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LE MANS 2013 : Vingt-quatre heures de course-poursuite entre les marques de montres

C'est une très vieille histoire d'amour, cette romance parfumée à la benzine entre les montres et les voitures. Affinités mécaniques et convergences fonctionnelles ont été consolidées par un siècle de services communs, qui seront fêtés, comme tous les ans, sur le circuit de la Sarthe, lors de la 90e édition des Vingt-quatre Heures du Mans...  ▶▶▶ ÉVOLUTION COLLABORATIVEAu Mans, ne perdez pas de vue l'Alpine ultra-horlogère ! ◉◉◉◉ P


C'est une très vieille histoire d'amour, cette romance parfumée à la benzine entre les montres et les voitures. Affinités mécaniques et convergences fonctionnelles ont été consolidées par un siècle de services communs, qui seront fêtés, comme tous les ans, sur le circuit de la Sarthe, lors de la 90e édition des Vingt-quatre Heures du Mans...

 
 ÉVOLUTION COLLABORATIVE
Au Mans, ne perdez pas de vue l'Alpine ultra-horlogère !
 
◉◉ Pas facile de regarder la montre qui est dans son gilet quand on a les deux mains accrochées au volant d’une voiture lancée à pleine allure, c’est-à-dire au moins à... 15 ou 20 km/h. Flash-back... Nous sommes vers 1890 : les premiers gentlemen drivers ont des soucis avec leurs montres de poche, décidément de moins en moins pratiques pour toutes les nouvelles activités de plein air qui passionnent les sportmen. La nouvelle génération des jeunes gens actifs et des automobilistes sera la première à adopter les montres-bracelets.
 
◉◉ Logique : c'est bien d'aller vite, encore faut-il savoir à quelle vitesse on va ! Les conducteurs ont besoin de repères horaires, donc de compteurs sportifs capables de calculer des temps de référence. Ce seront les premières montres sur les tableaux de bord. Pour battre des records, il leur faut des mécaniques capables d'évaluer la vitesse par kilomètre parcouru. Les premiers chronographes de poignet sont nés de cette demande, avec des échelles tachymétriques timides au départ [120 km/h, c'était déjà audacieux], puis plus ambitieux : dans les années 1950, on n’allait pas au-delà des 200 km/h affichés sur les chronographes. 
 
◉◉ On aura compris que les montres et les voitures de course ont grandi ensemble, les champions aimant les montres sportives et ces dernières prenant vite la pose comme symboles d’une vie active et trépidante pour les passionnés de vitesse. C'est un péhnomène intéressant de co-évolution fonctionnelle : on ne peut accélérer que quand les montres peuvent le prouver – et on n'a besoin de chronographes avancés que lorsque les voitures atteignent évidemment des vitesses élevées. La mode sportive aidant, une famille s'est donc très vite dégagée dans l'offre horlogère : les montres pour pilotes automobiles. Qui se souvient que la Speedmaster d’Omega – la montre qui a été sur la Lune – était à l’origine un chronographe pour les pilotes automobiles (d’où son nom) ? Ceci pour ne rien dire de la Daytona (Rolex)...
 
◉◉Dès les années 1930, on découvre des voitures sur les publicités horlogères de Rolex (pionnier dans ce domaine) : la marque sera partenaire de différents records de vitesse terrestre, dont celui de L’Oiseau bleu de Malcolm Campbell (300 mph, 484 km/h en 1935), qui sera un des « ambassadeurs » de Rolex. L'association publicitaire fonctionne très bien depuis cette période : une sportive de luxe (la montre) en relation avec une autre sportive de luxe (la montre). Les amateurs aspirationnels adorent et prennent la pose, poignet gauche sur la portière de leur cabriolet. Cette chasse aux records s'est un peu calmée, mais elle n'est aujourd'hui que de 1 223 km/h sur quatre roues. Savez-vous que Rolex s’attaquera bientôt au record des 1 000 miles/heures, record du monde de vitesse terrestre (1 602 km/h). Non, sauf si vous êtes lecteur de Business Montres (6 décembre 2012), seul média horloger à avoir levé ce lièvre : le record est en préparation pour 2014 (il était prévu pour la fin 2013, mais il a été repoussé). Une équipe anglaise tentera le défi, mais des concurrents australiens sont dans la course. 1 600 km/h, c’est Paris-Moscou par la route en 1 h et 45 mn, ou Paris-New York (pas de route, sinon imaginaire !) en 3 h 40, presque aussi vite que Concorde. À cette vitesse, impossible d'avoir des pneus en gomme : ils fondent ! Il faut donc des roues pleines...
 
 
◉◉◉ Entre Rolex et l’automobile, c’est donc de l’histoire ancienne. Très ancienne et très durable. La montre Daytona a célébré le circuit des 24 Heures américaines dès 1963 : c'est toujours un chronographe Daytona gravé à leur nom qui récompense les vainqueurs [tout comme au Mans], mais la marque avait réalisé dès les années 1930 des chronographes-bracelets, dont le plus célèbre vient de se faire pour un peu d’un million de dollars aux enchères, sous le marteau d'Aurels (Business Montres du 5 avril 2013 : ci-dessus). Rolex est toujours partenaire de Daytona et du Mans (courses d'endurance), mais aussi de la F1 (chronométreur officiel depuis cette année). C’est ce qui s’appelle verrouiller un territoire de référence. Curieusement, la marque n’a jamais dédié une montre au circuit de la Sarthe : un oubli qui pourrait être bientôt réparé (ci-dessous)…
 
 
◉◉ Montres et voitures de course : autant dire que tous les horlogers n'ont jamais cessé d'avoir les yeux de Chimène pour les 13,6 km du circuit. TAG Heuer est entré dans la légende du Mans en 1970 avec le film Le Mans, mais sans vraiment le faire exprès : la montre faisait partie du costume de pilote porté par Steve McQueen, qui a continué à porter sa Rolex Submariner dans de nombreuses scènes. Visionner le film est une franche rigolade à ce sujet. Les anecdotes seront oubliées quand la légende restera : mieux qu'une image de synthèse reconstituée, Steve McQueen et sa Monaco TAG Heuer sont gravés dans le marbre des grands mythes horlogers...
 
 
◉◉ Néanmoins, alors que les marques se ruent sur la F1 (une petite dizaine, dont Rolex, Hublot, TAG Heuer, IWC, Richard Mille, Casio, Oris, Certina, etc.), le phénomène est plus timide aux Vingt-quatre Heures du Mans. Alors que la F1 ne garantit aucune notoriété. Savez-vous quelle est la montre du triple et actuel champion du monde de F1, Sebastien Vettel (Red Bull) ? Une Casio – qu'on ne verra pas au Mans ! En revanche, on voit au Mans des marques plus modestes, comme BRM : regardez bien, ci-dessus et en cartouche en haut de la page, l'aileron arrière de l'Alpine qui fera cette année son retour sur le circuit de la Sarthe (on verra également BRM chez Porsche ou chez Gulf). À cette occasion, Bernard Richards (le BR associé au M de la manufacture BRM) a dédié une montre à la célèbre voiture de course française : un chronographe V12-44 de toute beauté (ci-dessous). Les places horlogères à bord de cette Alpine ont été très disputées, puisqu'on y croisera la marque Ralf Tech au poignet du pilote Nelson Panciatici...
 
 
◉◉ Autres marques de montres présentes dans les paddocks, au poignet de certains champions qui sont leurs ambassadeurs ou sur les voitures : Saint-Honoré [avec une chance de podium à l'arrivée], Rebellion [jeune marque idépendante, très impliquée dans le sport prototype par la passion de son actionnaire], Snyper [sur Lola, sous les couleurs de Gulf Racing Middle East] et quelques autres – dont Audemars Piguet avec son ambassadeur Sebastian Buemi chez Toyota. Ne pas oublier TAG Heuer, qui est toujours dans la course, et généralement sur le podium avec l’une ou l’autre des écuries potentiellement gagnantes (3 voitures Audi Sport), ainsi qu’avec Morgan (Olivier Lombard, compagnon d’écurie de Natacha Gachnang, une des deux seules femmes de cette 90e édition : en bas de la page) et avec le champion indien Karun Chandhok (équipe irlandaise de Murphy Prototypes). Tous porteront une Carrera (nom dérivé de la course), modèle dont on fête le demi-siècle. Au poignet de la belle Suissesse Natacha Gachnang, la marque suisse Jo Siffert, qui a repris le nom du champion suisse (autre héros du film Le Mans de 1970)...
 
◉◉◉ Il faut compter sur le marquage à la culotte de TAG Heuer par Tudor (sister brand de Rolex), nouveau « timing partner » du championnat d’endurance de la FIA. Sans oublier Jaeger-LeCoultre, partenaire des cinq voitures d’Aston Martin Racing… Prudemment, Breitling va fêter avec Bentley les six victoires de la marque au Mans, mais sans prendre le départ des 24 Heures. Sébastien Loeb n’y sera pas, et Henri Pescarolo non plus : les ambassadeurs d’hier ne font plus recette ! Pas de Hublot au Mans, pas d’Omega, pas de Chopard, pas de Blancpain, pas d’IWC (autant de grands noms de marques associées au sport automobile)...
 
◉◉◉ Peut-être que le fait de courir sous le contrôle chronométrique de Rolex fait peur aux grandes marques : en tout cas, il y a une course dans la course, celle des horlogers qui se tirent la bourre pendant 24 heures… 
 
 
 
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