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MILLÉSIME HORLOGER 2022
Les douze marques qui ont marqué l’année (seconde partie)

Pourquoi ces douze marques plutôt que ces douze autres championnes possibles ? Pourquoi cette juxtaposition baroque de carpes et de lapins et pourquoi cette addition de carottes et de poireaux ? Parce que ces marques ont su incarner ce millésime 2022 dans ses affres comme dans ses contradictions. Alors, pourquoi ? Réponses ci-dessous et dans la première partie de cette chronique…


❑❑❑❑ À RELIRE : « Les douze marques qui ont marqué l’année » (première partie : Artya, Breitling, Code41, De Bethune, Greubel Forsey et Jacob & Co – (Business Montres du 9 décembre)

En toute subjectivité, au risque d’être parfois partial et même partisan, tantôt arbitraire et tantôt complaisant, voici une sélection de douze maisons qui ont, à leur manière, illustré par leur réussite ce millésime 2022 (les six dernières, par ordre alphabétique)…

❑❑❑❑ LOUIS VUITTON : après ses premiers succès dans les années 2000 [qui avait permis la naissance d’une nouvelle star de l’horlogerie contemporaine : la Tambour], mais après un sérieux coup de mou dans les années 2010, la maison Louis Vuitton a réussi son retour sur la scène horlogère grâce à une équipe qui allie la jeunesse enthousiaste d’un Jean Arnault à l’expérience horlogère de ses deux complices de la Fabrique du Temps (Michel Navas et Enrico Barbasini). Vingt ans après son lancement, l’icône Tambour n’a jamais été aussi séduisante, ni riche d’un immense potentiel esthétique et mécanique. C’était la renaissance de l’année…

❑❑❑❑ MB&F : bien décidé à s’échapper du peloton de tête des marques de nouvelle génération, Maximilian Büsser a réussi son pari en assurant la croissance de sa manufacture [plus de 40 personnes y travaillent !] et de son volume de production sans y perdre en substance de marque, en image ou en réputation. Fort de ses propres ateliers mécaniques et de ses mouvements « manufacture », il joue désormais dans tous les compartiments du jeu, au masculin comme au féminin, dans la disruption comme dans la haute horlogerie traditionnelle – et même désormais dans un très accessible sport chic d’avant-garde (sa collection M.A.D. 1). Ce quinquagénaire aux allures d’éternel adolescent reste le « pape » de la jeune horlogerie : c’est tout naturellement qu’il a reçu cette année une Aiguille d’or – la ptermière, et sans doute pas la dernière si les dieux de la montre prêtent vie au Grand Prix d’Horlogerie de Genève…

❑❑❑❑ SWATCH : on voyait la marque décliner irrémédiablement de lustre en lustre, perdant près d’un million de francs suisses par jour de la semaine (sauf les week-ends), mais il a suffi d’une idée géniale de l’équipe d’Omega pour faire de la MoonSwatch une des deux ou trois « montres de l’année » – en tout cas, la seule qui ait pu mobiliser des millions d’amateurs prêts à passer des heures dans une file d’attente ou à payer cinq ou six fois son prix boutique une montre à quartz en plastique ! Par ricochet, les ventes de la Speedmaster, icône qui aurait fini par devenir vieillissante, ne se sont jamais aussi bien porté que depuis qu’un gros million de MoonSwatch multicolores en ont recopié les codes formels. On verra par la suite si le taux d’attrition des ventes en boutique ne vient pas trop éroder la légende, mais l’opération MoonSwatch marquera les mémoires…

❑❑❑❑ TRILOBE : depuis que les lecteurs de Business Montres ont découvert la marque indépendante française Trilobe [nous avions été parmi les premiers à pointer du doigt son intérêt : Business Montres du 18 juillet 2018 et « Les nouveaux horlogers français ont du génie » : Business Montres du 23 juillet 2018], cette équipe a beaucoup travaillé, beaucoup progressé, beaucoup avancé et beaucoup consolidé sa place au sommet de la hiérarchie de la nouvelle haute horlogerie française. « Montre de l’année 2022 » en France (concours MyWatch : catégorie de 10 000 à 25 000 euros) et prix de la Petite aiguille au GPHG 2022, Trilobe et son équipe, emmenée par Gautier Massoneau et Volcy Bloch, défendent avec esprit, culture et panache les valeurs d’une horlogerie tricolore qui sait rester fidèle à l’esprit so french sans jamais cesser d’être séduisante et accessible [par bonheur pour Trilobe, les marques suisses ne savent plus être créatives à ce niveau de prix !]. On en redemande dans les années à venir…

❑❑❑❑ TUDOR : en dépit de son nom, la marque ne s’endort pas sur ses lauriers des années précédentes ! Elle relance inlassablement la mise sur de nouveaux terrains, qu’il s’agisse de la super-certification chronométrique par le METAS [avec Omega, c’est la seule marque à s’y risquer : Business Montres du 28 mai 2021], de la mise au point d’un mouvement « manufacture » avec Kenissi, du joli coup joué sur le terrain du titane avec la nouvelle Pelagos 39, du prix Plongée 2022 du GPHG mérité par la superbe Pelagos FXD, du zéro faute des nouveautés de ces dernières années ou de l’ambitieuse stratégie de parrainage sportif (voile avec Alinghi, rugby, vélo, surf, plongée, etc.). Avec des montres plus qu’attrayantes, au positionnement prix très intelligent, et une communication au millimètre, Tudor perce sur tous les fronts et récupère les parts de marché des concurrents, qui n’en peuvent mais et qui doivent admettre que le chiffre d'affaires de Tudor a doublé en moins de cinq ans – à leur détriment !

❑❑❑❑ YEMA : c’était la bonne surprise de l’année, ce mouvement « manufacture » à micro-rotor, mis au point par une équipe française dans les ateliers français de Yema à Morteau, à portée de canon des manufactures suisses de la vallée neuchâteloise ! En plus d’avoir un prix très désirable sur le marché très disputé du sport chic, la nouvelle Wristmaster Traveller est superbe, avec ses couleurs de cadran assortis à la couleur des mouvements : ce n’est donc pas un hasard si Yema a pu prendre pour plus de 2,4 millions d’euros de commandes passées sur Kickstarter (Business Montres du 15 novembre dernier). Avec un tel atout dans son catalogue, grâce à son équipe familiale et amicale très motivée pour régler les voiles au millimètre, la maison Yema vit une nouvelle jeunesse : elle est en passe de remporter la régate des nouvelles références de la belle montre traditionnelle telle que les Européens peuvent encore se l’offrir…

 (le coup de l’étrieer, avec une treizième marque pour la route) ❑❑❑❑ DRT : ce n’est pas une marque, mais un hapax de laboratoire [comme disent les scientifiques], un spécimen sans équivalent connu qui sera peut-être comemrcialement décliné par la suite en série plus ou moins limitée [il faut oser l’espérer], un objet du temps singulier qui s’impose à la fois par sa mécanique exceptionnelle et par sa visée philosophique. C’est la première fois dans l’histoire horlogère qu’on réduit un quantième séculaire (capable de fonctionner pendant plusieurs millénaires) aux dimensions d’une montre-bracelet portable. C’est aussi la première fois qu’on dote une montre d’une « réserve de vie » calée sur les plus récentes avancées des sciences de la vie : la montre Tempus Fugit (ci-dessous : le module séculaire !) est ainsi première greffe jamais tentée entre le high-tech mécanico-horloger et le biotech scientifico-métaphysique…

Au moment de conclure, il faut bien admettre qu’il y a d’autres noms qui auraient mérité de figurer dans ces douze marques de l’année : on songe ici, par ordre alphabétique, à des maisons qui, dans des genres très différents, ont eu à peu près tout juste en 2022, comme Arnold & Son, Bell & Ross, Furlan Marri, Franck Muller, Grand Seiko, Hermès, Longines, Massena Lab, Parmigiani, Reservoir, Van Cleef & Arpels ou Zenith. De quoi composer une nouvelle séquence de douze marques, pas forcément moins pertinente que la première parce que tout s’est joué à quelques points près. On verra bien, fin 2023, ce qu’il en est de ce classement…


Coordination éditoriale : Eyquem Pons


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