MARDI : Les questions qu'on peut se poser après la diagonale Zenith-Rolex de Jean-Frédéric Dufour
Le 15 / 04 / 2014 à 05:12 Par Le sniper de Business Montres - 3432 mots
Et si le transfert de l'année était le révélateur d'un certain malaise horloger, tant du côté de la marque LVMH qui voit partir son CEO que du côté de la marque genevoise qui voit l'éjection du sien ? Et si les nouvelles récompenses prévues lors du prochain Grand Prix de Genève avaient de quoi tenter les marques qui boudaient cette fête de la famille ?
▶▶▶ EN RÉSUMÉanalyses, in-10-discrétions, …
Et si le transfert de l'année était le révélateur d'un certain malaise horloger, tant du côté de la marque LVMH qui voit partir son CEO que du côté de la marque genevoise qui voit l'éjection du sien ? Et si les nouvelles récompenses prévues lors du prochain Grand Prix de Genève avaient de quoi tenter les marques qui boudaient cette fête de la famille ?
▶▶▶ EN RÉSUMÉanalyses, in-10-discrétions, informations, enquêtes, rumeurs & murmures (développements ci-dessous)...❏❏❏❏ ROLEX-DUFOUR : LVMH ? ❏❏❏❏ DÉONTOLOGIE : psittacisme ? ❏❏❏❏ TRANSFERT : prévenu ? ❏❏❏❏ ROLEX-LVMH : trésor de guerre ? ❏❏❏❏ ROLEX : 30 % ? ❏❏❏❏ ZENITH : recrutement ? ❏❏❏❏ CHANEL : instant ? ❏❏❏❏ RAKETA : Crimée ? ❏❏❏❏ PESSAH : Heureuse Pâque !
▶▶▶ LES IN–10–CRÉTIONS DU JOURNotées à la volée, en vrac, en bref et en toute liberté... ◉◉◉◉ UN NOUVEAU CEO POUR ROLEX (1) : le plus étonnant dans le développement médiatique du scoop de Business Montres (14 avril) sur l'arrivée de Jean-Frédéric Dufour chez Rolex, ce n'est pas le communiqué tardif hâtif, assez alambiqué et comme gêné de Rolex [une note plutôt sèche, qui ne précise ni le titre exact, ni la date de l'entrée en fonction de l'heureux élu], mais l'absence de communiqué de Zenith d'une part, et surtout de LVMH d'autre part. S'il n'est pas habituel de voir Rolex réagir à chaud pour confirmer une « rumeur médiatique » [c'est généralement le statut concédé aux révélations non officielles et non autorisées de Business Montres] et si le ton de ce communiqué de presse étonne [notamment le final : « toute autre communication sera faite en temps opportun » – ce qui sous-entend que le message lui-même n'était pas... opportun !], il est encore plus étrange de voir un groupe coté rester inerte face au « passage à l'ennemi » d'un de ses dirigeants. Même les présidents des autres marques qui ont découvert l'information grâce à Business Montres n'en sont pas revenus... ◉◉◉◉ UN NOUVEAU CEO POUR ROLEX (2) : il y a deux manières de faire du journalisme. Celle qui consiste à attendre devant sa boîte aux lettres que les informations y tombent, pour les copier-coller sans vergogne. Et celle qui consiste à dénicher les bonnes informations – les siennes ou celles de ceux qui font bien leur travail – pour les servir à ses lecteurs. Entre les deux, Business Montres s'engage clairement : tous nos lecteurs ont compris ce qu'il fallait d'audace et d'inconscience pour oser forcer la main de Rolex (voir ci-dessus). Côté perroquets, le champion reste Michel Jeannot, qui réussit dans Bilan à raconter ce « coup de tonnerre pour l'horlogerie suisse », mais sans jamais citer ni Business Montres, ni Grégory Pons, tout en parvenant à reprendre de travers une de nos informations : ce ne sont pas les employés de Rolex qui ont été informés lundi matin du changement de direction, mais l'équipe de Zenith ! Extraordinaire numéro de faux-cul de Ben Clymer, qui trouve le moyen dans Hodinkee de reprendre nos informations, sans les citer, tout en les considérant comme des « rumeurs » et en se drapant de déontologie pour affirmer qu'il préfère attendre la confirmation officielle avant de les publier (voir la discussion à ce sujet sur sa page Facebook). Fantastique intuition de Revolution, qui relaye l'information tout en la sourçant... « out of the blue » : c'est vrai, on avait oublié que les breaking news naissent dans les choux ! Les autres reprographes ont attendu – sans nous citer, c'est évident ! – le communiqué de Rolex pour signaler l'information. Certains, comme Watches by SJX, ont donné Le Temps comme origine, en mélangeant à peu près tout. Worldtempus note courageusement que Rolex a réagi, mais sans nous dire à qui ou à quoi. Passons sur les autres perroquets qui ne sourcent pas une information qu'ils auraient été incapables de repérer sans nous [notamment les agenciers de l'ATS] et félicitons quelques confrères corrects. ◉◉ Dans Le Temps, Bastien Buss a corrigé à temps une première non-citation, pour admettre ensuite que tout cela provenait de Business Montres, avant de reprendre en conclusion notre titre. Toujours très correct, comme d'habitude, Monochrome (Frank Geelen, qui ne parle pourtant pas le français) a même repris notre vidéo, en la traduisant pour ses lecteurs. Les Polonais de Chronos24 ont parfaitement capté l'intérêt de cette révélation en la sourçant correctement. Félicitations à TimeZone (l'excellent William Massena), premier média américain à avoir détecté l'intérêt de cette information, très tôt heure de New York, et l'avoir relayée en la sourçant, comme il se doit [comme le fait d'ailleurs régulièrement Business Montres quand une information de nos confrères a de l'intérêt !] et en l'agitant sur les réseaux sociaux – ce qui permettra aux perroquets de mauvaise foi de la reprendre ! Merci, chers confrères... ◉◉◉◉ UN NOUVEAU CEO POUR ROLEX (3) : le transfert somme toute aisé de Jean-Frédéric Dufour chez Rolex, sans préavis à effectuer, ni exercice de la clause de non-concurrence (facilement levée), alimente forcément d'autres spéculations, elles aussi non officielles et non autorisées. D'une part, de source interne, l'annonce de cette arrivée a surpris jusqu'aux membres de l'état-major, qui savaient qu'il y avait des chaises musicales en cours, mais qui n'imaginaient pas un tel choix dans un délai aussi rapide. Le flou du communiqué officiel s'explique par cet effet de sidération dans les rangs. Gian Riccardo Marini (ci-contre) était-il lui-même bien informé qu'il avait déjà un successeur appelé à prendre sa place à très court terme ? Ce n'est pas certain – même si, maintenant, il comprend un peu tard, avec le recrutement genevo-genevois de son successeur, son erreur psychologique de s'en être tenu à une simple suite à l'Hôtel du Rhône en guise de pied-à-terre à Genève, ville qui n'aime pas vraiment les... touristes ! ◉◉◉◉ UN NOUVEAU CEO POUR ROLEX (4) : d'autre part, cette fois de source financière, certains se reposent la question de la fermeté des ambitions du groupe LVMH dans l'horlogerie (voir notre article du 7 avril sur cette perspective ouverte à titre prospectif). Ce ne sont que supputations et conjectures [les analystes adorent ce genre de jeu de rôles], mais l'hypothèse vaut la peine d'être contée tant elle est stimulante : imaginons que la Fondation Wilsdorf, propriétaire du groupe Rolex, ait décidé de repasser à l'offensive pour « protéger » ses deux marques (Rolex et Tudor) – voir ci-dessous une motivation possible. On ne prête qu'aux riches, et c'est toujours à Bernard Arnault qu'on prête l'intention de racheter tout le monde, Patek Philippe compris. Mais si c'était l'inverse ? L'offre horlogère LVMH (les trois marques pure players : TAG Heuer, Hublot, Zenith) constituent le noyau dur d'un vrai groupe, capable de rivaliser avec les concurrents du Swatch Group et du groupe Richemont : aucune de ces trois marques n'est directement sur le même terrain que Tudor et Rolex (hormis TAG Heuer à repositionner sur certains segments), toutes trois sont des manufactures en voie d'autonomie, elles sont profitables et leur prix de marché [estimation Business Montres : 3,2 milliards] est largement à la portée du « trésor de guerre » de la Fondation Wilsdorf. Ne constitueraient-elles pas, en amont comme en aval du périmètre actuel de Rolex, une initiative stratégique de premier plan pour contrer les prétendants à la couronne ? On vous laisse réfléchir là-dessus... ◉◉◉◉ UN NOUVEAU CEO POUR ROLEX (5) : pourquoi faudrait-il « protéger » Rolex ? La prise de commandement par Jean-Frédéric Dufour s'opère dans un climat très particulier chez Rolex. Pour paraphraser Victor Hugo, on attendait Daniel (Niedhart), ce fut « Jean-Fred » (Dufour) : sans doute le résultat de l'humiliation de Rolex sur le marché grand-chinois, où se profilent des baisses de l'ordre de 30 % [Daniel Niedhart en est responsable, mais pas forcément coupable]. Des reculs pas totalement compensés par la minceur de la croissance sur d'autres marchés, ni par les reconquêtes de Tudor. Il n'est pas impossible que, portée par une nouvelle culture de la... transparence – si, si, vous avez bien lu, même c'est ce n'est pas encore du grand strip-tease – et par une nouvelle pratique du réalisme, la maison Rolex admette même bientôt officiellement une décroissance de ses performances et de son activité. Ce qui serait une première dans la communication horlogère et une bombe dans l'horlosphère suisse. Disons une contre-performance de l'ordre de moins 20 %. Ce qui ne fera qu'attiser un peu plus les aigreurs et le ressentiment des barons et des grands féodaux qui rêvaient de ce fauteuil et qui voient le train de la nouvelle direction partir sans eux en les laissant sur le quai. Bon courage, Jean-Fred ! ◉◉◉◉ UN NOUVEAU CEO POUR ROLEX (6) : maintenant que l'actuel évangéliste du calibre El Primero est allé vérifier, in situ, les différences entre la Daytona post-Zenith et le Chronomaster post-Rolex [à quand une néo-Dayto en 36 000 A/h ?], passons aux choses sérieuses pour essayer de comprendre qui pourrait être le futur patron de la manufacture Zenith. Nous l'avons déjà expliqué hier (Business Montres du 14 avril), ce sera forcément un proche de Jean-Claude Biver (le potentiel de sa « garde rapprochée » se limite ici à une petite poignée de candidats) ou un cadre supérieur LVMH bivéro-compatible. La nécessité de ne pas perdre de temps élimine probablement tout recours aux chasseurs de têtes ou tout recrutement extérieur, même si le patron des montres LVMH a déjà reçu beaucoup de messages personnels de « sympathie » et d'intérêt – au cas où ! La feuille de route est simple : enrayer l'érosion des ventes, purger les stocks et renouer avec un résultat opérationnel digne du niveau LVMH... ◉◉◉◉ UN NOUVEAU CEO POUR ROLEX (7) : commentaires à chaud et en direct sur La Télé (Suisse), devant le quartier général Rolex de Genève, avec une partie de l'état-major qui observait par la fenêtre en se demandant ce que Business Montres pouvait bien faire là. C'était juste pour le journal de midi, à l'heure où paraissait notre révélation sur l'arrivée de Jean-Frédéric Dufour (Business Montres Vision)... ◉◉◉◉ RAKETA : joli télescopage géopolitique dans cette publicité Raketa, réalisée six mois avant les événements en Crimée [c'est du moins ce qu'affirme la marque]. On y voit un authentique officier de l'armée russe [baptisons-le Igor par convention], avec son vrai uniforme, ses vrais galons et ses vraies décorations, dans une vraie ZIL 115 de l'ère soviétique (Zavod Imeni Likhatchiova) et avec une vraie pose façon Gorbatchev dans la publicité Louis Vuitton. Le Russes ont adoré le clin d'oeil. Le gag, c'est que la manufacture de Saint-Péterbourg a voulu créer un décor un peu mystérieux derrière les vitres de la ZIL, mais il s'agit d'un décor naturel de la Crimée ! Six mois avant le rattachement de la presqu'île à sa mère patrie russe, les montres Raketa avaient anticipé le basculement. Précision utile : le nageur de combat russe de la publicité en haut de la page (cartouche) n'est pas une allusion directe à la situation des ports de la mer Noire sécurisés ou neutralisés par les hommes-grenouilles de Vladimir Poutine – de même que tout rapprochement avec la naïade Chanel serait hasardeux... ◉◉◉◉ GRAND PRIX D'HORLOGERIE DE GENÈVE : la compétition n'est pas encore ouverte pour le Grand Prix d'Horlogerie 2014, mais il semblerait que le jury ait été remanié, avec des jurés présentés à quelques marques comme « plus nombreux et plus « professionnels », toujours sous la présidence d'Aurel Bacs (ex-Christie's). Le grand changement, ce pourrait cependant être l'augmentation du nombre des « catégories » dans lesquelles on peut inscrire les montres, avec pas moins de 18 prix décernés au cours de la soirée, qui se tiendrait cette année fin octobre et non plus à la mi-novembre. La nouvelle palette de ces prix semble idéale pour séduire de nouvelles marques : il y aurait ainsi, parmi les nouvelles récompenses, un Prix du Chronographe [comment pourrait-il échapper à Longines, à IWC ou à Jaeger-LeCoultre ?], un nouveau Prix du Tourbillon [idéal pour une maison comme Franck Muller, champion des ventes annuelles de cette complication, comme Jacob & Co ou comme Breguet] et un Prix de la montre acoustique [peu importe la marque, pourvu que ça sonne, ça tinte ou ça réveille]. On parle également d'un audacieux Prix de Haute mécanique pour dame [Patek Philippe devrait y regarder de plus près, ainsi que Cartier]. Pour ce qui est du Prix Revival, ce serait la bonne année pour les Speedmaster ou les Seamaster d'Omega, mais aussi pour Breitling. Apparemment, la sainte trouille des smartwatches a dissuadé la direction du Grand Prix de remettre en selle un Prix de la montre électronique qui aurait constitué un Cheval de Troie à l'intérieur des remparts mécaniques de la Suisse horlogère. Dommage... ◉◉◉◉ CHANEL : quelques nouvelles images de l'extraordinaire campagne « L'Instant Chanel » (ci-dessous et ci-dessus, en haut de la page), qui a trouvé la bonne idée pour relier la montre, le temps qui passe et la vie, en se servant de l'analogie qui s'exprime entre le corps humain et la position des aiguilles. L'Instant Chanel, c'est à tout moment, quelle que soit la montre. C'est à n'importe quelle heure, où que soit la personne qui porte la montre. Et c'est toujours beau... ◉◉◉◉ Au passage (ce n'est pas une indiscrétion du jour !), Hag Pessah Casher Vessameah (« Joyeuse fête de Pessah ») à tous nos amis juifs, qui commencent aujourd'hui les célébrations de leur Pâque... 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