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LUNDI (accès libre) : Le Sniper s'est fait une frayeur en (re)découvrant l'importance des stocks amassés par le Swatch Group

Les analystes financiers commencent à renifler quelque chose de pas net dans l'étonnante propension du Swatch Group à accumuler des stocks, alors que le développement de son propre réseau de boutiques devrait contrinuer à résorber beaucoup d'excédents. Un problème de logistique ? Attention à l'effet coup de fouet !  ▶▶▶ ces jours-ci,LE SNIPER A...    


Les analystes financiers commencent à renifler quelque chose de pas net dans l'étonnante propension du Swatch Group à accumuler des stocks, alors que le développement de son propre réseau de boutiques devrait contrinuer à résorber beaucoup d'excédents. Un problème de logistique ? Attention à l'effet coup de fouet !

 
 ces jours-ci,
LE SNIPER A...   
 
 
 NOTÉ QUELQUES 20–DISCRÉTIONS
à la volée, en vrac et en toute liberté... 
 
◉◉ JEUX OLYMPIQUES : l'image ci-dessus pour patienter en attendant la fin des retransmissions ou – au choix – pour consoler  – au choix – ceux qui regretteraient de ne pas avoir rapporté trop de médailles de Sotchi. À part côté Hublot (3 médailles d'or et un médaille d'argent), les ambassadeurs horlogers n'ont guère été favorisés...
 
◉◉ GIRARD-PERREGAUX : remerciements pour la magnifique image du glacier horloger, en haut de la page. Ça, c'est une horlogerie qui sait prendre la hauteur pendant les jeux Olympiques d'hiver...
 
◉◉ CHINE (1) : pour une fois, ce n'est pas Business Montres qui joue les Père Fouettard, mais le Quotidien du Peuple en ligne (Chine)... Un article qui confirme que les boutiques locales étaient vides pour le Nouvel An chinois. Précision de  l'article [mais peut-on faire confiance à la presse communiste ?] : « En 2013, le chiffre d'affaires des montres a chuté de 95,9%, et celui de la haute coutume pour homme, de 60%. ». S'il en était encore besoin, c'est bien la preuve que nous n'inventons rien !
 
 
◉◉ CHINE (2) : indice révélateur de cette agonie du luxe au sein de l'élite chinoise. Business Week nous révèle comment près d'une soixantaine d'hôtels 5 étoiles cherchent à se faire rétrograder en 4 étoiles pour préserver leur fréquentation par les élites du pouvoir en place, inquiètes de l'ampleur prise par la lutte anti-corruption et par la recommandation officielle d'une nouvelle austérité prolétarienne. Pendant ce temps, The Economist nous révèle que le gouvernement de Xi Jinping a entrepris de traquer les actifs dissimulés à l'étranger par les riches Chinois ou par des membres de leur famille qui se seraient expatriés. Et Time nous apprend que « les riches Chinois enlèvent leur montre avant de se rendre à une séance photo »...
 
◉◉ CHINE (3) : le pire, c'est peut-être que même les bonnes vieilles recettes du luxe – toujours très recherchées par les horlogers – ne fonctionnent plus. Les Chinois se méfient désormais des « ambassadeurs » versatiles et vénaux. Marketing en Chine nous révèle ainsi à quel point un nouveau profil d'ambassadeur est devenu nécessaire, sans paillettes ni glamour, mais avec une valorisation de l'effort dans le travail et de la réussite à la force du poignet [on ne parle pas ici de la montre !]. Des Chinois sans célébrités mercenaires : c'est une révolution, pas encore perçue dans les vallées suisses. Exemple avec la dernière campagne « Faiseurs de rêves » diffusée par Mercedes-Benz, mais on pourrait en trouver d'autres (Johnny Walker, notamment) : on évite les stars de cinéma « en faveur des professionnels de la création tels que le créateur de costume Allen Xie, le fondateur – et responsable de la revue Perspectives – Jiaojiao Chen iLiangcang et le DJ Ben Huang (ci-contre). La campagne vidéo de Youku explique comment ils ont réussi à atteindre le succès, ainsi que leurs philosophies de la vie. Les principaux thèmes de la vidéo ne sont pas paillettes et glamour, mais plutôt le dur labeur et l’utilisation de la vision créative pour accomplir ce qu’on veut vraiment dans la vie ». Les consommateurs chinois ont appris très vite : « Ils montrent un dédain pour les écrans ostentatoires de richesse liés aux nouveaux riches de la Chine. Les campagnes “modèle à émuler“ des marques visent à montrer un sens discret de classe pour s’assurer que leurs produits ne soient pas catégorisés comme quelque chose que les “cols blancs“ de la Chine souhaiteraient »...
 
◉◉ LUXE (1) : où sont passés les consommateurs, pourquoi ont-ils changé et comment voient-ils à présent le luxe ? La récente étude du cabinet Bain & Companyévoque un composé hétérogène de 330 millions d'individus, aux goûts et aux tendances très disparates, qui pèse tout de même 217 milliards de dollars de dépenses annuelles. Le Figaro synthétise les nouveaux profils de ces amateurs [à chaque marque de répérer sa cible prioritaire et ses publics secondaires]
 L'omnivore: 25 % des dépenses avec une moyenne de 2350 euros par an. Profil plus jeune, et souvent féminin, ces acheteurs sont nouveaux sur le marché du luxe. Ils ciblent les magasins de la marque et achètent beaucoup durant leurs voyages. Même si leurs préférences vont aux marques de prestige, ils y sont infidèles, désireux de tester les nouveautés. 
◉ L'avisé: 20% des dépenses et 1750 euros en moyenne par an. Très informés, ils sont issus des générations X et Y et connaissent très bien les petits secrets des marques. Ils sont réceptifs aux informations et publicités en ligne et sur les réseaux sociaux et sont très présents en Europe occidentale, aux États-Unis et dominent quelques grandes villes chinoises.
◉ L'investisseur: 13% des dépenses et 1450 euros par an en moyenne. Très attachés à la qualité des matériaux et à leur durabilité, ils privilégient les achats de longue durée et de transmission. Ils font appel à l'avis d'autres consommateurs pour faire leurs choix. Ils sont surtout présents au Japon, en Europe de l'Est et sur les marchés matures. 
◉ L'hédoniste: 12% des dépenses avec une moyenne de 1100 euros par an. Ce sont les acheteurs les plus friands de shopping de luxe. Très influencés par la publicité, ils sont très attachés aux marques et aux logos.
◉ Le conservateur: 16% des dépenses et 1100 euros par an en moyenne. Préférant faire leurs achats dans des magasins multimarques, les conservateurs sont très classiques dans leurs achats. Ils écoutent souvent les conseils de leurs proches. Ils se trouvent surtout sur les marchés matures ainsi qu'en Chine.
◉ Le désillusionné: 9% des dépenses avec une moyenne de 800 euros par an. Issus de la génération du baby-boom, ces acheteurs semblent lassés du luxe. Insensibles aux messages de marques et à la publicité, ils n'achètent pas souvent et, quand ils le font, préfèrent le faire en ligne.Cette catégorie rassemble une majorité de femmes et se retrouve aux États-Unis, en Europe et au Japon.
◉ L'aspirant: 5% des dépenses avec une moyenne de 500 euros par an. Essentiellement des femmes, acheteuses compulsives, elles aiment à combiner le luxe et les autres produits. Ces acheteuses sont très influencées par leurs amis et ce qui se dit dans les magazines de mode. Issues de la classe moyenne, on les trouve aux États-Unis, en Europe occidentale et depuis peu en Europe orientale.
 
◉◉ LUXE (2) : le vrai luxe ne craque pas sous la double pression du retournement de conjoncture en Chine et de la mutation sociétale en cours. Hermès se porte mieux que jamais, notamment en Chine, nous rapporte Reuters : d'une part, la marque n'a pas été surexposée comme ses concurrentes du « masstige » ; d'autre part, les goûts des amateurs chinois ont suffisamment évolué pour qu'ils comprennent la vraie qualité d'un produit non ostensiblement griffé... 
 
◉◉ THOMAS PRESCHER : le plus marin des maîtres horloger n'a pas fini de nous épater avec son submersible-bracelet Nemo Sub 1 (révélation Business Montres du 16 février). Une explication supplémentaire pour les lecteurs qui n'auraient pas tout compris de ce tourbillon double axe et triple boîtier...
 
 
◉◉ ROLEX (1) : la marque à la couronne parrainera l’exposition sur les Vingt-quatre Heures du Mans qu’on pourra découvrir au prochain salon de l’Automobile de Genève (Palexpo, 6-16 mars prochains). Au programme : une vingtaine des voitures qui ont marqué l’histoire de la plus grande course automobile du monde (ci-dessous), dont Rolex est le chronométreur officiel. Des voitures venues du Musée automobile de la Sarthe et de collections privées. De quoi relancer les spéculations sur un hypothétique chronographe « Le Mans » en complément des Cosmograph Daytona…
 
 
◉◉ ROLEX (2) : candidat d'opposition (dissident UMP) à la mairie de Paris, l'homme d'affaires Charles Beigbeder porte désormais une Ice-Watch du plus beau rouge. Explication : il s'est agresser à la sortie du Montana, une boîte de nuit parisienne, et il s'est fait arracher sa Rolex en or (source : Le Point). Que fait la police ?
 
◉◉ ROLEX (3) : la fièvre de la « Rolex présidentielle » frappe à nouveau, cette fois en Amérique du Sud, où le président vénézuélien Nicolas Maduro, successeur de Hugo Chavez, est accusé par ses adversaires de porter une Rolex alors qu'il se permet de critiquer la « bourgeoisie » et de parler au nom du peuple (ci-dessous : un pancarte promenée dans les manifestations de son opposition). Problème : le « premier président chaviste de l'histoire » ne semble jamais porter qu'une Tissot T-Touch – et certainement pas une Rolex [à peu près toutes les photos de presse disponibles le montrent avec sa Tissot]Les dictateurs moustachus ne sont plus ce qu'ils étaient ! La désinformation par la Rolex, les Français ont déjà beaucoup donné : c'est d'ailleurs à se demander si la stigmatisation par la Rolex n'est pas un des éléments de langage préférés des spins doctors américains qui allument des contestations à travers toute la planète...
 
 
◉◉ BASELWORLD (1) : la manufacture allemande de Glashütte Moritz Grossmann débarque à Bâle cette année, mais au 30e étage du Ramada (Sky Lounge), dans le cadre du salon protéiforme SwissCreativeLab. Quelques jolies montres à ne pas manquer...
 
◉◉ BASELWORLD (2) : à découvrir également, mais cette fois dans le Hall 2.1 (B71), les nouveautés horlogères de la marque italienne Visconti (instruments d'écriture : découverte Business Montres du 29 novembre 2013), qui ont été développées à Florence, par des anciens de Panerai, avec des mouvements suisses Soprod (ci-contre)...
 
◉◉ BASELWORLD (1) : l'horloger indépendant Peter Speake-Marin, qui avait fait ses débuts à la première Watch Factory de Baselworld, puis au Palace, abandonne cette année ses copains de la nouvelle génération pour s'installer dans le Hall 1.1, avec les « grandes » marques, loin des rebelles et de la cour de récréation créative où il fait bon se rafraîchir les neurones...
 
◉◉ INTERNET (1) : une lecture conseillée sur les nouveaux enjeux stratégiques, voire géopolitiques , de la société numérique. Il est signé Pierre Bellanger, fondateur de Skyrock. Dans La souveraineté numérique (éditions Stock), il nous raconte comment « la mondialisation a dévasté nos classes populaires. L’Internet va dévorer nos classes moyennes. La grande dépression que nous connaissons depuis cinq ans n’est qu’un modeste épisode en comparaison du cataclysme qui s’annonce. La France et l’Europe n’ont aucune maîtrise sur cette révolution. L’Internet et ses services sont contrôlés par les Américains. L’Internet siphonne nos emplois, nos données, nos vies privées, notre propriété intellectuelle, notre prospérité, notre fiscalité, notre souveraineté. Nous allons donc subir ce bouleversement qui mettra un terme à notre modèle social et économique. Y a-t-il pour nous une alternative ? Oui »... Retenez bien son néologisme : « Résogiciel » – il désigne les conglomérats numériques, tous américains, qui se constituent en réseaux pour capter progressivement toutes les activités et les données économiques. Une analyse brillante, par un pionnier des réseaux sociaux...
 
◉◉ INTERNET (2) : ça ne s'améliore pas pour les marques sur les réseaux sociaux. Y faire bonne figure ne suffit plus (voir l'étude Yshtad sur « Les parcours transactionnels et relationnels »). Face au digital, les internautes ne sont pas dupes (INfluencia). En effet, pour 84 % d’entre eux, trop de marques s’exposent sur les réseaux sociaux uniquement pour faire leur publicité, pour 73 % trop y sont sans communiquer, et pour 64 %, leur présence est trop souvent décevante. A l’inverse, seulement 16 %, sont réellement convaincus quʼéchanger avec eux est la première priorité des marques. De plus ils ne sont que 51 % à trouver quʼune marque présente sur les réseaux sociaux est plus moderne, plus à lʼécoute de ses clients (42 %) et plus innovante (37 %). « Hélas, les objectifs avec lesquelles elles ont investi ces nouveaux territoires, sans forcément en comprendre les codes, ne prennent pas assez en compte les notions de partage et dʼéchange inhérentes à ces plates-formes; ils sont jugés trop mercantiles par les socionautes eux-mêmes. Aujourdʼhui, il est essentiel que les marques sʼintéressent aux besoins et aux attentes des socionautes et quʼelles apprennent à échanger et à établir un dialogue win-win 2.0 avec eux », commente Christophe Ralle, fondateur dʼYsthad. À méditer, en approfondissant une autre étude Yshtad...
 
 
◉◉ PLOTCLOCK : on se souvient de la Time Writing Machine mise au point par Jaquet Droz (époque Manuel Emch) et bizarrement passée depuis par pertes et profits (découverte Business Montres Vision). En voici une version simplissime, électronique et non mécanique, qui écrit non seulement l'heure minute après minute (en chiffres), mais qui efface le temps donné par l'ancienne minute avant de noter une nouvelle minute. C'est un projet allemand, de Nuremberg, là d'où provenaient les premières montres européennes dignes de ce nom : avec les plans techniques fournis, construire une telle machine à écrire est à la portée de n'importe quel bricoleur...
 
 
◉◉ CLASSIC ARCADE WRISTWATCH : plusieurs générations de quinquas et de quadras, voire de trentas issus de zones reculées, ont fait leur éducation numérique sur des consoles de « jeux d'arcade » où il fallait être un virtuose du joystick pour faire bonne figure. Certains de ces jeunes quadras ne s'en sont jamais remis [voir Manuel Emch et ses hommages mécaniques aux jeux d'arcade chez RJ-Romain Jerome]. On peut aussi faire plus simple et moins coûteux (60 dollars), mais un peu plus encombrant, comme cette montre Arcade qui reprend l'architecture des consoles, joystick compris. Elle s'illumine au poignet (voir l'animation ci-dessous), mais on n'a plus besoin de monnaie pour faire un bon score en pulvérisant des astroïdes hostiles. Étonnant, mais elle donne l'heure...
 
 
◉◉ JAM HOME MADE x NUMBER (N)INE : si vous aimez Rolex et si vous aimez Mickey Mouse, mais si vous n'avez pas les moyens de passer commande chez Bamford, faites confiance à Jam Home Made – marque japonaise de mode, de bijoux et d'accessoires –qui a passé commande aux créateurs non moins japonais de Number (N)ine d'un hommage rolexien à l'esprit Disney. Pas terrible, ni très créatif, mais si mignon d'un point de vue nippon... Il vous en coûtera un peu plus de 300 francs suisses.
 
◉◉ ZEITWINKEL : la discrétion de cette équipe horlogère confine presque à la timidité maladive. Pourtant, il y a de quoi être fier dans le parcours de cette jeune marque indépendante, qui a choisi d'honorer en Suisse – quoique ses animateurs soient allemandes – une certaine idée de la tradition horlogère germanique, dont on reconnaît les marques glashüttiens sur le cadran de cette 273° : réserve de marche imposante, grande date décentrée à 11 h et petite seconde. Le boîtier en acier de 42,5 mm abrite un vrai mouvement automatique « manufacture » [pour une fois, c'est vrai : les Allemands ne plaisantent pas à ce sujet]. Bonheur supplémentaire : la proposition est tarifée avec une sagesse qui, elle non plus, n'a rien d'helvétique. Mais, tout de même, on aimerait un zeste, un rien, un soupçon d'émotion supplémentaire, un caresse de latinité...
 
 
◉◉ CHRISTOPHE CLARET : un regard indiscret sur la prochaine Maestoso, qui sera dévoilée à Baselworld. Quelques certitudes : c'est une montre et non un de ces « ovnis » qui sont souvent la spécialité de Christophe Claret ; c'est un modèle plutôt élégant, quoique d'allure sportive et contemporaine ; il y a quelque chose d'assez spécial dans les aiguilles, qui ne sont pas dédoublées sans raison, ni pour gagner de l'épaisseur ; tout aussi troublantes, les sortes de « roues à colonne » qui servent de chatons (bagues) aux deux rubis placés sous les aiguilles. À suivre...
 
 
 
 ESTIMÉ QU'IL ÉTAIT TEMPS
de ne plus parler de « luxe » à propos des montres...
◉◉◉◉ Et si on arrêtait de prendre les montres pour des produits de luxe ? Question connexe, à se poser avant de répondre à la question ci-dessus : et si les Chinois devenaient les seuls consommateurs du nouveau junk luxury à l’occidentale ? Vous avez dit « Lunk Luxury » ? On pourrait d'ailleurs bientôt parler de pacotille de luxe... Les marchés occidentaux du luxe n'en veulent plus, et ils décrochent, d’abord pour des raisons économiques : les prix des biens de luxe des grandes marques européennes ont trop augmenté au cours de ces dix dernières années, alors que les revenus n’ont pas suivi – et de loin – la même courbe. Quand une Rolex Submariner valait à peu près le tiers d’une petite voiture populaire, son achat n’était pas déraisonnable : il était simplement coûteux ! Quand la même Submariner coûte le même prix que cette même voiture, comme les revenus n’ont pas progressé dans la même proportion, l’amateur passe à une autre marque de montres ou à une autre dépense. Il n’y aura bientôt plus que les Chinois pour consommer l’essentiel du luxe produit en Europe : faut-il s’en méfier ou s’en féliciter ?
◉◉◉◉ Les marchés occidentaux du luxe décrochent aussi pour des raisons sociétales. Le temps du « luxe à l’ancienne » statutaire, ostentatoire, griffé, promu par des ambassadeurs célèbres – est révolu en Occident, où les célébrités servent de punching-ball (le bashing contamine tous les médias) et où les fashion victims commencent à susciter la commisération : on est passé du « luxe pour épater les autres » au « luxe pour s’auto-gratifier » et du « luxe affirmation personnelle » au « luxe égo-émotionnel ». Même les Chinois semblent à présent lassés du tout-au-logo, des égéries mercenaires [voir nos informations ci-dessus] et des « grandes marques » surdistribuées. Les montres suisses – ostracisées par cette virulente campagne anticorruption à laquelle l’horlogerie suisse refusait de prêter attention [en dépit des analyses répétées de Business Montres] sont durablement à la peine et semblent même avoir perdu leur pouvoir de fascination dans une séquence de retour à une austérité néo-prolétarienne qui pousse les palaces cinq-étoiles à en perdre un pour garder leurs clients [voir nos informations ci-dessus].
◉◉◉◉ Les montres suisses ont été trop longtemps identifiées aux béotiennes élites de l’ancien monde [« Une Rolex, sinon rien » pour les nouveaux riches américains], puis aux élites corrompues de la mondialisation financières (du narco-trafiquant au pétro-président), puis aux nouveaux milliardaires émergents d'Asie et d'ailleurs pour ne pas voir leur image passablement écornée. Dès qu'un scandale financier éclate, l'achat de plusieurs montres de luxe par les malfaisants mis en cause remonte dans les médias avec une inquiétante sollicitude. Alors que le luxe (au sens traditionnel du terme) n’est plus une obsession que dans les pays qui découvrent en le singeant l'art de vivre des Européens, il serait très dangereux d’arrimer systématiquement les montres à cet univers délétère et vénéneux du fric et du tout-à-l'égo : l’exécration irrationnelle de la Rolex présidentielle française a résisté à toutes les stratégies d’image et définitivement adhéré à Nicolas Sarkozy – en dépit de ses Patek Philippe et de ses Girard-Perregaux ultérieures [on regardera avec intérêt la polémique identique qui se développe au Venezuela chez les opposants au bolivarisme ambiant : voir ci-dessus]
◉◉◉◉ Ce concept de « luxe »est devenu un explosif plus dangereux à manipuler qu’un flacon de nitroglycérine : quelques gouttes qui déflagrent suffisent à causer d’énormes dégâts [revoir à cet effet Il était une fois la révolution pour s’en convaincre : ci-dessus et ci-dessous]. À l’heure de la carpo-révolution (« révolution du poignet »), c’est la mauvaise approche et l’option fatale pour relancer la dynamique d’une horlogerie traditionnelle guettée par les vautours de la montre connectée. Serait-ce trop demander de plus qu’un peu d’humilité et de réalisme après des « années-fric » qui nous conduisent droit dans le mur ?
◉◉◉ Assez de références toxiques et puériles au « luxe horloger » ! C'est contre-performant et ça n'impressionne plus personne... Assez d’envolées lyriques sur le « prestige » de mécaniques qui ne tirent leur séduction que de leur étiquette commerciale ! Assez de surconnotations dans l’hypersertissage agressif de tout et n’importe quoi ! Assez de « fêtes » et de paillettes qui éclaboussent de leur morgue et qui salissent de leurs excès ceux qui ont œuvré à cette production ! Assez de proximité entre l’écume endiamantée de la corruption mondiale et la jamais assez respectée vraie tradition horlogère suisse ! Assez de confusion entre de l’argent trop facilement gagné et des montres trop difficilement réalisées par des artisans et des artistes qui ne méritaient pas cet excès d’indignité ! Ne riez pas, c’est une question de survie…
G.P.
 
 
 REPÉRÉ UNE ANALYSE
passionnante à propos des stocks du Swatch Group...
◉◉ Les analystes financiers commencent à renifler des stocks anormaux dans les comptes du Swatch Group. On ne va pas rentrer dans le détails du NWC (Net Working Capital), paramètre d’analyse financière utile pour décoder les rapports d’activité. Luca Solca, la star d’Exane BNP Paribas, s’inquiète soudain de l'augmentation anormale des stocks qu’il constate au Swatch Group (Watch the Working Capital). Un niveau alarmant qui lui fait écrire que « le groupe va dans la mauvaise direction » (ci-dessous) : ce qui pourrait constituer, à terme, une menace pour sa rentabilité et son avenir – ceci sans remettre en cause, dans l’immédiat, les performances financières incroyables du groupe.
 
 
◉◉ Ce constat ne sera pas une surprise pour les lecteurs de Business Montres : à deux reprises, nous avions déjà attiré l’attention de nos lecteurs sur ce problème préoccupant (« Comment se fait-il que le Swatch Group ait en stock l’équivalent de deux ans et demi de ses ventes de montres et de mouvements ? » : Business Montres du 30 mai 2013 et « Le Sniper face au gratte-ciel des stocks entassés par le Swatch Group » : Business Montres du 31 mai 2013). Le raccourci journalistique était saisissant : il est confirmé par le travail plus affiné des analystes d’Exane BNP Paribas, qui affinent leur jugement et détaillent l’impact de la création d’un réseau de boutiques en nom propre sur cette croissance inquiétante des stocks.
 
◉◉ En concluant à la dégradation de ce NWC, Luca Solca note qu’on est passé de « 341 jours de stocks » en 2004 à 433 jours en 2012. Ce qui est nettement supérieur au NWC chez Richemont, alors même que Richemont est plus orienté vers la joaillerie (plus gourmande en stocks) que le Swatch Group (26 % de l’activité pour Richemont, contre 4 % pour le Swatch Group) et que Richemont a mieux intégré sa distribution (55 % des ventes, contre 20 % pour le Swatch Group). La comparaison avec LVMH montre que le niveau des stocks du groupe français a augmenté lors de l’intégration de Bvlgari dans ses comptes, pour redescendre ensuite (ci-dessous), alors que le groupe suisse n’a cessé d’augmenter ses stocks…
 
 
◉◉ L’étude d’Exane BNP Paribas analyse très pertinement l’impact des réseaux retail (boutiques en nom propre) sur la perception de la demande des clients pour les produits haut de gamme : on en déduira que le Swatch Group doit considérablement accélérer l’intégration de sa distribution en même temps que la réduction de ses stocks : deux sources possibles d’une dégradation de la performance. On en déduira aussi que le groupe a conduit sa verticalisation commerciale sans vraiment réviser ou adapter ses procédures de production – ce qui n’est pas rassurant. Quelques explications lumineuses, au passage, sur l’effet de coup de fouet (« bullwhip effect » : Business Montres du 2 juin 2013), exagéré par le réseau wholesale, mais mieux contenu par une distribution intégrée. Donc, un document à méditer : réponse sur la réduction ou l’augmentation des stocks du groupe au mois de mai, lors de l’assemblée générale des actionnaires…
 
 
 
 FAILLI PLEURER
en découvrant le nouveau spot publicitaire de Titan (Inde)...
◉◉ Pleurer de bonheur pour la réussite totale du film, et pleurer d'émotion tellement le film en est tout vibrant. On nous accordera que Titan n'est pas, de loin, la marque la plus glamour du marché, ni la plus émouvante par ses créations, mais la justesse du ton employé, la qualité du scénario (unité de lieu, de temps et d'action), le talent de la mise en scène et l'ambiance générale du récit ne peuvent que toucher les coeurs. Précisons que le film ne doit rien à Bollywood, qu'il n'est en rien une carte postale indienne et qu'il aurait pu être tourné en Europe ou aux Etats-Unis. Immersion totale dans les affects mobilisés par l'image et par le son : c'est le but souhaité. Même la montre réussit à tirer son épingle du jeu, alors qu'elle n'a rien de convaincant ! On peut juste se demander pourquoi si peu de productions occidentales ont cet impact émotionnel – surtout dans la production publicitaire des horlogers...
 
 
 
 SALUÉ LA PERFORMANCE
de Bausele, qui réussit à placer 10 h à 12 h...
◉◉ Et 12 h à 2 h, et ainsi de suite… Le tout avec une poignée de sable rouge, qui prouve bien que les Australiens ont de la suite dans les idées (horlogères) et qu’ils savent se faire remarquer – en bien –  avec une production Australian Design Swiss Made revue et corrigée (mouvement automatique A 10 Soprod) aussi bien qu’avec une production plus courante (calibre Miyota). Autre slogan sympathique : Swiss Expertise Australian Inspiration – ce qui n’est guère plus explicite, mais ça impressionne… Bausele est une jeune marque indépendante qui a quelques « ambassadeurs » sportifs locaux, dont le tout récent Andrew Bogut, la star du basketball australien qui est aussi le sportif australien le mieux payé du moment (source : Sydney Morning Telegraph). Localement, ça classe ! Le parti-pris de la poussière rouge – emblématique du continent – logé dans une « bulle » de la couronne parle au cœur de tous les Aussies, qui n’aiment rien tant que l’idée d’emporter leur patrie à la force de leur poignet – mais on peut lui préférer une pincée de charbon ou quelques grains de sable locaux. Le « coup » de la couronne décalée à 2 h n’est pas vraiment nouvelle dans l’art horloger : on la pratiquait beaucoup pour les premières montres-bracelets, qui utilisaient encore des calibres de poche dont la couronne n’aurait pas été très pratique à 12 h. Boîtier en céramique noir mat et séries limitées de différentes couleurs selon les mouvements et le matériau enfermé dans la couronne (pré-commandes sur le site, à partir de 650 francs suisses)… 
 
 
 
 
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