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BUSINESS MONTRES x ATLANTICO
Quand les chevaliers font la ronde et quand Trump savoure le temps de sa victoire : c’est l’actualité post-électorale des montres

Mais aussi le retour bleu des heures numériques, l’or rose d’une mini-inspirée, le trident des aviateurs embarqués, les montres de l’année et les miroitements d’un lac en fusion… Images ci-dessous : les douze chevaliers ont repris le armes autour de la Table ronde (Roger Dubuis)…


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LONGINES : L’élégance de la discrétion…

On discutera longtemps de la paternité de tel ou tel design horloger, les montres ayant passé leur temps à s’emprunter – le mot est bien élevé – et à revendiquer telles ou telles inspirations pour leurs modèles. La Mini DolceVita de Longines a ainsi vu beaucoup de bonnes fées créatives se pencher sur son berceau et elle nous affirme qu’elle s’inspire d’un modèle lancé en 1927 : pourquoi pas ? En tout cas, elle nous revient dans un très mignon boîtier en or rose (21,5 mm x 29 mm), avec un cadran argenté cerné de chiffres romains et orné d’une petite seconde dans un compteur carré à six heures (le mouvement à quartz est suisse et l’étanchéité annoncée à 30 m). Là où le bât blesse, c’est quand cette petite montre en or, aussi joliment proportionnée qu’elle soit, aussi soignée soit-elle, aussi Swiss Made qu’elle affirme l’être [ne soyons pas méchants en ajoutant : aussi peu créative qu’elle soit], c’est donc quand cette Mini DolceVita est annoncée autour des 6 000 euros, soit un maxi-prix pour une mini-montre ! Un prix qui se trompe d’époque et de cible : ce n’est pas du tout la montre qui peut aider Longines à sortir de la crise où la marque est plongée en même temps que les autres marques suisses… Messieurs de Longines, il serait temps de comprendre que le monde a changé !

HAMILTON : Le retour de l’heure numérique…

On va vous parler d’un temps que les moins de cinquante ans ne peuvent pas connaître : à l’aube des années 1970, alors que la comète quartz venait de percuter la planète horlogère, les horlogers d’avant-garde imaginaient de nouvelles expressions pour décompter le temps. La marque Pulsar P1 de 1971 inventait ainsi sa première montre « numérique » – avec des heures et des minutes exprimées par des chiffres lumineux. Une vraie révolution pour l’époque, tant pour le design du boîtier que pour ces chiffres (à l’époque rouges, comme ceux de Hal, dans 2001, l’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick), qui s’allumaient à la demande. Cette Pulsar était à l’époque une montre en or de grand luxe, achetée par les célébrités de l’époque, les rois, les présidents ou les pop stars comme Elton John – elles se vendaient plus cher que les Patek Philippe ! Le temps a passé et bouleversé le paysage horloger, en ramenant les montres mécanique sur le devant de la scène, mais les nouvelles générations adorent les montres vintage : Hamilton a donc repris la production de ces Pulsar, sous le nom PSR 74 [74 pour l’année de lancement de la première Pulsar Cushion], en les modernisant, en acier, avec des chiffres bleus (la police est la même que dans les années 1970) et des solutions technologiques avancées pour améliorer la lisibilité sur ce boîtier « noirci » de 40,8 mm x 34,7 mm étanche à 100 mètres. Le prix a su rester raisonnable (795 euros en noir, 895 euros en PVD or) et l’originalité au porter reste totale, même si les montres connectées, usuellement muettes pour économiser la batterie, nous ont redonné l’habitude de ne lire l’heure qu’à la demande.

HANHART : Le trident des aviateurs…

Pour ceux qui ont un minimum de culture horlogère, le nom d’Hanhart évoque les premiers vrais chronographes d’aviateur – ceux qui équipaien les pilotes de la Luftwaffe pendant la Seconde Guerre mondiale et qui inspireront tous les chronographes d’aviateur d’après la guerre, en particulier les fameuses montres « Type 20 » de l’Armée française. Pour l’anecdote, les ateliers d’Hanhart, situés en Forêt-Noire (Allemagne), étaient dans la zone d’occupation militaire des Français en 1945 et c’est là que l’Armée de l’air française a pillé trouvé les stocks de montres de pilote qui équiperont ensuite ses équipages ! La légitimité aéronautique légendaire d’Hanhart semble donc incontestable, y compris dans l’Aéronavale, comme en témoigne cette Fly Navy Aerosphere dédiée aux escadrons de l’actuelle Aéronavale allemande (Marinefliegergeschwader, dont le logo figure sur le cadran) : étanches à 300 mètres (avec la sécurité d’une valve à hélium à dix heures), ces montres de pilote de 42 mm à mouvement automatique s’annoncent donc d’une rare polyvalence – ce sont aussi de parfaites montres de plongée ! La réussite esthétique est évidente et le prix (1 690 euros sur bracelet acier, 1 490 sur bracelet textile) est lui aussi une réussite qui défie les classiques réflexes inflationnistes des marques suisses. Chacun aura compris que le trident qui équilibre l’aiguille des secondes est celui de Poséidon, le dieu de la mer des anciens Grecs…

BIVER : La subtilité de la concavité…

Légende vivante de l’horlogerie contemporaine et agitateur d’idées sans rival, Jean-Claude Biver a lancé sa marque « familiale » sous son nom et il travaille notamment avec son fils Pierre pour créer des montres dont il aimerait qu’on parle toujours avec respect dans quelques siècles. D’où un souci de bienfacture qui se remarque [ou plutôt : qui est bien caché] dans les moindres détails visibles et non visibles, notamment dans les finitions du mouvement. Si le cadran de sa pièce unique automatique « Echoes of this moment » est remarquable de finesse dans les miroitements émaillés de son motif ondoyant, le boîtier témoigne d’un art horloger aussi discret qu’efficace : il faut admirer la maîtrise des volumes, la subtilité des lignes concaves, la sobriété des aiguilles ou le dessin très soigné des « cornes ». Trois simples aiguilles (qui n’ont rien de simple dans leur stylisation) et un mouvement automatique « manufacture » à micro-rotor complète cette offre dont le prix est lui aussi exceptionnel. Cette pièce unique en acier sera vendue aux enchères, mais les pièces « courantes » en or rose ou en platine (39 mm) s’arrachent entre 75 000 euros et 120 000 euros : ces montres ne sont pas encore livrées, mais déjà commandées par plusieurs dizaines, sinon plusieurs centaines de collectionneurs – la première série prévoyait 84 pièces, mais il y aura une suite, avec différentes variantes de cadran, dont d’impressionnantes pierres dures (on pense ici à une variante d’obsidienne).

ROGER DUBUIS : Des géants sous les armes…

Douze chevaliers de la Table ronde qui se font face, l’arme à la main, sous le dôme d’une montre : ils ont pris place aux douze points qui marquent traditionnellement les heures sur un cadran et ils regardent passer les aiguilles des heures et des minutes. Inlassable quête arthurienne et inépuisable inspiration pour une des montres de haute horlogerie les plus originales du marché : chaque figurine micro-sculptée ne fait que 6 mm de haut et gouttes sont différentes. Au centre, sous les aiguilles, 56 blocs d’or rose, de verre et de basalte figurent la Chaussée des géants (Irlande), théâtre légendaire d’un des cycles de la légende de ces chevaliers. Certes, le boîtier est imposant (45 mm d’or rose), mais le prix de cette l’est encore davantage : il faudra compter dans les 375 000 euros pour renouer, d’un coup de poignet, avec le grand mythe arthurien.

BON À SAVOIR : en vrac, en bref et en toute liberté…

•••• MONTRES DE L’ANNÉE : parmi les montres récemment récompensées à la cérémonie (française) des « montres de l’année 2024 » qu’organise le site MyWatch en présence de tout le gratin de l’horlogerie française, on remarquait Omega, Tissot, Frederique Constant ou Tudor dans les montres relativement accessibles (moins de 5 000 euros), mais aussi Cartier, Audemars Piguet ou Bvlgari dans les montres à plus de 50 000 euros. Montre de femme 2024 toutes catégories confondues : la J12 Couture de Chanel. Montre d’homme 2024 toutes catégories confondues : la Tudor Black Bay 58 GMT. Des choix opérés par le public (réseaux sociaux) et un palmarès de qualité parfaitement justifié… •••• SALONS HORLOGERS : la Suisse ayant fait preuve de quelques faiblesses dans ce domaine, le nombre des « salons horlogers » tenus hors de Suisse explose, avec une cinquantaine en rendez-vous internationaux organisés cet automne de Singapour à New York, en passant par Hong Kong, Dubaï, Milan ou Mexico. Le groupe LVMH a décidé de tenir sa désormais annuelle LVMH Watch Week en janvier à Los Angeles, avec la quasi-totalité des marques horlogères ou joaillières du groupe. Le tout est maintenant de savoir si les marques pourront suivre cette frénésie dans le calendrier des rendez-vous horlogers et si elles en auront les moyens, alors qu’elles se doivent d’honorer les deux rendez-vous majeurs qui s’imposent en Suisse… •••• ONLY WATCH : la vente aux enchères biennale Only Watch était un des temps forts du calendrier horloger. Après différentes péripéties touchant à la transparence et à la gouvernance des fonds récoltés pour la recherche sur les myopathies, la direction d’Only Watch a décidé de se passer des fonds apportés par l’horlogerie, qui lui suffisent apparemment pour financer les recherches qu’elle soutient. C’est la première fois dans l’histoire des enchères horlogères qu’on « torpille » ainsi un concept charitable : en dix ventes de 440 pièces uniques, Only Watch a pu bénéficier d’une somme de 130 millions d’euros offerts par les marques de montres… •••• TRUMP : triomphe dans les urnes pour l’ex-nouveau président des États-Unis, qui restera aussi comme le seul candidat présidentiel à avoi accompagné sa campagne du lancement d’une montre horlogère à son nom. C’est donc sous la marque Trump qu’est proposée [mais sans doute déjà totalement pré-vendue], pour 1 200 dollars, la « montre de la victoire » (Victory Ultimate Jewel : ci-dessous), qui entend célébrer dans le faste de l’or (plaqué) et des diamants (des vrais) l’arrivée à la Maison-Blanche de Donald Trump, dont la signature est fièrement apposée sur le cadran (son portrait gravé figure sur le fond de la montre. La montre ne s’appelle donc plus « Trump », mais « Président Trump » : nuance ! Notez le motif « DJT » (initiales du président) sur le fond du cadran. L’inscription « 45-47 » rappelle le précédent comme le nouveau mandat dans la série des présidences américaines…

COORDINATION ÉDITORIALE : JACQUES PONS



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