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ACTUALITÉ : Dix questions naïves en attente de réponses claires...

Hors Omega, pas d'horlogers aux Paralympiques de Londres ? Pas une seule rue de Genève pour rendre hommage aux horlogers ? Le tour de France pour les seuls cyclistes français ? En douce ou l'amiable, le projet de la Comco ? Fille à soldats ou "marque à Chinois" ? Pas de Neil Armstrong chez Omega ? À part ça, tout va très bien, madame la Marquise...   1) POURQUOI NE TROUVE-T-ON


Hors Omega, pas d'horlogers aux Paralympiques de Londres ? Pas une seule rue de Genève pour rendre hommage aux horlogers ? Le tour de France pour les seuls cyclistes français ? En douce ou l'amiable, le projet de la Comco ? Fille à soldats ou "marque à Chinois" ? Pas de Neil Armstrong chez Omega ? À part ça, tout va très bien, madame la Marquise...

 
 
1) POURQUOI NE TROUVE-T-ON
AUCUNE MARQUE DE MONTRES AUX JEUX PARALYMPIQUES ?
••• À part Omega, par principe chronométreur officiel des manifestations olympiques, aucune marque horlogère ne semble soutenir une équipe ou un champion de ces Jeux réservés aux handicapés. Pour mémoire, Swiss Timing, qui opère pour Omega, a mobilisé une équipe de 215 personnes et 300 tonnes de matériel pour la circonstance (ci-dessus). Apparemment, les marques horlogères – Suisses ou autres – se méfient de ces sportifs paralympiques. Ce n'est sans doute pas une question d'audience : quand on parraine le plus obscur des tournois de polo ou quand on est "chronométreur officiel" d'un tournoi de poker, on ne s'attend pas à des retombées fabuleuses en termes de couverture médias. Ce n'est sans doute pas non plus une question de popularité de ces sportifs, dont tous les sondages soulignent à quel point ils bénéficient d'un capital de sympathie qui a pratiquement obligé les grands médias mainstream à augmenter le temps d'antenne qu'ils y consacrent. Même Omega, qui a mis sous contrat bon nombre des médaillés olympiques de Londres, n'a pas un seul médaillé paralympique parmi ses ambassadeurs ! Alors, que se passe-t-il ? Ils ne sprintent pas assez vite ? Ils ne nagent pas bien ? Le luxe horloger serait-il antinomique avec un quelconque handicap, considéré comme "pas chic" ou "bas de gamme" ? On n'ose pas le croire...
 
 
2) EST-IL POSSIBLE D'MAGINER
UNE MONTRE QUI INDIQUERAIT NOTRE DÉPENSE ÉNERGÉTIQUE ?
••• Pas de souci, c'est pour très bientôt, dans l'univers de la haute horlogerie, et ça n'aura rien d'une réserve de marche classique ! Il existe déjà, chez Richard Mille ou chez De Bethune, un dispositif qui permet d'adapter le remontage du mouvement à l'activité physique du porteur : chez De Bethune, on règle ce mécanisme d'un clic sur la couronne et c'est très efficace pour varier de façon très significative la vitesse et le niveau de rechargement du barillet par la masse oscillante. En parallèle au compteur (classique) de la réserve de marche, et indépendamment de sa charge, le nouvel "Efficiency Indicator" – à découvrir la semaine prochaine – matérialisera très précisément et en temps réel l'intensité des mouvements enregistrés par le mouvement automatique : je bouge assez, l'aiguille passe dans le vert ; je ne bouge pas beaucoup, l'aiguille repasse dans le rouge ! C'est un véritable affichage de la dépense énergétique du porteur, exprimé non pas en calories consommées, mais en translations cinétiques au niveau du poignet – sachant que tout cette énergie cinétique est ensuite affectée au remontage du barillet. "Je bouge, donc je suis", aurait conclu l'excellent Descartes, avant que le non moins excellent M. James Prescott Joule (1818-1889) ne vienne théoriser l'unité d'énergie ainsi déployée...
 
 
3) QU'EST DEVENU LE PROJET
DE "CONVENTION AMIABLE" ENTRE LA COMCO ET LE SWATCH GROUP ?
••• L'affaire devait être discrètement – sinon quasi-clandestinement – bouclée cet été, mais c'était compter sans Business Montres, qui a révélé le pot aux roses dès le 9 juillet et publié les principales dispositions d'un projet de convention qui n'était "amiable" que pour le Swatch Group, qui bénéficiait d'un incroyable feu vert pour imposer aux marques tierces des contrats encore plus léonins qu'auparavant. Prise en flagrant délit d'acceptation de position dominante, la Comco a vaguement bredouillé que les marques pourraient vaguement amender le texte, avec un délai de réaction qui n'était plus fixé au 31 août, mais, de source proche du dossier, le Swatch Group a fait savoir que cet "accord amiable" était déjà prénégocié a minima et qu'il n'était pas question de le réviser, sinon pour en changer quelques virgules. On attend maintenant avec impatience les retours du terrain et les propositions des marques concernées – pour lesquelles les termes de ce projet sont tout simplement inacceptables, parce qu'anti-économiques et menaçantes pour leur liberté d'entreprendre. On en est là : la partie de cache-cache va recommencer avec la Comco...
 
 
 4) À PARTIR DE QUEL POURCENTAGE DE SES VENTES EN CHINE
UNE MARQUE DE LUXE DEVIENT-ELLE UNE MARQUE "CHINOISE" ?
••• Une fille qui couche avec des soldats est une "fille à soldats". Un cabane qui vend principalement des frites est une baraque à frites. Même si on pratique le ski ailleurs que dans les Alpes, on désigne comme "ski alpin" les descentes dans la neige, même dans les Rocheuses ou dans le Heilongjiang. Mais comment qualifie-t-on une marque [par exemple de montres] qui ferait l'essentiel de ses affaires en Chine, avec des Chinois, le reste de ses ventes en Europe ou en Amérique se faisant généralement avec des clients chinois ? Pour rester poli, on se contentera pudiquement d'en faire une... "marque de luxe" ! Mais il serait plus logique de parler, dans ce cas, d'une "marque chinoise" ou d'une "marque à Chinois". Du coup, on peut se demander à partir de quel pourcentage de ses ventes à des "Chinois" [terme générique pour la famille grand-chinoise]  une marque bascule-t-elle dans le groupe des "marques à Chinois" : 50 %, 60 %, 70 % ? Certaines marques de montres sont même au-delà, si on consolide l'ensemble des ventes à des Asiatiques dans le monde entier. Du coup, une autre question qui fâche commence à se poser : à partir de quand les consommateurs des marchés traditionnels – les "émergés", parfois submergés – commencent-ils à se détourner des "marques à Chinois" ?
 
 
5) POURQUOI LA VILLE DE GENÈVE
N'A-T-ELLE JAMAIS RENDU UN VRAI HOMMAGE À SES HORLOGERS  ?
••• "Genève, capitale mondiale de l'horlogerie", "Genève, premier canton horloger de la Suisse" : les autorités de la ville s'en gargarisent dès qu'ils prononcent un discours dans un événement horloger, mais est-ce vrai ? Dans le premier cas, ça n'engage que ceux qui y croient. Dans le second, c'est faux. En y regardant de plus près, il est même scandaleux de constater à quel point Genève méprise son passé horloger. Pas une seule rue à leur mémoire, qu'on parle de  Jean-Marc Vacheron ou celui de François Constantin, d’Antoine Norbert de Patek ou à de Jean Adrien Philippe, qui auraient mérité une rue ou un quai ! On pourrait en citer beaucoup d'autres. Pas une seule promenade qui honore même anonymement les horlogers de la ville. Depuis quelques jours, il y a bien un pont Hans-Wilsdorf (fondateur de Rolex), mais l'ouvrage (ci-dessous) a été financé par des fonds privés de la Fondation Wilsdorf (propriétaire de Rolex). Pas de musée d'horlogerie ouvert au public ! Pas d'activités horlogères à l'Observatoire de Genève ! Pas de prix horloger décerné par la ville de Genève pendant le Grand Prix d'Horlogerie de Genève ! Pas de pôle horloger mis en place pour attirer de nouvelles entreprises – alors qu'on aurait pu le décider pour réaffecter les bâtiments Merck Serono ! Le blog Genevois Rien Venir (Tribune de Genève) pointe ainsi du doigt les beaux discours, mais, "dès qu’il s’agit d’avoir des idées pour consolider sur le terrain – dans l’espace urbain comme dans les initiatives – cet ancrage horloger, c’est le grand désert des Tartuffes ! Plus personne : plus le moindre tic-tac dans le cœur des autorités. Je t'aime, moi non plus"...
 
 
 
6) QUI VEUT RÉSERVER
LE TOUR DE FRANCE AUX SEULS CYCLISTES FRANÇAIS  ?
••• Personne, heureusement, sinon le Tour perdrait tout prestige international ! En revanche, réserver le Poinçon de Genève – label d'excellence et de prestige – aux seules marques de Genève, c'est très exactement n'accepter sur le Tour de France que des coureurs tricolores. C'est n'admettre aux jeux Olympiques de Londres que les seuls athlètes londoniens. C'est n'aligner au départ des Vingt-Quatre Heures du Mans que des équipages manceaux : chacun comprend qu'un tel réglement serait parfait pour que les régionaux de l'étape s'auto-décernent d'émouvantes médailles, mais l'épreuve en perdrait toute réputation internationale. Pourquoi s'enfermer dans une compétition municipale quand le Poinçon de Genève devrait pouvoir être décerné – sans le moins du monde changer ses catégories et ses critères – à des marques ou à des ateliers de toute la Suisse, sinon de toute l'Europe et du monde entier ? Encore une question posée par le blog Genevois rien venir (Tribune de Genève). Ou bien on fait du Poinçon de Genève un label international de référence, et le fait qu'il se base sur des critères genevois tout en portant le nom de Genève est, en soi, un manteau de gloire capable de faire rayonner dans le monde l'aura de la Genève horlogère. Ou bien le Poinçon de Genève se cantonalise toujours plus étroitement en se fermant à la belle horlogerie telle qu'on la pratique ailleurs, et c'est la dégénérescence inévitable. Est-il normal que Philippe Dufour, le paragon de la bienfacture "à la genevoise", soit privé de poinçon parce qu'il est né et qu'il travaille du mauvais côté de la Versoix ? Apparemment, aucun élu de l'exécutif genevois, de la Ville ou de l'Etat, n'a encore bien compris pourquoi Patek Philippe avait choisi de déserter le Poinçon de Genève : il serait peut-être temps de se poser la question...
 
 
7) COMMENT SE FAIT-IL QUE NEIL ARMSTRONG
EST AUSSI OSTENSIBLEMENT IGNORÉ PAR OMEGA ?
••• Plus d'une semaine après la disparition du "premier homme sur la Lune", toujours pas la moindre allusion à Neil Armstrong sur le site Omega, qui a pourtant bâti toute sa légende – et rebâti son empire dans les années 1990-2000 – avec la Moonwatch (Speedmaster). La marque ne tient évidemment pas à s'en expliquer. Quelques raisons possibles à cette abstention choquante. 1) Une défaillance du service qui veille sur le patrimoine de la marque : difficile à croire, ou alors stupéfiant de bêtise de la part de l'état-major Omega. 2) Une rigueur historique qui confinerait à l'intégrisme, Armstrong n'ayant pas porté sa Speedmaster pour son premier pas sur la Lune : ce serait mesquin, la grande légende du 20 juillet 1969 ayant amalgamé à jamais le nom d'Armstrong et celui d'Omega – même si ce n'était pas parfaitement exact sur le plan des faits. 3) Une "vengeance" tardive de Buzz Aldrin, qui est aujourd'hui le seul ambassadeur officiel d'Omega dans le clan des astronautes américains : lui avait sa Speedmaster pour le deuxième pas de l'homme sur la Lune, mais ce serait minable. 4) La volonté de la marque d'estomper la partie lunaire de sa légende au profit dy mythe James Bond : très difficile à croire, tellement ce serait une erreur marketing. Donc, pas de réponse claire – heureusement, Tintin a sauvé l'honneur (ci-dessous)...
 
 
8] COMBIEN DE BOUTIQUES HORLOGÈRES
LES GROUPES DE LUXE VONT-ILS DEVOIR FERMER EN CHINE ?
••• D'après vous, pourquoi les marques de luxe considèrent-elles désormais comme confidentiel le nombre de boutiques dont elles disposent en Chine ? La communication officielle ne valorise à présent que les boutiques (monomarques) ouvertes sur les marchés traditionnels (Europe, Amériques) ou hors Grande Chine. Une marque comme IWC a ouvert entre 150 et 160 de ces boutiques en Chine (en direct ou en franchise) : quand on sait que moins de 10 % d'entre elles sont vaguement "rentables", on imagine que les premières mesures anti-crise concerneront des mesures massives de fermeture – sur lesquelles il ne serait pas élégant de communiquer. D'autant que ces fermetures vont libérer d'importants stocks de montres neuves, dont on ne saura pas trop quoi faire en temps de crise, sinon les solder discrètement sur des marchés parallèles. Qu'on se rassure : pas question de fermer les flagships dans les grandes métropoles, mais les fermetures ont déjà commencé en Chine, dans les villes du "troisième" tiers où les marques comptaient parfois deux, sinon trois boutiques à leur seule enseigne ! Estimation Business Montres : pour les boutiques de montres, on pourrait compter une moyenne d'une fermeture par jour au cours de l'année prochaine sur le seul marché grand-chinois...
 
 
9) POUR QUELLES RAISONS
FAUT-IL S'INQUIÉTER D'UNE POSSIBLE CRISE HORLOGÈRE  ?
••• Comme toute l'économie suisse, l'industrie horlogère est étroitement dépendante de la situation économique mondiale. Quand deux montres suisses sur trois sont vendues à des Chinois (en Chine ou dans le monde), il est évident qu'il y a une corrélation étroite entre l'activité de l'industrie des montres suisses et la santé économique de la "machine" chinoise. Quand on sait que le tiers des montres suisses sont principalement vendues à des pays (Etats-Unis) ou sur un continent (Union européenne) guettés par une récession plus grave qu'anticipé, on a également du souci à se faire. Si les facteurs exogènes ne sont pas réjouissants, les facteurs endogènes ne sont guère plus encourageants : non seulement le franc suisse pèse de toute sa force sur les exportations de montres vers des zones aux monnaies moins reluisantes, mais les groupes de luxe captent au profit de leurs marques toutes les capacités disponibles [chez les fournisseurs comme chez les détaillants], en laissant peu de chances aux marques indépendantes de tirer leur épingle du jeu. L'essoufflement commercial collectif – assez stupidement masqué par le chiffre global des exportations, qui n'est positif que grâce à 2 % des montres de la production : celles qui ont été commandées voici 12 ou 18 mois – oblige les marques à sacrifier leurs budgets d'investissement dans la R&D et dans la communication. Tout le monde est déjà plus ou moins au régime : c'est le temps des vaches maigres ! Méfiez-vous de ceux qui vous affirment le contraire...
 
 
10) QUELLES SONT LES RAISONS
D'ÊTRE PESSIMISTE SUR LA SITUATION ÉCONOMIQUE MONDIALE ?
••• Les économies développées semblent entrées dans un cycle qu'on peut qualifier de "ralentissement", mais qui ressemble de plus en plus à une récession mondiale. Relayant les gouvernements en place, les médias mainstream ont eu beau souligner les moindres indices de "redressement", on découvre qu'ils étaient illusoires et que les "stimulations" décidées et financées par les Etats se sont révélées prodigieusement inefficaces, quand elles ne plombaient pas un peu plus tout espoir de reprise en alourdissant la dette de ces Etats. La conjonction des élections présidentielles américaines et du changement de l'équipe gouvernementale en Chine paralyse toute initiative des entrepreneurs, d'autant que tout le monde a aujourd'hui la conviction que les indices statistiques chinois ne reflètent en rien la réalité, mais le wishful thinking des dirigeants du Parti communiste chinois. Du coup, on peut se demander si l'actuel décélération ne cache pas, en réalité, les prémices d'un effondrement de la "bulle chinoise" (au sens large). Au moment où les Etats-Unis s'apprêtent – quel que soit le futur président – à s'écraser sur le "mur budgétaire" de cette fin d'année, on constate donc que deux moteurs sur quatre sont en panne, le troisième (Europe) tournant au ralenti et le quatrième (Japon) connaissant une baisse de régime constante depuis trop longtemps pour qu'on espère une relance. Le patrimoine – immobilier ou boursier – des consommateurs occidentaux, ainsi que leurs revenus, n'ont cessé de perdre de leur valeur au cours de ces dernières années : la priorité est à la déconsommation qualitative plus qu'à l'hyperconsommation quantitative, ce qui ne va pas arranger les affaires de l'économie chinoise, ni celles des industries européennes – comme l'horlogerie – devenues psycho-dépendantes d'une croissance effrénée (double-digit growth). "Mais à part, Madame la Marquise, Tout va très bien, tout va très bien" (remerciements à MM. Sacha Distel, Jean-Pierre Cassel, Jean-Marc Thibault, Roger Pierre et Jean Yanne : c'était en 1967, ci-dessous)... 
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