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« CASQUETTE » : Quand la mécanique tire la langue au quartz (MB&F HM 5)

« On the road again » : la nouvelle montre HM n° 5 de l'équipe de Maximilian Busser (MB&F) est une grande gifle seventies, à commencer par son nom de guerre, qui fait référence – du moins, on l'espère – aux Canned Heat : pour rester dans l'ambiance, on vous conseille de lancer la vidéo ci-dessous avant de lire la suite... ◀▶ RETOUR VERS LE PASSÉUne revanche rétrofuturiste sur la désillusion des années quartz... 


« On the road again » : la nouvelle montre HM n° 5 de l'équipe de Maximilian Busser (MB&F) est une grande gifle seventies, à commencer par son nom de guerre, qui fait référence – du moins, on l'espère – aux Canned Heat : pour rester dans l'ambiance, on vous conseille de lancer la vidéo ci-dessous avant de lire la suite...

◀▶ RETOUR VERS LE PASSÉ
Une revanche rétrofuturiste
sur la désillusion des années quartz...
 
 
❏❏❏ L'autre grand succès des Canned Heat, c'était Amphetamine Annie : on se demandera si ce n'est pas le secret de Mad Max et de sa bande pour avoir de telles idées ! Le coup du rétro-classique, toutes les marques y ont joué au cours de ses dernières années, à commencer par MB&F et sa Legacy Machine n° 1. Le coup de retour vers les seventies, c'était plus risqué, mais on a récemment vu refleurir quelques marques ultra-tendances qui nous rejouaient les LED rouges, les montres-calculettes Casio et les boîtiers patauds – mais si beaux ! – de ces années où le progrès avait encore le goût du bonheur, quand l'avenir (situé dans un An 2000 mythifié en Âge d'or – ne pouvait que garder le sourire. Personne n'imaginait qu'on vivait la fin des Trente Glorieuses et de l'innocence technologique.
 
❏❏❏ Les jeunes quadras de l'horlogerie (aux commandes chez MB&F) n'ont pas vraiment connu, ni vécu ces seventies, sinon avec des yeux émerveillés d'enfants pas étonnés par la banalisation des missions lunaires, les Concorde qui filaient dans le ciel, les ordinateurs philosophes de 2001, l'Odyssée de l'espace, les illuminations christmassiennes des circuits électroniques [ah, ces LED rouges, ça valait toutes les guirlandes de Noël] ou les mannequins dont les mini-jupes de vinyle s'entrouvraient quand il fallait se faufiler dans une de ces Lamborghini qui démodaient définitivement la DS de Papa. Du moment qu'on ne ratait pas le dernier épisode de Star Trek à la télé, on pouvait chanter Nous irons tous au paradis avec Michel Polnareff : c'est sûr, et c'est même le capitaine Kirk qui nous y emmener à bord de l'Enterprise...
 
❏❏❏ Bon, d'accord, le scénario a un peu dérapé, à commencer par celui de l'horlogerie. Elles étaient fantastiques, ces premières montres à quartz, beaucoup plus rigolotes avec leurs chiffres lumineux (la Pulsar directement inspirée par le 2001 de Kubrick, la Clepsydre de Longines, la Casquette de Girard-Perregaux : Business Montres du 5 août dernier et Business Montres du 29 novembre) et surtout beaucoup plus précises pour donner l'heure exacte au top électronique d'une horloge atomique – mot magique et pas encore pollué. D'ailleurs, l'aristocratie des marques suisses de haute lignée n'avait plus que mot "quartz" à la bouche, avec ce fameux Calibre 21 qu'on retrouvait chez Patek Philippe aussi bien que chez Rolex, Audemars Piguet ou Omega (trente marques, en tout). Sauf que ces montres à quartz, le monde entier pouvait en fabriquer mieux, plus et moins cher que les marques suisses, ce qui a vite tourné au désastre dans les watch valleys, où un beau design, un beau mouvement et une belle réputation ne suffisaient plus à assurer le succès d'une montre. Plus personne ne voulait des mouvements mécaniques un peu sophistiqués, mis à la poubelle (au sens littéral du terme) par des managers visionnaires qui s'affirmaient là "pour préparer l'avenir, et non pour réparer le passé" (Alain Dominique Perrin)...
 
❏❏❏ La montre mécanique ne relevait pas d'un quelconque futur futuriste : pourquoi se serait-on embarqué pour la planète Mars [on y était presque !] avec des montres qui dataient des premiers avions en toile et en bois ? Le quartz autorisait toutes les audaces, des affichages digitaux, des boîtiers en soucoupe volante, des calendriers perpétuels électroniques et des signaux sonores ou lumineux à volonté. Il suffisait de changer la pile pour accéder au manège enchanté. Du coup, il ne restait aux petits bricoleurs de l'horlogerie – trop fauchés pour se lancer dans les composants microtechniques et dans les puces électroniques – que la voie du... mécanique pour tenter de riposter au raz-de-marée asiatique. Ce qu'a pu tenter une marque comme Amida, qui s'est obstinée en 1972 à imaginer une réplique numérique sur base mécanique aux montres électroniques : la célèbre Digitrend imaginait même un affichage vertical sur base mécanique, avec des prismes pour transmettre les chiffres sautants des heures et des minutes (histoire et images : Business Montres du 29 novembre). Comme on peut l'imaginer, ça ne s'est pas bien terminé...
 
❏❏❏ Le grand match n'était cependant pas terminé ! La vengeance est une plat qui se mange froid : quarante ans après la Digitrend d'Amida, la HM n° 5 On the Road Again remet le couvert : il s(agit cette fois de rouler dans les plumes et dans le goudron les montres à quartz qui avaient humilié les montres mécaniques. Non seulement on sait aujourd'hui faire aussi précis [ou presque], mais on peut aussi le faire avec des boîtiers futuristes [et même rétro-futuristes], des mouvements de haute mécanique ou un affichage digital perpendiculaire qui constitue un véritable "écran". Sans parler de beaucoup de petits détails détaillés ci-dessous...
 
 
 
 
◀▶ MB&F HM n° 5 ON THE ROAD AGAIN
Un style aérodynamique
pour une nouvelle dimension optique
 
❏❏❏ HM n° 5 – H pour Horological et M pour Machine, le numéro cinq signalant que c'est le cinquième "ovni" lancé par cette équipe, qui ne peut pas s'empêcher de ne rien faire comme les autres. On commence par la carrosserie. Les lecteurs qui ont de la mémoire y reconnaîtront l'inspiration "Casquette" et un hommage au style pionnier des premières Amida : aujourd'hui encore, à l'heure des trois-aiguilles néo-classiques, c'est encore plutôt rupturiste. On n'en attendait pas moins de MB&F. Petites différences par rapport aux "casquettes" lisses des années 1970 : la profusion des ajouts minutieusement semés autour du boîtier. Notamment les "volets" arrière (ci-dessous)qui permettront à la lumière de venir frapper les chiffres (voir plus bas) : ces "stores" sont réglables et ils rappellent les plages arrière des bolides seventies. On aura noté les "pots d'échappement" latéraux : ceux de la HM n° 5 ne font pas vroom-vroom au feu rouge, mais ils évacuent l'eau qui aurait pu s'infiltrer par les "volets" [le carter moteur –cartouche en haut de page – est étanche à 30 m]...
 
 
 ❏❏❏ Et cet affichage vertical de l'heure, façon tableau de bord ? C'était tout le charme des montres "casquette" et MB&F nous en restitue la saveur, même si les affichages décalés ou perpendiculaires ont été les figures imposées des concepts horlogers dans les années 2000. On the Road Again nous propose des heures sautantes par disques rotatifs bidirectionnels : heures et minutes sont chargées de SuperLumiNova [d'où la nécessité des "stores" qui font entrer la lumière dans le moteur], mais ils fonctionnent sur un plan horizontal – celui du mouvement automatique Sowind revu et corrigé par Chronode (Jean-François Mojon et Vincent Boucard), qui n'a pas oublié le rotor en astérohache. L'information de cette heure digitale est transmis à l'écran d'affichage par un jeu de prismes en verre saphir qui en grossissent la taille (effet loupe : ci-dessous) : et si la prochaine révolution horlogère était une révolution optique, se demandait récemment Business Montres (26 novembre) ? C'est en utilisant et en détournant les lois de l'optique qu'il sera possible d'afficher à la surface de la montre – par fibre optique comme Celsius X VI II ou par prisme comme MB&F – des informations cachées sous le cadran ou dans les profondeurs du mouvement...
 
 
❏❏❏ Pas la moindre tentation électronique dans cette montre qui sait rester purement mécanique tout en affichant un style quartzien qui séduira les nostalgiques des septantièmes et des huitantièmes rugissants. C'est, en revanche [c'est le cas de le dire], une montre qui tourne en dérision les montres électroniques pour leur démontrer que, désormais, on sait autant s'amuser que dans les années quartz avec les formes et les fonctions, mais dans le respect de la mécanique : les machinateurs ont fini par l'emporter sur les ingénieurs ! De même, en début d'année, le Mikrogirder de TAG Heuer avait ridiculisé les montres à quartz avec ses 1 000 Hz et sa fréquence mécanique à 7,2 millions de ce qu'il faut bien appeler "alternances" par heure...
 
❏❏❏ Des finitions de haute horlogerie pour une proposition à fort pouvoir déflagrant : on entend déjà les puristes et les intégristes hurler à la mort. Ils aboient et la caravane des Friends passe (c'est le F de MB&F), avec Eric Giroud pour le design, Guillaume Thévenin pour la R&D et tous les autres copains du "laboratoire conceptuel" qu'est devenu MB&F (liste en bas de page). Qui vous parle de montres ? Ici,  MB&F agit comme un catalyseur, capable d'associer haute horlogerie traditionnelle et technologie de pointe pour réaliser des sculptures tridimensionnelles d’avant-garde – qui rendent souvent hommage aux icônes et aux légendes contemporaines (donc à ce qui a filtré d'un passé récent). Ne le répétez pas à sa mère, qui croit que Maximilian est horloger : en fait, il est archiviste du futur, dans les bibliothèques de notre courte mémoire !
 
 
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