REPÉRAGES #165-2025 (accès libre)
Sept points de vue critiques sur sept nouvelles propositions horlogères
En toute transparence, avant d’être commentées et appréciées, ces nouveautés sont expliquées dans la jamais trop fleurie « langue de boîte » – cette langue de bois des « boîtes » d’horlogerie, celle de nos « amies les marques » ! Dans tous les styles et à tous les prix, venues de Suisse ou d’ailleurs, au masculin comme au féminin, que va-t-on découvrir dans les vitrines ? Quand on aime, on ne compte pas ! Voici donc le 165e épisode de notre panorama des nouveautés de l’année 2025, avec nos commentaires critiques sur sept montres de sept marques : Apollo, Arnold & Son, Baltic, Breguet, Elka x Ace jewelers, Hermès et Patek Philippe…
Cette chronique vise à vous signaler quelques nouveautés parmi toutes celles qui affluent dans les vitrines horlogères : c’est, à ce jour, la plus complète des recensions que proposent les médias spécialisés, avec un peu plus de 2 100 pièces présentées chaque année. Soit, en moyenne, à peu près cinq nouveautés proposées par jour du calendrier : c’est exceptionnel – et même unique dans le paysage horloger ! Ces nouvelles montres sont commentées une par une : nous ajoutons à ces présentations des évaluations personnelles critiques, forcément subjectives et généralement pas complaisantes, mais toujours sincères, en bref, en vrac et toujours en toute liberté. Dans le formidable tsunami des nouveautés horlogères, cette sélection est déjà, en soi, une élimination du pire ou de l’insignifiant : il ne faut donc pas s’étonner que le meilleur y soit commenté plutôt positivement. Tout le monde l’aura compris : les absents ont toujours tort !

PATEK PHILIPPE Calatrava Pilot Travel Time 5524G-010
Depuis ses origines, Patek Philippe incarne l’excellence horlogère en associant l’élégance des formes aux complications raffinées. Au sein de cette tradition d’excellence est un chapitre parfois méconnu mais fascinant : celui des montres de pilote. Des sidéromètres des années 1930 aux montres contemporaines conjuguant complications de voyage, alarme mécanique ou chronographe flyback, Patek Philippe a su réinterpréter avec audace l’esprit pionnier de l’aviation, sans jamais renoncer à son exigence d’harmonie des lignes et de finesse technique.Présentée à l’occasion de l’édition 2025 de Watches and Wonders, la Calatrava Pilot Travel Time référence 5524G-010 propose une nouvelle déclinaison de ce modèle alliant tradition, modernité à un caractère affirmé. Bien que Patek Philippe soit surtout connu pour ses montres au design classique intemporel, la maison a aussi créé au cours de sa longue et riche histoire des montres utilitaires, en particulier des montres de pilote… Les premiers aviateurs s’appuyaient sur leur garde-temps, compagnons indispensables pour la navigation. Deux montres à angle horaire conservées au musée de la manufacture à Genève et datant des années 1930 témoignent de cet héritage. Aussi appelés sidéromètres, ces instruments de vols étaient utilisés par des pilotes pour déterminer leur position avant l’invention de la navigation radio puis satellite (GPS). Réglés sur l’heure de référence GMT, ils permettaient de calculer la longitude en comparant cette heure à l’heure locale, obtenue grâce à l’observation de la position des étoiles à l’aide d’un sextant astronomique. (…)

La Calatrava Pilot Travel Time pose les bases d’une vision originale du genre avec pour maître mots design affirmé, technique, praticité, lisibilité, et ergonomie. La nouvelle Calatrava Pilot Travel Time 5524G-010 s’inscrit dans la lignée des montres de voyage créées par Patek Philippe depuis 2015. Elle reprend les caractéristiques techniques des versions précédentes de la référence 5524, à commencer par la 5524G-001, première du genre, avec son boîtier en or gris et son cadran bleu profond. La 5524G-010 revient à l’or gris mais se distingue par une esthétique plus douce et contemporaine. Cette réinterprétation subtile associe tradition et modernité, avec le souci extrême de bienfacture habituel de la manufacture. Elle se caractérise par un cadran laqué ivoire, dont la lisibilité est optimisée par des chiffres appliques noircis en or gris avec revêtement luminescent. Les aiguilles de type « glaive », en or gris anthracite, participent à l’équilibre entre fonctionnalité et élégance. Au sein de son boîtier de 42mm, son calibre automatique 26-330 S C FUS avec second fuseau horaire et date locale offre un affichage facile et lisible de la fonction « Travel Time ». L’aiguille squelettée affiche l’heure du domicile tandis que l’aiguille pleine recouverte de matière luminescente indique l’heure locale. Chacun des deux fuseaux horaires est associé à un indicateur jour/nuit respectivement à 9 heures et à 3 heures. Le réglage de l’heure locale est intuitif avec deux poussoirs latéraux à 8 heures (+1 heure à chaque pression) et 10 heures (-1 heure à chaque pression).

L’affichage de la date par aiguille à 6h s’ajuste automatiquement sur l’heure locale, en avant comme en arrière. Un système d’isolateur breveté déconnecte le mécanisme de fuseau horaire du mouvement de base lors de l’ajustement de l’heure locale afin de ne pas perturber la marche du mouvement. De plus, la manipulation des poussoirs est sécurisée par un autre système breveté afin d’éviter tout dérèglement involontaire. L’ajustement de l’heure locale ne peut s’effectuer qu’une fois les poussoirs libérés en les tournant d’un quart de tour. Après utilisation, les poussoirs sont verrouillés en les tournant de nouveau d’un quart de tour pour s’assurer qu’ils restent inactifs. Ce mouvement de 290 composants est équipé d’un balancier Gyromax oscillant à 28 800 alternances par heure (4 Hz) avec un spiral Spiromax en Silinvar. Les qualités hors pair de ce matériau dérivé du silicium (légèreté, résistance aux fluctuations de températures, insensibilité aux champs magnétiques), ainsi que la géométrie brevetée du spiral assurent la haute fiabilité et l’extrême précision de marche exigées par le Poinçon Patek Philippe, avec une tolérance de –1/+2 secondes par jour. Un fond saphir transparent permet d’admirer l’architecture et les finitions du calibre avec son rotor en or 21 carats avec côtes de Genève circulaires et des ponts anglés et ornés de côtes de Genève. La Calatrava Pilot Travel Time 5524G-010 est équipée d’un bracelet en matière composite vert kaki avec motif textile et coutures contrastées noires. Elle est dotée d’une boucle ardillon à double « traverse » en or gris inspiré des boucles des sangles utilisées par les aviateurs pour fixer leur équipement.
UN COMMENTAIRE ? Cette « montre de voyage » est une des plus originales – et une des plus complexes – de l’actuelle offre horlogère, et elle en est aussi un des plus précieuses : il faut compter un peu moins de 60 000 euros pour ce double hommage à la tradition des rares montres à vocation « aéronautique » de Patek Philippe et l’esprit des encore plus rares « montres militaires » de la manufacture (boîtier en or gris de 42 mm x 10,7 mm, étanche à 30 m, ce qui est assez ridicule face à la vocation « aventurière » de cette Calatrava Pilot Travel Time 5524G-010, et mouvement automatique « manufacture » calé sur 35 à 45 heures de réserve de marche pour indiquer deux fuseaux horaires, avec les dates et les affichages jour/nuit qui correspondent)…

HERMÈS Slim d’Hermès Néo Brandebourgs
La montre Slim d’Hermès Néo Brandebourgs bouscule son allure minimaliste en accueillant l’interprétation futuriste d’une veste du XIXe siècle. Un jeu de formes et de couleurs dessine la structure du vêtement, révélé par les métiers d’art et rythmé par la présence d’un tourbillon. À chaque artisan ses outils. Les feutres de l’illustrateur, le burin du graveur, les pinceaux du peintre, les tournevis de l’horloger. Mobilisés avec précision à chaque étape, ces savoir-faire d’exception s’accordent pour donner vie à la Slim d’Hermès Néo Brandebourgs.Fidèle à l’épure de sa ligne inscrite dans une boîte en platine de 39,5 mm de diamètre, cette édition limitée à 24 exemplaires accueille sur son cadran la silhouette d’une veste militaire détournée par le trait du designer d’origine japonaise Daiske Nomura. Le dessin de ce vêtement, réalisé une première fois en 1972 par l’artiste Caty Latham pour un carré de soie, est inspiré d’un ouvrage sur les uniformes du XIXe siècle qui appartenait à la collection Émile Hermès. Baptisé Néo Brandebourgs, ce dessin incarne aujourd’hui la vision futuriste d’une jaquette aux couleurs vibrantes conçue comme « l’armure du cavalier de demain ».

Pour retranscrire cette illustration sur le cadran de la Slim d’Hermès, deux métiers d’art ont été sollicités. La gravure permet de creuser dans la matière métallique pour dessiner les contours de ce costume d’apparat dont les détails se révèlent au fil des passages. La peinture miniature anime l’ensemble, accentuant chaque élément avec une palette de teintes vives effleurées par un duo d’aiguilles. Pour la première fois dans cette collection, un tourbillon danse à 7 heures, protégé par une cage arborant le décor Lift, deux H entrelacés figurant sur l’ascenseur du magasin du 24, faubourg Saint-Honoré à Paris qui symbolisent l’union de Julie Hollande et Émile Hermès. L’intégration de ce régulateur préserve le délinéament épuré de la boîte : la montreconserve sa finesse sans compromis. Elle abrite le calibre Hermès H1950T, un mouvement de manufacture extraplat automatique qui délivre 48 heures de réserve de marche et dont les rouages sont visibles au travers du fond en verre saphir. Façonné dans les ateliers Hermès, un bracelet en alligator complète l’allure de la Slim d’Hermès Néo Brandebourgs.
UN COMMENTAIRE ? Bien entendu, les 140 000 euros nécessaires pour passer à son poignet ce boîtier en platine de 39,5 mm peuvent calmer bien des enthousiasmes. Même avec un mouvement automatique extra-plat à tourbillon donné pour 48 heures de réserve de marche… Même avec une peinture miniature aussi expressive sur le cadran… Même pour une série limitée qui ne comptera que 24 pièces (étanchéité à 30 m)… Reste cette délicieuse impression de fraîcheur esthétique, de légèreté existentielle teintée d’insouciance et d’excellence dans la recherche d’une certaine perfection artisanale !

APOLLO Gold Moon (Chez Maman)
Après la lune, place à l’or. Pour ce modèle exclusif, nous avons conservé le boîtier de 35 mm, taille iconique des années 50-60, mais cette fois sublimé d’une teinte dorée éclatante. Rare dans les montres automatiques modernes, cette dimension vintage apporte un équilibre parfait entre élégance et caractère. L’Apollo Moon Gold reprend le design carré arrondi qui a déjà séduit, mais se distingue par une aura solaire : un cadran couleur « lune » qui dialogue avec l’éclat chaleureux du boîtier doré. Un contraste raffiné, pensé pour illuminer le poignet et rappeler que même dans l’espace, il faut un peu de soleil.
UN COMMENTAIRE ? Une montre qui plaît aux nouvelles générations, non seulement pour son style gentiment rétro et esthétiquement charmant, mais aussi pour son prix accessible (environ 335 euros) : le boîtier en acier doré mesure 40 mm x 11 mm, étanche à 50 m et doté d’un mouvement automatique Miyota avec 40 heures de réserve de marche. C’est le genre de montres qui donne le goût des belles montres et qui peut constituer la première marche vers une collection plus étoffée…

ARNOLD & SON Perpetual Moon 38 White Gold, Aventurine Edition
L’horlogerie féminine selon Arnold & Son rayonne de mille feux : éclatante sous la lumière du jour, elle se révèle envoûtante à la nuit tombée. Une nouvelle édition de la Perpetual Moon 38 rejoint la constellation astronomique de la plus britannique des Maisons suisses. Son cadran en verre aventurine bleu, constellé de particules scintillantes, évoque un ciel étoilé. Le boîtier en or gris poli de 38 mm reflète une lumière froide, tandis que la lunette et les cornes étincellent sous un sertissage de diamants blancs. Au centre de cette scène, la Lune astronomique — un disque de nacre luminescent — évolue dans sa trajectoire, accompagnée des constellations peintes-main de la Grande Ourse et de Cassiopée. Proposée en édition limitée à 18 exemplaires, la Perpetual Moon 38 White Gold, Aventurine Edition marie avec grâce, poésie lumineuse et excellence horlogère. Dans cette déclinaison, la Perpetual Moon 38 se drape d’un précieux boîtier en or gris, sublimé par un sertissage de diamants. Disposés en taille brillantsur la lunette, les cornes et la boucle, et en taille marquise sur les indexappliqués, ces diamants — totalisant environ 2,66 carats — confèrent à la Perpetual Moon 38 White Gold, Aventurine Edition un éclat remarquable. Orientée vers les astres, cette création joaillière demeure ancrée dans le savoir-faire horloger de la manufacture de La Chaux-de-Fonds. Elle bat au rythme d’un mouvement manuel de haute précision, héritier de l’excellence de John Arnold, maître horloger anglais dont la quête inlassable de précision a marqué son époque.

Chaque détail de la Perpetual Moon 38 White Gold, Aventurine Edition rend hommage à l’esprit de sa complication lunaire. Le cadran en aventurine, parsemé d’éclats métalliques, évoque un ciel nocturne parsemé d’étoiles lointaines. Dans une généreuse ouverture, un large disque en aventurine également accueille la Lune en nacre, rehaussée d’ombres minutieusement peintes à la main. Fidèle à la tradition de la collection, la Lune est encadrée des constellations de la Grande Ourse et de Cassiopée, elles aussi peintes à la main et sublimées par une matière luminescente. Ce choix fait écho à l’histoire de John Arnold, pionnier de la chronométrie de marine. Depuis toujours, ces deuxconstellations ont guidé les navigateurs. À mi-chemin entre elles se trouve Polaris, l’étoile Polaire. Sa position constante indique immanquablement le nord, et son altitude permet de calculer la latitude — le seul repère fiable en mer avant l’invention des instruments de mesure de la longitude. La Perpetual Moon 38 White Gold, Aventurine Edition révèle ainsi deux visages : le jour, un boîtier en or gris poli associé à un cadran bleu profond aux reflets scintillants ; la nuit, un visage mystérieux s’éveille lorsque les éléments ajoutés de Super-LumiNova s’illuminent d’un bleu glacé. C’est alors que la lumière lunaire prend le pas sur l’éclat des diamants, affirmant toute sa puissance poétique. Ce garde-temps transpose dans un univers féminin les standards horlogers d’exigence qui ont toujours animé Arnold & Son. Pour ce faire, la manufacture suisse a développé un mouvement sur mesure, le plus petit de sa collection. D’un diamètre de 30 mm, le calibre A&S1612 a été spécialement conçu pour s’intégrer parfaitement dans le boîtier de 38 mm, dont l’épaisseur n’excède pas 10,44 mm. À remontage manuel, il s’inscrit dans la tradition des calibres à longue réserve de marche de la Maison, offrant une autonomie remarquable de 90 heures. La phase de lune constitue la complication emblématique du calibre A&S1612. Fidèle à l’identité de la collection Perpetual Moon, elle s’affiche sur un disque lunaire de grande dimension. Entre 10h et 2h, les différents croissants reproduisent avec exactitude l’évolution visible de l’âge de la Lune. Dans le respect de sa tradition horlogère, Arnold & Son a doté cette complication d’une précision remarquable : son mécanisme n’accuse qu’un jour de décalage après 122 ans de fonctionnement ininterrompu. Une prouesse qui illustre l’engagement de la manufacture envers l’exactitude astronomique.
UN COMMENTAIRE ? Il faut compter dans les 54 000 euros pour cette montre cosmico-lunaire dans son boîtier en or de 38 mm x 10,4 mm, étanche à 30 m et motorisée par un mouvement à remontage manuel qui dispose de 90 heures de réserve de marche : cette offre féminine, élégamment sertie et intelligemment décorée, est une des plus élégantes de l’actuelle offre horlogère, avec une note mystérieuse très séduisante…

ELKA x Ace Jewelers Diversity Series II – MN04 Limited Edition (Hebrew version)
Ace Jewelers et Elka Watch Company sont fiers de présenter leur troisième projet collaboratif : Diversity Series II. Utilisant la nouvelle série N comme toile de fond, deux éditions — MN04 et MN03 — limitées chacune à 50 exemplaires, ont été créées pour marquer le 50e anniversaire d'Ace Jewelers. Plus qu'un simple partenariat commercial, ce projet trouve ses racines dans l'amitié de longue date entre Alon Ben Joseph, PDG d'Ace Jewelers, et Hakim El Kadiri, fondateur de la moderne Elka Watch Company. Cette collaboration s'inspire d'une histoire commune : l'un des anciens emplacements des boutiques Ace abritait autrefois une boutique ELKA appartenant à la famille Kiek. Cette connexion fortuite a donné naissance aux deux premiers projets Ace x Elka : la série Diversity (2023) et la série Essence (2024). Avec la série Diversity II, la collaboration revient au thème de l'expression culturelle, en s'appuyant désormais sur le boîtier de la série N. La MN04 est dotée d'un cadran avec des chiffres hébraïques, rendus en SuperLuminova, marquant un changement par rapport aux chiffres des minutes (5, 10, 15, etc.) utilisés dans la première série Diversity pour passer à des index des heures (1, 2, 3, etc.) dans cette nouvelle édition.
L'idée remonte à une montre Elka vintage de la collection d'Alon Ben Joseph, une pièce qui reste une source d'inspiration à ce jour. Pour la série Diversity II, ce détail historique est réinterprété avec une police inspirée du Bauhaus pour les chiffres hébraïques, un clin d'œil à la réputation de Tel Aviv comme « ville blanche », site classé au patrimoine mondial de l'UNESCO et célèbre pour son architecture Bauhaus. En combinant ces influences dans une montre contemporaine, la MN04 relie le passé et le présent avec une profondeur à la fois culturelle et esthétique. Alon Ben Joseph commente : « Alors que nous célébrons les 50 ans d'Ace, la MN04 semble être un hommage approprié. Elle renvoie à une montre ELKA rare avec des chiffres hébraïques qui m'a été offerte il y a des années par un ami, et réinterpréter ce détail dans une édition moderne avec Elka me semble profondément significatif. Dans une ville comme Amsterdam, où l'histoire juive reste très présente, la MN04 poursuit le dialogue entre le passé et le présent, montrant comment l'inspiration tirée de l'histoire peut être réinventée pour les collectionneurs d'aujourd'hui. » Limitée à 50 pièces numérotées, la MN04 est une création symbolique qui fait le pont entre l'héritage ELKA d'Amsterdam et la communauté horlogère d'aujourd'hui.

UN COMMENTAIRE ? Il s’agit de la troisième collaboration entre la maison indépendante suisse Elka et le détaillant néerlandais Ace Jewelers, et le plaisir est resté au rendez-vous : il n’y aura que 50 exemplaires de cette montre « hébraïque » très réussie, qui est proposée à environ 2 230 euros (boîtier « compact » en acier de 36 mm x 10,5 mm, étanche à 50 m et animé par un mouvement automatique La Joux-Perret qui dispose de 68 heures de réserve de marche). Les prix peuvent varier selon les bracelets. Entre Elka et le marché néerlandais, notamment Ace Jewelers (maison qui vient de fêter son demi-siècle), les relations historiques sont d’ailleurs beaucoup plus anciennes que ces « collabs » contemporaines...

BREGUET Classique 7225
En 1802, Abraham-Louis Breguet s’engage dans la construction d’une série de cinq pièces comportant plusieurs dispositifs destinés à une plus grande précision, en particulier un tourbillon associé à l’échappement naturel. Ces réalisations représentent le summum de ce que le maître horloger peut alors offrir à ses clients en termes de chronométrie. Aujourd’hui, dans le cadre de son 250e anniversaire, la manufacture Breguet en poursuit la destinée en annonçant la Classique 7225, dotée d’un balancier à pivotement magnétique et d’un échappement haute fréquence (10 Hz). La quête ultime de la précision n’est pas le fruit d’une seule démarche, mais de plusieurs dispositifs combinés. A.-L. Breguet l’avait compris. Le grand horloger a conduit lui-même de nombreuses expérimentations, allant de paramètres purement mécaniques — vitesses de rotation, fréquences, types d’échappement— à des aspects plus transversaux tels que les matériaux employés ou les huiles utilisées. Avec le recul, certaines avancées se sont montrées décisives. Elles ont d’ailleurs traversé les siècles. Il en va naturellementdu tourbillon, breveté par Breguet en 1801, ou encore de la force constante par fusée-chaîne, que l’on retrouve aujourd’hui dans le modèle phare de la collection Tradition. Toutefois, la haute fréquence, qui permet autant une plus grande précision que le rétablissement rapide des anomalies de marche, n’a fait jusqu’à présent l’objet que de rares développements. D’une part, parce que le principe même de la montre de poche (toujours dans la même position, presque exempte de mouvements perturbateurs) ne l’exigeait pas. D’autre part, parce que les moyens techniques de la fin du XVIIIe siècle ne permettaient pas encore d’avancer dans cette voie, alors que les prérequis pour atteindre de plus hautes fréquences (un échappement plus fiable et une réservede marche suffisante) n’étaient pas encore advenues. La première pièce à haute fréquence est donc apparue sur montre-bracelet Breguet en 2008. Aujourd’hui, les organes essentiels de la montre sont parfaitement maîtrisés, tant en termes de procédés de fabrication, determinaison que de lubrification et de contrôle qualité. Les puissances disponibles et la fiabilité des systèmes ont atteint un tel niveau que les réserves de marche atteignent plusieurs jours.

La Classique 7225 reprend donc le flambeau porté par A.-L. Breguet et repart à la conquête du sommet de la précision par son versant « Haute Fréquence ». La manufacture Breguet travaille sur lesujet depuis la moitié des années 2000. Le 9 novembre 2010, le brevet du pivot magnétique est déposé. Son principe est dans le plus pur espritBreguet : particulièrement audacieux. L’idée n’est ni plus ni moins que de maîtriser, au cœur du mouvement, son ennemi juré jusqu’alors : le magnétisme. Naguère honni pour sa propension à dérégler le bon fonctionnement de l’organe réglant d’un calibre, le magnétisme est ici dompté et circonscrit à un usage utile. Objectif : maintenir un pivot stable par le champ magnétique généré entre deux aimants, affranchissant son pivotement des effets de la gravité. De part et d’autre de l’axe du balancier se trouve un micro-aimant. Ensemble, ils créent un flux magnétique intense à l’intérieur de l’axe. Un subtil déséquilibre duflux, recherché et volontaire, maintient l’une des extrémités de l’axe en contact permanent avec son contre-pivot. En cas de choc, les forces magnétiques de rappel recentrent automatiquement l’axe. La puissance du dispositif est sans appel : alors que les horlogers chassent le moindre microtesla (µT) du mouvement, le pivot magnétique fait intervenir, en toute sécurité, deux micro-aimants dont la rémanenceavoisine les 1.3 T (13’000 gauss). Le résultat est un axe de balancier offrant une stabilité de l’amplitude sans précédent. En effet, un axe de balancier standard oscille par un pivotement dans des rubis. Dans lesquatre positions verticales de la montre (désignées par la position de la couronne – vertical gauche, droite, bas et haut), les forces de frottement sont accentuées par le poids de l’axe de balancier qui pivote sur le flanc de son pivot à l’intérieur de la pierre à trou - mais elles sont également présentes et accentuées par le poids du balancier dans les deux positions horizontales (HH et HB). Or, dans le cas du pivot magnétique, les forces de frottement sont faibles puisque c’est toujours l’extrémité de l’axe qui pivote contre une pierre, sur une surface minimale (par rapport aux flancs du pivot) et quasiment identiques dans les six positions. Celaconstitue une grande amélioration pour la marche moyenne sur les 6 positions. Ce résultat, une première en plus de deux siècles de R&D horlogère, a été unanimement salué à sa sortie. En utilisant deuxcontre-pivots intégrant un micro-aimant à chaque extrémité de l’axe du balancier, Breguet a conçu un système dynamiquement stable. Il se centre et se corrige de lui-même.

La pièce, proposée en or blanc ou rose, est aujourd’hui une montre emblématique de la collection Classique. Pour son 250e anniversaire, la manufacture Breguet propose une nouvelle interprétation de son pivot magnétique associé à son échappement haute fréquence, reposant sur l’esthétique remarquable d’une pièce construite entre 1802 et 1809 : la référence Breguet N°1176. Cette création est singulière à bien des égards. Sur le plan technique, il s’agissait d’une des quatre premières montres dotées d’un tourbillon quatre minutes et seulement de la cinquième montre à Tourbillon vendue par le maître. Cette pièceexceptionnelle présentait également un échappement à force constante, réalisé au moyen d’un dispositif à fusée-chaîne. Sur le plan historique, elle appartient à une remarquable lignée de cinq montres à tourbillon quatre minutes, toutes vendues à le prestigieux clients du Quai de l’Horloge. Deux exemplaires se trouvent au Musée d’Art Islamique de Jérusalem, aux côtés de la célébrissime montre de poche dite « Marie-Antoinette ». Deux autres figurent dans les collections du Musée Breguet. Deux autres pièces furent détenues, l’une par le roi George III (1738–1820) et l’autre par un prince ottoman, tandis qu’un dernierexemplaire est aujourd’hui conservé entre des mains privées. Le N°1176 fut livré au Comte Potocki, issu d’une illustre famillearistocratique polonaise. Il est aujourd’hui conservé au Musée Breguet, à Paris, dont il constitue l’une des plus belles pièces. C’est cet exemplaire qui a inspiré la Classique 7225. La pièce d’époque comportait un tourbillon à force constante pour offrir, déjà, une performance chronométrique de haut niveau. Son cadran spécialement audacieux comportait aussi deux petites secondes dont une, celle de droite, pouvait se déclencher et s’arrêter à la demande. La Classique 7225 poursuit cet objectif avec le pivot magnétique. Le système estnettement visible par le fond saphir du boîtier en or Breguet de 41 mm.Au niveau du mobile d’échappement, Breguet a conçu une animation cinématique de type phénakistiscope. À 10 Hz, la rotation du mobile permet d’afficher 20 images / seconde, ce qui permet d’afficher alternativement deux inscriptions, ici « 1775 » et « 2025 », passant del’une à l’autre en « morphing », de manière lisse et fluide. Une première chez Breguet.

Sur le plan esthétique, la Classique 7225 reprend les complicationset des codes de son aînée : heures et minutes centrales, réserve de marche en éventail à 6h (35 heures à l’époque, 60 heures aujourd’hui),et deux petites secondes annexes à 2h et 10h. La présence de deux petites secondes interpelle. Elles concourent en réalité au même objectif chronométrique. C’est une invention d’A.-L. Breguet que l’on trouvait déjà sur la référence 1176 de 1809. Ce qui les différencie toutefois est le système de comptage : contrairement à son ancêtre, la Classique 7225 offre un système « retour-en-vol » permettant la remise à zéro tout en poursuivant instantanément le comptage. Son principe est simple. À 2 heures siège une petite seconde « traditionnelle » quitourne en continu tout au long de la réserve de marche de la montre. En revanche, à 10 heures, il s’agit d’une petite seconde d’observation dont la fonction « retour-en-vol » est réalisée par l’actionnement du poussoir situé à 8h. Cette fonction additionnelle permet de mesurer les temps intermédiaires ou la durée de deux événements simultanés comme lamontre inventée par Breguet en 1820 qui est à l’originie du chronographe moderne. Ce procédé est dans le plus pur esprit d’A.-L.Breguet : sans complexité superflue, simple d’usage, et concourant substantiellement à la lecture rapide, exacte et intuitive de l’heure juste.En 1809, c’était aussi un moyen d’attester de la supériorité chronométrique de son tourbillon à force constante. En 2025, c’est toujours le cas avec la Haute Fréquence et son pivot magnétique : poursa nouvelle Classique 7225, la manufacture Breguet certifie un écart maximal de +/- 1 seconde par jour. Le pivot magnétique est à la montre-bracelet ce qu’était le tourbillon à la montre de poche.
UN COMMENTAIRE ? Les semaines passent et la collection des montres Breguet éditées pour le 250e anniversaire de la marque épaississent leur consistance et leur légitimité, toujours dans le respect des codes génétiques de la maison : rien à redire à cette excellente Classique 7225, proposée autour des 75 000 euros (boîtier en « or Breguet » de 41 mm x 10,7 mm d’épaisseur, étanche à 30 m et mécanisé par un mouvement « manufacture » à remontage manuel d’une rare précision de l’ordre de ± 1 s/jour pour une réserve de marche de 60 heures). L’esprit Breguet y et, le style aussi, avec une touche de vraie modernité esthétique qui va très au-delà de la nouvelle religion des codes recopiés à partir des icônes vintage. La maison Breguet serait-elle de retour sur les traces de l’authentique maison Breguet ?

BALTIC Édition limitée Transat Café l’Or
Considérée comme une institution des courses au large, la Transat Café L’Or se pose comme un incontournable dans le paysage marin. Prenant place depuis plus de vingt ans, cette course de voile, en double, allie l’Europe à l’Amérique. Extrêmement exigeante, l’épreuve demande aux skippers de faire preuve de détermination, de courage et de résilience. L’arrivée est un accomplissement en soi. Baltic a le plaisir de prendre part à cette 17e édition de la Transat Café L’Or en tant que Chronométreur Officiel. Le départ a été donné le dimanche 26 octobre au Havre, les skippers s’élançant vers la Martinique. 74 équipagesseront ensuite livrés à eux-mêmes dans cette traversée de l’océan Atlantique. Pour porter ce projet sur l’eau, nous soutiendrons un équipage de la catégorie Class40, mené par le skipper Lomano Takasi. Ce choix n’est pas un hasard : la Class40 est une classe qui incarne l’aventure, le dépassement de soi et la passion. Elle rassemble des marins de tous horizons, de futurs grands noms comme de simples amoureux de l’océan, dans une ambiance ultra-compétitive mais accessible. Ce sont toutes ces valeurs humaines et sportives qui lient Baltic et la Transat Café L’Or.
Alliant les codes qui nous sont propres à ceux d’une montre yachting, cette nouvelle Scalegraph prend inspiration dans les courses au large. Elle arbore une lunette créée spécialement pour l’occasion. Graduée en noeuds, sur base de 1/10e de mille nautique, elle permet de mesurer la vitesse moyenne d'un voilier. Le cadran de cette édition spéciale est habillé d’un élégant champagne métallisé, contrastant avec les sous compteurs cerclés. Ces derniers font écho aux index concentriques, tout en apportant du volume à l’ensemble. Les aiguilles,d’un orange vif, facilitent la lisibilité en conditions de course. Présentant l’une de ces aiguilles, le sous-compteur « Big Eye » ne laisse pasindifférent. Azuré et gradué à rebours sur 15 minutes, il permet au skipper de maîtriser le départ de sa régate. La Scalegraph Transat Café L’Or - Édition Limitée est pourvue de poussoirs vissés, permettant une étanchéité jusqu’à 100 m. Cette montre est équipée du calibre SW511 BH a, un mouvement chronographe mécanique à remontage manuel, et développé par la manufacture suisse Sellita. Disposant de 63h de réserve de marche, ce mouvement à complication est connu pour sa fiabilité exemplaire. Ces spécificités confèrent à la Scalegraph une résistance toute particulière. Dotée d'un verre saphir à double dôme et d'un boîtier en acier 316L, la Scalegraph présente une épaisseur de 14,1mm (11,3mm sans le verre) et un corne à corne de 47mm. Ces matériaux et dimensions confèrent au chronographe une allure raffinée et sont gages de robustesse. Afin de célébrer notre premièreparticipation comme Chronométreur Officiel de la Transat Café L’Or, cette nouvelle Scalegraph sera éditée en 200 exemplaires, numérotés. Cette édition limitée ne sera jamais reproduite par la suite.

UN COMMENTAIRE ? Une initiative originale, tant pour le soutien à une épreuve largement médiatisée que pour la création d’une série limitée particulièrement réussie : excellent concept « nautique » [avec l’échelle tachymétrique en nœuds marins], esthétique élégante dans le choix des couleurs [excellente idée du « Big Eye »] et prix raisonnable [il faut compter dans les 1 650 euros pour ce boîtier en acier assez épais de 39,5 mm x 14,1, étanche à 100 m et motorisé, sous verre double dôme, par un mouvement à remontage manuel suisse signé Sellita et calé sur 63 heures de réserve de marche]. Même le bracelet « grain de riz » est réussi. Avec Baltic, cette Transat prend un goût horloger plus marqué…
COORDINATION ÉDITORIALE : JACQUES PONS

