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REPÉRAGES #127-2022 (accès libre)
Sept objets du temps qui portent dans les grandes largeurs de nouvelles ambitions mécaniques

127e épisode de la présentation des nouveautés de cette année 2022, millésime qui s’annonce comme celui de tous les dangers : après le calme et l’embellie, la tempête ? Ces objets du temps sont racontées ici du strict point de vue des marques et commentées avec la jamais trop fleurie « langue de boîte » – cette langue de bois des « boîtes » (manufactures) d’horlogerie. Dans tous les styles et à tous les prix, venues de Suisse ou venues d’ailleurs, à prendre ou à laisser, au masculin comme au féminin, il est toujours intéressant de faire le point sur ce qu’on va découvrir dans les vitrines. « Quand on aime, on ne compte pas » ! Ce sera donc un dossier marquant par jour de la semaine – soit sept pièces de sept marques : Carl Suchy & Söhne, Keris, Kieninger, Konstantin Chaykin, L’Épée 1839 x Fiona Kruger, MB&F et Trilobe…


TRILOBE La Réciproque

Avec l’un des artistes les plus reconnus de la scène internationale, Daniel Buren, Trilobe a eu la volonté d’offrir une création singulière, autour d’une collaboration unique et emplie de sens. « La Réciproque » est une œuvre originale où la vision excentrique de l’artiste ne saurait s’entendre sans l’expertise technique de l’horloger. Formes, couleurs et sens trouvent leur réciproque ; Heures, minutes et secondes s’égrènent en dansant ; Le noir et le blanc s’épousent au rythme des battements d’un cœur rouge ; La verticalité s’amuse de la circularité ; La course effrénée des anneaux « X-Centric » chevauche la verticalité des bandes de 8,7cm de large ; Les formes se rejoignent enfin et s’alignent deux fois par jour seulement ; À l’heure où tout a commencé, l’heure de la première rencontre entre Trilobe & Daniel Buren, à 02h13. Conçu comme le cœur écarlate et battant de l’œuvre, ce calibre mécanique ne ressemble à aucun autre. Véritable défi technique, des mois de développement ont été nécessaires pour réaliser ce calibre unique, entièrement fait main par des experts horlogers du canton de Vaud, en Suisse. Inspiré du calibre X-Centric signature de Trilobe, chaque pièce a été recalibrée à l’échelle de cette horloge unique, afin de permettre l’affichage des heures, minutes et secondes par anneaux rotatifs et index fixes. Dans la plus pure tradition horlogère, ce mouvement est doté d’un échappement à force constante, et le barillet est doublé pour pouvoir offrir une réserve de marche de huit jours. Ainsi deux forces réciproques se concrétisent en une création artistique unique. Daniel Buren et Trilobe s’amusent de leur rencontre : opposer les formes et les couleurs, déranger les regards, interroger les esprits. L’art et l’horlogerie s’opposent et se rejoignent, en forces réciproques.

KIENINGER The Filigree Limited Edition

L'édition limitée « Filigree » est fabriquée en acajou précieux avec des bandes métalliques et une fine surface en laque piano. Le site horloge grand-père est équipé d'un vitrage incurvé dans la tête de lit, d'un éclairage multiple à LED avec télécommande et de 2 tiroirs dans la base. Les vitrages sont encadrés de bandes métalliques métal poli. Le nouveau mouvement, très finement squelettisé, est fabriqué en laiton chromé pur. L'avant est poncé, les parties latérales sont polies et le rouage est plaqué or. Un anneau de chiffres chromé souligne la forme du boîtier spécial. Le mouvement de conception nouvelle est équipé de vis bleuies et de palettes en céramique. Les chatons plaqués or contiennent 13 roulements à billes et 5 rubis, ce qui confère au mouvement un caractère noble particulier. Le pouvoir de maintien est équipé d'un auxiliaire et un réglage fin pour le battement et de régulation assure un réglage parfait de ce chef-d'œuvre. La durée de vie de ce mouvement noblement équipé est de 7 jours et est limitée à 10 pièces.

CARL SUCHY & SÖHNE Table Waltz

La Table Waltz transporte l'héritage de 200 ans de la marque horlogère dans un design contemporain : L'horloge de table avec une durée de marche de 7 jours et un carillon arrêtable à l'heure est dotée d'un boîtier de 25 cm de haut, en soie foncée mate, qui est fini à la main et façonné pour intégrer le mouvement dans un design Suchy caractéristique. Chaque détail représente l'artisanat viennois : le verre du recto et du verso est gravé à la main par la manufacture traditionnelle J. & L. Lobmeyr. Il s'intègre parfaitement à la forme conique du boîtier en laiton et constitue une scène inondée de lumière pour le mouvement à bâton flottant avec art. Le mouvement est entièrement constitué de pièces autrichiennes individuelles : Les platines, les pivots, ainsi que les engrenages caractéristiques de Carl- Suchy-&-Söhne, qui forment continuellement de nouveaux motifs par leurs rotations, ont été fabriqués individuellement à la main dans la région de Waldviertel en Autriche. Le boîtier, fraisé à partir d'un seul bloc de laiton et affiné à l'aide d'un procédé spécial de nickelage, se fond avec le mouvement dans un ajustement fluide, ornant l'horloge de table de son élégance simple et de son charisme puissant.

KERIS Alp’

alp' est une horloge mécanique à pendule au design contemporain. Sa grande dimension lui permet d’être un atout majeur pour la décoration d’une pièce de vie. Ses couleurs sobres et sa forme géométrique adoucie lui permettent de s’intégrer dans tout intérieur contemporain. Son énergie est exclusivement mécanique. Pour la recharger, un bouton est à disposition sur la façade, positionné tel une signature sur un tableau. Totalement rechargée après quelques tours, elle fonctionne en autonomie pendant quinze jours. Les oscillations du pendule se font au rythme d'une par seconde, ce qui la rend agréable à regarder et à entendre puisqu’il s’agit de la même fréquence que celle du coeur humain lorsqu’il est tranquille. Cinq ouvertures sont placées sur l’horloge, deux sur les côtés et trois sur la façade, afin de permettre à un observateur de se laisser hypnotiser par les composants et leurs mouvements.

MB&F x REUGE Musicmachine 1 Reloaded

En 2013, MB&F a lancé ses collaborations avec des créateurs externes sur des projets qui sortent du cadre de la montre-bracelet : la MusicMachine 1 a inauguré la catégorie des « Co-créations » et entraîné la marque au-delà de l’horlogerie miniaturisée. Il ne s’agissait pas d’un objet qui donne l’heure mais d’une boîte à musique, créée avec REUGE, qui remettait en question tout ce que l’on croyait savoir sur les instruments du genre, du design à la production de la musique. La MusicMachine 1 intégrait tous les éléments traditionnellement présents dans une boîte à musique de haut de gamme mais dans une configuration propre à MB&F : une boîte à musique résolument contemporaine. «Pour le commun des mortels, le mode de fabrication des boîtes à musique est totalement sidérant », déclare Maximilian Büsser, le fondateur de MB&F, toujours admiratif devant la mécanique de ces machines. Les boîtes à musique mécaniques de haut de gamme ont de nombreux points communs avec leurs équivalents horlogers, au plan technique comme au plan esthétique, avec des finitions similaires. Pour la MusicMachine 1 Reloaded, l’énergie fournie par des ressorts hélicoïdaux est transférée par des rouages et la vitesse de déroulement est méticuleusement contrôlée, grâce à des régulateurs à air comparables à ceux des montres à répétition minute traditionnelles. Le système met en mouvement les deux cylindres qui contiennent les « partitions » des mélodies, représentées par 1’400 picots placés avec précision. Quand les cylindres tournent, les picots font vibrer les lames des claviers en acier, chacun doté d’une sélection de 72 notes accordées à la main. Les claviers forment avec leurs cylindres respectifs des duos singuliers : impossible de produire une mélodie correcte en dissociant l’un de l’autre.  Fondée en 1865 à Sainte-Croix, en Suisse, l’entreprise Reuge est aujourd’hui, avec plus de 155 années d’expérience, le fabricant de boîtes à musique le plus prestigieux au monde. Entre 2013 et 2015, MB&F et Reuge ont lancé trois MusicMachines aux mélodies différentes, toutes extraites du répertoire moderne, succès à la clé. Pour Maximilian Büsser et ses Friends, il était temps de revisiter la première et de proposer une nouvelle édition. « Le modèle original a été dessiné par le jeune designer chinois Xin Wang », précise Maximilian Büsser. « Nous avons demandé à Maximilian Maertens, avec lequel nous concevons beaucoup de nouvelles créations très cool, de le retravailler dans l’optique de le rendre un peu plus fuselé et un peu plus ouvert. » Avec ses deux hélices et ses deux cylindres argentés montés sur un train d’atterrissage à outriggers raffiné, la MusicMachine 1 Reloaded ressemble toujours à un vaisseau spatial issu d’une galaxie très très lointaine... mais légèrement différente de son aînée. Comme dans la version originale, chacun des cylindres de la MusicMachine 1 Reloaded joue trois airs, tous personnellement sélectionnés par Maximilian Büsser. Le cylindre de gauche joue le thème de La Guerre des étoiles, « La Marche impériale » de L’Empire contre-attaque et le thème de Star Trek. De retour sur terre, le cylindre de droite joue « Another Brick in the Wall » de Pink Floyd, « Smoke on the Water » de Deep Purple et « Imagine » de John Lennon. « En matière de design et de créativité, le spécialiste, c’est MB&F », déclare Amr Alotaishan, le CEO de Reuge. « Cependant, quand il s’agit d’exécution et d’excellence dans la production — de la technique, de l’ingénierie et de la fabrication — c’est nous qui avons la maîtrise. C’est génial d’avoir la possibilité de disposer d’un design créatif susceptible de toucher les gens quand on sait que l’on peut produire la qualité technologique voulue. »  La MusicMachine 1 Reloaded fait l’objet d’une édition limitée à 33 exemplaires en bleu, 33 en rouge et 33 en noir.

L’ÉPÉE 1839 x FIONA KRUGER Vanitas

La tête de mort est un symbole suprême de la vie, de la mort et de l’expérience humaine – en tant que tel, il joue un rôle primordial dans l’histoire horlogère et l’histoire de l’art. A travers l’approche artistique de l’horlogerie de Fiona Krüger et le savoir-faire de L’Epée 1839, la tête de mort est ainsi réinterprétée en une peinture mécanique moderne : Vanitas. Petit rappel historique : un vanitas est une œuvre d’art (nature morte) qui inclut de nombreuses symboliques et qui rappelle au spectateur la fugacité de la vie. C’était un genre de peinture très populaire dans les années 1600, mettant en scène crânes et bougies éteintes. Vanitas,  ce crâne charismatique nous rappelle de profiter de chaque instant de l’existence. Les heures et les minutes sont visibles grâce à deux aiguilles, et l’indicateur de réserve de marche est intégré dans la bouche de Vanitas. Lorsqu’elle perd de la puissance, elle commence à bâiller, indiquant ainsi qu’elle a besoin d’être remontée. Avec une réserve de marche de 35 jours, ce rituel quasi mensuel sera pour vous l’occasion de marquer une pause, et profiter du temps présent.  La formation en art et design de Fiona, combinée à son parcours personnel international se retrouvent aujourd’hui de manière évidente dans ce symbole mécanique. Ayant passé une partie de son enfance à Mexico City, ses souvenirs du fameux festival Dia de los Muertos ont clairement influencé sa propre collection Skull et cette collaboration avec L’Epée 1839. Cette horloge mécanique Vanitas est riche de symboles mais également de malice et d’humour. Les différentes platines de l’horloge sont minutieusement travaillées pour former des motifs spécifiques, formant au final ce crâne orné de nombreuses décorations. La créativité est au cœur même des sculptures mécaniques de L’Epée 1839 et  des montres de Fiona Krüger. Cela coule de source en regardant les détails de ce Vanitas des temps modernes. Le nouvel indicateur de réserve de marche « bâillant » est une complication horlogère unqiue. C’est donc un mariage entre imaginaire et réalisme sur lequel repose cette collaboration. La vie, la mort, le temps qui passe sont au cœur même de toute mécanique horlogère. La bouche qui s’ouvre  lorsque la réserve de marche diminue et le pouvoir de redonner vie en remontant l’horloge reflètent  parfaitement l’histoire de l’horlogerie où le rêve, la créativité et les contraintes  techniques s’unissent pour créer un objet unique et merveilleux. Vanitas est une série de pièces uniques toutes très largement différentes les unes des autres à la manière des tableaux de maitre.  

KONSTANTIN CHAYKIN Lucomorye

L’horloge de table Lucomorye est l’un des projets les plus anciens de Konstantin Chaykin. Le maître horloger a travaillé pendant six ans sur cette pièce d’horlogerie et de joaillerie extrêmement complexe en collaboration avec le célèbre artiste joaillier Ilghiz Fazoulzianov. Chaykin avait remarqué un jour qu’une chaîne qui est enroulée sur un axe cylindrique, que ce soit parallèlement ou transversalement, formait des formes similaires au contour des chiffres romains. Cette observation tout à fait banale a incité l’inventeur à créer un dispositif unique d’affichage graphique de la chaîne d’horloge, qu’il a breveté en 2017. Dispositif alors sans précédent dans l’horlogerie. À l’origine, Chaykin avait l’intention de mettre en œuvre cette complication dans une montre-bracelet mais il a abandonné l’idée: elle nécessitait trop de puissance pour un mécanisme compact. Il a donc décidé d’incorporer son dispositif dans un modèle de table, et son imagination a fait naître une association inattendue avec une image tirée du poème de Pouchkine Rouslan et Lioudmila : « Une chaîne en or sur ce chêne ». Ainsi, à partir de quelques idées et associations apparemment aléatoires, est née l’idée d’une nouvelle horloge à mouvement horizontal basée sur une structure de tambour à quatre enroulements. Trois de ces barillets accumulent l’énergie nécessaire à l’aménagement de la chaîne d’affichage des heures et le quatrième pour le mouvement du tourbillon. Le mouvement a une autonomie de huit jours et pour ce même temps Chaykin a conçu le système d’affichage graphique des heures.

Le tourbillon est repris dans l’esthétique maison «alpha» que le maître a considérablement retravaillé pour la Lucomorye. Il a monté le tourbillon lui-même et sa roue d’entraînement en position verticale et a appliqué un schéma de montage d’axe de chariot unilatéral : le tourbillon n’a pas de deuxième axe (supérieur). Les minutes et la date sont données par un indicateur circulaire, comme dans les anciennes horloges de la Renaissance. Pour faire de la simple procédure de détermination de l’heure une tâche fascinante, l’horloger a utilisé un réflecteur prismatique dans l’indicateur des minutes. Bien qu’il y ait relativement peu de complications dans la Lucomorye, ce modèle relève néanmoins partie de la catégorie des horloges ultra-complexes. Les 1 119 composants du mouvement constituent la plus grande partie de la chaîne d’indication numérique de l’heure de l’horloge. Elle fonctionne comme un ordinateur mécanique, calculant automatiquement la façon dont les heures doivent être affichées lorsque la précédente s’achève. Ceci est particulièrement impressionnant lorsque le VIII est remplacé par le IX. Le mécanisme exceptionnel de la Lucomorye, tel un vieux jouet mécanique allemand, est caché dans un boîtier unique, en l’occurrence un chêne comme chez Pouchkine. Son décor a été créé par Ilghiz Fazulzyanov. L’écorce est en opale, les feuilles sont en jade sculpté. Le tronc est percé d’une petite fenêtre à travers laquelle on peut voir le tourbillon, et un insecte grimpe le long de l’écorce pour indiquer la réserve d’autonomie. Le chêne est entouré de maisons décorées, et le rivage sur lequel il se trouve est frappé par les vagues d’une mer bleue, le tout peint selon la technique de l’émail à chaud.

 

Coordination éditoriale : Eyquem Pons


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