LUNDI + MARDI (accès libre) : « Le futur existe-t-il déjà dans l’avenir ? » (profitons des vacances pour réfléchir un peu plus loin que nos poignets)
Le 23 / 12 / 2014 à 10:22 Par Le sniper de Business Montres - 6003 mots
Encore des questions sur les smartwatches chez TAG Heuer : avait-on vraiment exploré tous les scénarios avant de risquer une maison de 150 ans dans l'incertaine bataille du wearable tous azimuts ? Heureusement, Baume & Mercier tient sa Promesse et Breguet enrichit sa Tradition...
Ces jours-ci, le Sniper du lundi a...▶▶▶ COMPILÉ la traditionnelle séance de rattrapage …
Encore des questions sur les smartwatches chez TAG Heuer : avait-on vraiment exploré tous les scénarios avant de risquer une maison de 150 ans dans l'incertaine bataille du wearable tous azimuts ? Heureusement, Baume & Mercier tient sa Promesse et Breguet enrichit sa Tradition...
Ces jours-ci, le Sniper du lundi a...▶▶▶ COMPILÉ la traditionnelle séance de rattrapage pour les lecteurs distraits ou ceux qui seraient déjà partis en vacances... ◉◉◉◉ JEAN-CLAUDE BIVER EN POMPIER DE SERVICE : les bonnes questions à se poser sur la présidence de Jean-Claude Biver chez TAG Heuer, avec les interrogations qui s'imposent sur les contraintes, les limites et les fenêtres de tir de sa nouvelle mission, avec quelques révélations en prime sur la suite des opérations et des explications supplémentaires pour ne rien manquer du dossier le plus chaud du moment... ◉◉◉◉ LE BLOG FOUDROYANT QUI SENT LA POUDRE : avec Foudroyante, Malik Bahri joue les franc-tireurs impitoyables... ◉◉◉◉ BREGUET ET MARIE-ANTOINETTE : on ne sait peut-être pas tout sur la montre la plus mystérieuse de l'histoire horlogère... ◉◉◉◉ LES PUBLICITÉS BOMBERG : comment garder la tête froide en espérant un haut les mains ? ◉◉◉◉ QUI VEUT LA PEAU DE MERCURY ? Les persécutions douanières d'un grand acteur du luxe est-européen (personne n'en parle, mais c'est grave) ! ◉◉◉◉ LES AMBASSADEURS À LUCERNE : ne le répétez pas, mais les concurrents locaux ne s'y attendaient pas... ◉◉◉◉ LES CHAISES MUSICALES : ça donne le tournis, ici et là , mais encore là et là dans l'univers des montres et du luxe horloger... ◉◉◉◉ LE SOUTIEN-GORGE À DEUX MILLIONS DE DOLLARS : de la haute joaillerie pour les poumons bien ventilés... ◉◉◉◉ L'EXPERT LE PLUS NUL DE LA SUISSE : il croit que les Chinois ne fabriquent que quelques dizaines de millions de montres... ◉◉◉◉ MONTBLANC + VACHERON CONSTANTIN : les heures du monde qui regardent la copie du voisin... ◉◉◉◉ SMARTWATCHES : la bonne idée qui peut soulager les poignets et une iWatch de haute joaillerie qui sera facturée 30 000 dollars... ◉◉◉◉ LES INTERNAUTES QUI TACLENT : ils ne respectent plus rien, et surtout pas les journalistes horlogers quand ils sont vaseux ou vaniteux... ◉◉◉◉ BRISTON EN PLEINE FORME : la nouvelle marque française qui accélère... ◉◉◉◉ LES GRANDS POÈMES ÉPIQUES DE LA FH : quels créateurs lyriques, ces commentateurs des statistiques d'exportation ! ◉◉◉◉ LA PETITE CULOTTE QUI DONNE L'HEURE : on a trouvé comment porter sa montre analogique quand les smartwatches auront conquis les poignets... Ces jours-ci, le Sniper du lundi a aussi...▶▶▶ NOTÉ quelques informations à la volée, en bref, en vrac et toujours en toute liberté... ◉◉◉◉ BAUME & MERCIER TIENT SA PROMESSE : il y avait longtemps que la marque du groupe Richemont n'avait pas connu un tel « coup de chaud » sur une des montres de ses collections. Pour cette fin d'année, alors que la pièce arrive à peine sur les marchés, c'est la nouvelle série des Promesse qu'on s'arrache un peu partout dans le monde, où elle est présentée à un prix sans excès [voire même très attrayant] et avec un design lui aussi sans excès – mais qui sait lui aussi rester atttrayant. Secret de cette Promesse (ci-dessus et ci-contre, avec la vidéo ci-dessous) : elle rassure ! Sa ligne répond au souci des femmes de porter une montre qui soit dans les temps tout en restant de son temps. Elle reprend le style classique de l'âge d'or des montres mécaniques, en deux tailles (30 et 34 mm) qu'on sent contemporaines, encore une fois sans excès, avec ce qu'il faut de nacre, de touches d'or et même de diamants pour créer un style sobre et précieux. Une Promesse qui est fondamentalement un miroir où chaque femme peut projeter une part de sa personnalité : c'est, au meilleur sens du terme, la montre des « belles occasions », de 17 à 77 ans... ◉◉◉◉ RECHERCHE PANERAI, DÉSESPÉRÉMENT : aurait-on retrouvé la piste secrète des montres Panerai qui avaient « disparu » des statistiques de la marque ? On sait qu'Angelo Bonati est très habile pour jongler avec les chiffres, à tel point que tout le petit monde des initiés, y compris ses anciens collaborateurs, le soupçonne de produire beaucoup plus – 10 %, 15 %, 20 % ? – de montres qu'il ne l'avoue, en minorant son offre pour accentuer l'image de rareté et d'exclusivité de sa marque [estimation Business Montres de cette production : 65 000 à 70 000 montres par an]. Tribune de Genève nous révèle qu'un des employés des ateliers de Panerai reconstruisait de vraies-fausses montres en réutilisant des pièces et des composants volées dans ces ateliers... ◉◉◉◉ BREGUET SE RISQUE DANS LE RÉTROGRADE : il manquait à la Tradition de Breguet (la plus rétro-futuriste des montres de la marque, et donc un de ses meilleurs chevaux de bataille commerciaux, une seconde rétrograde, coquetterie mécanique qui n'est ni vraiment nouvelle, ni vraiment spectaculaire, mais elle sied parfaitement à une montre dont le concept permet d'acclimater à peu près n'importe quel dispositif horloger pourvu qu'il soit un peu spectaculaire. Style impeccable pour cette référence 7097 de haute mécanique, qui sait respecter les traditions tout en les transcendant (seconde rétrograde à 10 h, échappement au silicium, etc.). Seul le prix (dans les 32 000-35 000 euros) fait frémir !
◉◉◉◉ CHAISES MUSICALES (1) : un nouveau CEO pour la jeune marque indépendante Bomberg (lancée non sans succès par Rick de la Croix). Giancarlo Mantuano (ex-Girard-Perregaux, ex-RJ-Romain Jerome, ex-Jaquet Droz) s'installe pour installer la marque dès le début de l'année. Ce qui prive indirectement Sowind (Girard-Perregaux et Jeanrichard, groupe Kering) de sa direction des ventes internationales... ◉◉◉◉ CHAISES MUSICALES (2) : au hit-parade des groupes qui usent et abusent des chaises musicales, les Français de Kering. En 2014, François-Henri Pinault aura remplacé la moitié de ses managers de haut niveau (à commencer par Gucci et Puma, mais aussi chez Brioni, Bottega Veneta, Sowind, Sergio Rossi, Christopher Kane, Pomellato, etc.). Et il ne nous a d'ailleurs pas tout dit : Business Montres (15 décembre) révélait ainsi récemment le changement à la tête du joaillier sino-français Qeelin. D'autres têtes devraient d'ailleurs tomber chez Kering, y apparaître ou y changer : le tout est de ne pas donner aux analystes financiers de vagues inquiétudes ou des signaux confus concernant le pilotage des marques du groupe et leurs sacro-saints résultats opérationnels. Les autres annonces seront probablement distillées en janvier ou avouées par François-Henri Pinault lors de la présentation de ses comptes 2014, clôturés fin décembre... ◉◉◉◉ QUEL BERCEAU POUR LES MONTRES AUTOMATIQUES ? Alors qu'un nouveau CEO s'installe chez Perrelet (Business Montres du 18 décembre, un rappel utile de l'historien Joseph Flores, qui a compilé dans un document passionnant les multiples sources historiques dont nous disposons et qui mentionnent les premières montres automatiques de l'histoire (cliquez sur le lien pour y accéder), parfois avec l'image du mouvement de ces montres (ci-contre), sachant qu'on ne sait souvent rien des autres montres qui ne sont connues que par des allusions dans tel ou tel ouvrage. On sait que la marque Perreletn née dans les années 1990, a bâti son storytelling sur une revendication de l'invention de ce dispositif. On remarquera que la montre automatique attribuée à un certain « Perlet » n'arrive qu'en dixième position dans cette liste – celle de l'horloger liégeois Hubert Sarton, la seule à être à ce jour techniquement et scientifiquement documentée, arrivant en douzième position avec une source irréfutable. ◉◉◉◉ DONNER DU TEMPS AU TEMPS (LES ÉDITIONS DU TEMPS) : les images du haut de la page et ci-contre proviennent d'une des plus intelligentes revues qui aient jamais été éditées ces dernières années. Lancé par les Editions du temps, la revue Temps ne parle pas de montres, mais des différentes conceptions culturelles du temps, de tous ceux qui réfléchissent au temps et de la philosophie comme de l'histoire du temps. Cette revue n'existe encore que sous forme de PDF (on peut la commander chez son éditeur (lien ci-dessus), mais elle témoigne d'un souci de qualité qui honore ceux qui ont imaginé ce concept de revue en ligne. Dans le numéro 1 de Temps, le physicien Etienne Klein se demande ainsi : « Le futur existe-t-il déjà dans l’avenir ? » Le propos n'est pas anodin : « Telle est en définitive la question cruciale. Demain est-il déjà quelque part à attendre qu’on finisse par le rejoindre ? Ou n’existe-t-il pas du tout, du moins tant que la succession des instants présents ne sera pas parvenue jusqu’au point d’où il surgira hors du néant pour ensuite y retomber ? En attendant de pouvoir trancher ces questions, il faut bien vivre. Or, vivre implique d’accorder à l’avenir un certain statut. Mais lorsqu’on lit les journaux ou qu’on regarde la télévision, on a le sentiment que le présentisme tout envahi. Or il n’y a pas qu’aujourd’hui dans la vie… Alors, sans attendre que les physiciens accordent leurs violons, il faudrait concevoir une habile synthèse entre le présentisme et l’univers-bloc, les mélanger pour donner corps à l’idée que l’avenir constitue une authentique réalité mais qu’il n’est pas complètement configuré, pas intégralement déterminé, qu’il y a encore place pour du jeu, des espaces pour la volonté, le désir, l’invention. J’observe que certains attendent Godot (le retour de la croissance pour les uns, l’effondrement pour les autres), que d’autres s’amusent plus ou moins sérieusement avec le spectre de la fin du monde, que d’autres encore se disloquent en une sorte d’immobilité trépidante. Je pense qu’il serait plus fécond de redynamiser le temps en force historique. Par exemple en faisant le pari que l’an 2050 finira bien par atterrir dans le présent et en tentant de construire, entre nous et lui, une sorte de filiation intellectuelle et affective. Cela pourrait donner un peu plus de sens à nos actions présentes, et réinjecterait un peu de néguentropie aux vertus calmantes dans notre rapport collectif au présent. » ◉◉◉◉ RECYCLAGE, INSPIRATION ET REPOMPAGE : le metteur en scène artistique contemporain Jeff Koons – icône de l'art marchand – ayant les moyens de ses re-créations, le publicitaire français Franck Davidovici l'attaque en justice pour une contrefaçon d'une de ses créations pour Naf-Naf en 1985. L'inspiration est évidente (image ci-contre : à droite, l'interprétation par Jeff Koons), l'artiste se défendant à peine de trouver ses sujets dans l'air du temps. Apparemment, les créateurs horlogers sont moins sensibles à ces questions : depuis des décennies, les marques se repompent joyeusement les unes les autres. Au cours des quinze dernières années, tous les codes de la nouvelle génération, toutes leurs audaces esthétiques et toutes les inventions stylistiques des indépendants qui prenaient des risques créatifs ont été remâchés et recyclés par les grandes marques, qui piochaient par ailleurs allègrement dans leurs collections passées ou dans le musée de leurs concurrents. On a constaté le même phénomène pour la grammaire générale des campagnes de communication. Que se passerait-il si un Jeff Koons horloger [lequel ? Des noms !] était traîné devant les juges par un Davidovici de la montre ? Procédurier comme on sait l'être en Suisse, l'affaire ne manquerait pas de piquant... ◉◉◉◉ FOUDROYANTE SANS PARATONNERRE : sur son nouveau blog Foudroyante, Mali Bahri persiste et signe avec une analyse décapante de la Panerai PAM 521 à 72 000 euros en platine. Ce qui n'est pas câlin pour une HMS (heures-minutes-secondes), même avec un mouvement mécanique Minerva, dont il faut avouer que son exécution ne relève que de loin, et par temps de brume, de la haute horlogerie. Remarque de l'auteur : « Pour 80 plaques, t'as plus rien ! ». Commentaire final : « Côté mouvement, on a l'impression de se trouver face à une Frédérique Constant, mais au prix d'une Philippe Dufour ». Pour rester dans le même registre sémantique, le propre commentaire de Business Montres : « Ça sent vraiment le sapin pour Panerai si les plus Paneristi les plus idolâtres et les plus sodo-diptérophiles commencent à douter des paroles de l'Evangile selon saint Angelo Bonati »... ◉◉◉◉ LE SAUVAGE PTOLEMY ELRINGTON : cet artiste relève des grands méchaniciens inspirés, puisqu'il crée des sculptures mécaniques à base d'ingrédients automobiles – exclusivement des jantes et des enjoliveurs qu'il récupère au bord des routes, avec quelques carcasses de voitures en prime ! Ses animaux sont d'une expressivité brutale, mais très prenante (ci-dessous : un rapace on ne peut plus prédateur) : c'est l'irruption de la vie sauvage dans un univers automobile qui s'avère de plus en plus feutré et consensuel, à quelques modèles près. Du ferraillage esthétique et malicieux, où on repère une certaine jubilation : il faut acheter maintenant, avant que ce fou génial n'entre dans le silence funéraire des grandes collections. Rien de ce qui est mécanique ne nous est étranger ! ◉◉◉◉ LES ROLEX DE LA MARINE : la présidente du Front national, candidate à l'Elysée, est bien gardée. Son ange gardien, Thierry Légier, apprécie apparemment les Rolex – montre « à fort indice d'octane présidentiel » dans le système politique français. Attention, avec cette marque, ça ne se termine pas toujours bien pour les poignets présidentiels... Ces jours-ci, le Sniper du lundi a également...▶▶▶ RÉFLÉCHI à la nouvelle aventure électronique tentée par Jean-Claude Biver chez TAG Heuer... ◉◉◉◉ ON NE S'ÉTONNE PLUS DES ÉTONNEMENTS DE LA PRESSE SUISSE, qui vient de découvrir, quelques mois après les lecteurs de Business Montres, que TAG Heuer s'intéressait désormais de très près à ces smartwatches dont la même presse suisse nous jurait encore récemment – c'est normal quand on a décidé d'être « la voix de son maître » – qu'elles n'avaient aucun avenir et qu'elles ne représentaient aucun danger pour l'horlogerie suisse. La « voix de son maître » ayant changé et Jean-Claude Biver ne jurant plus que par le wearable pour ne pas perdre la « bataille du poignet », Le Temps frémit en reprenant une information de la télévision suisse sur le fait que ce même Jean-Claude Biver pourrait être en négociation avec Intel aux Etats-Unis. Là encore, Business Montres avait raconté les détails de cette affaire dès le 15 juillet dernier (ci-dessous) ! Ceci après une première explication le 6 juillet, et après une des nos chroniques Droit de Ré>Pons du 24 juin. On ne pourra pas dire que nous ne partageons pas les bonnes informations dont nous disposons. Rappelons aussi nos révélations du 15 décembre et nos analyses du 18 décembre sur la prise de commandement de Jean-Claude Biver chez TAG Heuer... ◉◉◉◉ DONC, QUOIQUE JEAN-CLAUDE BIVER NE PUISSE LE CONFIRMER officiellement, tenons pour acquis le fait que TAG Heuer soit en discussion avec Intel. Le géant américain de la puce électronique ne cache plus ses ambitions sur le marché de la connexion et du téléphone. Sa force réside déjà dans la maîtrise de la double architecture (PC Windows et Mac iOS) : on peut imaginer que ses prochaines propositions pour se faire une place dans l'univers de la connexion personnelle relèveront de cette approche universelle (non dédiée à un environnement de marque) du wearable : c'est probablement cet axe de travail qui intéresse TAG Heuer, sachant que la montre iWatch d'Apple ne fonctionnera qu'eà l'intérieur d'un système Apple et la montre de Samsung ne fonctionnera que sous Androïd. On peut cependant révéler à présent que TAG Heuer travaille également avec Qualcom et discute avec Motorola, Worldcom et Texas Instrument – entreprises en concurrence plus ou moins directe avec les grandes ambitions d'Apple et de Samsung. La mobilisation de toute l'énergie créative des nouveaux ingénieurs de R&D sera nécessaire pour évoluer au rythme frénétique de ce marché du wearable, qui constitue sans doute la nouvelle révolution numérique... ◉◉◉◉ QUESTION LÉGITIME : QUE VA FAIRE TAG HEUER DANS CETTE GALÈRE ? Si on ne peut que se féliciter de voir au moins une des grandes marques suisses (celles du Top 10) rompre avec le complexe de supériorité affichée jusqu'ici par l'industrie des montres face aux smartwatches, on ne peut aussi que s'interroger sur les risques pris par le groupe LVMH en opérant un tel virage stratégique sur une marque qui était la « poule aux oeufs d'or » de son pôle horloger. Depuis son rachat, en 1999, le groupe a largement remboursé son investissement initial et considérablement alourdi la valeur de la marque (estimée désormais à près de 3,5 milliards de dollars). Lancer cette machine de guerre – qui est aussi une cash machine – sur le terrain du wearable, face à des colosses comme Apple ou Samsung, c'est prendre une option périlleuse sur une bataille qui est loin d'être gagnée d'avance. On peut objecter que TAG Heuer n'avait plus le choix pour s'inventer un nouveau destin, alors que ces montres connectées peuvent submerger toutes les digues édifiées en Suisse (la « valeur intemporelle » des montres, le « savoir-faire irremplaçable » des horlogers, la « confiance indéfectible » des collectionneurs, etc.) : Jean-Claude Biver a choisi un échiquier à peu près déserté par les concurrents pour y appliquer ses principes opérationnels désormais classiques (être le premier, être unique, être différent). Si ça passe, ce sera le jack-pot et TAG Heuer pourra résister au tsunami, sinon surfer sur cette vague digne d'Hokusai. Si ça casse, que de dégâts dans les vallées et pour le groupe LVMH ! Or, ça peut casser : déjà, à la fin des années 1970, Heuer (qui n'était pas encore TAG) avait tenté de résister à la submersion du quartz, mais en perdant tout ou presque dans cette contre-offensive. Etait-ce à TAG Heuer d'assumer cette avancée en urgence dans la bataille du poignet ? La vista de Jean-Claude Biver est fameuse : contrairement à ce que suggèrent quelques bonnes âmes médiatiques habilement manipulées, ce ne sera pas le « combat de trop » pour le nouveau président de TAG Heuer (Business Montres du 18 décembre), mais l'aventure sera pleine de bruits et de fureurs... ◉◉◉◉ LE GROUPE LVMH N'AURAIT-IL PAS DÛ PRÉFÉRER prendre ce risque sur les smartwatches avec une autre de ses marques horlogères d'entrée de gamme (par exemple, celles de Taramax) ou n'aurait-il pas dû racheter à cet effet une marque déjà bien lancée sur la scène internationale ? On pense ici à Ice-Watch qui, pour une ou deux grosses poignées de millions d'euros, aurait pu assumer cette offensive face à Apple et Samsung, sans risque majeur pour la « vache à lait horlogère » du groupe. Ce n'est qu'un exemple, mais Ice-Watch avait tout pour plaire, à commencer par la liberté de manoeuvre créative, la dynamique, l'insolence et la taille, pour se déployer, avec l'aide de LVMH, sur le terrain international des montres connectées – au passage, en faisant la nique à Nick (Hayek), toujours empêtré avec Swatch dans l'entrée de gamme. En assurant la promotion d'une maison comme Ice-Watch, LVMH protégeait ses arrières tout en se projetant vers l'avant. Déti lrigolo : la puissante machine juridique de LVMH aurait eu les moyens de faire reculer Apple sur la dénomination « iWatch », trop proche de « Ice-Watch » dans la classe 14 (horlogerie). On ne joue pas impunément avec une marque qui affiche ses 150 ans et on a sans doute raté une belle occasion. Le marché – les amateurs de montres et les consommateurs de montres connectées – jugeront de la pertinence de l'opération TAG Heuer Bibi regnante. Les analystes sanctionneront cette menée stratégique pour un pôle horloger qui n'a rien de critique pour le groupe, sinon sur le plan de son image et d'un des symboles les plus évidents du luxe sur lequel il prétend régner... D'AUTRES SÉQUENCES RÉCENTESDE L'ACTUALITÉ DES MONTRES ET DES MARQUES...