REPÉRAGES #166-2025 (accès libre)
Sept critiques argumentées sur sept nouvelles montres découvertes en vitrine
En toute transparence, avant d’être commentées et appréciées, ces nouveautés sont expliquées dans la jamais trop fleurie « langue de boîte » – cette langue de bois des « boîtes » d’horlogerie, celle de nos « amies les marques » ! Dans tous les styles et à tous les prix, venues de Suisse ou d’ailleurs, au masculin comme au féminin, que va-t-on découvrir dans les vitrines ? Quand on aime, on ne compte pas ! Voici donc le 166e épisode de notre panorama des nouveautés de l’année 2025, avec nos commentaires critiques sur sept montres de sept marques : Breguet, Elka, Kelton, Mido, Patek Philippe, Seiko et Vacheron Constantin…
Cette chronique vise à vous signaler quelques nouveautés parmi toutes celles qui affluent dans les vitrines horlogères : c’est, à ce jour, la plus complète des recensions que proposent les médias spécialisés, avec un peu plus de 2 100 pièces présentées chaque année. Soit, en moyenne, à peu près cinq nouveautés proposées par jour du calendrier : c’est exceptionnel – et même unique dans le paysage horloger ! Ces nouvelles montres sont commentées une par une : nous ajoutons à ces présentations des évaluations personnelles critiques, forcément subjectives et généralement pas complaisantes, mais toujours sincères, en bref, en vrac et toujours en toute liberté. Dans le formidable tsunami des nouveautés horlogères, cette sélection est déjà, en soi, une élimination du pire ou de l’insignifiant : il ne faut donc pas s’étonner que le meilleur y soit commenté plutôt positivement. Tout le monde l’aura compris : les absents ont toujours tort !

VACHERON CONSTANTIN Grand Lady Kalla (saphir, rubis, émeraude)
Vacheron Constantin ouvre un nouveau chapitre dans la série des montres de Haute Joaillerie qui n’a cessé d’évoluer depuis la Kallista en 1979. La Maison présente ainsi trois nouvelles interprétations éblouissantes de la Grand Lady Kalla, dévoilée en 2024. Avec l’introduction des pierres de couleur dans la collection, les diamants blancs s’associent à des émeraudes serties sur platine 950, ou à des rubis et saphirs sertis sur or blanc 18 carats. Ces pierres précieuses sont rehaussées de perles blanches Akoya et de pierres ornementales polies. Chaque modèle comprend une montre entièrement sertie de diamants, une pièce joaillière, un bracelet rivière à trois rangs et uncollier sautoir, tous interchangeables, offrant ainsi quatre ports différents. Bien plus qu’une simple montre ornée de pierres précieuses, la Grand Lady Kalla a été conçue dès le départ comme une pièce exprimant le temps de la manière la plus créative possible. Elle témoigne également de la quête d’excellence créative et technique qui définit Vacheron Constantin depuis sa fondation en 1755 et qui continue d’inspirer la Maison 270 ans plus tard. Depuis ses débuts, Vacheron Constantin a tissé un lien privilégié avec les femmes en créant de magnifiques montres décorées à la main de pierres précieuses,d’émaux, de guillochis et de gravures. Parmi les montres pour femmes finement ouvragées appartenant à la collection privée de la Maison figure un ancien modèle serti de pierres précieuses datant de 1812. La collection comprend également un modèle de 1924 serti de gemmesmulticolores qui peut se transformer de pendentif en broche. Les périodes Art nouveau et Art déco ont été marquées au sein de la Maison par une grande créativité dans la conception et la réalisation de montres joaillières qui a continué d’évoluer esthétiquement au gré deschangements sociaux et culturels tout au long des XXe et XXIe siècles.

Repoussant les frontières de la créativité, cette nouvelle pièce se compose d’une montre et d’un sautoir à pampille pouvant être portés de quatre façons. Par son esthétique mêlant la géométrie rectiligne du bracelet, de la montre et de la pièce joaillière à la grâce sinueuse du sautoir, la Grand Lady Kalla résonne avec le style Art déco. Chacun des trois modèles présente un total de 45,66 carats de diamants et se compose de quatre éléments interchangeables. Le bracelet rivière à trois rangs compte 103 diamants, dont une rangée centrale ornée de huit pierres précieuses – saphirs, rubis ou émeraudes selon la version. La pièce joaillière, sertie de 12 diamants, est rehaussé en son centre d’un cabochon taille pain de sucre en saphir, rubis ou émeraude. Toutes les pierres de couleur sont certifiées SSEF (Swiss Foundation for the Research of Gemstones). Sur la montre au cadran entièrement serti de diamants, deux gemmes de même couleur taille émeraude contrastent avec l’éclat des 10 diamants taille émeraude pour former une corolle précieuse et délicate. La montre et la pièce joaillière sont toutes deux conçues pour s’adapter parfaitement au bracelet ou au sautoir. Long de 85 cm, le sautoir marie la rondeur de 112 perles Akoya – choisies pour leur lustre profond et leur éclat soyeux – à des perles de pierres précieuses et ornementales. L’extrémité du collier s’achève par une pampille de perles comprenant une perle de la pierre précieuse correspondante.

La taille émeraude, prisée pour son élégance intemporelle, a été retenue pour les diamants et pierres de couleur sertissant le boîtier, le bracelet et la pièce joaillière. Ses facettes horizontales en gradins soulignent la pureté architecturale et la sophistication discrète du design. De forme rectangulaire aux angles biseautés, cette taille produit un éclat mesuré mais saisissant, en contraste avec le scintillement vif de la taille brillant. Moins réfléchissante, elle met en valeur la couleur intrinsèque de la pierre et, grâce à sa grande table centrale, agit comme une fenêtre ouverte sur le cœur de la pierre, révélant sa clarté naturelle mais aussi ses possibles inclusions. C’est pourquoi la taille émeraude est réservée aux gemmes d’une qualité exceptionnelle, d’une transparence irréprochable. La taille pain de sucre de la pierre centrale ornant la pièce joaillière met en valeur la beauté de la gemme d’une différente manière. Son aspect lisse et bombé tire son nom de la forme donnée au sucre raffiné tel qu’il était commercialisé jusqu’à la fin du XIXe siècle. D’origine ancienne et relativement rare dans la joaillerie contemporaine, cette taille se présente comme une variation du cabochon classique avec, toutefois, quatre faces polies et adoucies convergeant vers un sommet arrondi. La lumière glisse sur sa surface et pénètre au cœur de la pierre pour en révéler les nuances, la profondeur et la richesse chromatique d’une manière que les tailles à facettes ne sauraient produire. La réalisation d’une taille pain de sucre requiert un grand savoir-faire et une infime précision afin de préserver la forme naturelle de la pierre tout en obtenant des surfaces lisses, régulières et symétriques. Sa rareté contribue à en faire une taille particulièrement recherchée. Sur ces pièces, l’éclat visuel quasi ininterrompu des pierres est renforcée par le serti griffes des gemmes taille émeraude qui laisse passer un maximum de lumière tout en réduisant au minimum la présence du métal. En y regardant de plus près, on remarque un détail particulier, à peine visible à l’œil nu : chaque griffe a la forme d’une branche de la croix de Malte, emblème de Vacheron Constantin, de sorte qu’aux points de jonction des quatre pierres, une croix complète se forme. De plus, les fermoirs et les attaches, techniquement complexes, ainsi que la couronne de mise à l’heure sont entièrement dissimulés sous les pierres.

La Grand Lady Kalla – Saphir, réalisé en or blanc 18 carats, comporte au total 49,72 carats de saphirs : huit saphirs taille émeraude sur le bracelet, deux sur la montre et deux sur la pièce joaillière, auxquels s’ajoute un saphir taille pain de sucre d’environ 2,54 carats. Sur le sautoir, 31 perles de saphir bleu polies s’allient à la douce luminescence de 112 perles Akoya et à 20 perles de calcédoine bleue. La Grand Lady Kalla – Rubis, réalisé en or blanc 18 carats, comporte au total 49,85 carats de rubis : huit rubis taille émeraude sur le bracelet, deux sur la montre et deux sur la pièce joaillière, auxquels s’ajoute un rubis taille pain de sucre d’environ 2,45 carats. Sur le sautoir, 31 perles de rubis polies s’associent à la douce luminescence des 112 perles Akoya et à 20 perles de calcédoine rose. La Grand Lady Kalla – Émeraude se distingue par le sertissage d’un total de 35,72 carats d’émeraudes sur platine 950 : huit émeraudes taille émeraude sur le bracelet, deux sur la montre et deux sur la pièce joaillière, auxquelles s’ajoute une émeraude taille pain de sucre d’environ 1,95 carat. Sur le sautoir, 31 perles d’émeraude polies s’associent à la douce lueur des 112 perles Akoya et à 20 perles de chrysoprase. Répondant au désir des femmes de pouvoir porter leurs bijoux de multiples manières, la Grand Lady Kalla se compose de quatre éléments modulaires permettant autant de styles différents. Fixée en sautoir, la montre évoque les gestes élégants de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, lorsque les femmes portaient des montres au pendant et consultaient l’heure d’un geste discret en soulevant le sautoir du bout des doigts. Qu’elle soit montée en sautoir ou sur bracelet, la montre peut être remplacée en un instant et sans outil par la pièce joaillière grâce à un ingénieux mécanisme de fixation dissimulé. La Grand Lady Kalla est présentée dans un élégant coffret accompagné d’un porte-documents spécialement conçu renfermant le dessin original à la gouache de la pièce des mains du créateur, le certificat d’authenticité et divers papiers en rapport avec la Grand Lady Kalla.
UN COMMENTAIRE ? Avec une telle profusion de diamants et de pierres précieuses, face à une telle virtuosité dans la taille de ces pierres, face à une modularité joaillière aussi intelligemment conçue, il est évident que le prix s’établira dans les sept chiffres, en fonction des fluctuations du marché pour ces gemmes, mais le prix n’est pas l’élément déterminant pour ces montres en or de 19,4 mm x 30,1 mm x 8,3 mm d’épaisseur, qui sont animées par un mouvement à quartz, au milieu de dizaines de carats de toutes tailles qui se disputent le moindre espace. Mieux que le prix, l’effet saisissant de telles pièces de joaillerie !

SEIKO Prospex Speedtimer (édition limitée Europe)
Icône sportive et intemporelle, cette création rend hommage à la légendaire Speedtimer de 1969, premier chronographe automatique au monde doté d’une roue à colonnes et d’un embrayage vertical. Son design s’inspire des lignes raffinées des voitures européennes des années 1960, réinterprétées avec une touche contemporaine. Son cadran beige satiné offre une lecture claire et élégante, tandis que son boîtier en acier inoxydable et son verre saphir incurvé soulignent larobustesse et la sophistication du modèle. Animée par la lumière, la montre est équipée d’un mouvement quartz solaire garantissant jusqu’à six mois d’autonomie après une charge complète. Disponible exclusivement en Europe à 2 700 exemplaires, elle est proposée avec deux bracelets interchangeables : un bracelet en acier inoxydable et un bracelet en cuir perforé couleur sable, clin d’œil à l’univers des chronographes automobiles vintage.
UN COMMENTAIRE ? Si vous trouvez qu’il y a un air de famille entre cette Speedtimer et tel autre chronographe couronné, ce n’est pas faux, même si les deux montres ne boxent pas dans la même catégorie : il faut compter dans les 860 euros pour ce trois-compteurs date en acier (boîtier de 39 mm x 13,3 mm d’épaisseur, étanche à 100 m et servi par un mouvement à quartz solaire japonais avec lequel il sera à peu près impossible de tomber en panne de batterie : il suffit de consulter l’indicateur de réserve d’énergie à six heures).
MIDO Multifort Chronometer Racer
Et c’est parti ! La Multifort Chronometer Racer s’élance avec passion, sans compromis en matière de précision et d’allure. Midodévoile ce chronomètre suisse habillé des emblématiques bleu et orange, dans un pur esprit de course automobile. Sous son capot robuste, il embarque le redoutable Calibre 80 Si – doté d’un spiral en silicium et certifié par le COSC. Comme une véritable voiture de compétition qui s’adapte aux circuits, cette montre est livrée avec un bracelet supplémentaire, offrant une polyvalence élégante et sportive. Parfaite pour les professionnels comme pour les amateurs de vitesse et d’élégance. Comme les légendes mécaniques, la Multifort Chronometer Racer allie esthétique emblématique et ingénierie high-tech. Son allure de sportive de course annonce la couleur : cadran noir marqué de Côtes de Genève verticales, cerclé d’orange et de bleu rappelant les compte-tours des tableaux de bord. Des touches d’orange font ressortir la minuterie et l’aiguille des secondes. Deux bracelets en cuir – bleu ligné d’orange, et noir perforé – permettent de moduler son esthétique. Forgée dans les meilleurs matériaux, acier inoxydable traité PVD noir pour le boîtier et Super-LumiNova pour une lisibilité optimale, la Multifort Chronometer Racer reste imperturbable face à la vitesse. Surtout au cœur du Calibre 80 automatique bat un spiral en silicium, associé à une réserve de marche allant jusqu’à 80 heures, pour une exactitude exceptionnelle. Cette mécanique de pointe lui vaut la certification Chronomètre par le Contrôle Officiel Suisse des Chronomètres (COSC) mais aussi une garantie de 5 ans... De quoi résister à de nombreux virages, mêmes les plus serrés.

La Multifort Chronometer Racer affiche d’emblée son tempérament : son cadran noir, décoré de caractéristiques Côtes de Genève verticales, est entouré d’orange, de bleu ciel et de blanc. Une lunette polie, traitée PVD noir, fait ressortir ces teintes. Le rehaut affiche une minuterie contrastée en blanc, avec des chiffres orange aux intervalles de cinq minutes. Les index facettés et les aiguilles diamantées, garnis de Super-LumiNova®, assurent une lecture optimale – tout comme le verre saphir bombé avec traitement antireflets sur les deux faces. L’aiguille des secondes, orange, rappelle l’esprit de précision ultime de ce chronomètre redoutable. Enfin, dans un guichet à 3 heures apparaissent le jour et la date, en blanc sur fond noir. Chaque détail de la Multifort Chronometer Racer évoque l’univers des circuits. La solidité de son boîtier en acier inoxydable satiné est prolongée par deux bracelets facilement interchangeables en cuir, pour personnaliser la montre au rythme du pilote. Sont livrés avec chaque montre un bracelet bleu clair avec lignes orange et surpiqûres ton sur ton et un bracelet en cuir noir perforé souligné de coutures orange et bleues. La Multifort Chronometer Racer puise sa force dans son excellent mouvement automatique : le Calibre 80 Si. Son spiral en silicium, matériau amagnétique et résistant aux chocs, assure une précision exceptionnelle, certifiée par le Contrôle Officiel Suisse des Chronomètres (COSC). Cette mécanique suisse délivre jusqu’à 80 heures de réserve de marche, pour une fiabilité hors normes. Finement décoré, avec ses vis bleuies et sa masse oscillante ornée de Côtes de Genève gravées du logo Mido, ce calibre s’admire à travers le fond transparent. Étanche jusqu’à une pression de 10 bars (100 m / 330 ft), elle allie performance mécanique et robustesse pour accompagner les esprits aventuriers. Avec son emblématique allure de sportive et sa précision certifiée, la Multifort Chronometer Racer incarne la montre des pilotes du quotidien – un chronomètre pour ceux qui aiment prendre de l’avance !
UN COMMENTAIRE ? Jolies couleurs, narratif « racing » cohérent, prix raisonnable (environ 1 590 euros pour ce boîtier en acier de 42 mm x 12 mm, étanche à 100 m et motorisé par un mouvement automatique suisse certifié chronomètre à spiral silicium et prévu pour 80 heures de réserve de marche). Une vraie « sportive chic », qui est une des meilleures de sa génération…

KELTON RC22 « Mesh »
Déjà bien installée dans l’emblématique collection RC inspirée des voitures de course des années 1970, la RC22 se réinvente. La nouveauté ? Un bracelet en maille acier inox, qui renforce le caractère racé de la montre et lui confère une allure encore plus affirmée. Puisant toujours dans l’univers des circuits, la RC22 conserve son boîtier robuste brossé, véritable clin d’œil aux carrosseries brutes des bolides. Mais cette fois, elle troque son bracelet en cuir pour un bracelet mesh en acier inox, à la fois moderne, solide et confortable. Une évolution qui donne à la montre une nouvelle présence au poignet, gagnant encore un peu plus de légitimité dans l’univers du racing. Avec son bracelet titane en maille, la RC22 s’adresse directement aux amateurs de montres sportives et masculines, tout en restant fidèle à l’ADN Kelton. Les index rayés et les aiguilles colorées rappellent l’ univers pop de la marque, comme un hommage aux décennies qui ont fait sa renommée auprès du public français. En proposant ce bracelet acier, Kelton confirme sa capacité à faire évoluer ses modèles iconiques pour séduire une clientèle variée, sans jamais trahir son histoire.
UN COMMENTAIRE ? On ne voit pa trop en quoi un bracelet en maille, même en « acier inox » [il ne manquerait plus qu’il ne soit pas inoxydable !], apporte à une montre « un peu plus de légitimité dans l’univers du racing », mais on ne va pas faire d’histoires pour une montre sympathique qui ,n’est jamais facturée que 145 euros (boîtier en acier de 38 mm x 11 mm, étanche à 50 m et motorisé par un mouvement électronique Miyota qui affiche et le jour et la date !). Pour ce qui est du retour de Kelton sur le marché, une citation : « Des années après sa disparition, le pilier de la culture pop entend prolonger son règne » – bizarre, cette histoire de pilier qui avait disparu et qui revient(d’où ?) pour raffermir sa couronne…

ELKA Diversity Series II MN03 (version chiffres en écriture arabe)
Ace Jewelers et Elka Watch Company sont fiers de présenter leur troisième projet collaboratif : Diversity Series II. Utilisant la nouvelle série N comme toile de fond, deux éditions — MN04 et MN03 — limitées chacune à 50 exemplaires, ont été créées pour marquer le 50e anniversaire d'Ace Jewelers. Plus qu'un simple partenariat commercial, ce projet trouve ses racines dans l'amitié de longue date entre Alon Ben Joseph, PDG d'Ace Jewelers, et Hakim El Kadiri, fondateur de la moderne Elka Watch Company. Cette collaboration s'inspire d'une histoire commune : l'un des anciens emplacements de la boutique Ace abritait autrefois une boutique ELKA appartenant à la famille Kiek. Cette connexion fortuite a donné naissance aux deux premiers projets Ace x Elka : la série Diversity (2023) et la série Essence (2024). Avec la série Diversity II, la collaboration revient au thème de l'expression culturelle, en s'appuyant désormais sur le boîtier de la série N. Aux côtés de la MN04, on trouve la MN03, avec un cadran vert et des chiffres arabes orientaux. Cette édition met l'accent sur la vitalité et le dialogue entre les cultures, poursuivant la transition entre les chiffres des minutes de la première série Diversity et les index des heures complètes de la série Diversity II. Hakim El Kadiri explique : « La MN03 reflète ce que les montres peuvent représenter à mes yeux. Ce n'est pas seulement un instrument de mesure du temps, mais aussi un pont entre les cultures. En incorporant des chiffres arabes orientaux, nous rendons hommage aux civilisations qui ont tant apporté à l'humanité et nous envoyons un message de réconciliation et d'inclusion. Le cadran vert souligne cet esprit tourné vers l'avenir, nous encourageant à regarder vers l'avenir tout en nous souvenant de la richesse du passé. » Ensemble, la MN04 et la MN03 forment un dialogue : l'une ancrée dans l'inspiration personnelle, l'autre dans la connexion universelle.

La première série Diversity affichait les chiffres des minutes (5, 10, 15, etc.) en chiffres arabes orientaux et hébraïques, dans un boîtier de 40,8 mm de diamètre, 10,8 mm d'épaisseur et 46,5 mm de corne à corne. La série Diversity II introduit deux changements majeurs : un boîtier N Series plus compact de 36 mm de diamètre, 10,5 mm d'épaisseur et 41,1 mm de corne à corne, et l'adoption d'un ensemble complet de chiffres des heures (1, 2, 3, etc.) à la place des anciennes marques des minutes. Ensemble, ces ajustements renforcent le caractère du design, offrant des proportions plus ergonomiques et des dimensions d'inspiration vintage, tout en perpétuant le dialogue multiculturel au cœur de la série. Ce raffinement s'inscrit également dans la philosophie de conception plus large d'Elka. Si le mantra du mouvement Bauhaus « la forme suit la fonction » est visible dans la clarté et la lisibilité des cadrans Elka, Hakim El Kadiri le prolonge avec ce qu'il appelle « la forme suit le sentiment ». Les boîtiers arrondis, les cornes douces et les contours lisses de la série N rappellent le confort d'un galet dans la main, une présence organique et tactile qui évoque les montres de poche tant appréciées. Le design est à la fois fonctionnel et chaleureux, créant un lien plus profond entre le garde-temps et son propriétaire. Hakim El Kadiri note : « Le design ne se résume pas à la fonction. Il s'agit de la sensation que procure une montre au poignet, de la façon dont elle se connecte à son propriétaire. Les lignes arrondies et les contours en forme de galet de la série N incarnent cette idée de « la forme suit le sentiment », rappelant à chaque regard sur le cadran et à chaque contact avec le boîtier pourquoi les montres continuent d'inspirer. »
UN COMMENTAIRE ? Il s’agit de la troisième collaboration entre la maison indépendante suisse Elka et le détaillant néerlandais Ace Jewelers, et le plaisir est resté au rendez-vous : il n’y aura que 50 exemplaires de cette montre « arabe » très réussie, qui est proposée à environ 2 230 euros (boîtier « compact » en acier de 36 mm x 10,5 mm, étanche à 50 m et animé par un mouvement automatique La Joux-Perret qui dispose de 68 heures de réserve de marche). Les prix peuvent varier selon les bracelets et les versions. Entre Elka et le marché néerlandais, notamment Ace Jewelers (maison qui vient de fêter son demi-siècle), les relations historiques sont d’ailleurs beaucoup plus anciennes que ces « collabs » contemporaines, puisqu’elles remontent aux origines mêmes des deux maisons...

BREGUET Classique 7235
D’où viennent les fondamentaux du style Breguet ? Ils sont si profondément ancrés au sein des 250 ans d’histoire de la Manufacture qu’en déterminer une seule origine est un pari audacieux. Une montre, toutefois, les résume parfaitement : la montre N°5, livrée en 1794. La Classique 7235 lui rend aujourd’hui un juste hommage. Breguet est bien plus qu’un nom. C’est un homme, une lignée, une horlogerie d’avant-garde, mais aussi un style identifiable au premier coup d’œil. En attestent notamment les fameuses « aiguilles Breguet ». L’appellation s’étend aujourd’hui bien au-delà des murs de la manufacture, figurantun style très souvent copié. En cela, les progrès technologiques réaliséspar Abraham-Louis Breguet sont aussi essentiels à l’horlogerie contemporaine que ses codes esthétiques. La Classique 7235 est créée pour en témoigner. C’est une facétie historique qu’il faut savoir discerner : en son temps, le style inventé par Breguet est tout sauf « classique ».Bien qu’il soit aujourd’hui perçu de la sorte, il est même, pour l’époque, profondément disruptif et novateur. Car, lorsqu’il s’installe à Paris en 1775, le visage des horloges, pendules et montres de poche est touffu,chargé, encombré d’accents esthétiques baroques - pas nécessairement disgracieux, mais dénués de cohérence et d’identité. Le style Renaissance est encore perceptible. Les styles anglais et français sont distincts. L’horlogerie suisse n’a pas trouvé toutes ses marques. Breguet, lui, va forger un langage horloger universel. Il est empreint de finesse, d’élégance, de lisibilité. Il est intemporel. En témoigne le fait que, 250 ans plus tard, il éclaire toujours la Haute Horlogerie de ses lumières. Ce que va proposer Breguet pour le cadran est à l’image de ses inventions techniques : global, unifié, cohérent. L’homme œuvre à l’amélioration de l’horlogerie autant par ses mouvements que par ses cadrans. Il les débarrasse du superflu. Accentue les zones de lisibilité. Procède par secteurs. Joue sur différents niveaux. Et, surtout, au fild’une prodigieuse carrière couvrant près de 50 ans de labeur, il s’y tiendra avec rigueur et constance.

C’est ce style que la montre N°5, livrée le 14 mars 1794, saisit sur l’instant. Une pièce d’exception, vendue en son temps à François Jourgnac Saint-Méard, homme de lettres redouté pour la finesse de sa plume et contemporain de Breguet. La Classique 7235 puise son inspiration dans la montre N°5, actuellement au Musée Breguet, place Vendôme à Paris. Il ne s’agit pas d’une reproduction stricto sensu, puisque la N°5 était une montre de poche. Il a donc fallu en adapter les proportions et, surtout, lui créer un mouvement dédié. C’est une création limitée à 250 exemplaires. Côté cadran, la pièce reprend les complications de la montre N°5, ainsi que leur disposition générale : deux aiguilles centrales, réserve de marche à 10h30, phase de Lune à 2h, et petite seconde à 5h. Ses complications se distribuaient avec grâce sur des cadrans sans cesse réinventés - tous uniques, mais unis par ce sens inné de l’équilibre et de la justesse. La petite seconde placée entre V et VI heures est un clin d’oeil à de nombreuses montresanciennes de la maison sur lesquelles la petite seconde était rarement placée à VI heures. Sobriété et clarté n’excluait pas fantaisie ! Côté mouvement, Breguet a créé en 2025 un nouveau calibre pour animer la Classique 7235. Il s’agit du 502.3.DRL, avec spiral en silicium. Avant même ces complications, notons qu’il est automatique. La mention peut sembler anodine. Elle ne l’est pas : la montre N°5 de 1794 l’était également. C’était, pour l’époque, une révolution technique. A.-L. Breguet est véritablement le père de la montre dite « perpétuelle », aïeule de la montre automatique contemporaine. En 1790, le grand horloger mentionne en effet « y travailler depuis 25 ans », ce qui laisse entendre qu’il l’imaginait déjà vers 1775. Le musée Breguet est d’ailleurs à l’heure actuelle détenteur de la « montre perpétuelle » la plus ancienne connue de nos jours, la Breguet 1/8/82, terminée en août 1782 – la seule à pouvoir attester formellement de l’antériorité de Breguet à l’exercice. La Classique 7235 lui rend aujourd’hui l’hommage qui lui est dû. Le calibre 502.3.DRL est remarquable par sa finesse. Malgré ses trois complications additionnelles aux heures et minutes, ilreste sous la barre des 4 mm d’épaisseur, à 3,95 mm (pour 32,4 mm de diamètre). Cette finesse est notamment possible par une masse oscillante décentrée. Elle ouvre l’espace à une distribution optimisée des organes de la montre contribuant, au final, à un boîtier qui reste lui-même sous la barre des 10 mm, à précisément 9,9 mm.

L’harmonie est parfaite avec un diamètre de boîtier contenu à 39 mm, le plus prisé des grands collectionneurs. Les cornes sont quant à elles celles déjà aperçues sur la montre de Souscription dévoilée en début d’année 2025. Pour ses 250 ans, la Manufacture Breguet dévoile progressivement des créations qui mettent un accent particulier sur la finition. La Classique 7235 ne fait pas exception. Elle est réalisée en or Breguet 18 carats. Le précieux alliage habille également le cadran. Ce dernier comporte le guilloché main du motif « Quai de l’Horloge », adresse historique d’A.-L. Breguet à Paris. Le secteur de la réserve de marche et de la petite seconde, de même que le pourtour du cadran présentent un même motif, mais circulaire. Ils permettent de les discerner avec une plus grande acuité. La Lune, à 2h, est la reproduction exacte de celle qui figure sur la montre N°5 de 1794. Elle est aussi réalisée en or Breguet. L’ensemble prend place sur une surface non plane : comme sur la montre N°5, la Classique 7235 offre un cadran biseauté. Il est plus fin en périphérie qu’en son centre. C’est un écart de seulement 4 dixièmes de millimètres. Il suffit toutefois à donner un profil légèrement plongeant au cadran, au bord du tour des heures. Il permet une lunette plus fine, plus basse, assurant une jonction parfaite avec un verre sphérique qui tombe avec justesse sur la carrure. Cette dernière est, pour la première fois chez Breguet, guillochée main selon le motif « Quai de l’Horloge », en remplacement aux fameuses cannelures - donc horizontalement, et non plus verticalement.
UN COMMENTAIRE ? Ce n’est pas parce qu’elle a 250 ans qu’une marque peut tout se permettre : on est assez étonné de voir Breguet pour Abraham-Louis Breguet revendiquer la paternité de la montre « perpétuelle » pour une montre de 1782 [disons « automatique » pour parler en français d’aujourd’hui] alors qu’on sait, depuis les travaux du regretté Joseph Flores que l’horloger belge Hubert Sarton a déposé à l’Académie des sciences de Paris, en 1778, les plans d’une montre qui se trouve exposée au musée Patek Philippe. Pourquoi tenter d’en rajouter dans l’imposture, cette montre ayant auparavant été fautivement attribuée à un certain Abraham-Louis Perrelet par des historiens financés par des marques qui se flattaient d’être les héritières de ce très fantomatique Perrelet ?Dommage pour cette 7735, qui n’était pas si mal pour les 80 000 euros (un prix un peu excessif) qu’en réclame Breguet (boîtier en or de 39 mm x 9,9 mm, étanche à 30 m et animé par un mouvement automatique calé sur 45 heures de réserve de marche)…

PATEK PHILIPPE Gondolo Serata « Zèbres » Réf. 4963/200R
Un nouveau modèle avec sertissage de spessartites et cadran original en verre saphir orné d’un décor « Zèbres » : lancée en 2006, la Gondolo Serata se démarque par ses courbes originales, inspirées de l’Art déco. Avec son design très typé, elle offre une réinterprétation contemporaine de la montre de soirée qui saura souligner une allure chic en journée. Elle a pris son envol dans des versions en or gris serties de diamants, avec cadrans en nacre guillochée, dont la production s’est arrêtée en 2021 (références 4972G-001 et 4972/1G-001). En 2023, cette montre-bijou au style inédit et à l’élégance intemporelle a fait son retour au sein de la collection courante Patek Philippe dans une version en or rose légèrement agrandie, avec boîtier serti de spessartites et cadran laqué brun orné d’un décor floral (référence 4962/200R-001). Patek Philippe réinterprète ce modèle avec un cadran au décor original de zèbres – un motif inspiré de la montre-bracelet Golden Ellipse référence 5738/50G-023 en émail cloisonné, l’un des fleurons de la collection Haut Artisanat 2022.
Pour recréer le jeu visuel des rayures, avec son zèbre au premier plan, la manufacture a mis en œuvre une technique innovante et raffinée de cadran en verre saphir gravé et encré sur les deux faces. Le décor est ensuite complété avec une métallisation noire et un vernis blanc sur la face arrière du cadran saphir, donnant de magnifiques effets de volume et de profondeur. L’heure s’affiche grâce à deux chiffres Breguet appliques, à 12h et à 6h, et à des aiguilles de style « feuille » en or rose. Le boîtier en or rose (28,6 x 40,85 mm) est serti de 94 spessartites taille brillant (2,02 ct) disposées en un double dégradé de couleurs allant des tons « cognac » à 12 h et 6 h aux tons « mandarine » à 9 h et 3 h. Cet effet foncé-clair-foncé ainsi que les variations de dimensions des pierres soulignent le profil cambré et cintré de la montre épousant parfaitement le poignet. Un second rang de spessartites dans la partie inférieure du boîtier rehausse ses courbes asymétriques. La nouvelle Gondolo Serata référence 4962/200R-010 est livrée avec un bracelet en cuir de veau blanc avec finition satinée. La boucle à ardillon en or rose est ornée du logo Patek Philippe. Cette montre abrite le calibre Patek Philippe à quartz E15 aux composants mécaniques finis avec le même souci de bienfacture que ceux des mouvements entièrement mécaniques.

UN COMMENTAIRE ? Une « grande » référence Patek Philippe, non seulement par son format un peu inhabituel dans l’univers féminin (boîtier en or rose délicatement galbé de 18,6 mm x 40,8 mm x 7,3 mm, étanche à 30 m) ou par son prix (situé aux alentours des 50 000 euros, ce qui n’est pas rien pour une montre à quartz dont la batterie devrait durer trois ans), mais surtout par sa décoration figurative spectaculaire : il est vrai que le zèbre est un animal particulièrement « graphique » et que le regain d’intérêt pour l’Art déco nous réserve sans doute beaucoup d’autres zèbreries horlogères. Parés pour le grand carpo-safari qui nous est annoncé pour les poignets chics ?

COORDINATION ÉDITORIALE : JACQUES PONS

