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LUNDI (accès libre) : Le trop-plein de « métiers d'art » appliqués à la décoration horlogère peut-il vider cette mode de tout intérêt ?

Retour sur le terrain du Sniper du lundi, avec quelques indiscrétions sur la vie des manufactures, des montres et de ceux qui les font, avec le premier dossier de presse twitterisé (Chanel), avec la fuite vers les étoiles et avec ce qui se prépare chez Patek Philippe pour les 175 ans de la marque...  ▶▶▶ ces jours-ci,LE SNIPER A...   


Retour sur le terrain du Sniper du lundi, avec quelques indiscrétions sur la vie des manufactures, des montres et de ceux qui les font, avec le premier dossier de presse twitterisé (Chanel), avec la fuite vers les étoiles et avec ce qui se prépare chez Patek Philippe pour les 175 ans de la marque...

 
 ces jours-ci,
LE SNIPER A...  
 
 
 NOTÉ QUELQUES IN–10–CRÉTIONS
à la volée, en vrac et en toute liberté... 
 
◉◉ LEROY : fin du transfert vers la vallée de Joux (Le Sentier), aujourd'hui sous la neige, de l'ex-atelier de haute horlogerie qui avait été mis en place à Besançon lors de la relance de la marque.
 
 
◉◉ DE BETHUNE : intéressante visite d'un groupe d'amateurs à la manufacture De Bethune de La Chaux-L'Auberson (forum francophone Forumamontres). Si vous ne savez pas à quoi ressemble un des laboratoires les plus brûlants de la haute horlogerie créative suisse, c'est le moment de vous initier ! Une rareté au passage dans les images rapportées des ateliers : la pendulette mystérieuse « Égyptienne » repérée l'année dernière pendant la Wonder Week et présentée cette année encore, à Genève, dans une nouvelle version digne des grands penduliers du XVIIIe siècle (ci-dessous). 
 
 
◉◉ MARKETING D'EMBUSCADE : c'est reparti pour quelques coups fourrés à la veille des jeux Olympiques d'hiver de Sotchi. Richard Mille, qui avait parasité les derniers Jeux d'été avec la montre de son champion Johan Blake, compte bien recommencer avec son nouveau chapion, le jeune skieur français Alexis Pinturault, un des espoirs tricolores pour le podium final. Explication classique chez Richard Mille : « L’univers alpin est un nouveau laboratoire grandeur nature pour Richard Mille et ses ingénieurs. Ils pourront tester, avec l’appui d’Alexis Pinturault, les prochaines créations de la marque dans des conditions réelles particulièrement éprouvantes, en altitude et à basse température. Le ski alpin est une discipline extrême où les skieurs prennent de grands risques engendrés par la vitesse et par les virages très serrés, frappant les piquets lors du passage de portes dans le but de gagner quelques millièmes de secondes » (décodage Business Montres du 25 septembre 2012). Pour peu qu'il y ait effectivement un médaille et un podium, de quoi les médias parleront-ils : de la montre du champion (ci-dessous) ou des Omega spéciales Sotchi présentées voici trois mois ?
 
 
◉◉ CHANEL (1) : pour l'image animée du téléphone en haut de la page, l'important, c'est la bague Camelia, pas le téléphone. Curieuse communication sans contenu précis [voir les quelques mots ci-dessous], juste avec quelques images, sur le thème Wanted (« la collection la plus recherchée du moment »), pour la collection de joaillerie Camelia Galbé...
 
◉◉ CHANEL (2) : texte intégral de ce dossier de presse Camelia Galbé 2014. Un zapping sémantique qui en dit long sur l'état de sidération des médias et sur la sous-culture journalistique... « SON GALBE : Original, il traduit l'audace des femmes qui la portent. SA CÉRAMIQUE : Sensuelle, elle offre un toucher voluptueux qui souligne ses courbes généreuses. SON MOTIF : Emblématique, il est devenu une signature universelle ». Trente mots : un record dans l'histoire des relations publiques joaillières – mais ne se
rait-ce pas le premier dossier de presse twitterisé ?
 
◉◉ PIRATAGE : cas intéressant, cette Seahunter1 (ci-contre) de la marque sino-germanique TNT (Torsten Nagengast Timeline), qui s'est spécialisé dans les rééditions – certains parleront franchement de « plagiat » – justifiées par des éléments authentiques de l'icône ainsi revue et corrigée. Exemple le plus récent : cette Seahunter1, copie assez conforme (sans la marque) d'une Blancpain Fifty Fathoms, proposée en série limitée (12 pièces) avec un mouvement AS 2063 que Blancpain a utilisé dans les années 1970. Mouvement 25 rubis qu'on nous garantit d'époque, comme neuf de stock, avec un rotor gravé « Blancpain ». Le cadran, lui, est d'inspiration Panerai et le tout assemblée en Allemagne avec des composants d'habillage asiatiques. Facture finale : un peu moins de 600 euros. TNT a beaucoup d'autres opérations identiques à son actif, avec des mouvements Valjoux, Landeron, Laco, Venus, tous d'époque, et des « inspirations » pas forcément créatives qui couvrent les grandes réussites et les grandes marques de la légende mécanique. On est donc dans un registre d'hommages patrimoniaux, à des prix accessibles : c'est là qu'est aujourd'hui le marché des amateurs de vraies montres mécaniques, moins tentés par la marque que par le style...
 
◉◉ VAN CLEEF & ARPELS : et si on faisait une pétition pour que la maison de la place Vendôme donne une suite digne de son nom au Pont des Amoureux ? On veut la fin de l'histoire, pas forcément la nuit, et on veut savoir ce que deviennent ces amoureux (ci-contre) : Paris ne manque pas de monuments pour qu'on les retrouve, pourquoi pas à travers l'histoire de la capitale...
 
◉◉ SMARTWATCHES (1) : les rumeurs vont bon train à propos de la future iWatch d'Apple. Alors que ses concurrents potentiels (notamment Samsung) s'acharnent à dessiner des montres connectées plus conformistes [dans le ratage du design comme dans la séduction du concept] les unes que les autres, Apple paraît explorer de nouvelles voies, comme celle des données biomédicales intégrées dans les capteurs de la montre [une option plus que très sérieuse, qui prendrait tous les concurrents à contre-pied] ou celle de la technologie solaire pour recharger la batterie (technique déjà largement maîtrisée par Casio) : le New York Times y croit beaucoup. D'autres pistes évoquent un rechargement de la montre par des technologies sans fil (impulsions électro-magnétiques). La piste des écrans flexibles pour épouser la courbure du poignet n'est pas très crédible : ce serait le meilleur moyen de rester dans le « bracelet » pour geeks, et non dans la montre, alors que le coeur du marché et la cible des consommateurs à conquérir (et à convaincre) est clairement celle des porteurs de montres traditionnelles. Voir la future iWatch ressemble à un gadget électronique connecté : ce serait la meilleure nouvelle pour l'horlogerie suisse depuis longtemps...
 
◉◉ SMARTWATCHES (2) : un des défauts principaux des montres connectées reste leur faible autonomie énergétique. Une des réponses les plus prometteuses à ce souci d'alimentation reste la piste des batteries – écologiques – qui tirent leur énergie de la chaleur dégagée par le corps humain. C'était une des innovations présentées au récent CES de Las Vegas (Etats-Unis) : une des propositions les plus convaincantes était celle de STMicroelectronics, avec un objectif de commercialisation dans trois ans (source, images et données : Les Numériques)...
 
◉◉ ZENITH : une publicité GoPro diffusée dans les écrans intermédiaires du SuperBowl américain, histoire de nous remettre en mémoire l'intégralité des huit minutes du saut historique de Felix Baumgarter, avec sa Zenith au poignet. Huit millions de spectateurs sur la chaîne YouTube ont suivi cette chute libre en direct. Des images impressionnantes : c'était le premier saut d'un homme depuis les frontières de l'espace et c'était la chute libre la plus longue de toute l'histoire du parachutisme, avec un passage du mur du son qui était lui aussi une première par un homme sans machine...
 
 
 
 ÉTUDIÉ LE SYNDROME DE STENDHAL
pour cause de surexposition aux oeuvres d'art...
◉◉ Qui n'a pas sa montre « Métiers d'art » ? La Wonder Week de Genève a remplacé l'ébahissement face aux ateliers d'horlogers, loupe à l'oeil face à l'infiniment précis, par l'émerveillement face aux établis des artisans d'art focalisés sur l'infiniment joli – eux aussi travaillent à la binoculaire ! Chez Richemont, Vacheron Constantin, Piaget, Cartier ou Van Cleef & Arpels en ont fait un pilier de leur identité, mais Chaumet, Bovet, De Bethune et les autres (hors Wonder Week) témoignent de la volonté de démonopoliser ces métiers d'art. L'étape suivante prévisible annonce déjà la fin de la séquence : quand Frederique Constant et Tissot, pourquoi pas demain Fossil ou Festina, auront leurs propres lignes de montres « métiers d'art », on aura bouclé la boucle. Ce recours aux multiples disciplines artistiques, empilées et compilées jusqu'à plus soif, commence déjà à verser dans la surextermination (en anglais « overkill ») des sensations : les marques de montres devraient réfléchir au « syndrome de Stendhal », cette névrose psychosomatique (arythmies cardiaques, suffocations, hallucinations, voire épilepsies) bien connue dans les grandes capitales artistiques, à la suite d'une surexposition aux oeuvres d'art. Variantes connues : le « syndrome de Florence », le « syndrome de Paris » ou le « syndrome de Jérusalem » (expérience mystique en plus). On en a d'ailleurs fait des films (ci-dessous et en cartouche, en haut de la page : The Stendhal Syndrome, de Dario Argento) et des livres. Bientôt, il faut peut-être parler du « syndrome de Genève » ou, plus généralement, du « syndrome de l'horlogerie décorative » pour expliquer l'ahurissement des amateurs face à la débauche de ces techniques artisanales qui permettent aux marques de justifier des prix élevés – et, accessoirement, de séduire des amateurs asiatiques qui ont toujours été, depuis quatre siècles, plus fascinés par la décoration des montres que par leur précision mécanique...
 
 
 
 APPLAUDI LE RECYCLAGE
thématique de la créatrice anglaise Jane Perkins...
◉◉ Elle compose de véritables tableaux en objets recyclés, sans ajaouter la moindre couleur, toujours en réemployant des « déchets » de notre société de consommation (boutons, bijoux fantaisie, perles, jouets d'enfants). L'originalité de Jane Perkins, c'est aussi d'adapter les objets recyclés à la nature du portrait : beaucoup de bijoux pour le portrait d'Elizabeth d'Angleterre ou beaucoup de figurines pour un bouquet à la Van Gogh. On devrait lui commander des portraits en rouages horlogers, mais pour le portrait duquel des meilleurs clients de l'horlogerie : un pétro-dictateur, un narco-financier ou un sino-exploiteur du peuple ?
 
 
 PRESSENTI UNE ANNÉE « ASTRONOMIQUE »
dans les grandes tendances de 2014...
◉◉ Qui n'a pas sa montre ou sa complication astronomiques ? C'était peut-être la seule vraie tendance de la Wonder Week : entre la collection quasiment complète consacrée par Van Cleef & Arpels aux confins galactiques, l'Astrocalendaire de Cartier, les lunes mises en scène par A. Lange & Söhne, Montblanc ou Jaeger-Lecoultre, le SIHH avait d'autant plus la tête des étoiles que l'exposition culturelle préparée par la FHH assurait le lien historique entre horlogerie et astronomie [il ne fallait pas manquer l'os d'Ishango ou le disque de Nebra : même en reproductions à l'échelle, ça laisse rêveur !]. Tendance identique ailleurs dans Genève, à commmencer par la Lune sphérique de De Bethune, désormais placée au centre de la montre (DB 28 Digitale ou Dream Watch 5) ou les lunes rigolardes et photographiques de Linde Werdelin. Même les jeunes marques y vont désormais de leur culte lunaire, comme RJ-Romain Jerome et sa Lune d'argent aux grains de poussière sélénite (ci-contre). Pour Baselworld, on ne compte plus les complications astronomiques ou les réinterprétations des... « vieilles lunes » de la tradition horlogère. Bref, la touche astronomique est à la mode cette saison. Tout ceci commence à ressembler à un furieux besoin d'évasion : l'abus de l'hypertrophie mécanique, l'exacerbation des complications d'affichage et la surdose des métiers d'art (voir ci-dessus) rendent l'atmosphère un peu confinée. On étouffe sur cette terre horlogère : Vianney Halter l'avait bien compris cet automne avec son tourbillon Deep Space. À défaut d'ovnis à observer, on dresse les cartes du ciel pour en préparer l'arrivée...
 
 
 ADMIS LA CONSÉCRATION
définitive du denim comme habillage horloger...
◉◉ 2013 aura vu quelques propositions consistantes dans le domaine des montres à bracelets et cadrans en jeans, notamment chez Hyblot, qui étudie également des... boîtiers entièrement den denim [après tout, puisqu'on réalise des boîtiers en fibre de carbone, pourquoi pas en fibre de denim ?]. Swatch avait également suivi le mouvement. La tendance gagne à présent les horlogers du life style, comme Nixon qui pose sa collection denim Washed Out comme un parangon du code Denim (brut ou usé, clair ou foncé, au choix). Entre 120 et 150 euros, avec des cadrans ultra-classiques, les fous/folles de mode vont respirer l'air du temps en mode délavé...
 
 
 
SALUÉ L'INTELLIGENCE
du parti-pris de sobriété affiché par la nouvelle UR-105...
◉◉ C'était une des bonnes surprises de la Wonder Week, même si la montre sera dévoilée qu'à Baselworld : la nouvelle Urwerk UR-105 (mouvement ci-dessous et ci-contre) reste intégralement fidèle aux codes esthétiques de la marque (module horaire satellitaire, affichage « traînant » des minutes, indications technique de maintenance au verso, etc.), mais avec une nouvelle simplicité stylistique qui n'empêche pas des innovations contre le tambour latéral des secondes, doublé d'un affichage mécanique et digital de ces mêmes secondes à la droite du segment des minutes, juste à la hauteur du zéro. Cet UR-105, qui sera un peu moins coûteuse que les autres UR [ça, c'est une avancée révolutionnaire, mais si on est encore loin d'un niveau accessible aux amateurs même fortunés !], s'annonce ainsi comme une montre à double affichage des secondes – ce qui relève de la complication inattendue ! On notera que le principe de la macro-couronne à 12 h a été préservé, mais les modules satellitaires des heures ont été épurés et rendus plus lisibles par une échancrure dans le boîtier, lui aussi voué à une intéressante sobriété...
 
 
 
 COMMENCÉ À PRÉPARER
les 175 ans de la manufacture Patek Philippe...
◉◉◉◉ C'est pour cette année, mais on n'en parlera qu'après Baselworld... On ne parlera de ce 175e anniversaire qu'à partir du mois de mai – premier mai, très exactement : pour Baselworld, priorité au nouveau stand (monumental) et aux nouveautés de l'année, normalement sans allusion visible aux pièces et aux éditions limitées qui marqueront ce 175e anniversaire. Pas de vente thématique en vue dans les maisons d'enchères, hors des hommages opportunistes des uns et des autres – sans la collaboration de la manufacture. La fin de l'année 2014 sera forcément « patékienne », avec un événement commercial à l'automne et une exposition au musée Patek Philippe de Genève, qui devrait présenter toutes les pièces « anniversaire » proposées par la maison, à travers le monde, depuis son cent-cinquantenaire de 1989 – dont le fameux calibre 89 (ci-dessous). 
 
 
 
 
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