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LUNDI : L'histoire des montres portables vient de gagner deux millénaires

C'est une révolution scientifique qui démode tous les manuels d'histoire de l'horlogerie ! L'usage européen de la montre personnelle et portable vient de gagner 2 000 ans. Un sacré grand bond en arrière... Pas si fous, ces Romains ! Ils portaient déjà des montres qui donnaient l'heure dans plusieurs fuseaux horaires...   ▶ LES QUESTIONS DE CE 360° DU LUNDILes réponses après la revenante ci-dessous...❏❏❏❏ JEANS : pourquoi …


C'est une révolution scientifique qui démode tous les manuels d'histoire de l'horlogerie ! L'usage européen de la montre personnelle et portable vient de gagner 2 000 ans. Un sacré grand bond en arrière...

Pas si fous, ces Romains ! Ils portaient déjà des montres qui donnaient l'heure dans plusieurs fuseaux horaires...

 
▶ LES QUESTIONS DE CE 360° DU LUNDI
Les réponses après la revenante ci-dessous...
❏❏❏❏ JEANS : pourquoi pas avec des saphirs baguette et de la fibre carbone, dans le style Hublot ?
❏❏❏❏ SUBVERSION : que nous apprennent les nouvelles Big Bang Jeans de la méthode Jean-Claude Biver ?
❏❏❏❏ GOURMETTE : best-seller historique, la Première de Chanel est-elle toujours la Première ?
❏❏❏❏ NEMO : pourquoi Thomas Prescher a-t-il logé son tourbillon trois axes dans un hublot vernien ?
❏❏❏❏ RUBAN : quelles sont les avancées esthétiques imaginées par Scott Devon pour sa Tread 2 ?
❏❏❏❏ HISTOIRE : est-on bien sûr qu'il n'y avait pas de montres portatives avant les montres modernes ?
❏❏❏❏ VOYAGE : et si les Romains avaient disposé de montres à heures du monde ?
❏❏❏❏ INDISCRÉTIONS : notées à la volée, en vrac, en bref et en toute curiosité (la séance de rattrapage, la tentation horlogère de Vertu, les secrets de l'acier 904L de Rolex, l'ancre en or d'un tourbillon Armin Strom, les chauve-souris de Lalique, le programme de la chaîne images, le détournement corruptif de 20 % du budget chinois, la réédition d'un classique du bricolage horloger, les évolutions de la Santos chez Cartier, etc.)... 
 
CHANEL PREMIÈRE
Pourquoi Chanel redouble sa Première...
◉◉◉ Il faut toujours être prudent quand on retouche le pilier historique d'une collection : depuis un quart de siècle, la Première – lancée par Chanel en 1987 – était à la fois la grande soeur et la petite cousine d'une offre horlogère outrageusement dominée par la J12. Il était temps de lui offrir une petite touche de modernité, sans la tuer, sans la trahir, mais aussi sans l'affadir –entretemps, la mode est revenue aux petites montres féminines ! Ce qui est étonnant, c'est la permanence d la touche avant-gardiste de cette Première : pionnière, elle était en 1987, avec son rectangle à pans coupés [au choix : la place Vendôme ou le bouchon d'un parfum n° 5 ?] et son bracelet gourmette ; pionnière, elle devait rester. Il suffisait donc – mais cela n'a guère demandé que trois ans de retouches très fines inlassablement reprises et corrigées – d'amincir cette Première en réduisant l'épaisseur de son verre saphir, de lui ajouter quelques millimètres et de retravailler les maillons de son bracelet (devenus très facilement réglables). Avec une autre bonne idée au passage : la déclinaison en deux tailles (28 mm et 22 mm) parfaitement harmonisées dans toutes leurs dimensions. Chanel a même conservé l'esprit "jaune" de la première Première, qui s'offrait un plaqué or qui ne fait plus du tout : ce sera donc acier, or jaune et or gris, avec quelques incursions dans le serti (on peut découvrir la version totalement sertie neige, d'un incroyable effet visuel, dans notre séquence Côté marques du 16 février). Et le prix est resté relativement raisonnable, puisqu'on commencera à 3 300 euros – ce qui est tout de même, en monnaie constante, pas loin du double de la Première de 1987, il est vrai en plaqué ! Ensuite, il suffit de laisser la magie Chanel opérer et se faire plaisir avec la vidéo contextuelle ci-dessous : quelle femme n'aurait pas envie d'une seconde Première à son poignet pour intégrer le bataille des jolies filles qui jouent du charme et du poignet dans un Paris de chromo sociétal. Montre de mode : oui, à 100 %, mais elle prouve que Chanel comprend mieux que tout le monde ce qu'est l'esprit de la mode quand il vient aux montres. Que les esprits chagrins qui estiment que Chanel reste une griffe couturière, sans légitimité horlogère, découvrent la version Tourbillon de la Première, avec son camélia volant (vidéo sur Business Montres Vision) : elle n'a guère reçu que le Grand Prix d'horlogerie de Genève, catégorie "Montre de femme" !
 
 
 
 
▶ HUBLOT BIG BANG « JEANS »
Le luxe horloger redécouvre le « jean »...
◉◉◉ On pourrait s'interroger sur les raisons qui ont empêché l'horlogerie suisse – qui se veut si contemporaine et si éprise de modernité – de travailler la toile denim. Ce bon vieux jean « de Nîmes », qui était peut-être aussi « de Gênes » (ce qui donne Jeans en dialecte yankee) est, depuis un demi-siècle, le symbole textile le plus éclatant de cette modernité : il a longtemps donné le signal d'une rebellion contre l'ordre établi. Quand Tina Zegg (Zegg & Cerlati, Monaco) a proposé à Jean-Claude Biver de créer une collection « Big Bang Jeans », confectionnée à partir de vrai toile de jean, ce dernier ne pouvait qu'accepter : il s'est souvenu qu'il avait été, lui aussi, un de ces hippies qui voulaient refaire le monde et qui vivaient en jeans dans des communautés [si vous avez raté cet épisode de la saga bivérienne : il la raconte dans une conférence donnée récemment à Barcelone]. Donc, en avant pour trois « Big Bang Jeans », choisies en deux boîtiers : une Big Bang acier de 41 mm à bracelet et cadran en jean ; une Big Bang Jeans en 41 mm, sertie diamants (Jeans Diamonds) ou sertie de saphirs baguettes (Jeans Carat) et une montre de plongée Oceanographic 4000 en 48 mm (fibre de carbone), toujours avec bracelet en toile de jean cousue sur caoutchouc noire et cadran en toile de jean prise sous epoxy [le jean provient de la fabrique italienne qui fournit les grandes marques de luxe]. Pour l'anecdote : le jean de ces montres en série limitée (2 x 250 + 1 x 21 pour l'Oceanograph) provient en partie des propres jeans de Dsquared de Tina Zegg : en très petite partie seulement, la jolie Tina ne devant pas dépasser la taille 36, la supply chain logistique se trouve vite à court de matières premières issues de son vestiaire ! On a échappé au jean Prada et jean au Victoria Beckham, qui n'avaient pas la bonne nuance de denim... Pilier de toute garde-robe contemporaine, le bleu délavé du jean – jamais démodé, mais si facile à patiner – plaît aux femmes comme aux hommes : ces audacieuses Big Bang [transgressives dans l'univers du grand luxe horloger et joaillier] n'en seront que plus intemporelles. La Jeans Carat (saphirs baguette bleus) est une réussite esthétique totale.L'Oceanographic traitée en jeans plaira aux messieurs qui offriront la Jeans Carat aux dames qui leur plaisent...
 
 
◉◉◉ Le lancement de cette série limitée boutique (exclusivité Zegg & Cerlati l'espace d'une saison) est un élément de réflexion supplémentaire sur la méthode Biver, dont les lecteurs de Business Montres suivent régulièrement l'analyse (le 1 + 1 = 3, la trilogie saturation-répétition-concentration, le trinome premier-unique-différent, etc.). À partir d'un design qu'on a fini par rendre facilement identifiable dans son style [celui de la Big Bang, positionnée comme l'Oyster du XXIe siècle, Hublot prenant la place de Rolex], parce que toujours le même sans jamais l'être par la magie de la personnalisation des éditions limitées, il ne s'agit pas de « casser les codes » pour le plaisir de se différencier, mais de les emprunter à l'air du temps pour les détourner, les recombiner et les compiler. Le style contemporaine est celui d'une avant-garde sans prise de risques, qui joue sur le rhabillage permanent et opportuniste des éléments de langage proposés par la modernité – surtout si les concurrents n'ont pas osé s'avancer sur ce terran [être le premier, unique et différent !]. La disruption naît de l'amalgame des codes, et non de l'invention de nouveaux codes. Montre de luxe + jeans, saphirs baguette + jeans, montre de plongée en fibre de carbone + jeans, bracelet en jean + cadran en jean, Monaco + jean : autant de signifiants dont l'association déflagrante (ou pensée et voulue comme telle) provoque une réaction en chaîne qui sature l'espace mental de la cible, surtout quand elle est répétée par une communication haletante (plus de 280 communiqués officiels ou annonces de ce genre dénombrés en 2012) et concentrée sur quelques médias qui verrouillent cette cible. Il n'y a pas révolution, il y a subversion de l'ordre établi – ce qui était la principale force des jeans dans les années 1950 et 1960 et ce qui est le pied-de-nez permanent de Hublot à la haute horlogerie depuis 2005...
◉◉◉ Pour tout savoir sur le lancement de cette montre, minute par minute, petite cuillère par petite cuillère au buffet, flocon de neige par flocon de neige (l'Engadine a a beaucoup à revendre) sur les pistes : le blog de Florence Jacquinot, plus blogueuse de mode que jamais (camaïeu de mauve, parme et violet, moonboots comprises)...
 
 
 
 
DEVON TREAD 2
Toujours aussi déroulante que délirante...
◉◉◉ Très attendu, mais un peu retardée, la seconde génération de la Devon Tread imaginée en Californie par Scott Devon arrive enfin sur le marché : ce n'est plus qu'une question de jours ! Pour les lecteurs de Business Montres, qui étaient au parfum depuis février dernier (le 17 pour être précis, soit presque un an jour pour jour : voir notre image de l'époque, ci-contre !), la forme tonneau ne sera pas surprenante. Surtout pour une équipe aussi créative que celle de Scott Devon, dont nous avions également révélé – à sa grande surprise : il ne pensait pas qu'on s'intéressait à lui en Europe – le projet Tread 1 (avant-première Business Montres du 21 avril 2010) : « Sans jamais avoir touché à l’horlogerie, ces Californiens se permettent de magistrales "complications" de style nouvelle génération, mais à des prix accessibles ». En 2010, cette montre avait d’ailleurs été distinguée au Grand Prix de Genève. Avec la Tread 2, l’équipe de Devon densifie son message horloger : même principe d’affichage déroulant de l’heure, mais avec une lisibilité fonctionnelle nettement améliorée, et même renforcée par une esthétique elle aussi encore plus horlogère. On y décèle des influences aéronautiques directes, quoique passées au crible d’une nouvelle culture de la haute horlogerie mécanique. Après l'épais carré de la première Tread 1, le tonneau finement redesigné de la Tread 2 prouve un grande maturité, de même que la mise en valeur des éléments mécaniques de ce mouvement animé par un cristal de quartz à compensation thermique (deux micro-moteurs alimenté par une pile lithium-polymère rechargeable sur socle). Les « rubans » (nouveau composite) sont entraînés par des poulies non lubrifiées, grâce à des rouages empierrés de type horloger. L’avant-gardisme de la Tread 2 (ci-dessous : la pièce définitive) résulte, en fait, de son rééquilibrage dans les codes classiques de la montre européenne : les volumes sont ordonnés autour de la présentation pédagogique de l'heure. Les lignes sont harmonisées : la montre est rendue encore plus portable par ses nouvelles dimensions plus « apaisées ». Livraison espérée cet été, avec quatre couleurs assorties (dont une à boîtier-bracelet blancs : à découvrir sur la page Facebook de la marque)...
 
 
 
 
INTERROGATION
Les montres portatives, de l'Antiquité à nos jours...
◉◉◉ Tout le monde est d'accord pour situer l'apparition de la montre-bracelet à la fin du XIXe siècle, même s'il a pu en exister ici et là quelques spécimens auparavant, de la Renaissance à nos jours. De même, tout le monde est à peu près d'accord pour situer l'apparition des premiers objets du temps portatif (autour du cou, à la ceinture) à la fin du Moyen-Age, ces objets se transformant très vite en montres de poche. On peut néanmoins se poser la question de l'existence d'autres objets du temps, non mécaniques, mais portables et capables de donner l'heure avec une très satisfaisante précision [au moins supérieure à celle des montres de poche d'avant la fin du XVIIe siècle]. Il n'est pas question ici des sabliers, des clepsydres ou des cadrans solaires monumentaux, mais bien de garde-temps individuels et portables au quotidien – on dirait aujourd'hui nomades ! Une récente exposition du musée de Picardie (Amiens) se penche ainsi, jusqu'à la fin mars, sur "Le Temps des Romains". On découvre ainsi que les Romains utilisaient – pour des raisons civiles, administratives, commerciales ou militaires – des mini-cadrans solaires portatifs, à suspendre, qui donne l'heure à une dizaine de minutes près, voire moins quand on sait s'en servir. Les "montres antiques" (sous forme de médaillons) pouvaient également indiquer le mois et la date, en fonction de la latitude si on la connaissait (ci-contre : le cadran de Bratislava). L'utilisation de cette "horloge des bergers" graduée, en bois ou en os, qui existait encore dans les campagnes voici quelques années, est attestée depuis l'époque romaine (image en haut de page, au-dessus du sommaire). Ces "montres portatives" – effectivement destinées à montrer l'heure, tout comme leurs descendantes européennes à quinze siècles de distance – étaient connues dans tout le monde antique : on pourra consulter, à ce sujet, le passionnant numéro de décembre 2012 des Dossiers d'archéologie, consacrés au Temps des Romains.
◉◉◉ L'usage privatif de ces objets du temps portatifs disqualifie la thèse classique de la permanence d'une maîtrise régalienne du temps par les prêtres et les puissants de ce monde : d'après les historiens de la reconquête du temps (notamment Dominique Fléchon : La Conquête du temps),  l'explosion de l'horlogerie mécanique s'expliquerait par le souci des nouvelles élites urbaines et bourgeoises de se réapproprier la maîtrise d'un temps monopolisé par les élites politiques et religieuses, en vue de le privatiser et de le décartelliser pour dynamiser la croissance des échanges économiques. Si les Grecs et les Romains disposaient de "montres portatives" à technologie solaire ou stlellaire [certaines de ces "montres" étant utilisables la nuit avec des tables astronomiques capables de calculer la hauteur des astres dans le ciel], le temps aurait été apprivoisé par la société civile bien avant le développement des villes dans l'Europe médiévale. Les "montres" sont donc bien plus anciennement consubstantielles aux cultures développées et aux Européens qu'on ne l'imaginait jusqu'ici : leur technologie a moins changé que leur intemporelle forme ronde [tout une programme !], mais la passion du temps n'a jamais disparu, même dans les grandes convulsions qui ont obscurci les siècles postérieurs à la chute de l'empire romain. À méditer...
◉◉◉ Plus fort encore : ces objets du temps personnels étaient des... montres GMT, comme on dirait aujourd'hui ! Ils permettaient de lire l'heure dans différents "fuseaux horaires" : même si ce concept n'existait évidemment pas à l'époque, les Anciens connaissaient parfaitement les latitudes des villes d'Europe, dont il existait des "tables" parfaitement documentées, et les différences que ces latitudes induisent dans la lecture de l'heure en fonction de l'ombre du soleil. Ces disques-cadrans solaires – qui sont donc les premières "montres" de l'Antiquité – s'appelaient des horologia viatoria ("horloges de voyage"), dénomination qui affirme clairement leur fonction de garde-temps nomades et de "montres de voyageurs" – ce qui est très exactement la définition contemporaine d'une montre-bracelet à multiples fuseaux horaires. Ces horologia viatoria étaient utilisables dans plusieurs villes différentes de l'empire romain, dont ils indiquaient la latitude qui permettaient de les régler pour lire l'heure solaire avec une enviable précision. Ces latitudes étaient gravées sur les disques dont on a retrouvé plusieurs exemplaires dans toute l'Europe, à l'image du cadran de Berteaucourt-les-Dames, retrouvé en France (ci-dessous et cartouche en haut de page : cliché Hugo Martens). Exactement comme les disques horaires des montres GMT contemporaines : la ressemblance avec le disques des heures de la récente Greubel Forey GMT (ci-contre) est même stupéfiante, à deux millénaires de distance...
 
 
 
 
▶ THOMAS PRESCHER
Un nouveau tourbillon pour le capitaine Nemo...
◉◉◉ La récupération horlogère de Jules Verne est une tentation permanente pour les marques de montres, qui ont mis longtemps à comprendre le potentiel rétrofuturiste de l'écrivain et de ses mythèmes. Récemment, on a ainsi vu Louis Moinet et RJ-Romain Jerome se lancer à la conquête de l'imaginaire vernien, qui avait été largement mobilisé, depuis quinze ans, par un créateur comme Vianney Halter. Même Panerai s'y était risqué il y a quelques années. Entre Jules Verne et la Suisse, l'histoire d'amour est ancienne : avec la création d'un espace comme la "Maison d'Ailleurs" d'Yverdon et toutes les histoires de montres qu'on trouve dans les Voyages extraordinaires, il est d'ailleurs étonnant que le filon n'ait pas été davantage exploité. Thomas Prescher, de son côté, avait dédié au capitaine Nemo une collection, en commençant par un modèle destiné aux matelots du Nautilus. Voici maintenant la montre du capitaine Nemo en personne, avec tout un storytelling qu'on dirait écrit pour la suite des 20 000 lieues sous les mers : on s'y croirait ! Pour le misanthrope du Nautilus, rien de moins que le tourbillon triple axe déjà utilisé par Thomas Prescher pour des créations déjà très steampunk : gravées et vissées, les appliques qui se patineront, le mariage hyper-technique du bronze, de l'or rouge, du palladium et de l'acier, la couronne en volant d'inertie façon locomotive, le tourbillon en lévitation dans son hublot sous un dôme en saphir, ça marche toujours ! En 44 mm pour 12 mm d'épaisseur (4 mm supplémentaires pour le dôme), ça reste portable. L'heure sautante dans le guichet façon transmetteur d'ordres, ça fonctionne également. Les amateurs ont le choix : s'extasier sur ce tourbillon artisanalement génial, se faire plaisir avec le style archéo-moderne de la montre ou jouer sur les deux tableaux sans bouder leur plaisir...
 
 
 
 
◀▶ LES INDISCRÉTIONS DU JOUR
Notées à la volée, en vrac, en bref et en toute liberté... 
 
◉◉◉ SÉANCE DE RATTRAPAGE : beaucoup d'informations à ne pas manquer la semaine dans Business Montres, notamment dans la fin d'une semaine marquée par le coup de foudre Babin (chaises musicales chez LVMH, avec un changement de cavalier entre TAG Heuer et Bvlgari). Il aurait été dommage de passer à côté de...
Ces doutes qu'on peut avoir sur la iWatch d'Apple (12 février), avec un complément circonstancié : Les blogueurs sont-ils des blagueurs ? (14 février)...
Cette horloge solaire qui marque les heures et les minutes, même sans soleil, en nous replaçant dans les rythmes naturels de la perception du temps (13 février)...
Ces Box qui devraient être (mais qui ne sont pas) la nouvelle tendance du marketing horloger (15 février), alors qu'elles correspondent idéalement aux attentes d'une nouvelle génération d'amateurs...
Ces embrouilles judiciaires autour de cette nouvelle iSwatch, qui concurrence (pour l'instant sans connectivité) une possible iWatch d'Apple et les montres Ice-Swatch (15 février)...
Et toutes nos chroniques habituelles de la fin de la semaine : Atlantic-tac (l'actualité horlogère en liberté : 15 février, Saison 1, #30), À découvrir (les sept montres de la semaine : 16 février, Saison 1, #20), Le petit dictionnaire de l'horlogerie (séquence Archives : 16 février, #23), les nouvelles montres de la semaine, les analyses ponctuelles, les potins, les chaises musicales, les révélations, les indiscrétions, Business Montres Vision et tout le reste (Le sniper du vendredi, 15 février ; Le zapping du mercredi, 13 février), etc.
 
◉◉◉ LALIQUE : intéressante évolution de la marque, aujourd'hui entre les mains d'un investisseur suisse qui travaille à lui (ré)inventer un nouvel avenir – notamment dans la joaillerie et dans ses métiers traditionnels, mais pourquoi pas, demain, dans la montre. Quand des montres de poche signées Lalique ne se vendaient guère qu'autour de 150 000-200 000 euros il y a un an, on les voit aujourd'hui adjugées à 700 000 euros, comme cette montre à décors de papillons émaillés (camaieu de bleu et blanc) et de chauve-souris ciselées (au verso), avec une bélière sculptée en serpent. Une montre tout-à-fait dans la tendance "métiers d'art" de l'horlogerie genevoise contemporaine. La récente exposition de nombreuses oeuvres de Lalique au musée des Arts décoratifs (Paris) a permis à beaucoup d'amateurs de mieux comprendre l'importance artistique d'un René Lalique, qui avait à peu près tout compris, tout imaginé et tout osé avant la place Vendôme, dans tous les domaines de la joaillerie et des beaux-arts de la décoration appliquée aux objets du quotidien – on ne disait pas encore le life style. Comme quoi la requalification d'une marque ici et maintenant s'accompagne toujours, en parallèle, d'une revalorisation rétrospective de son patrimoine et de sa signature, l'une nourrissant l'autre et réciproquement...
 
◉◉◉ BRICOLAGE : réédition d'un grand classique du bricolage horloger,  Watch Repairing as a Hobby by D.W. Fletcher, qui avait été publié il y a près de soixante ans, et dont les amateurs attendaient avec impatience le retour. Les vrais aficionados se passaient sous le manteau des photocopies de cet ouvrage. C'est un livre court (près de 60 pages), mais très instructif et facile à lire (même en anglais) : on y apprend l'art de démonter et de remonter des montres anciennes, sans outillage délirant, pour les entretenir ou pour en comprendre les subtilités mécaniques. Avec toutes les anciennes montres de poche qui traînent sur les sites de vente non spécialisés, il est tout de même recommandé de s'entraîner d'abord et de se faire la main sur des pièces sans valeur avant de bricoler sa vénérable Patek Philippe (source : Amazon, moins de 10 euros)...
 
◉◉◉ BUSINESS MONTRES VISION : comme tous les semaines, une page Images pour compiler toutes les vidéos mises en circulation sur notre chaîne images (35 clips pour cette septième semaine de l'année)...
 
◉◉◉ VERTU : le style horloger parviendra-t-il à enrayer le déclin de Vertu ? La nouvelle version déclinée en logique Android 4.0 est positionnée à 10 000 dollars, avec un style modernisé (titane grade 5, céramique et cuir), plus léger et doté de fonctionnalités étendues (appareil photo 8 mégapixels, système audio Bag & Olufsen, navigation étendue). Soit un smartphone de luxe, toujours avec service de conciergerie, mais dont l'écran joue la montre, histoire de ne pas rougir face aux téléphones mécaniques de Celsius X VI II...
 
◉◉◉ PASSION HORLOGÈRE : lancement d'une intéressante Saga Rolex, avec un premier épisode consacré à l'acier 904L et quelques détails mal connus à ce sujet. "Le processus de fabrication de l’acier 904L requiert la plus grande rigueur. Après une première coulée, l’alliage est refondu sous vide pour être purifié et débarrassé de toute inclusion qui diminuerait sa résistance à la corrosion et entraînerait des imperfections au polissage. Grâce à son laboratoire central, Rolex contrôle strictement en interne la qualité de chaque coulée d’acier 904L qui lui est fournie, notamment au moyen d’un microscope électronique à balayage permettant de détecter jusqu’aux plus petits défauts de structure et de surface. Seules les livraisons d’acier qui répondent aux spécifications exclusives et extrêmement exigeantes de la marque intègrent la production... Rolex maîtrise en interne tout le processus de fabrication des composants en acier 904L de ses montres. Que ce soit pour le découpage des méplats, leur mise en forme par étampage ou l’usinage des composants, les caractéristiques physiques et la grande ténacité de l’acier 904L ont nécessité le développement d’outillages spécifiques et de méthodes de travail particulières. Des traitements thermiques facilitent la mise en forme de la matière. Des outils très durs, certains en carbure de tungstène et revêtus de couches antiusure, ont été développés pour l’étamper. Ces opérations s’achèvent par un polissage qui confère à chaque pièce un aspect final, poli ou satiné, à nul autre pareil"...
 
◉◉◉ ARMIN STROM : la toute petite manufacture indépendante de Bienne rejoint le cercle très fermé des maisons capables de (vraiment) concevoir et de (vraiment) réaliser leurs propres mouvements régulés par un tourbillon. Le nouveau calibre tourbillon ATC11 se distingue par un montage où le balancier et les pignons des secondes sont positionnés sur le même axe (roue d'ancre et ancre en or, double barillet, remontage manuel). Armin Strom a développé des méthodes modernes de squelettisation [c'est sa spécialité], en intégrant les nécessités d'un design épuré dès les premières étapes de la fabrication du calibre, avant de les produire intégralement dans la manufacture. En 44 mm, la collection tourbillon reste influencée, dans ses multiples déclinaisons, par les quatre éléments : eau, terre, air et feu (détails complémentaires sur la fiche technique à télécharger)...
 
◉◉◉ MILLIARDAIRES ROUGES : très instructive, la lecture de Chine, les nouveaux milliardaires rouges (L'Archipel), de Laure de Charette et Marion Zipfel ! On y découvre l'ampleur de la corruption qui a gangréné la société chinoise, son économie capitaliste (celle des milliardaires privés) et même son système politique, au point que l'ancien Premier ministre Wen Jiabao avait estimé, en mars 2012, devant le Conseil d’État, organe exécutif suprême, que "la plus grande menace pour le parti au pouvoir est la corruption... Si cela n’est pas réglé proprement, précisait-il, le problème pourrait aboutir au changement du régime politique, voire y mettre fin". La corruption des entrepreneurs est devenue si banale en Chine que c'est désormais la non-corruption qui étonne ! La Chine est 75e sur 183 en matière de lutte contre la corruption, avec une note de 3,5 sur 10, selon Transparency International, qui ne s’intéresse qu’à la corruption dans les entreprises publiques. Un audit commandé par le gouvernement a révélé que 20 % du budget de l’État est détourné chaque année. En 2010, 140 000 enquêtes visant des cadres dirigeants du Parti et des fonctionnaires de l’État ont été lancées. Bref, les montagnes de yuans – mêmes sous-évalués – ne sentent vraiment pas bons et on se demande comment le nouveau Politburo, qui multiple les déclarations d'intention et les effets d'annonce, pourrait y changer quelque chose. Laure de Charette est la correspondante du Nouvel Économiste à Singapour depuis 2010. Marion Zipfel, diplômée en politique chinoise de la Chinese University of Hong Kong, vit à Singapour et collabore notamment à L’Expansion, ainsi qu’à plusieurs magazines spécialisés sur la Chine.
 
◉◉◉ CARTIER : les évolutions stylistiques de la Santos de Cartier sur Revo-Online, avec une intéressante synthèse diachronique, mais pourquoi l'auteur, qui a l'air de connaître son sujet, s'obstine-t-il à ne parler que de la "Santos Dumont" ? Voir également : "Cartier, ses secrets, ses symboles" (3min30). Et, puisqu'on en est aux exercices de mémoire, une amusante facture de Cartier Pasha vendue en 1995 à Chronopassion et récemment retrouvée par Laurent Picciotto...
 
◉◉◉ VICTORINOX : le papy suisse fait de la résistance ! Un des clips de promotion horlogère les plus réussis de ces derniers mois (cliquez sur l'ardoise d'Heidi pour le découvrir), parce qu'il réussit à faire comprendre ce qu'est le désir pour une montre tout en célébrant les vertus et les valeurs de la Suisse éternelle. Beaucoup de marques devraient s'en inspirer au lieu de ressasser le discours "Il était une fois dans la vallée" (chronique et explications : Genevois rien venir)...
 
 
 
D'AUTRES SÉQUENCES RÉCENTES
DE L'ACTUALITÉ DES MONTRES...
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