> 


LUNDI : Le ridicule achevé de ceux qui multiplient les "amis" mercenaires sur les réseaux sociaux

Pour la première fois, le pouvoir chinois admet qu'il n'a plus vraiment le contrôle de la situation : les réseaux sociaux ont peut-être eu la peau du national-communisme au pouvoir depuis 1949... Il reste à se demander si l'industrie suisse a beaucoup à gagner à une Chine ingouvernable – socialement, politiquement et économiquement...    ▶ AU SOMMAIRE DE CE 360° DU LUNDIDes informations qui seront développées après la montre en fusion ci-dessous...❍ L'édito du jour …


Pour la première fois, le pouvoir chinois admet qu'il n'a plus vraiment le contrôle de la situation : les réseaux sociaux ont peut-être eu la peau du national-communisme au pouvoir depuis 1949... Il reste à se demander si l'industrie suisse a beaucoup à gagner à une Chine ingouvernable – socialement, politiquement et économiquement...

 
 
▶ AU SOMMAIRE DE CE 360° DU LUNDI
Des informations qui seront développées après la montre en fusion ci-dessous...
❍ L'édito du jour : pas inquiétante, vraiment, cette baisse de 10 % des exportations de montres suisses ? 
❍ Les aveux du jour : les autorités chinoises ont-elles perdu le contrôle de leur opinion publique ?
❍ La publicité du jour : troisième volet du storytelling (riche en contenu) de la marque Brémont, qui continue son grand récit de marque...
❍ Le ridicule du jour : il finira par tuer les marques, qui continuent à se flatter, pour leurs médias sociaux, d'amis et de suiveurs qu'on achète au rabais...
❍ Les actualités du jour : notées à la volée, en vrac, en bref et en toute liberté (rien sur Zenith dans Paris-Match, les déconsolidations en cours dans le luxe, la chasse au vampire rendue efficace et garantie par Artya, les mésaventures franc-comtoises d'un couple ministériel, le silence pesant de Breitling, les 112 pattes qui manquent à la bébête Romain Jerome, une nouvelle marque qui ne se prend pas au sérieux, Franco Cologni qui mélange Roland et Jérusalem)...
 
(Andrew Moore)
L'ÉDITO DU JOUR
Une "inquiétante" disparition virtuelle de 450 emplois horlogers (#1-Droit de Ré>Pons)...
 Un édito en chronique vidéo, où on estime pour le moins "inquiétante" les récentes déclarations de la FH suisse à propos de "l'accalmie pas inquiétante" dans les exportations horlogères suisses du mois de septembre. 10 % de baisse en volume, ça correspond à 260 000 montres qui n'ont pas été exportées, et qui – logiquement – n'ont pas été (ou n'auraient pas dû être) fabriquées. Soit l'équivalent de 450 emplois virtuellement éliminés, en tenant compte du ratio production annuelle/emplois de l'horlogerie suisse. On peut trouver cette élimination "pas inquiétante", mais c'est vraiment pratiquer la politique de l'autruche face à la crise, qui a toutes les chances – comme l'explique cette chronique (Business Montres du 21 octobre) – d'être plus grave et surtout plus durable que celle de 2008-2009, qui avait réduit d'à peu près 25 % les exportations horlogères, alors que les "autruches" de l'époque ont persisté à nier la crise jusqu'aux salons 2009. Et cette érosion des volumes de montres exportées est d'autant plus inquiétante qu'elle est constante depuis plusieurs mois, ce qui n'a pas empêché l'industrie suisse d'accumuler des stocks considérables dans ses innombrables tuyaux d'alimentation du marché (filiales régionales et locales, distributeurs régionaux et locaux, chaînes, détaillants, etc.)...
 
 
▶ LES AVEUX DU JOUR
En Chine, "les moyens traditionnels de contrôle public ne fonctionnent plus"...
 C'était un des thèmes abordées dans la chronique vidéo "Droit de Ré>Pons" (ci-dessus) : la perte de contrôle de la situation par les autorités chinoises, qui découvrent que le contrôle policier traditionnel ne fonctionne plus à l'heure des réseaux sociaux. Le Quotidien du Peuple, organe officiel du Parti communiste, en fait l'aveu ce matin même : "Les moyens traditionnels de contrôle pour exercer une pression sur le public ont perdu de leur efficacité dans la stabilisation de la société, a indiqué le responsable du Parti du comté de Weng'an... (...) Les moyens traditionnels d'exercer un contrôle (et la pression) négligent les appels des personnes défavorisées et ignorent le pouvoir des groupes sociaux... A défaut de négocier et de coordonner, les petits problèmes prennent de l'ampleur et font exploser les grandes questions... (...) Yu Jianrong, professeur du développement rural de l'Académie chinoise des sciences sociales, a fait remarquer que des cas antérieurs ont montré qu'un manque de confiance dans le gouvernement peut déclencher des incidents de masse". C'est effectivement un des problèmes majeurs de la Chine contemporaine : gommées par la croissance économique effrénée de ces dernières années, les tensions sociales ressurgissent actuellement plus fortes que jamais. Les réseaux sociaux (pas loin de 400 millions d'internautes en Chine) ont changé la donne socio-politique en faisant exploser la traditionnelle rigidité d'un système politique où l'information n'est plus contrôlée par l'Etat central : "« Je pense que le système va exploser à un moment ou à un autre » : pour le politologue, sociologue et philosophe américain Francis Fukuyama, l’avenir de la Chine est plus qu’incertain. Selon lui, la rigidité du système politique chinois se heurte de plus en plus à la rapidité avec laquelle circule l’information via les réseaux sociaux. La cassure est inévitable !" (source : blog Geopolitique de l'AFP). Les dizaines de milliers de "chiens de garde" du régime sur Internet (image en haut de page) sont de plus en plus impuissants à endiguer la contestation. L'article du Quotidien du Peuple est un de ces signaux faibles qui annoncent un possible dégel, dans l'esprit de la perestroika qui avait accéléré l'effondrement de l'ex-Union soviétique : le problème est que la situation de la Chine est bien pire que celle de la Russie à la fin de l'expérience soviétique. Le niveau de richesses y a exacerbé les tensions sociales et les disparités géographiques, avec un risque réel de fragmentation territoriale et de chaos économique (ci-dessous: le non-conformisme menace...) !
 
 
 
 
▶ LA PUBLICITÉ DU JOUR
Toujours autant de mots, toujours aussi peu d'image, toujours aussi efficace...
 Où s'adressent les pilotes d'essai américains pour leurs montres ? À Henley-on-Thames, en Angleterre – donc chez Bremont, jeune marque ultra-dynamique de la nouvelle génération anglaise, qu'on retrouvera bientôt au salon QP. Argument du récit : si les pilotes américains ont choisi Brémont, qui a développé pour eux une montre à double fuseau horaire (par aiguille UTC sur 24 heures), avec un mouvement précis à 99,998 %. D'un strict point de vue horloger, la Bremont WorldTimer Alt-1 WT "civile" n'a rien d'extraordinaire, mais le storytelling est convaincant. Vrai, pas vrai, un peu vrai, un peu pas vrai : peu importe si c'est bien dit et bien "vendu" avec la mise en scène adéquate, en phase avec l'understatementqu'on attend d'une marque britannique. On aura remarqué l'espace libre de cette simple page de publicité, le texte en caractères de la taille d'un éditorial d'article, ainsi que la modestie du logo et de la montre, avec le canard un peu décalé pour évoquer la Tamise : pour faire de la bonne publicité, il suffit de ne pas faire comme la plupart des marques (packshot montre-logo-signature emphatique), mais d'imaginer un autre discours pour d'autres publics...
 
 
 
 
▶ LE RIDICULE DU JOUR
À quoi riment ces "amis" et ces "suiveurs" qu'on peut s'acheter en solde pour faire le beau sur les réseaux sociaux ?
 Plus personne ne croit les marques qui se flattent de leurs performances quantitatives sur les réseaux sociaux. Au mieux, on en ricane. Au pire, on le regrette tellement c'est devenu valorisant. Même la presse grand public a fini par s'emparer du sujet : "Achat de followers sur Twitter : nous avons fait le test et acheté 50 000 abonnés", nous explique Le Huffington Post. Effectivement, c'est très facile : il n'en coûte que 33 euros pour recruter 50 000 zombies qui ne servent à rien, sinon à impressionner les concurrents – qui font pareil ! L'analyse de cette nouvelle facilité et de l'impunité relative de ceux qui la pratiquent est très intéressante. En revanche, Slate n'a pas fait une bonne affaire : "Je me suis acheté 27.000 followers sur Twitter. Ça m’a coûté 202 dollars. Est-ce que ça en valait la peine ?". Et ce ne sont que deux des articles les plus récents : on pourrait en trouver beaucoup d'autres, qui achèvent de décrédibiliser la course initiale à la légitimité par la quantité. Une fois de plus, on a confondu la puissance et l'influence, la quantité et la qualité, l'être et l'avoir – il fallait bien penser les égos managériaux et justifier le salaire des nouveaux SEO (Search Engine Officers). Conclusion : on se décrédibilise en affichant des "amis" ou des "suiveurs" fantômes, alors qu'on crédibilise sa marque en menant des offensives intelligentes et créatives sur ces médias sociaux. Ceci ne concerne évidemment pas Business Montres, qui affichait récemment ses 700 000 "vues" sur la chaîne images Business Montres Vision (Business Montres du 18 octobre) : un bilan par référencement naturel, qui ne doit rien à la promotion, ni à la publicité, et encore moins au recrutement de mercenaires. Laissons ces pratiques aux « célébrités, politiciens, start-ups, aspirants rock-stars, candidats d’émissions de TV-réalité qui souhaitent se faire remarquer... À vrai dire, à quiconque veut profiter d’une plus grande empreinte sur les réseaux sociaux » (Slate)...
 
 
 
 
LES ACTUALITÉS DU JOUR
Notées à la volée, en vrac, en bref et en toute curiosité éditoriale...
 
 IN MEMORIAM (1) : pour ses amis et ses proches, la cérémonie d'adieux au journaliste et animateur horloger Alain Chung, récemment disparu à l'âge de 60 ans, aura lieu le 1er novembre, à Hong Kong (Funeral Home, 679 King’s Road, North Point). On pourra lui rendre hommage dès la veille (Business Montres du 17 octobre). C'est son fils Nic qui lui succèdera à la tête du groupe CDV (Watch Critics, Watches Express, Time & Art et Jet Master)...
 
 IN MEMORIAM (2) : il y a tout juste un an disparaissait George Daniels (ci-contre), horloger génial et créateur méchanicien de premier plan, qui n'avait que le tort d'être britannique pour être vraiment reconnu comme il l'aurait dû l'être en Suisse, de son vivant comme lors de son décès. Il y a un an, les hommages officiels avaient été en mode très très furtif du côté de l'industrie horlogère. On relira pour ce premier anniversaire de sa disparition l'interview [un privilège rare] qu'il avait accordé à notre ami Constantin Stikas en 2009, dans Very Important Watches (version française) : on peut y entendre (une partie sonore qui double le plaisir de la lecture et qui est une des originalités de ces interviews dans VIW) George Daniels raconter Omega, Patek Philippe et Rolex [deux maisons qui n'avaient pas voulu de son co-axial au début des années 1970], parler de son échappement co-axial comme du tourbillon d'Abraham-Louis Breguet et présenter ses propres montres, dont la collection sera bientôt dispersée par Sotheby's en plus des horloges de sa collection personnelle. Une bonne nouvelle pour tous ceux qui seraient tentés d'utiliser cet échappement co-axial : tout le monde peut le reprendre et l'intégrer dans un de ses mouvements ! George Daniels : "Tout un chacun peut utiliser l’appellation « coaxial » ou utiliser son propre coaxial ou encore fabriquer son propre coaxial. Tout le monde peut le faire. Il doit être conçu avec une extrême précision. C’est la seule difficulté. J’ai fabriqué moi-même de même propres mains, les premiers « “coaxials“, à la main et pas avec une machine. Ce n’est que pour la production de masse que l’on a besoin de machines pour fabriquer les échappements"...
 
 IN MEMORIAM (3) : la grande, la belle, la toujours jeune et l'unique Dominique Baron vient de nous quitter après un dernier combat contre une terrible maladie (Business Montres du 22 octobre). Une pensée pour toute sa famille et pour ses proches, mais aussi pour l'horlogerie qui perd une de ses grandes dames en même temps qu'un immense talent créatif...
 
 CHAISES MUSICALES : Cristina Egal est désormais directrice général de Lorenz Baümer, un des derniers joailliers indépendants de la place Vendôme, qui doit bientôt ouvrir sa première boutique monomarque...
 
 NOUVELLES MARQUES 2012 (1) : à découvrir au prochain salon Belles Montres, dont ce sera la sixième édition (61 marques, au Carrousel du Louvre, Paris, 23-25 novembre), la marque Suissemecanica (tout attaché) sera la référence #78/Génération 2012. Enregistrée en Suisse (FOSC), mais logée dans une "boîte aux lettres" chaudefonnière, la marque est en réalité d'origine française. Au programme du Swiss Made annoncé : un chronographe SM8 monopoussoir deux compteurs auquel on a ajouté un disque UTC, avec 200 m d'étanchéité. Le design privilégie un épais protège-couronne (façon Panerai, mais en doublage de la carrure) et rappelle les collections de Chronographe Suisse Cie [marque plus ou moins disparue, dont les Mangusta avaient un réhaut et un protège-couronne proéminent] en même temps que l'esprit des anciennes Wyler [marque elle aussi disparue]...
 
 NOUVELLES MARQUES 2012 (2) : très amusante et particulièrement représentative d'une nouvelle série de marques qui ne se prennent pas au sérieux, voici Gaston & Co, dont l'image ci-dessous restitue l'esprit (référence #79/Génération 2012). Principal atout de cette marque : son absence de storytelling emphatique, sa volonté de ne surtout pas jouer à la grande marque horlogère et ses collections de montres, amusantes et décalées – dessinées par une star créative de l'horlogerie : Emmanuel Gueit en personne ! Bracelets très créatifs. La marque est irrésistible sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter ou Pinterest). Un petit chef-d'oeuvre d'horlogerie 2.0 : ne pas manquer la visite du site, qui met de bonne humeur un lundi matin...
 
 
 RJ-ROMAIN JEROME : qu'est-ce qui a une carapace ronde et trapue, avec des griffes, des pustules-ventouses et 888 pieds ? Pas un mille-pattes en tout cas [il en manquerait 112], mais on a repéré cette drôle de créature du côté de chez RJ-Romain Jerome : s'agirait-il d'une nouvelle invasion des extra-terrestres venus des confins de la galaxie pour conquérir cette planète ?
 
 MONTEBOURG-PULVAR : la Franche-Comté ne leur porte pas bonheur ! Au nom de la défense du "Made in France,", le ministre du Redressement productif pose dans la presse en marinière avec une Michel Herbelin au poignet : manque de chance, c'est exactement le type de montre qui illustre à quel point le "Made in France" est aujourd'hui une illusion, ne serait-ce que parce qu'il est impossible une telle montre en France – du fait des charges qui pèsent sur les entreprises [explications et décodage : Business Montres dans Atlantico]. L'affaire de cette montre "Made in France"... sur le papier a également été reprise par Le Figaro et par différentes. Rappelons que Michel Herbelin est une marque du Haut-Doubs (Charquemont), dans cette France-Comté qui fut autrefois le berceau horloger de la France, mais qui s'était retrouvée sinistrée caporalisme économique d'une précédente présidence socialiste – ce qui avait empêché l'horlogerie française de renaître comme l'horlogerie suisse voisine. Même retour de bâton pour Audrey Pulvar, la compagne du précédent : comme beaucoup de personnalités et de célébrités, elle a choisi des lunettes à monture en écaille de tortue de la maison Bonnet, franc-comtoise d'origine. Manque de chance, à 15 000 euros la paire, ça fait un peu désordre pour une nomenklatura socialiste qu'on nous disait "normale" et qui raillait sans cesse les goûts supposés "bling-bling" deNicolas Sarkozy... Pour détendre l'atmosphère, le "Made in France" vu par Les Inconnus :
 
 
❍ MICHEL HERBELIN : quoi qu'il en soit du "Made In France" intègre, intégriste ou intégral de la montre portée par Arnaud Montebourg, quel fantastique coup de pub pour la marque familiale de Charquemont ! La plupart de ceux qui en parlent aujourd'hui n'en avaient jamais entendu parler voici quelques jours, mais la marque est devenue le symbole – controversé, mais notoire – de l'horlogerie tricolore. Arnaud Montebourg ou comment économiser plusieurs centaines de milliers d'euros en achats d'espace publicitaires...
 
ENCHÈRES : plein de Rolex inconnues et jamais vues aux enchères dans la malle au trésor genevoise d'Antiquorum. Rolex comme nouvelle alternative à Patek Philippe pour animer le marché des montres de collection (Business Montres du 21 octobre)...
 
 ARTYA : bientôt Halloween, et donc plein de nouvelles possibilités de croiser, dans les sombres ruelles des vieilles villes européennes, des vampires, des revenants ou toutes sortes de malfaisants d'outre-tombe. Donc, par les temps qui courent, jamais sans mon Artya, la montre dont les balles d'argent – trempées dans l'ail, garantie de la marque – ont le privilège d'éloigner les loups-garous qui en voudraient à votre carotide. C'est tellement efficace qu'on voit même une tache de sang sur le cadran [celle des victimes d'un vampire tué avec ces balles ciselées]. C'est quand plus mode et plus seyant qu'une citrouille : 100 % de ceux qui ont porté cette montre n'ont pas été ennuyés par les vampires – une autre garantie de la marque d'Yvan Arpa...
 
 DÉCONSOLIDATION (1) : L Capital, un des véhicules d'investissement secondaires du groupe LVMH, semble avoir officiellement mis en vente différentes marques de luxe accessible, pas assez positionnées sur le "vrai luxe" (coeur de cible du groupe LVMH) et peu susceptibles de développements spectaculaires dans les années à venir. Parmi les dossiers sur le marché : ceux des marques Sandro, Maje ou Claudie Pierlot (groupe SMCP). En revanche, L Capital regarderait de près d'autres dossiers, comme ceux des marques Christian Louboutin (chaussures), La Perla (lingerie) ou Frette (linge de maison),n plus susceptibles d'intégrer un jour le giron LVMH. On prête aussi à L Capital des intentions sur Gant, Pepe Jeans et le groupe Hackett (ex-Richemont). La crise va rebattre les cartes : heureux les fonds qui ont le cash suffisant pour investir (source : The Telegraph, qui chiffre à 600 millions d'euros le première volet de cette déconsolidation, naturelle pour un fonds d'investissement)...
 
 DÉCONSOLIDATION (2) : pas de nouvelles sur le front du rachat d'Harry Winston (division montres et joaillerie), largement évoqué par la presse financière à la suite d'un écho dans Challenges (France) mais auquel Business Montres ne croit guère, et surtout pas à propos d'un grand groupe potentiellement acheteur comme PPR (notre écho du 19 octobre). Un banque londonienne (N.M. Rothschild & Sons) a bien été mandatée pour une mission exploratoire à ce sujet, avec un "prix de marché" qui avoisinerait le milliard et demi de dollars, mais sans résultat tangible pour l'instant : sur le segment de la très haute joaillerie, l'espace est contingenté par le poids écrasant de "marques fortes" comme Cartier, Bvlgari ou même Tiffany & Co, et c'est encore plus flagrant sur le terrain de haute horlogerie, sans véritable espoir de retour sur investissement avant de longues années. Mise de fonds élevée pour peu de valeur créée, cash burning sans perspectives de croissance immédiate capable de doper le cours boursier d'un groupe : hormis quelques outsiders asiatiques, il serait étonnant que les majors du luxe européen craquent pour Harry Winston, qui est loin d'avoir achevé son redéploiment...
 
DÉCONSOLIDATION (3) : en revanche, il faut regarder de près les émissaires du Qatar qui rôdent autour de Versace. C'est la plus belle rumeur de ce début de semaine. Cet été, un fonds lié à la famille royale qatarie s'était offert Valentino, alors qu'on apprenait que le fonds souverain du Qatar avait investi à hauteur de 1 % dans LVMH. L'arrivée de Versace – qui annonçait son intention de se financer sur les marchés – dans le giron qatari commencerait à ressembler à un vrai pôle luxe (source : Il Messagero, Italie)...
 
ZENITH : douze pages et la couverture sur Felix Baumgartner "lhomme supersonique" dans Paris-Match (sur 148 pages), à propos de son saut de l'espace, mais pas une seule citation de Zenith comme marque de montre associée à l'exploit. Pas une seule légende pour les nombreuses photos publiées, qui mettent parfois en avant le marquage de la combinaison de cet "homme supersonique". Auto-censure, défaut de communication ou punition publicitaire ? Le compte n'y est pas...
 
 MICHEL FOURNIER : belle résilience du "papy para" français, qui ne renonce pas à battre le record de saut en altitude, en planifiant un saut à 45 000 m (six kilomètres plus haut que celui de Felix Baumgartner), alors qu'il n'est pas aidé – c'est le moins qu'on puisse dire ! – par la France, ni par les institutions aérospatiales françaises, qui ne croient pas à l'intérêt scientifique de cette expérience dans le vide (portrait touchant dans Le Huffington Post). Michel Fournier a maintenant 68 ans, mais il se sent en pleine forme : "L'argent manque, malgré quelques sponsors. “J'ai autour de moi tout un réseau de pros de l'espace, de petits sponsors, des particuliers, des sociétés comme TEB, spécialisée dans la télésurveillance, qui me suivent depuis des années et qui m'aident“, explique ce passionné . Mais ce n'est pas suffisant : pour alimenter sa passion, Michel Fournier a donc vendu tous ses biens, à tel point qu'à la retraite, il doit encore travailler pour subvenir à ses besoins. Il est aujourd'hui gardien. La raison : Red Bull a préféré quelqu'un de plus jeune. Car Michel Fournier a 68 ans : un détail qui ne semble pas le déranger : “Je suis en pleine forme. L'âge ne peut rien contre la passion d'une vie. (...) Je m'entraîne tous les jours avec notamment 12 km de jogging, j'ai un suivi médical haut de gamme“. L'argent, mais aussi l'âge. Autant de facteurs qui ne plaidaient pas pour sa cause, et qui ont peut-être contribué à l'atonie des autorités françaises, peu enclines à l'aider. “En 2003, tout était prêt pour m'élancer au-dessus de la Crau, la seule zone en France où l'espace aérien est dégagé mais les autorités françaises m'ont bloqué“, raconte-t-il dans La Provence. “Nous n'avons plus de couilles dans ce pays. J'ai écrit à quatre présidents pour mon projet. Seul Mitterrand m'a reçu parce que ma mère avait été femme de ménage chez son conseiller François de Grossouvre“, poursuit-il."...
 
 BREITLING : trois semaines après la fable du chasseur de grizzlis en Alaska, toujours pas le moindre mot d'explication ou de justification de Breitling à propos de ce qui semble bien être un des bidonnages marketing les plus ratés de ces dernières années (Business Montres du 9 octobre : à l'époque, nous posions la question ; aujourd'hui, on ne mettrait pas l'info en mode interrogatif !). Des dizaines de médias perroquets avaient repris l'information sans sourciller (il suffisait de consulter la presse de l'Alaska pour avoir des doutes à propos d'une fabel qui sentait le montage à plein nez), mais seule une poignée de ces "victimes" de Breitling USA – dont Le Blog des Montres et Hodinkee, qui a retiré la page : coup de chapeau ! – ont accepté de revenir sur leur publication. Perseverare diabolicum !
 
 ARCHIVES : un entretien sur le temps et ses usages avec Franco Cologni (fondateur de la FHH), pour lequel "le retard est l'impolitesse des rois" (Business Montres du 20 octobre). Une rectification au passage d'une erreur passée inaperçue à l'époque des lecteurs du "Meilleur des montres" (supplément horloger de L'Express) : la citation « Tout le temps qui n'est pas consacré à l'amour est perdu » attribuée par Franco Cologni au Tasse "dans son Roland Furieux" est bien du Tasse, mais on trouve cette phrase dans La Jérusalem délivrée (1580). Le Roland Furieux est un poème de l'Arioste (1516)...
 
❍ JAMES BOND : c'est bon, on a compris, c'est pour cette semaine, plus que quelques jours à attendre avant de découvrir Skyfall, l'épisode des cinquante ans de 007 au cinéma. Pour supporter cet insupportable attente, une nouvelle bande-annonce de deux minutes. À déguster sans modération. Voir également Le Figaro : "La légende continue" (tous les marqueurs identitaires de la série et des indiscrétions recueillies sur le plateau de tournage du film)...
 
 SLICK (ART FAIR) : En parallèle de la FIAC (Foire Internationale d’Art Contemporain), Slick Art Fair présentait jusqu’au 21 octobre dernier sa sélection de « nouveaux talents » au Garage Turenne (Paris 3e). Avec un amour commun pour les belles choses, il ne nous en fallait pas plus pour parler montres avec Johan Tamer-Morael, fondateur et directeur de Slick, au lendemain de la foire (portrait d'un amateur pas comme les autres : Timefy)...
 
❍ TITAN : premier horloger indien et septième groupe mondial en termes de volumes, le groupe Titan se lance dans l'ultra-léger en titane, avec une montre Edge dessinée comme une pièce de nouvelle génération. 36 g et moins de 4 mm d'épaisseur, avec un mouvement manufacture qui ne dépasse pas les 1,1 mm d'épaisseur (technologie HTSE développée par Titan : High Technology Self Energized). Prix entre 200 et 300 euros, ce qui est très prometteur sur ce segment de marché (image ci-dessous)...
 
 SUPPLÉMENT HORLOGER (GQ) : depuis quelques années, Business Montres a plus que des doutes sur les "suppléments horlogers", formule éditoriale pourtant acclimatée et développée en France par Grégory Pons, au début des années 2000. Argument majeur : ces suppléments  – devenus frénétiquement publicitaires au fil des années – conviennent pour défricher un marché et l'aider à mûrir, pas pour entretenir une relation durable avec les publics d'une marque, surtout avec l'explosion de l'information sur Internet. Raison de plus pour ne pas bouder un supplément qui s'y prend autrement, pour nous raconter une belle histoire. Écoutons GQ (ci-dessous) : « Arsène Lupin aimait les montres. En juin dernier, un barman de l’hôtel où séjournait Rafael Nadal à Paris s’est introduit dans la chambre du tennisman au lendemain de sa septième victoire à Roland-Garros. Là, il ne lui pique pas sa raquette fétiche, mais une RM 027 Tourbillon. Un objet prêté à l’Espagnol par la marque Richard Mille, dont la valeur dépasserait les 500 000 €. L’appât du gain n’explique pas seul cet acte. Il y a dans ce geste très mal préparé – l’employé s’est introduit dans la chambre du champion avec son badge –, une part d’irrationnel et de passion. « "Cette montre pouvait changer ma vie. Je voulais la conserver car cela m’aurait porté chance d’avoir la montre de Nadal, tout simplement", déclarera le voleur au tribunal avant d’écoper de six mois de prison ferme. Ce simple fait-divers montre que la fascination exercée par les montres ne se dément pas. Ainsi, en début d’année, l’exposition X Fathoms de Blancpain à Genève a été visée par un groupe de cambrioleurs. En 2010 déjà, le patron de la Formule 1, Bernie Ecclestone, s’était amusé à lancer une campagne de pub après avoir été agressé et dévalisé : "Vous voyez ce que les gens sont prêts à faire pour avoir une Hublot !"» (en kiosque début novembre)...
 
 
  D'AUTRES ACTUALITÉS RÉCENTES...
Partagez cet article :

Restez informé !

Inscrivez-vous gratuitement à notre newsletter et recevez nos dernières infos directement dans votre boite de réception ! Nous n'utiliserons pas vos données personnelles à des fins commerciales et vous pourrez vous désabonner n'importe quand d'un simple clic.

Newsletter