VENDREDI : Une demi-semaine de Baselworld, c'est l'équivalent d'une demi-année de bonnes (ou de moins bonnes) nouvelles horlogères
Le 28 / 03 / 2014 à 16:00 Par Le sniper de Business Montres - 3185 mots
Suite de nos coups de projecteur sur ce qu'il ne faut pas manquer dans les années de Baselworld, sachant qu'il ne faut pas confondre l'écume des mots (ceux des déclarations enthousiastes) et la vague des réalités (souvent moins flamboyantes)...
▶▶▶ ANALYSES, IN-10-CRÉTIONS, INFORMATIONS, ENQUÊTES,RUMEURS & MURMURES EN RÉSUMÉ (développements ci-dessous)... ❏❏❏❏ SWATCH GROUP : désertissage ? ❏❏❏❏ ROLEX : Paloma …
Suite de nos coups de projecteur sur ce qu'il ne faut pas manquer dans les années de Baselworld, sachant qu'il ne faut pas confondre l'écume des mots (ceux des déclarations enthousiastes) et la vague des réalités (souvent moins flamboyantes)...
▶▶▶ ANALYSES, IN-10-CRÉTIONS, INFORMATIONS, ENQUÊTES,RUMEURS & MURMURES EN RÉSUMÉ (développements ci-dessous)... ❏❏❏❏ SWATCH GROUP : désertissage ? ❏❏❏❏ ROLEX : Paloma ? ❏❏❏❏ CELLINI : déduction ? ❏❏❏❏ ATLANTICO : point mort ? ❏❏❏❏ CONFUSION : Bathyscaphe ? ❏❏❏❏ MASERATI : doublure ? ❏❏❏❏ CORUM : paon ? ❏❏❏❏ ULYSSE NARDIN : flambage ? ❏❏❏❏ ARMANI : coffre-fort ? ❏❏❏❏ A.MANZONI & FILS : chronographe ? ❏❏❏❏ CENSURE : malentendu ? ▶▶▶ LES IN–10–CRÉTIONS DU JOURNotées à la volée, en vrac, en bref et en toute liberté... ◉◉◉◉ SWATCH GROUP : une information assez dramatique, recoupée auprès de plusieurs sources, mais bien évidemment non officiellement confirmée. Le Swatch Group aurait – conditionnel de prudence – annulé, pour l'ensemble de ses marques, l'ensemble des commandes passées à ses sertisseurs et à ses fournisseurs de pièces serties. Ceci pour une durée annoncée d'environ un an. Aucune explication n'a été fournie aux ateliers concernés, qui avaient pourtant été vivement incités, depuis quelques années, à investir et à embaucher pour bénéficier de beaux contraits. Plusieurs centaines d'emplois directs ou indirects seraient ainsi menacés. Explication possible : une réaction prudente, mais un peu fébrile face aux montagnes de stocks de ces pièces serties, alors que le niveau des commandes reste plus que médiocre... ◉◉◉◉ ROLEX (1) : quelque part entre Billie Holiday et Amy Winehouse, Paloma Faith – une des voix les plus talentueuses de la scène britannique d'avant-garde (ci-contre sur scène et ci-dessous pour avoir une idée du style : rassurez-vous, ce n'était pas aussi déshabillé aux Trois-Rois !) – était l'autre soir l'invitée exceptionnelle de Rolex, qui donnait à l'occasion de Baselworld 2014 le premier dîner de presse de son histoire. La voix extraordinairement texturée de Paloma Faith a impressionné les 130 invités venus de tous les pays, avec un dosage byzantin mais apparemment très étudié des mutiples médias représentés et des journalistes ainsi « placés ». L'heure était à la célébration d'une « famille rassemblée », dans une ambiance un peu inattendue mais finalement très conviviale, dans le style « On se parle d'autant plus franchement que ce ne sont pas des secrets ». Arnaud Boetsch, le directeur de la communication, passant de table en table pour prêcher la bonne parole avec un savoir-faire aussi roublard que ciselé au millimètre : le spectacle était dans la salle autant que sur scène. Chacun sa voix ! Une telle soirée passait pour impensable voici quelques années. Puisque le monde bouge, la « Grande Muette » de l'horlogerie bouge aussi. Qui s'en plaindra ? ◉◉◉◉ ROLEX (2) : seul parmi tous les médias horlogers de cette planète, Business Montres (21 mars) a pu pronostiquer la relance d'une collection Cellini chez Rolex . Pas de quoi en tirer une gloire particulière, mais pas de quoi non plus nous soupçonner d'avoir scandaleusement bénéficié d'informations privilégiées de la part de la marque – dont ce n'est d'ailleurs ni l'habitude, ni la culture profonde. Il suffit parfois d'additionner 1 + 1 pour trouver le 2, qui permet d'imaginer qu'il y a un 3, etc. La collection Cellini était la dernière gamme de la maison à n'avoir bénéficié d'aucun restylage récent et la seule qui manquait de cohérence. Rolex manquait d'une offre crédible sur le segment des montres « élégantes » [on disait autrefois « habillées »] telles qu'elles figuraient dans son catalogue voici quelques décennies. Il était donc logique de repenser la série des Cellini 2014, dont la collection Prince reste un pilier. Il en allait de même pour la lunette « Pepsi-Cola » (rouge et bleu) de la GMT : c'était presque inévitable et en tout cas parfaitement prévisible. Les autres spéculations relevaient des techniques déceptives dont la marque est familière pour protéger ses petits secrets (Business Montres du 24 mars) – ce qui ne veut pas dire que ce ne sera pas pour l'année prochaine, ou les suivantes... ◉◉◉◉ BASELWORLD : Business Montres (Grégory Pons) dans Atlantico hier matin. Avec ce constat : « Baselworld : les Chinois mettent l'horlogerie au point presque mort ». Explication : « La santé de cette industrie – au moins pour l’Europe – est complexe à évaluer. Le culte du secret et l’omerta sont traditionnels dans les maisons suisses : on ne dispose d’aucune donnée chiffrée officielle sur qui vend quoi à qui, où et pour combien. Heureusement, il y a des médias indépendants comme Business Montres, qui a publié les premières estimations réalistes à ce sujet. Tout ce qu’on peut dire, c’est que la crise financière de 2008-2009 a coûté près de 25 % de son chiffre d’affaires à la branche, qui s’imaginait crisis proof. Ensuite, la “bulle du crédit“ en Chine et l’amour des Chinois pour les “montres de corruption“ (le pot-de-vin local) ont permis de relancer la croissance entre 2010 et 2013, année d’une décélération marquée (moins de 2 % de croissance). Le coup de frein sur le marché chinois a été brutal (30 % de baisse au minimum) : comme les Chinois étaient les seuls à tirer la croissance, il faut s’attendre à une stagnation, sinon à une baisse en 2014 ». Note d'espoir : « (...) Il fut un temps où Apple inventait, dans un garage, un Macintosh qui allait mettre à genoux le géant IBM et reformater toute l’économie de l’électronique nomade. Aujourd’hui, le Mac face à IBM, c’est, face à Samsung, Apple et les autres, la montre suisse à laquelle personne ne croit plus (sauf une tribu d’Indiens dans son réduit alpin). Admettons que la Suisse ait déjà perdu (d’avance) la bataille du poignet face aux prothèses numériques connectées : elle est cependant loin d’avoir perdu la guerre de l’objet de parade, biologiquement nécessaire à l’égo masculin comme à la séduction féminine. On n’a encore rien trouvé de mieux que la montre pour étancher cette volonté de puissance »... ◉◉◉◉ LE RÉEL ET SON DOUBLE : que de duplications quand on parcourt les allées de Baselworld ! Au moins trois espaces différents nous présentent leurs montres Ferrari (Hublot, Movado, Cabestan). Deux marques se disputent le record du monde de minceur pour un mouvement mécanique (Bvlgari, qui a sans doute raison, et Graff). Deux marques affichent un partenariat avec Maserati (le groupe Morellato et Bvlgari). Quatre marques présentent des « montres-serpents » qui s'enroulent au poignet : Bvlgari, dont c'est la spécialité bien connue, Movado, Graff (encore !) et Wintex (Business Montres du 17 mars) – et on en oublie certainement. Ce printemps, deux marques lancent au même moment une montre de plongée (re)baptisée Bathyscaphe (Blancpain et Marvin). On a renoncé à compter les marques qui ajoutent des têtes de mort – Skull Attitude – sur leurs cadrans (notamment Hublot, ci-dessus, et RJ-Romain Jerome). Au moins une douzaine de marques revendiquent le privilège de fournir des montres aux mêmes unités des forces spéciales françaises, GIGN, RAID, m marine, etc. [pendant ce temps, Cols bleus, le site officiel de la Marine nationale française offre un fantastique écrin rédactionnel à la maison Bell & Ross, en y reprenant d'ailleurs l'excellent film promotionnel de la marque, tourné avec les pilotes de l'Aéronavale : vidéo ci-dessous]. ◉◉◉◉ ARMANI SWISS MADE : sur le seuil d'entrée du nouveau Swiss Made mécanique « manufacture » à prix abordable [disons à moins de 1 000 CHF], Armani s'impose cette année avec une offre élégante plus que convaincante, qui ne recherche pas l'audace stylistique à tout prix mais qui emporte l'adhésion avec un retour au savoir-faire de l'âge d'or des montres mécaniques – à peu près 1940-1970. Si on occulte du cadran la signature « Emporio Armani », impossible de ne pas évoquer des grands noms comme Patek Philippe en découvrant les galbes et les courbes très bien tenues de cette collection, déclinée en différents modèles mécaniques (ateliers STP) ou électroniques. Le travail des carrures et des cornes est remarquable, tout comme celui des index et des cadrans légèrement soleillés. Une visite s'impose (Hall 1.0, derrière Graff), ne serait-ce que pour la décoration du stand, ouvert par la porte massive d'un coffre-fort dont le mécanique serait un mouvement automatique et travaillé dans le style d'une salle de coffres au sous-sol d'une banque (ci-dessous). Une collection sur laquelle nous reviendrons en détail (voir, en haut de la page, la pureté du style de la Black Magic)...
◉◉◉◉ ÉCHAPPEMENT : les vraies avancées techniques et les innovations réelles présentées à Baselworld se comptent sur les doigts d'une seule main, mais il ne faudrait pas manquer, chez Ulysse Nardin, le développement d'un échappement à ancre flexible imaginé, grâce à des nouveaux matériaux, en collaboration avec Sigatec (gravure des composants). Les différents éléments de l'ancre sont simplifiées (dard et palettes intégrées, suppression de la tige d'ancre, etc.). Le principe mécanique est celui du flambage de deux lames de 15 microns, dans le même esprit que l'échappement constant de Girard-Perregaux, mais sans la complexité de ce dernier. Nous en reparlerons... ◉◉◉◉ A. MANZONI & FILS : à découvrir dans le Hall 2.0 (C65), la marque tessinoise lancée en souscription par Olivier Ike (ex-fondateur d'Ikepod) en est déjà à lancer son propre chronographe (ci-contre). Superbement designé, comme toujours... ◉◉◉◉ CORUM : c'est en découvrant l'exercice de style de cette Feather Watch, destinée à rendre hommage à la tradition des « cadrans spéciaux » Corum, qu'on réalise que la marque ne dispose plus d'une collection de montres simples et élégantes, qui ne soient ni sportives comme la série dodécagonale des Admiral's Cup, ni avant-gardistes comme les Bridge [hormis quelques tentatives limitées comme le coup de rétro de la montre Chargé d'affaires]. Collection pourtant indispensable aujourd'hui... Ce boîtier rond serait idéal avec ses 39 mm et ses lignes pures, d'autant qu'il est ici magnifié par un cadran exceptionnel réalisé en plume de paon. Le sertissage des 120 diamants ajoute à la distinction de la pièce, qui existe cependant dans une version intégralement « plumassière ». Pourquoi la plume de paon, qu'on a déjà croisée sur d'autres cadrans d'autres marques ? Il semblerait que ce matériau soit, parmi les plumes, remarquable par la stabilité de ses couleurs, par la densité de son matériau et par sa finesse – chaque plume est nettoyée, stabilisée à la vapeur et retaillée à la main pour être travaillée dans une logique de marqueterie (image en bas de la page)... ◉◉◉◉ BUSINESS MONTRES VISION : finalement, à propos de la « censure » par le groupe Richemont de notre canal images Business Montres Vision, ce n'était pas la faute à la stagiaire, mais presque (Business Montres du 22 mars) ! C'était un malentendu, une initiative malheureuse, une opération non consensuelle, une réaction prématurée de YouTube, bref, un pas de clerc, qui aura tout de même entraîné six jours de non-activité de la page, avec l'impossibilité de mettre en ligne de nouvelles images [ce dont nos fidèles spectateurs voudront bien nous excuser]. Après enquête, aucun autre site du web horloger n'a été victime du même procédé : c'est ce qu'on doit appeler la « rançon de la gloire » et la « prime au leader »... À notre avis, de telles initiatives devraient suivre à l'encontre d'autres sites. Il est évident qu'il y a, de la part des marques et des groupes, une volonté réelle de reprendre en main une communication par l'image aujourd'hui atomisée entre de nombreux sites – ce qui a effectivement pour effet de compliquer la gestion par les marques des droits d'auteur provisoirement concédés par leurs ayant-droits. Rappelons que ces vidéos de communication sont la plupart du temps associées pour téléchargement aux documents et aux dossiers de presse fournis par chaque marque à son réseau de journalistes. Rappelons aussi que ces vidéos sont des éléments de documentation destinés à enrichir le contenu d'un article : concéder aux marques la maîtrise de cette diffusion après publication – ce qui est le but recherché par Richemont – revient à déléguer à ces marques la gestion ultérieure de ces contenus. Imagine-t-on les marques rester les détentrices exclusives des droits sur les photos ou sur les textes qui les concernent ? C'est pourtant l'enjeu de cette première opération de « censure » sur les réseaux sociaux : merci aux chers confrères qui nous ont assuré de leur soutien après notre cri d'alerte et désolé pour ceux qui ont ricané à ce sujet et qui pourraient être demain les victimes du nouveau zèle juridique des marques... D'AUTRES SÉQUENCES RÉCENTESDE L'ACTUALITÉ DES MONTRES ET DES MARQUES...