IN MEMORIAM (accès libre)
L’homme qui a repensé le temps au féminin
Jean-Claude Gueit (1937-2020) nous a quittés, en emportant avec lui une certaine idée de la grâce qui s’attache aux montres de femmes.
❑❑❑❑ REPRISE D'UN ARTICLE qui vient de paraître dans l'excellent média horloger Watch Around (n° 48, juillet-août 2020)...
Les icônes horlogères passent, au gré des bulles spéculatives et des humeurs du temps. L’élégance et la grâce demeurent, par-delà les caprices de la mode. Même s’il n’est pas le plus reconnu des grands designers horlogers de la fin du XXe siècle, le trop modeste Jean-Claude Gueit (1937-2020) est un de ceux qui auront le plus influencé l’idée que nous nous faisons des montres féminines : des éruptives années 1960 aux explosives années 2000, cet infatigable créatif aura offert à l’horlogerie comme à la joaillerie féminine une troisième dimension, avec une certaine idée du volume et de l’émerveillement spontané. Pour des marques comme Rolex, Piaget, Patek Philippe, Vacheron Constantin, Harry Winston, Baume et Mercier ou Hermès, il a, entre autres, inventé le sertissage « arc-en-ciel » et les « manchettes » articulées, tout en jonglant avec les cadrans en pierre de couleur, dans une tension permanente mais parfaitement maîtrisée entre l’équilibre et l’émotion, l’harmonie et la transgression. Avec le recul, on découvre qu’il a su nous imposer une nouvelle grammaire féminine, grâce à un code formel qui alliait l’intelligence de l’œil et la délicatesse de la ligne. Alors que le musée d’Art et d’histoire de Genève consacre une exposition à Gilbert Albert, on découvre qu’il devient urgent pour la communauté horlogère d’organiser un hommage à Jean-Claude Gueit et à son rupturisme apaisé.