MONTRES & HISTOIRE : Il y a deux siècles aujourd'hui, tous les signataires de l'accord final du Congrès de Vienne portaient une montre Breguet...
Le 09 / 06 / 2015 à 13:51 Par Le sniper de Business Montres - 2002 mots
Merveilleuse Europe que celle de ce Congrès de Vienne, clos il y a exactement deux siècles (9 juin 1815) pour instaurer une nouvelle paix sur un continent déchiré par les guerres napoléoniennes. Les négociateurs partageaient un même système de valeurs et ils ne portaient que des montres Breguet. What else ?
▶▶▶ BICENTENAIREUne certaine idée de l'Europe,soudée par …
Merveilleuse Europe que celle de ce Congrès de Vienne, clos il y a exactement deux siècles (9 juin 1815) pour instaurer une nouvelle paix sur un continent déchiré par les guerres napoléoniennes. Les négociateurs partageaient un même système de valeurs et ils ne portaient que des montres Breguet. What else ?
▶▶▶ BICENTENAIREUne certaine idée de l'Europe,soudée par des valeurs communes autour d'un idéal géopolitique déjà condamné par le réveil des peuples de cette Europe... ◉◉◉◉ LES ARMÉES ALLIÉS N'AVAIENT PAS ENCORE GAGNÉ la bataille de Waterloo (18 juin 1815), mais les diplomates des royaumes et des empires vainqueurs de Napoléon Ier ont remodelé l'Europe post-napoléonienne à Vienne, avec les représentants de Louis XVIII, le nouveau souverain légitime de la France. Face aux coalisés de toute l'Europe (Anglais, Allemands, Néerlandais), la défaite militaire de l'Empereur dans la fameuse « morne plaine » du Brabant wallon n'a eu aucune influence sur ce (re)découpage de l'Europe dont naîtra l'actuelle Suisse confédérée et désormais neutre à perpétuité [un des très rares engagements du Congrès de Vienne qui a résisté à l'histoire]. ◉◉◉◉ D'UN STRICT POINT DE VUE HORLOGER, ce Congrès de Vienne serait déjà important par ce retour officiel à la Suisse confédérée de Genève, de Neuchâtel, du Valais et d'une partie du Jura (territoires annexés par la France dans les convulsions de la Révolution et de l'Empire). Sans le Congrès de Vienne, la Suisse horlogère ne serait pas ce qu'elle est ! Tout aussi remarquable, l'unanimité horlogère des signataires et des témoins de cette conférence de la paix en Europe : on compte à Vienne un quinzaine de membres des familles royales européennes, qui côtoient à peu près deux cents princes et deux cent-seize chefs de missions diplomatiques. Ces élites politico-diplomatiques sont à peu près tous des clients de l'horloger français Abraham Louis Breguet – qui était suisse de naissance, mais qui se sentait on ne peut plus « patriote » français et, dans les dernières années de sa vie, fervent partisan de la restauration monarchique et du roi Louis XVIII, revenu sur le trône à la fin de la parenthèse impériale. Breguet – dont les affaires avaient plutôt souffert de la politique économique de Napoléon Ier, du blocus continental et des guerres avec la Russie ou l'Autriche – a fourni des montres à quasiment toutes les têtes couronnées présentes ou représentées à Vienne (France, Royaume-Uni, Autriche, Russie, Suède, Espagne, etc.), ainsi qu'à pratiquement tous les diplomates engagés sur ce champ de bataille diplomatique. Si on peut avoir un doute pour quelques-uns d'entre eux, signalons que c'est le cas pour Hans Reinhard, qui représentait à Vienne la... Suisse (Confédération des XIII Cantons) ! Une Europe unie de certaines valeurs s'accordait ainsi autour d'une même dilection pour les montres conçues par un même génie horloger dans son atelier parisien : la symbolique est assez forte pour être notée et signalée à l'occasion de ce bicentenaire. ◉◉◉◉ LA MAISON BREGUET A CÉLÉBRÉ À SA MANIÈRE ce bicentenaire de la chute de l'Empire et de Waterloo en participant à la restauration de la ferme fortifiée d'Hougoumont, à Waterloo, lieu symbolique et pivot de la victoire des Coalisés contre l'armée impériale. Là encore, on trouvait des clients de Breguet des deux côtés de la ligne de feu : l’empereur Napoléon et le duc de Wellington, les maréchaux Ney et de Grouchy, le prince Jérôme Bonaparte, le chirurgien militaire Dominique Larrey, le général Kellerman, lord Paget, lord Somerset, les généraux Cooke, Maitland et Ponsonby côté britannique, ainsi que quelques autres. À Paris, Louis XVIII, qui va retrouver son trône grâce aux vainqueurs de Waterloo, est lui aussi un client de Breguet, qu'il nommera Horloger de la marine royale quelques mois plus tard. Le Congrès de Vienne, pour Breguet, c'est le retour à la prospérité grâce au rétablissement de la paix et de la liberté du commerce en Europe : Paris reste plus que jamais la capitale européenne du luxe de ces premières années du XIXe siècle... ◉◉◉◉ LES ÉLITES DE L'ÉPOQUE N'AVAIENT PAS DE PRÉJUGÉS patriotiques ou culturels démesurés : un bel objet d'un bon faiseur avait toujours la préférence. À peine arrivé dans un Paris que ses troupes occupent, le duc de Wellington, vainqueur à Waterloo, rachète à la famille de Joseph Bonaparte, frère de l'Empereur déchu, qui en avait fait un éphémère roi d'Espagne, une montre commandée à Breguet, dont le décor émaillé représentait la péninsule ibérique, théâtre d'autres exploits militaires anti-impériaux du duc de Wellington. Cette montre (ci-contre) a toujours été conservée dans la famille du duc de Wellington, dont le dernier représentant vient de la porter en restauration dans les actuels ateliers de Breguet. Deux cents ans plus tard, Breguet s'exécute toujours pour assurer le service après vente de ses productions. Les empires passent, les montres restent...
◉◉◉◉ BIEN ENTENDU, IL NE FAUT PAS IDÉALISER LE CONGRÈS DE VIENNE : on peut même l'analyser comme le dernier sursaut de l'Europe du XVIIIe siècle. Un temps balayées par la puissance des armées napoléoniennes, les grandes puissances européennes de l'époque (l'Angleterre, l'Autriche, la Prusse, la Russie) n'ont pas renoncé à leurs ambitions géopolitiques : tous se neutralisent plus ou moins à Vienne, où la France vaincue tente de retrouver une place de premier rang grâce aux habiles manoeuvres de Talleyrand. L'unité allemande (la nation reste morcelée en de multiples confettis territoriaux) reste une question lancinante, de même que la question des minorités dans les Balkans. Le dossier polonais reste brûlant, avec celui de l'Italie, morcelée en différents royaumes. Partout en Europe, les peuples bouillonnent et aspirent à devenir indépendants. Les cessions de territoires négociées à Vienne n'auront guère d'avenir, sauf quand elles accompagneront l'aspiration des peuples à l'unité nationale. La reconstruction européenne par le Congrès de Vienne va tenir une trentaine d'années, guère plus : la multitude des Etats nés à Vienne seront « avalés » par le réveil européen des nationalités et les révolutions qui disloqueront les empires centraux, entre le milieu du XIXe siècle (1848) et la fin de la Première Guerre mondiale (1914). Vienne, c'est l'apothéose d'une certaine Europe et d'une partie de l'héritage des Lumières, mais aussi le refus désespéré des idées nouvelles – qu'on dirait aujourd'hui « populistes », sinon nationalistes – par les élites politiques de l'époque. En consolidant de façon très conservatrice l'ordre des empires et des monarchies en place, le Congrès de Vienne n'a fait qu'exacerber les tensions socio-politiques qui allaient tout bouleverser. On se souvient de la maxime du prince Salina dans Le Guépard : « Tout changer pour que rien ne change » [film précisément centré sur ce réveil des nationalités et sur cette révolte des peuples contre leurs dirigeants]. Le Congrès de Vienne a fait l'inverse : moins d'un siècle plus tard, les élites européennes qui se pressaient dans les ateliers de Breguet pour lui commander des montres auront disparu et les nouveaux maîtres du monde porteront leurs montres au poignet plutôt que dans le gilet... ◉◉◉◉ COMME LES ÉLITES DE LEUR TEMPS, PRESQUE TOUS LES SIGNATAIRES du Congrès de Vienne étaient des clients d'Abraham Louis Breguet. Dans l'ordre des numéros (ci-dessus), il s'agissait de... 1) Arthur Wellesley, premier duc de Wellington (Royaume-Uni) ; 2) Joaquim Lobo da Silveira (Portugal) ; 3) António de Saldanha da Gama (Portugal) ; 4) comte Carl Löwenhielm (Suède) ; 5) Jean-Louis-Paul-François, cinquième duc de Noailles (France) ; 6) prince Klemens Wenzel Nepomuk Lothar de Metternich (Autriche) ; 7) Frédéric-Séraphin de La Tour du Pin (France) ; 8) comte Karl Robert Nesselrode (Russie) ; 9) Pedro de Sousa Holstein, premier Count, premier marquis and premier duc de Palmela (Portugal) ; 10) Robert Stewart, vicomte de Castlereagh (Royaume-Uni) ; 11) Emmerich Joseph de Dalberg (France) ; 12) baron Johann von Wessenberg-Ampringen (Autriche) ; 13) prince Andrey Kirillovich Razumovsky (Russie) ; 14) Charles Stewart, premier baron Stewart (Royaume-Uni) ; 15) Pedro Gómez Labrador, Marquis of Labrador (Espagne) ; 16) Richard Le Poer Trench, deuxième comte de Clancarty (Royaume-Uni) ; 17) chancelier d'Etat Nikolaus von Wacken (Autriche) ; 18) Friedrich von Gentz (secrétaire du Congrès) ; 19) baron Friedrich Wilhelm Christian Karl Ferdinand von Humboldt (Prusse) ; 20) William Schaw Cathcart, premier comte Cathcart (Royaume-Uni) ; 21) prince Karl August von Hardenberg ; 22) Charles Maurice de Talleyrand-Périgord, premier prince souverain de Bénévent (France) ; 23) comte Gustav Ernst von Stackelberg (Russie)... D'AUTRES SÉQUENCES RÉCENTESDE L'ACTUALITÉ DES MONTRES ET DES MARQUES...