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GPHG 2016 #10 (accès libre)
Prix du public : pour qui dois-je voter en tant que fin connaisseur (amateur, mais prétentieux) des beaux-arts de la montre alto-horlogère ?

Soixante-douze montres en compétition pour la finale du Grand Prix d’Horlogerie de Genève, le 10 novembre prochain, mais un seul vote par personne pour le « Prix du public ». En attendant, les marques encore en piste s’excitent sur les réseaux sociaux pour faire le plein de voix. Justement, quelles peuvent être les intentions de vote de ce public ? Examinons les différentes typologies d’électeurs en continuant par l’avis d’un fin spécialiste amateur de belles montres de haute horlogerie et assez imbu de lui-même…


« Ce n’est pas que je me prenne au sérieux, mais on ne me la fait pas, à moi, en matière de qualité horlogère. Après quinze années passées à tout lire de tout ce qui peut concerner les montres, je suis capable de coller n’importe quel vendeur de montres et j’ai un taux de réussite impressionnant aux tests de culture générale publiés cet été par Business Montres (série des 25 séquences « Ludiquement vôtre »).

« Autant dire que je ne vais pas me laisser impressionner par ces soixante-douze montres (personnellement, je n’aurais pas un tel choix) et je ne vais pas me laisser intimider par ces jurés, qui me semblent assez loin d’être tous des connaisseurs. Comme je tiens à apporter ma pierre à l’édifice de la culture horlogère, je vais néanmoins m’efforcer de voter en mon âme et conscience.

« Il n’y a de haute horlogerie que mécanique, et il n’y a de haute mécanique que masculine. Je peux donc commencer par éliminer une vingtaine de montres de dames. Ce qui m’en laisse encore une grosse cinquantaine à trier. Ensuite, j’élague dans les montres faiblement créatives ou qui se contentent de recopier les icônes du passé : ce n’est que les Tudor ne soient pas des bonnes montres, mais il faut que la haute horlogerie envoient un signal dynamique de renouveau, pas un message répétitif et vite lassant. Ce qui revient à recaler encore une bonne vingtaine de montres dans le style Chopard, Hermès, Montblanc ou Zenith…

« Si on retire encore des montres qui se sont trompées de concours de beauté (erreurs de catégorie comme Piaget ou fautes de style comme Ulysse Nardin), si on se prive en plus de celles qui ne sont pas très réussies sur le plan esthétique et de celles qui n’ont pas encore prouvé leur crédibilité et leur légitimité dans le haute horlogerie (on parle ici de Fabergé, de Chanel ou de Louis Vuitton), il ne reste plus qu’une quinzaine de montres pour le podium final, dont beaucoup de « petites marques » (Grönefeld, Czapek, Andreas Strehler, Ressence, Chronométrie Ferdinand Berthoud et les autres). Ces créateurs sont sympathiques, mais est-il bien intelligent de leur décerner un Grand Prix de Genève ? J’ai des doutes…

« Le podium final commence à se dessiner autour de propositions aussi fortes, mais néanmoins aussi différentes que la répétition Minutes de Bvlgari, le chronographe de Louis Moinet et la Shooting Star de Bovet 1822. Des maisons comme De Bethune ou Girard-Perregaux et son Esmeralda semblent un ton au-dessous. Rétrécissons un peu plus la focale. Sur le plan de la virtuosité mécanique, difficile de départager Bvlgari, Louis Moinet et Bovet 1822. Dommage pour Louis Moinet, mais la marque est légèrement distancée aux points par les deux autres, puisqu’elle ne produit pas elle-même ses mouvements. Dommage, in fine, pour la Shooting Star de Bovet, un peu moins élégante que la Bvlgari Octo Finissimo, qui allie esthétique et technique, sensations et émotions, les angles et les courbes, le charme et la rigueur – le tout très italien, non ? Ce sera donc mon choix pour ce Prix du public 2016 »…


RELIRE NOS PRÉCÉDENTES ÉDITIONS

SUR LE GRAND PRIX D’HORLOGERIE DE GENÈVE 2016

# 1 : Ce qui a déjà changé pour ce GPHG 2016 (Business Montres du 25 juillet)

# 2 : Ce qui va changer cette année (Business Montres du 26 juillet)

# 3 : Ce qui aurait dû changer et qui ne l’a pas été (Business Montres du 27 juillet)

# 4 : Une pré-sélection qui rend le palmarès de cette année encore plus ouvert et encore plus imprévisible que jamais ! (Business Montres du 1er septembre)

# 5 : Cette pré-sélection n’est plus un concours de beauté : c’est un loto qui fait gagner les plus grosses étiquettes (Business Montres du 5 septembre)

# 6 : L’indécence du prix moyen des montres pré-sélectionnées n’est-elle pas le signe qu’il faut tout changer ? (Business Montres du 6 septembre)

# 7 : Prix du public : pour qui dois-je voter en tant qu’amateur de montres un peu conformiste et un peu couillon sur les bords (Business Montres du 11 septembre)

# 8 : Prix du public : pour qui dois-je voter en tant que fofolle fashionista forcément addict à la montre… de mode ? (Business Montres du 13 septembre)

# 9 : Un test de qualité horlogère à faire soi-même : comment différencie-t-on un média indépendant, qui propose des contenus créatifs, d’un simple média perroquet porté sur le copié-collé ? (Business Montres du 15 septembre)


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