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UN BILAN DU MILLÉSIME 2022
Quels sont les vingt-deux « horlogers » qui ont animé cette année 2022 ? (première partie)

Pourquoi vingt-deux et pas dix, vingt ou trente ? Juste pour le plaisir de s’accorder aux deux derniers chiffres du millésime 2022 ! Qu’ils soient mécaniciens, managers, designers, sertisseurs ou fournisseurs, voici ceux qui ont « animé » l’année horlogère 2022. Pour le meilleur ou pour le pire ?


❑❑❑❑  À RELIRE : « Les douze marques qui ont marqué l’année 2022 » – première partie (Business Montres du 9 décembre) et seconde partie (Business Montres du 11 décembre)…


La difficulté, dans ce classement par nature non exhaustif et pas franchement rationnel, c’est de ne pas dupliquer la série précédente des meilleures « marques de l’année ». En effet, il serait presque choquant de ne pas vous reparler d’Yvan Arpa (ArtyA, de Georges Kern (Breitling), de Claudio D’Amore (Code41), de Denis Flageollet (De Bethune), d’Antonio Calce (Greubel Forsey), de Jacob et Benjamin Arabo (Jacob & Co), de Jean Arnault (Louis Vuitton), de Maximilian Büsser (MB&F) ou de Christopher Bôle (Yema) pour ne citer qu’une ou deux poignées de ces possibles « horlogers de l’année ». L’autre difficulté est de se comporte comme le Grand Prix d’Horlogerie de Genève, en récompensant toujours les mêmes personnes – mais, après tout, s’ils l’ont mérité… Voyons donc les premiers éléments de cette liste (par ordre alphabétique).

❑❑❑ IN MEMORIAM : nous commençons évidemment par un hommage à tous les membres éminents de la communauté horlogère qui ont dû nous quitter plus ou moins prématurément cette année, notamment Giovanni Zavota, Carlo Lamprecht, Jean-Jacques Fiechter, notre confrère Taras Lemeshko, Piero Superchi, Alain Ballaguy et tous les autres qui auraient, eux aussi, mérité d’apparaître dans les listes de notre Baromontres mensuel (séquence la plus récente : Business Montres du 30 novembre).

❑❑❑ RAYNALD AESCHLIMANN (Omega) & NICK HAYEK (Swatch Group) : l’horlogerie leur doit le coup fumant de l’année, ce lancement de la MoonSwatch qui marquera les mémoires. Le premier parce qu’il en a eu l’idée à partir d’un concept de « montre de courtoisie » pour Omega : il a eu l’intelligence de tout monter dans le plus grand secret avant d’en informer la présidence du groupe. Le second parce qu’il y a cru, même si on peut lui reprocher d’avoir joué petit bras dans cette affaire et d’avoir terriblement sous-estimé la demande, ce qui a provoqué les files d’attente les plus denses de ce dernier demi-siècle [ceci alors même que les médias horlogers avaient commencé par dédaigner cette MoonSwatch dont ils ne comprenaient pas la portée stratégique]

❑❑❑ JEAN-CHRISTOPHE BABIN (Bvlgari) : quelle apothéose pour ce qui sera probablement la dernière année civile passée au service de Bvlgari, maison qui ne s’est jamais aussi bien portée que sous le règne d’un des meilleurs CEO de la scène horlogère suisse. Jean-Christophe Babin a tenu bon pour imposer son concept de Geneva Watch Days [pourvu que ça dure !] comme rendez-vous institutionnel de la rentrée horlogère et il a consolidé son catalogue horloger, tant du côté masculin que du côté féminin, avec d’heures initiatives comme la pérennisation de la relance de Gérald Genta. Ce n’est pas par hasard s’il est reparti avec de nouvelles récompenses au GPHG. De tels lauriers lui vaudront peut-être de pouvoir jouer les prolongations – mais rien n’est moins sûr… 

❑❑❑ THOMAS BAILLOD (Ba111od) : sur le marché d’un Swiss Madebeaucoup plus sincère que ses détracteurs ne l’affirment, le chiffre d’affaires déjà multimillionnaire qu’il a su retirer de son modèle économique totalement hors normes prouve la validité de son approche collaborative de la distribution horlogère. Son tourbillon mécanique low cost (création de l’excellent et tout aussi controversé Olivier Mory) a su trouver un nouveau public, de même que ses collections féminines, sympathiquement serties de diamants de culture. Sur un simple claquement de doigt, il vient de réussir sur Facebook un appel aux investisseurs qui devrait faire réfléchir ses concurrents de la jeune horlogerie. L’année prochaine s’annonce mieux que bien pour celui qui a maintenant le soutien d’un impressionnante et très efficace communauté…

❑❑❑ BRUNO BELAMICH & CARLOS ROSILLO (Bell & Ross) : en 2022, les deux co-fondateurs et co-dirigeants de la plus internationalement célèbre des marques purement tricolores auront systématiquement coché toutes les bonnes cases, du renforcement de leur légitimité aéronautique (Patrouille de France, musée de l’Air et de l’Espace) à leur partenariat dans la F1 avec Renault, en passant par l’investissement d’un nouveau territoire dans le sport chic urbain. Les séries limitées fonctionnent bien. Après le chaos pandémique, le développement international de Bell & Ross se consolide paisiblement. On les verra l’année prochaine à Watches & Wonders. Il ne manque rien à ces pères tranquilles de l’horlogerie néo-citadine, hormis la réparation d’une injustice : leur virginité incompréhensible au Grand Prix d’Horlogerie de Genève…

❑❑❑ DAVIDE CERRATO (ex-HYT) : on serait tenté de faire de l’ex-CEO de HYT le designer de l’année, même si ce n’était pas exactement son statut chez HYT. Dans un passé récent, chez Panerai, Tudor ou Montblanc, il nous avait prouvé qu’il avait un vrai talent pour restyler des icônes rétronostalgiques dans le respect des codes vintage. En 2022, Davide Cerrato vient de nous prouver, en dirigeant pendant une bonne année les « hydromécaniciens du temps » (HYT), qu’il savait aussi concevoir des montres disruptives à l’avant-garde des tendances formelles et chromatiques des années 2020. C’est son actionnaire qui s’est trompé en lui demandant plus qu’il ne pouvait donner au service d’une marque pour le moins problématique et compliquée. HYT aura sans doute beaucoup de mal à se relancer sans une personnalité au moins aussi forte que Davide Cerrato – dont on espère qu’il retrouvera rapidement un point de chute à la hauteur de son coup de crayon…

❑❑❑ JEAN-FRÉDÉRIC DUFOUR (Rolex) : il restera comme le stratège de l’année grâce à son initiative sur la certification des montres Rolex de seconde main et leur regarantie après une révision officielle. C’est une manière d’instituer une sorte d’Argus de la Rolex vintage [ne dites pas « d’occasion », ça fâche] et ce sera aussi le meilleur moyen d’assécher le marché secondaire en le purgeant de tout ce qui peut y traîner de montres suspectes vendues à n’importe quel prix et en y rétablissant la loi et l’ordre tels que la couronne les conçoit. Initiative qui institue aussi le réseau Bucherer comme le plus efficace commercialement des bras armés de la couronne en question. Le salon hors salon de la puissante Deepsea Challenge est lui aussi l’indice d’un changement notable chez Rolex, alors même que la marque vient de se doter d’un nouveau président – genevois comme il se doit – de son conseil d’administration…

❑❑❑ JEAN-CLAUDE EGGEN (La Joux-Perret) : alors que le Swatch Group organise de façon imprévisible la pénurie, la mise sur le marché du séduisant mouvement mécanique G100 de La Joux-Perret est venue soulager les tensions dans l’offre de calibres disponibles pour les marques qui ne veulent plus dépendre des foucades irrationnelles Nick Hayek. De quoi faire du patron de La Joux-Perret le motoriste de l’année, avec d’autant plus de raisons qu’il a également entrepris non seulement de muscler son haut de gamme [les mouvements fournis à Angelus et Arnold & Son, les manufactures sœurs de La Joux-Perret dans la haute horlogerie], mais aussi de créer, en France, une sorte de « manufacture miroir » pour pouvoir équiper de mouvements Made in France les marques de la bruyante et nouvelle horlogerie française. Un jour, il aura peut-être sa statue à Besançon…


❑❑❑❑  À SUIVRE : « Quels sont les vingt-deux horlogers qui ont animé cette année 2022 ? » (deuxième partie)


Coordination éditoriale : Eyquem Pons


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