d’été Europe & USA (EAS), et heure d’hiver européenne (EWT). D’une simple pression sur le poussoir supérieur, tous les rouleaux tournent de 90 degrés en même temps. Les villes ne changeant jamais d’heure (comme Pékin) sont imprimées quatre fois sur le même rouleau. Celles qui changent (comme Genève) sont imprimées trois fois Genève et une fois la ville voisine (Londres, dans ce cas), permettant à Genève et Londres de changer de position sur le cadran selon la saison. Le Récital 30 permet ainsi aux voyageurs de suivre l’heure mondiale avec exactitude tout au long de l’année, quelles que soient les variations saisonnières. Il ne se trompe jamais. Une démocratisation d’une avancée majeure : le Récital 28 était limité à 60 mouvements, avec une capacité de production de seulement six pièces par an. Le Récital 30, développé en parallèle, n’est pas limité, offrant ainsi un accès plus large à cette innovation majeure, fruit de plus de six années de recherche et développement.

Fait rare en horlogerie, la complication est née dans sa version la plus complexe (Récital 28) avant d’être démocratisée dans une version plus accessible (Récital 30), sans compromis technique. Le Récital 30 va à l’essentiel : les rouleaux couvrent la quasi-totalité du cadran, affirmant clairement sa fonction. Un indicateur jour/nuit est positionné au centre, lié à l’heure locale. Le compagnon idéal pour les grands voyageurs. Grâce à la manufacture intégrée de Bovet et à l’intervention humaine à chaque étape, la Maison est ouverte à la personnalisation et aux créations sur-mesure. Sans chaîne d’assemblage, chaque composant passe entre les mains des artisans, faisant du Récital 30 un véritable canevas pour les collectionneurs. Ils peuvent personnaliser les noms de villes, choisir parmi plusieurs couleurs pour le cadran 24 heures ou la minuterie, et même passer de la version indienne à la version universelle, ou inversement, en cas de déménagement. Pour la première fois de son histoire, Bovet fabrique ses propres boîtiers dans sa manufacture de Tramelan. Tous les boîtiers en titane du Récital 30 seront ainsi entièrement produits en interne. Les versions en or rouge 18K seront également fabriquées à Tramelan dès 2026. Pour des montres de haute horlogerie, il est essentiel de produire un maximum de composants en interne afin d’en maîtriser la qualité exigeante. Fabriquer les boîtiers du Récital 30 chez Bovet permet une interaction étroite entre le bureau technique, les ingénieurs, la production et les horlogers.

UN COMMENTAIRE ? Encore une des montres les mieux placées de la future présélection 2025 pour être couronnées en « Complication homme » : tout y est, de l’esthétique à la mécanique, en passant par le respect des traditions horlogères suisses, avec un atout supplémentaire, l’hommage que cette Récital 30 rend à New Delhi à l’honneur, ville affichée sur son cadran. Ce serait une bonne occasion de faire un clin d’œil à ce marché indien qui prend chaque année un peu plus d’importance pour les montres suisses. Il faut compter dans les 73 500 euros pour ce boîtier en titane de 42 mm x 12,9 mm d’épaisseur, très léger et donc très portable, étanche à 30 m et doté d’un mouvement automatique avec 62 heures de réserve de marche…

CELADON HH Century Aventurine Heures sautantes

Celadon HH a l'honneur de présenter sa nouvelle complication heure sautante, le Calibre 4414, associé à un cadran en aventurine bleu nuit. L'élégant cadran exprime à la fois un caractère unique et une élégance discrète. La couleur des disques des heures et des minutes, ainsi que celle des lettres, est personnalisable en or rose ou en argent. Tous nos autres modèles de cadran peuvent également être adaptés à la configuration heure sautante. Notre nouvelle complication à heure sautante, baptisée Calibre 4414, est née du désir profond de notre fondateur Benjamin Chee de créer une montre à cadran émaillé représentant l'adorable visage souriant de son corgi adoré, Chestnut, qui est rentré au paradis en 2022. Ben souhaitait créer une montre qui incarnerait son cher Chestnut, afin de pouvoir l'emmener en esprit dans tous les beaux endroits qu'il avait souhaités, mais qui ne lui étaient pas parvenus en vieillissant, et de l'avoir près de lui pour les plus beaux moments de sa vie. Chestnut, fidèle et toujours fidèle, restait assis en silence aux pieds de Ben ou sur ses genoux pendant d'innombrables nuits tardives et matins brumeux, tandis que Ben construisait lentement Celadon pendant une décennie. Ben souhaitait un cadran dont le centre ne serait pas obstrué par les aiguilles des heures et des minutes, afin que le visage de Chestnut soit toujours visible dans toute sa magnificence adorable. D'où la nécessité de l'heure sautante et des minutes continues à 12 heures et 6 heures respectivement. L'émail est le matériau idéal pour le portrait de Chestnut, car il ne changera jamais et ne s'effacera jamais, même après des siècles, tout comme l'amour et le lien qui unissaient Ben et Chestnut ne s'estomperont jamais. Le portrait de Chestnut que Ben a choisi était basé sur une photographie de lui à trois ans, afin que Chestnut reste à jamais dans toute sa jeunesse et sa splendeur, tel qu'il est maintenant au paradis, courant sur des plaines d'or. Le Calibre 4414 doit son nom au nombre de jours que Chestnut et Ben ont passés ensemble, exactement douze ans et un mois, et en prévision de l'éternité infinie qu'ils passeront ensemble dans une gloire éternelle. Nous dédions notre nouveau mouvement heure sautante en l'honneur de Chestnut et à l'amour éternel et inconditionnel que nous avons tous pour nos animaux de compagnie bien-aimés, et qu'ils ont pour nous - un amour absolu, infini et éternel.

UN COMMENTAIRE ? Dans la série des « perturbateurs » exotiques qui viennent changer les règles du jeu au GPHG, la « fièrement chinoise » maison Celadon HH – « HH » pour Haute horlogerie – n’est pas la pire, et de loin : la proposition est substantielle (boîtier en acier de 42 mm x 11,5 mm, étanche à 50 m, animé par un mouvement manuel prévu pour 45 heures de réserve de marche et proposée à 34 900 francs suisses [un prix nettement plus suisse que chinois : sur le site de la marque, les montres du même type peuvent valoir, selon les versions et les mouvements, la moitié de cette somme !]. Le narratif sur Chestnut est attendrissant, mais les chances de passer le cap de la présélection restent très minces en « Complication homme », face aux ténors de la soirée. Il faudrait vraiment beaucoup d’audace au millier d’académiciens qui voteront pour placer cette Century parmi les six finalistes : en fait, une fois de plus, c’est la rigidité et la pauvreté des catégories officielles qui pénalisent de telles montres créatives…

CHOPARD L.U.C. Lunar One

Première complication dans le domaine « calendrier et astronomie » développée par Chopard Manufacture, le modèle L.U.C. Lunar One embarque depuis 2005 un calibre mécanique à remontage automatique intégrant un calendrier perpétuel ainsi qu’une phase de lune orbitale de précision. Cette dernière se distingue par une exactitude remarquable, avec un écart d’un seul jour tous les 122 ans. Le calibre L.U.C. 96.13-L anime un nouveau garde-temps dont le profil a été repensé selon les codes esthétiques les plus récents de la collection L.U.C. Fabriqué en or éthique blanc 18 carats, le boîtier est de forme bassinée : son fond étant plus étroit que sa lunette bombée et polie. De ce profil échancré, fruit d’une démarche de bienfacture inspirée des montres de poche issues de l’héritage créatif de Louis-Ulysse Chopard au XIXe siècle, naît une grande finesse esthétique. Cette nouvelle boîte aux flancs à finition satinée verticale s'allie à une couronne cambrée et cannelée qui, au-delà de son élégance, offre une prise en main agréable. La glace saphir est quant à elle légèrement bombée, épousant parfaitement les courbes de la lunette godronnée en insufflant à la montre un profil arrondi et harmonieux. Autre signe de bienfacture, les cornes sont fabriquées séparément, avant d’être soudées au boîtier, pour un résultat esthétique parfait. Le cadran, finement guilloché à la main selon un savoir-faire artisanal, offre une lisibilité optimale des indications. Un ingénieux système de bracelet interchangeable permet quant à lui de varier les styles avec élégance. Si la précision du mouvement est certifiée Chronomètre, l’ensemble des finitions de haute facture de ce modèle L.U.C. Lunar One lui vaut aussi la reconnaissance du Poinçon de Genève.

UN COMMENTAIRE ? Il existait bien une catégorie « Calendrier et astronomie » dans les prix du GPHG, mais elle a été mystérieusement évacuée de la liste des prix, alors qu’elle pourrait regrouper bon nombre des montres inscrites cette année dans d’autres catégories. Il faut compter dans les 81 600 francs suisses pourc e boîtier en or blanc de 40,5 mm x 11,6 mm d’épaisseur, étanche à 30 m et animé par un mouvement automatique à quantième perpétuel (65 heures de réserve de marche) qui affiche heures, minutes, petite seconde, date, jour mois, phases de lune, jour/nuit et années bissextiles. Inutile de dire que la présélection semble acquise et que tout destinerait cette L.U.C. Lunar One au podium si la compétition n’était pas aussi tendue cette année…

FRÉDÉRIC JOUVENOT Sîn Sky Dial Orbital 24 heures

Frédéric Jouvenot présente un nouveau modèle baptisé Sîn, un extraordinaire affichage orbital indiquant le jour et la nuit de manière naturel. Par sa complexité et son affichage horaire atypique, il n'a rien à envier aux autres créations insolites de la marque. Au contraire : l'horloger laisse désormais la lune et le soleil célébrer le jour sur un cadran futuriste qui, pour l'observateur, apparaît comme un trompe-l'œil saisissant. La lune indique la nuit et apparaît au coucher du soleil. L'aiguille des heures représente la planète qui semble orbiter autour de l'étoile des minutes située au centre du cadran. Pour une meilleure lisibilité des heures, on peut observer le disque des 24 heures où le soleil et la lune sont fixés. Pendant la progression de la lune, le soleil est caché – derrière l'horizon, pour ainsi dire – dans un tunnel cosmique qui s'étend de 3 à 9 heures et se lève à nouveau le lendemain matin. À midi ou minuit, nous pouvons observer tous les éléments sur la ligne 12-6 heures. Nous observons le soleil à son zénith naturellement en haut du cadran à midi. Particularité de conception et d'interprétation pour cette complication, de par sa nature, le soleil apparaît à l'est dans le cadran et sa course se termine à l'opposé du cadran à l'ouest. Nous pouvons observer au centre du mouvement la planète des minutes avec l’index central. La chorégraphie des éléments reflète le spectacle perpétuel qui se déroule au firmament. Pour optimiser la vue sur ce spectacle envoûtant, Frédéric Jouvenot a développé pour sa création un verre saphir spécial, façonné dans le prolongement du boîtier.Particularité de cette complication en trois dimensions, aucune vis est visible sur le cadran et de ce fait l'assemblage des éléments est très complexe. La décoration horlogère très pointue des éléments en trois dimensions participe également à ce cadran haut en couleur. Le dos de la montre réserve une surprise avec un magnifique et massif pont constellation, reprenant le bleu du cadran. Plusieurs éléments bleu foncé complètent le design du mouvement. Le boîtier abrite un mouvement suisse à remontage manuel, modifié par Frédéric Jouvenot. Il dispose d'une réserve de marche de 50 heures. Cette création est réalisée avec différents producteurs et horlogers indépendants en Suisse.

UN COMMENTAIRE ? S’il faut parler de « Complication homme », celle-ci est aussi originale que bien pensée pour afficher de façon alternative un temps cosmique inattendu. Quoique très généreuse dans ses volumes (boîtier en acier/titane de 44 mm x 15 mm, étanche à 50 mm et équipée d’un mouvement à remontage manuel calé sur 50 heures de réserve de marche), cette Sîn Sky Dial reste très portable : elle est proposée par Frédéric Jouvenot à 52 000 francs suisses – c’est le prix de l’identité et de la singularité pour une montre que vous ne rencontrerez pas au poignet de vos copains de cocktails. Question à se poser : une telle pièce a-t-elle toutes ses chances dans une catégorie « Complication homme » aussi disputée que cette année ? Probablement pas, mais elle ne serait pas indigne d’émerger dans la présélection. C’est là qu’on ressent avec encore plus d’urgence le besoin d’une nouvelle catégorie « Heures alternatives », qui aurait pu faire le point cette année des créations aussi spectaculaires que disruptives…

GENUS GNS2 Infinity Blue

Genus bouscule les conventions en éliminant les aiguilles traditionnelles. L'heure s'affiche désormais grâce à un système breveté de flèches dorées en mouvement perpétuel. Les flèches périphériques indiquent les heures, tandis que celles qui parcourent le « chemin en 8 » emblématique dessinent les minutes, formant une représentation fluide du temps. Genus allie maîtrise technique et expression artistique. La GNS2 Infinity Blue est logée dans un boîtier robuste en titane grade 5, choisi pour sa durabilité et sa légèreté. Le cadran mêle un bleu profond et onirique, celui d'un ciel nocturne infini, à la lueur chaleureuse de l'or, évoquant à la fois le mystère de l'infini et le passage éternel du temps. Les deux cadrans dorés à double croissant sont méticuleusement martelés à la main, créant une texture rappelant les sables éternels du temps. Chaque composant est fini à la main, dans le plus strict respect des traditions de la Haute Horlogerie. Au cœur de la GNS2 Infinity Blue se trouve un mouvement entièrement dessiné, développé et assemblé à Genève par Genus. Avec son système d'affichage breveté, Genus réinvente la lecture de l’heure grâce à un mécanisme dynamique où le temps s'écoule de manière fluide plutôt que d’avancer de manière saccadée. Ce calibre exclusif à remontage manuel offre une réserve de marche d'environ 50 heures, garantissant fiabilité et respect des plus hauts standards de la Haute Horlogerie. Au-delà de son innovation mécanique, la GNS2 Infinity Blue offre une expérience immersive, une invitation à embrasser l'infini du temps. Son allure à la fois puissante et raffinée au poignet. Conçue pour allier élégance et confort, elle est dotée d'un bracelet en caoutchouc avec une nouvelle boucle déployante « G », assurant un ajustement parfait grâce à son maillon « confort ».

UN COMMENTAIRE ? Passons sur le sempiternel refrain de la montre qui « bouscule les conventions » [depuis le temps que tout le monde les bouscule, ces conventions sont cul par-dessus tête et inbousculables !], et constatons, une fois de plus, l’absence choquante d’une catégorie « Heures alternatives » pour organiser une compétition étincelante entre les montres de ce type, qui sont défavorisées en « Complication homme » face aux cadors institutionnels des hautes mécaniques. Proposé à 64 000 francs suisses (boîtier en titane de 43 mm x 13,3 mm d’épaisseur, étanche à 30 m et animé par un mouvement à remontage manuel prévu pour 50 heures de réserve de marche), cette GNS2 est tout simplement une montre magnifique, qui mériterait de toute façon un prix au GPHG si la palette des catégories officielles était plus richement diversifiée et si les prix alternatifs (« Audace », « Révélation », etc.) étaient p)lus intelligemment repensés. Les « petites marques » ont besoin d’un GPHG digne de son rang, pas d’une coquille vide au prestige évanoui…

GRANDEUR USA Revolv

Le ReVolv adopte une approche audacieuse et unique pour afficher les heures et les minutes, réinventant la relation entre le temps et le design. Les 12 chiffres des heures sont répartis entre deux pointeurs rotatifs à six faces, qui indiquent l’heure actuelle dans la moitié inférieure du cadran. À mesure que le pointeur d’heure progresse le long de l’arc inférieur, il s’aligne avec l’un des 12 volets qui basculent pour révéler les minutes par tranches de 5 minutes. Par exemple, à 3h23, l’affichage central des heures indiquera « 3 » et pointera entre le quatrième et le cinquième volet depuis la droite, qui affichent respectivement «20» et «25». Tous les autres volets restent retournés, présentant une surface métallique lisse. Le ReVolv est animé par un module mécanique développé en interne, associé à un mouvement automatique Miyota 9039 haut de gamme. Ce mouvement est soigneusement optimisé par l’équipe Grandeur pour garantir une précision quotidienne de +3 à +6 secondes. Des bracelets en caoutchouc flouré interchangeables sont montés sous le boîtier, offrant une esthétique fluide et intégrée. Une boucle en titane TC4 assure durabilité et confort pour un port quotidien, avec une étanchéité de 3 ATM. Logé dans un boîtier en titane léger de qualité aérospatiale, le ReVolv présente des flancs élégants aux courbes douces. Le ReVolv incarne la précision, l’innovation et le style dans une forme saisissante.

UN COMMENTAIRE ? On peut faire confiance à l’équipe singapourienne de Grandeur USA [tant qu’à faire, « USA » fait plus chic qu’une banale génétique asiatique] pour tout oser : comme disait Michel Audiard, c’est même à ça qu’on les reconnaît ! Après avoir joyeusement repompé Richard Mille, non sans talent d’ailleurs, ou les boîtiers asymétriques de l’excellent Sylvain Berneron [jeune maison qu’on aurait voir s’inscrire au GPHG plutôt que la nuée d’opportunistes exotiques], voici que Grandeur s’attaque à l’esprit Urwerk des montres satellitaires de nouvelle génération, toujours avec un certain talent dans l’innovation et dans l’inspiration : on peut rapprocher cette Revolv de la Frédéric Jouvenot ci-dessus ou de l’Atowak plus haut (il faut compter 1 850 francs suisses pour ce boîtier en titane de 42,5 mm x 9,8 mm, étanche à 30 m et cadencé par un mouvement automatique à 42 heures de réserve de marche). Au risque de se répéter, l’inscription en « Complication homme » ne rend pas service à l’ingéniosité de cette Revolv, même si elle rend service aux académiciens en simplifiant et en accélérant leur choix par élimination des erreurs de casting…

JACOB & CO. This World is Yours (Dual Time Zone Tourbillon)

Jacob & Co. offre le monde entier aux globetrotters... en modèle réduit. The World Is Yours Dual Time Zone Tourbillon présente deux sous-cadrans, chacun destiné à un fuseau horaire différent, chacun réglable indépendamment à la minute près. Une possibilité rarissime et pourtant indispensable à ceux qui parcourent le globe. Le cadran de The World Is Yours Dual Time Zone Tourbillon est un demi-globe terrestre, détaillé jusqu'au relief de ses chaînes de montagnes, ses littoraux et ses océans. Il est aussi bombé, comme la terre, ce qui rend The World Is Yours Dual Time Zone Tourbillon unique et un prolongement naturel de la ligne du poignet.  Au sommet de cet hémisphère, Jacob & Co. a installé un première : un tourbillon central 30 secondes. Deux fois plus rapide que les autres tourbillons, cette vitesse est le reflet du rythme de notre monde et de nos vies, un rappel de combien le temps est précieux.  The World Is Yours Dual Time Zone Tourbillon est un hommage à la montre qui a donné la première étincelle de Jacob & Co. Une montre qui a ouvert de nouveaux horizons, et le monde, à Jacob Arabo. Elle est inspirée d'une pièce vintage que ce dernier a reçu des mains de son père pour ses 13 ans. Une montre dont le message était que le monde lui était ouvert, ce qui est une traduction de The World Is Yours. Au coeur de The World Is Yours Dual Time Zone Tourbillon bat un mouvement entièrement nouveau, remonté par un micro-rotor excentré en platine 950. Cette architecture particulière permet de contenir l'épaisseur du mouvement. Car en son point le plus haut, au centre, se trouve le tourbillon 30 secondes. Il est maintenu par un pont en saphir transparent, recouvert de la signature de la collection, une rose des vents. Sa fonction est, en réalité, de rappeler à chacun l'importance de savoir d’où l'on vient, et où l'on va.

UN COMMENTAIRE ? Puisque le monde n’est qu’un tourbillon, Jacob & Co. tourbillonne pour en saisir la complexité et nous la restituer en « Complication homme », avec cette série limitée de 198 pièces proposées à 260 000 francs suisses (boîtier en or rose de 43 mm x 18,1 mm d’épaisseur, étanche à 30 m et doté d’un mouvement automatique avec 65 h de réserve de marche pour afficher heures, minutes, second fuseau horaire et tourbillon central). Inutile de souligner que cette The World Is Yours. Au coeur de The World Is Yours Dual Time Zone Tourbillon a tout pour passer la première haie de la présélection : en finale, contre les caciques de la haute horlogerie déjà multiprimés, ce sera plus compliqué – normal pour un prix « Complication homme » !

LAURENT FERRIER Classic Traveller Globe bleu nuit

À l’occasion des 15 ans de la Maison, Laurent Ferrier réinterprète son modèle emblématique Traveller Globe dévoilé en 2016. Cette nouvelle édition s’habille d’un cadran en émail champlevé exécuté selon la technique de la peinture miniature. Sur une plaque convexe en or gris, les continents en émail bleu opaque sont ponctués de touches d’or émaillé représentant les lumières de la Terre vue de nuit. L’ensemble est mis en relief par un tour d’heures gris anthracite satiné circulaire et des index goutte en or gris, accentuant l’effet tridimensionnel du cadran.Pensé pour les voyageurs, le Classic Traveller Globe Nuit associe élégance et fonctionnalité. Deux correcteurs intégrés sur la carrure permettent un ajustement instantané de l’heure locale indiquer par les aiguilles, et ce sans affecter les minutes. L’heure de référence est affichée à 9 heures sur 24 heures, tandis que la date, positionnée à 3 heures, change automatiquement avec le changement de fuseau. Au cœur du garde-temps, le calibre automatique LF230.02 intègre un micro-rotor en or massif 18k et un échappement naturel à double impulsion directe, garantissant 72 heures de réserve de marche. Visible à travers le fond saphir, le mouvement révèle des composants minutieusement terminés à la main dans les ateliers Laurent Ferrier, selon les critères les plus exigeants de la haute horlogerie traditionnelle.

UN COMMENTAIRE ? Dans sa spectaculaire simplicité stylistique et dans sa sobriété mécanique, cette Classic Traveller Globe reste d’une puissante expressivité. Y compris d’ailleurs dans son prix (environ 97 000 francs suisses pour ce boîtier en or de 41 mm x 12,5 mm d’épaisseur, étanche à 30 et animé par un mouvement automatique avec 72 heures de réserve de marche), lequel prix est nettement moins concurrentiel que la montre pour figurer non seulement dans la présélection, mais également sur le podium du prix (Complication homme » : cette Classic Traveller Globe a tout pour plaire, de l’aisance au porter à la distinction du cadran, en passant par une mécanique qui rassure et une signature qui assure. Le seul reproche qu’on peut lui faire, mais il paraît qu’on s’habitue vite à ne pas confondre les deux guichets : il faut savoir que la date est à trois heures et l’heure du second fuseau à neuf heures…

COORDINATION ÉDITORIALE : JACQUES PONS