REPÉRAGES #26-2025 (accès libre)
Sept commentaires sur sept montres qui tentent de se faire une place sous le pâle soleil de l’hiver
En toute transparence, avant d’être commentées et appréciées, ces nouveautés sont racontées ici du strict point de vue des marques. Elles sont expliquées dans la jamais trop fleurie « langue de boîte » – cette langue de bois des « boîtes » d’horlogerie, celle de nos « amies les marques » ! Dans tous les styles et à tous les prix, venues de Suisse ou d’ailleurs, au masculin comme au féminin, que va-t-on découvrir dans les vitrines ? Quand on aime, on ne compte pas ! Voici donc le vingt-sixième épisode de notre panorama des nouveautés de l’année 2025, avec nos commentaires critiques sur sept montres de sept marques : Bovet, Bremont, Bvlgari x MB&F, Casio, Hermès, Lip et Louis Vuitton…
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Cette chronique vise à vous signaler quelques nouveautés qui affluent dans les vitrines horlogères : c’est, à ce jour, la plus complète des recensions que proposent les médias spécialisés, avec un peu plus de 2 100 pièces présentées chaque année. Soit, en moyenne, à peu près cinq nouveautés proposées par jour du calendrier : c’est exceptionnel – et même unique dans le paysage horloger ! Ces nouvelles montres sont commentées une par une : nous ajoutons à ces présentations des évaluations personnelles critiques, forcément subjectives et généralement pas complaisantes, mais toujours sincères, en bref, en vrac et toujours en toute liberté. Dans le formidable tsunami des nouveautés horlogères, cette sélection est déjà, en soi, une élimination du pire ou de l’insignifiant : il ne faut donc pas s’étonner que le meilleur y soit commenté plutôt positivement. Tout le monde l’aura compris : les absents ont toujours tort !
BREMONT Terra Nova 42.5 chronographe (bronze)
La collection de montres « tout-terrain » Terra Nova de Bremont s'inspire des montres de poche militaires du début du XXe siècle. Conçue techniquement et esthétiquement avec beaucoup de soin, la collection reprend toutes les caractéristiques de ces pièces originales, capturant leur robustesse, leur fonctionnalité et leur élégance, réinterprétées de manière moderne et pratique pour répondre aux exigences d’aujourd’hui. Fidèle à l'engagement de la marque envers une responsabilité durable et une qualité exceptionnelle, Bremont explore à cette occasion un nouvel alliage de bronze. Introduite à l’origine en 2024, la collection Terra Nova présente une forme de boîtier unique, géométrique en forme de coussin, un profil fin, des cornes raccourcies, et taillée dans de l’acier 904L ultra-résistant. Pour 2025, la marque britannique présente trois nouvelles références en bronze, un alliage de cupro-aluminium haute résistance. Traditionnellement associé au domaine nautique, le bronze excelle aussi sur la terre ferme, territoire de la Terra Nova. Le cupro-aluminium est un alliage de bronze de haute qualité et, après l'introduction de l'acier supérieur 904L dans la collection Terra Nova en 2024, ce nouvel alliage témoigne de l'engagement de Bremont à utiliser les meilleurs matériaux possibles pour créer des montres de précision, robustes, résistantes et durables.Bremont est avant tout un fabricant de montres outils robustes, solides, résistantes, c’est pourquoi l’utilisation d’un matériau particulier n’intervient que s’il a un sens fonctionnel. Le cupro-aluminium a été choisi en raison de la résistance, de la durabilité et de la polyvalence de l’alliage. Il peut être facilement moulé et façonné en designs complexes, ce qui est capital pour la création du boîtier de montre Terra Nova à deux pièces, avec son design sophistiqué et de nombreux détails. L’alliage possède également une résistance à la traction plus élevée que d’autres types de bronze grâce aux effets de renforcement de l’aluminium et du silicium. Cela rend le matériau plus durable et capable de résister à l'usure causée par le port au quotidien. Le cupro-aluminium présente plusieurs autres avantages. Tout d’abord, sa composition en aluminium et silicium garantit qu’il est hypoallergénique, et il est plus résistant aux rayures que le bronze traditionnel, ce qui permet de préserver son apparence au fil du temps.Contrairement au bronze traditionnel, il développe une patine progressive et uniforme, évitant la décoloration verte ou noire irrégulière, résultant en une transformation subtile et contrôlée au fil du temps. Bien qu'il soit légèrement plus léger que l’acier et le bronze conventionnels, chaque gramme compte lorsqu'il s'agit de montres-bracelets. Esthétiquement, le cupro-aluminium offre un attrait visuel unique avec une teinte dorée douce et une nuance rougeâtre chaleureuse. Contrairement au bronze traditionnel, il développe une patine progressive et uniforme, évitant la décoloration verte ou noire irrégulière, résultant en une transformation subtile et contrôlée au fil du temps.
Les propriétés uniques de cet alliage de bronze transformeront chacune des trois nouvelles itérations de la Terra Nova Bronze en montres qui vieillira et prendra de la patine différemment. L’alliage de bronze haute technologie semble vivant et « prendra de l’âge » au bout de trois mois, de manière douce, subtile, donnant un aspect légèrement usé au toucher et à la vue. Les nouveaux modèles Terra Nova Bronze présentent un cadran à dégradé vert foncé ou caramel. La Terra Nova 40,5 mm Date Bronze et la Terra Nova 42,5 mm Chronographe Bronze sont dotées d’un cadran à dégradé vert foncé, tandis que la Terra Nova 40,5 mm à lunette tournante Réserve de marche Bronze propose un cadran à dégradé d’un beau caramel chaud rappelant un désert apparemment sans fin. Les trois nouvelles montres présentent également des changements subtils dans le design ; le cadran arbore un logo Wayfinder plus petit, tandis que les modèles chronographe et réserve de marche avec leur lunette tournante comportent des chiffres en Super-LumiNova plus petits, créant un aspect plus équilibré sans sacrifier la lisibilité. Explorer de nouveaux terrains est une affaire difficile qui nécessite le bon état d’esprit et les bons outils. La Terra Nova 42,5 mm Chronographe Bronze avec cadran vert est la nouveauté la plus polyvalente. Le boîtier en bronze Cupro-Aluminium satiné et poli mesure 42,5 mm de diamètre, 14,8 mm de hauteur, 48,8 mm de longueur et a un écartement de cornes de 22 mm. Le boîtier résistant à l'eau jusqu'à 100 mètres abrite le calibre Chronomètre BE-50AV. Il s'agit d'une version du robuste, fiable et précis mouvement Sellita SW510BH, un mouvement automatique avec une réserve de marche de 56 heures. Il comprend une aiguille centrale des secondes Chronographe, un compteur 30 minutes à 3 heures et une date à 6 heures. En plus de la fonction chronographe, la Terra Nova 42,5 mm Chronographe Bronze Green est équipée d’une lunette de boussole bidirectionnelle en cupro-aluminium bronze avec un insert en céramique noire, faisant de cette montre un outil de chronométrage et de navigation polyvalent. La montre est disponible avec un bracelet en alliage bronze au design raffiné à trois maillons avec un système de fixation rapide et une boucle déployante papillon particulièrement pratique, un bracelet en nubuck vert avec une couture blanc cassé et une boucle à ardillon en acier inoxydable PVD bronze, ou un bracelet NATO noir et vert tissé sur des métiers à tisser français traditionnels datant du XIXe siècle avec une boucle en acier inoxydable PVD bronze.Comme toujours pour les montres Bremont sportives, robustes et de haute qualité, le chronographe en bronze est équipé d’un verre saphir antireflet et de chiffres Super-LumiNova, offrant une luminosité intense et durable même dans les conditions les plus difficiles. Comme la Terra Nova 40,5 mm Date Bronze Green et la Terra Nova 40,5 mm Lunette Tournante Réserve de marche Bronze Caramel, la Terra Nova 42,5 mm Chronographe Bronze Green est prête à relever tous les défis des aventures quotidiennes.
UN COMMENTAIRE ? Le bronze est décidément autrement plus « chic » et même « précieux » que l’or, aux yeux des créateurs horlogers aussi bien que pour les amateurs, qui ont un frisson « doré » sans en payer le prix puisqu’il faudra compter entre 3 900 euros et 4 300 euros (bracelet métal) pour ce boîtier de taille raisonnable (42,5 mm), qui marie l’esprit pratique des « montres-outils », un certain goût de l’aventure [dans les difficultés du quotidien urbain comme dans les dernières places non explorées de cette planète] et une résistance tout-terrain. Le bronze, c’est le style par les couleurs, changeantes au fil des années…
HERMÈS Slim d’Hermès Cheval brossé
Dans un écrin d’or blanc, le profil d’un cheval se détache en tampographie colorée sur un ciel d’azur en émail. La réinterprétation stylisée d’un cheval par le dessinateur Dimitri Rybaltchenko, complice rêveur de la maison, fait écho au thème 2025 d’Hermès, Le dessin sous toutes ses coutures. Elle invite au voyage et à l’émerveillement. Sur le cadran de la montre Slim d’Hermès Cheval brossé, son dessin, entre rêve et réalité, est révélé par les arts de l’émail et de la tampographie – un procédé d’impression à l’aide d’un tampon. Imaginée en 2015 par Philippe Delhotal, la Slim d’Hermès exprime l’essence même de la maison : une singularité faite de rigueur et d’équilibre. Le ciel radieux naît sous le geste minutieux de l’artisan, qui applique au pinceau une base bleue en émail : de la poudre de verre coloré broyée, mélangée à des huiles naturelles, séchée et cuite au four afin d’en fixer les pigments. Puis il applique le profil du cheval au gré de couches successives de couleurs. Le motif a été préalablement gravé sur un support creux appelé « cliché », qui sera empli de peinture. La couleur est ensuite prélevée au moyen d’un tampon souple et transférée sur le cadran, dans une superposition subtile pour obtenir la teinte et l’éclat parfaits. Issu des ateliers horlogers d’Hermès, un mouvement extraplat mécanique à remontage automatique de manufacture H1950 animecette montre enjouée. Le bracelet en alligator mat bleu abysse, expression des savoir-faire maroquiniers de la maison, souligne les teintes vives de la Slim d’Hermès Cheval brossé, limitée à 24 exemplaires.
UN COMMENTAIRE ? Plus Hermès, tu meurs [on aurait même pu se passer du « Hermès Paris » sur le cadran, la montre n’en aurait pas moins été irrémédiablement et indubitablement Hermès] ! Plus stylistiquement poétique, mais rigoureusement traditionnel et horloger, tu re-meurs ! On regarde, on admire et on est immédiatement séduit par l’effet produit avec une telle sobriété dans la techniques décoratives. Comptez dans les 48 800 euros pour cette série limitée (boîtier de 39,5 mm étanche à 30 m)…
BVLGARI x MB&F Serpenti
Avec leurs univers particuliers, MB&F et Bvlgari entretiennent des liens surprenants et donnent naissance à des créations extraordinaires qui défient les conventions horlogères. Fondée en 1884, Bvlgari est reconnue pour son savoir-faire exceptionnel, ses designs innovants et son riche héritage. Elle associe l'élégance italienne et la précision suisse dans des collections emblématiques comme les Serpenti, Octo Finissimo et Bvlgari Bvlgari. Depuis 2005, MB&F (Maximilian Büsser & Friends) redéfinit l'horlogerie traditionnelle en créant des sculptures cinétiques tridimensionnelles pour le poignet. Les Horological Machines, qui naissent d’une collaboration avec des « Friends » de la marque, évoquent des sujets aussi divers que la science-fiction, les supercars et le règne animal. En 2021, suite à l’heureuse rencontre, quelques années plus tôt, de Fabrizio Buonamassa Stigliani, directeur de la création horlogère de Bvlgari, et de Maximilian Büsser, fondateur et directeur de la création de MB&F, les deux marques présentent le fruit de leur première collaboration : la MB&F x Bvlgari LM FlyingT Allegra. À travers elle, l'univers exubérant, riche en couleurs, du joaillier Bvlgari s’invite dans les Legacy Machines de MB&F. Vu le succès, les deux amis se sont naturellement posé la question de la suite. Pour leur deuxième collaboration, Fabrizio et Max ont choisi de réinterpréter l'une des plus célèbres créations historiques de Bvlgari – la Serpenti présentée en 1948 – et de l’intégrer à l'univers très mécanique de la haute horlogerie MB&F. La Bvlgari x MB&F Serpenti a conjugué la vision et l'expertise des deux créateurs pour se glisser vers la lumière... Pour transformer la Serpenti – symbole de renaissance éternelle et de métamorphose audacieuse – en Horological Machine, il a fallu redévelopper la pièce historique dans son entier, non seulement au plan de la technique et de la conception du mouvement, mais également au plan du design et de la fabrication du boîtier. La Bvlgari x MB&F Serpenti est une création hors du commun, née d'une heureuse rencontre et d'une vision partagée, dans laquelle calibre et design se valorisent l’un l’autre en toute harmonie.
Selon Fabrizio Buonamassa Stigliani, « ce fut un plaisir » de définir le design, ce qui peut laisser entendre que cette partie du processus a été relativement facile à mener, mais les centaines de dessins et les douzaines de modèles imprimés en 3D le contredisent. Contrairement à un modèle rond classique, qui ne présente que peu de segments à exploiter, le boîtier de la Bvlgari x MB&F Serpenti est d’une rare complexité. Comme une automobile, il offre des vues radicalement différentes – de face, de côté, au-dessus, à l’arrière...– qui doivent être aussi attrayantes les unes que les autres. Comme dans une équation à multiples variables parfaitement équilibrées, la moindre modification d'un angle ou d'une courbe pour perfectionner une certaine vue peut potentiellement en ruiner une autre. D’où les innombrables versions de la Bvlgari x MB&F Serpenti. Une fois l'esthétique du boîtier définie à la perfection, on a pu passer à la construction et à la fabrication, ce qui a engendré un certain nombre de défis supplémentaires. Tout en courbes, le boîtier de la Bvlgari x MB&F Serpenti forme un ensemble dont l’usinage est cauchemardesque. Les courbes complexes s’étendent de la structure métallique aux cinq pièces en verre saphir, dont les yeux du serpent et la section arrière à plusieurs facettes – toutes traitées antireflet sur les deux faces, elles ouvrent de larges perspectives sur le mouvement. Il est extrêmement difficile non seulement d’usiner et de terminer la combinaison de pièces de métal et de verres saphir incurvés, mais aussi de la rendre étanche à 30 mètres. « Chez MB&F où nous sommes spécialisés dans les sculptures cinétiques qui donnent l’heure, nous étions tout à fait dans notre élément. Néanmoins, le design biomorphique de cette montre a engendré d'énormes défis à relever, pour le boîtier comme pour le mouvement », explique Maximilian Büsser. « Le boîtier complexe, entièrement usiné avec des fraiseuses 3D 5 axes, intègre cinq glaces saphir qui ont été extrêmement difficiles non seulement à fabriquer, mais également à assembler, du fait des formes incurvées et de la volonté d'obtenir une étanchéité à 30 mètres. » Le boîtier sophistiqué abrite un mouvement tout aussi complexe, conçu et développé à l’interne, qui brise les conventions horlogères traditionnelles. Dès le départ, Fabrizio avait entre autres idées majeures celle de donner (mécaniquement) vie à la Serpenti en animant ses yeux, ce qui s'est matérialisé par des dômes des heures et des minutes rotatifs, celui de gauche tournant en 12 heures, celui de droite en 60 minutes. Les dômes de la finesse d’une feuille de papier, usinés dans de l’aluminium afin qu’ils soient aussi légers que possible, requièrent un procédé de fraisage innovant. Comme ils sont tous deux rehaussés à la main de Super-LumiNova, les yeux du serpent continuent à briller lorsque la nuit tombe.
Le cerveau du reptile mécanique est symbolisé par un balancier volant surdimensionné, de 14 mm de diamètre, qui représente un défi technique. Doté de quatre vis de régulation traditionnelles, il oscille à la fréquence traditionnelle de 2,5 Hz (18’000 A/h) et il est fermement maintenu par un pont tridimensionnel gravé des noms des deux partenaires. On effectue le remontage et la mise à l'heure via des couronnes respectives, intégrées aux cornes arrière de la Bvlgari x MB&F Serpenti. Au verso de la Machine, on découvre l'indicateur de réserve de marche, ainsi que certains des 310 autres composants du mouvement terminé à la main. MB&F est l'une des dernières rares marques à perpétuer des processus de fabrication artisanaux et des finitions à la main, une approche qui n'est possible qu'avec une production annuelle très limitée (un peu moins de 400 montres en 2024). Les horlogers de MB&F ne pouvant fabriquer et assembler que de six à huit mouvements Bvlgari x MB&F Serpenti par mois, il faudra plus d'une année pour produire les 99 pièces. Les experts en horlogerie qui suivent MB&F reconnaîtront certaines des caractéristiques non conventionnelles du mouvement. Elles résultent du savoir-faire que MB&F a patiemment acquis depuis 2005, à travers le développement de plus de 20 calibres maison. On retrouve en particulier le mouvement HM10 à remontage manuel, même s’il a subi des modifications significatives pour répondre au design raffiné de la nouvelle Serpenti. Si l’origine Serpenti est évidente, cette collection extraordinaire recèle une autre source d'inspiration, partagée par les créateurs. Fabrizio et Max, tous deux passionnés de design automobile, ont grandi avec les mêmes références en la matière. Au début, il n'était pas question d'évoquer le design automobile dans la Bvlgari x MB&F Serpenti, mais il s’est indéniablement immiscé dans la création : un boîtier qui rappelle la carrosserie d’une belle voiture, un verre saphir complexe en forme de persienne, comme la lunette arrière d'une voiture de sport, des couronnes que l'on pourrait facilement prendre pour des roues... Il y a trois versions différentes, chacune limitée à 33 exemplaires. La première se présente dans un boîtier en titane grade 5 avec des dômes bleus pour les heures et les minutes. La deuxième, dotée d’un boîtier en or rose, présente des yeux verts perçants, alors que la troisième, revêtue d’acier traité PVD noir, est animée par yeux rouges vifs. MB&F et Bvlgari se sont associées pour créer un serpent original révolutionnaire qui ne manquera pas de séduire les collectionneurs de montres : avec son esthétique saisissante et sa mécanique innovante, la Bvlgari x MB&F Serpenti invite ceux qui ont l’habitude d’admirer la fascinante créature de loin à enfin s’approprier son pouvoir.
UN COMMENTAIRE ? C’est un peu le mariage de la carpe et du lapin : à chacun de déterminer, qui du joaillier italien Bvlgari et du méchanicien suisse MB&F est la carpe ou le lapin. Peu importe, d’autant que leur rencontre improbable et inattendue s’est faite autour du serpent, figure mythologique dont Bvlgari s’est fait un bouclier identitaire. Voici donc l’iconique et cryptozoologique Serpenti de Bvlgari revue et corrigée dans l’esprit des sculptures cinétiques horlogèrement animées par le laboratoire créatif MB&F : pour créer cette Serpenti Bvlgari x MB&F, il a fallu recarrosser en trois dimensions la Serpenti, pour lui créer de nouvelles facettes capables de loger, sous leur capot, un mouvement à remontage manuel de 310 composants : la complexité de cette remotorisation et de cette recréation font tenir du miracle le fait qu’il y aura tout de même 33 exemplaires de cette série dans chaque couleur de matériau (or rose à dôme vert, titane à dôme bleu, acier PVD noir à dôme rouge) – comptez dans les 140 000 euros (160 000 euros en or rose) pour cet exceptionnel objet du temps qui tient autant du vaisseau spatial que du supercar, mais qui n’en est pas moins, avec quelque chose de cryptozoologique en plus, une montre suisse tout ce qu’il y a de plus bluffante – de face, de profil et même de côté. On se dit que, tant qu’il y a des créateurs pour imaginer de telles sublimes extravagances horlogères (boîtier de 39 mm x 53 mm x 18 mm), les montres mécaniques n’ont pas trop de soucis à se faire pour leur survie…
BOVET Virtuoso XI
Pour la Saint-Valentin, Bovet a signé une version spéciale du Virtuoso XI, le premier et le seul garde-temps entièrement squeletté de la Maison. Ce modèle arbore une bélière gravée d’un motif « Pierre du Château » ou « Fleurisanne » : pour ce dernier, des diamants blancs taille brillant sont sertis sur la lunette en or rouge ou blanc 18 carats, tandis que la gravure « Pierre du Château » ne présente pas de sertissage mais une gravure. Pour obtenir un mouvement squeletté, tout l’art consiste à ôter suffisamment de matière pour sublimer son esthétique et révéler l’intégralité de ses mécanismes internes, tout en préservant sa robustesse afin qu’il puisse fonctionner impeccablement. Si l’on affinait excessivement les ponts, par exemple, ils pourraient se déformer et remettre en cause la performance du mouvement. Toutefois, M. Raffy n’avait pas l’intention de s’arrêter à l’intégration de ce mouvement. Il était déterminé à accomplir ce qui n’avait jamais été fait auparavant dans l’art de la squelettisation, en gravant les deux faces des composants du mouvement. Dans un garde-temps squelettée habituel, les mouvements sont souvent très comprimés, avec peu d’espace entre les ponts et les roues. Par conséquent, graver les deux faces s’avère trop difficile, mais également inutile, car une des gravures ne serait pas visible. Pour le Virtuoso XI, le mouvement a été conçu dès le départ avec suffisamment de place pour graver et admirer les deux faces des ponts et des platines. Le résultat est alors exceptionnel. D’une transparence inégalée parmi tous les garde-temps jamais produits par Bovet, ce mouvement de haute horlogerie place le moindre de ses composants sur le devant de la scène. Vous pouvez ainsi plonger au cœur du mouvement et promener votre regard sur sa construction, en admirant sa transparence, son sens du détail, son incroyable niveau de finition et son rendu éthéré.
Ensorcelant et captivant, le Virtuoso XI est une merveille à découvrir. Dès que le regard se pose sur lui, chacun est envoûté par ses détails spectaculaires. Bovet 1822 ne saurait être tenu responsable des conséquences si votre garde-temps venait à vous distraire. Le mouvement à tourbillon volant qui anime ce garde-temps exceptionnel répond aux critères exigeants de Bovet en matière de chronométrie, de fiabilité et d’expression. Il tire son énergie d’un seul barillet qui, à lui seul, assure plus de dix jours de réserve de marche (soit 240 heures, là où les performances du secteur oscillent entre 42 et 48 heures), tout en maintenant les oscillations dubalancier à 18 000 A/h. Enfin, la longue réserve de marche nécessiterait un remontage méticuleux sans le système de remontage différentiel sphérique. L’application de cet ingénieux mécanisme et la denturetridimensionnelle de l’un de ses pignons ont fait l’objet de deux brevets. Grâce à ce système, le nombre de tours de couronne nécessaires à l’enroulement complet du ressort principal est réduit de moitié sans augmenter les frottements et les forces exercées sur les engrenages.Disponible en or blanc ou rouge 18 carats, le Virtuoso XI est un triomphe la haute horlogerie, de la squelettisation, de la gravure et la décoration main. Au total, plus de 60 artisans virtuoses ont façonné de leurs mains ce garde-temps, et l’ont érigé au rang de véritable œuvre d’art.
UN COMMENTAIRE ? L’extrême virtuosité dans la maîtrise de la gravure suffirait déjà à rendre cette montre exceptionnelle (non sans une certaine sensualité), mais il serait dommage de passer à côté de la minutie quasi-maniaque de son squelettage ou de ses différents (et discrets) atouts mécaniques – comptez dans les 320 000 euros pour cette montre dont la construction permet un incroyable voyage au cœur du mouvement et des lumières avec lesquelles il sait jouer…
LIP Churchill T18 (quartz)
La maison horlogère Lip introduit sur son modèle phare Churchill un cadran blanc-ivoire mat, apportant un souffle de modernité tout en préservant l’esprit classique de la montre, pour un look plus contemporain et très pur, qui sait rester fidèle à l’esthétique classique ayant fait sa réputation. Le modèle Churchill est l’une des montres les plus connues de la marque. Produite depuis 90 ans, elle est encore aujourd’hui appréciée pour sa forme et pour son attachement à l’histoire de notre pays : une Lip Churchill fut offerte en 1948 à Winston Churchill en remerciement des services rendus à la France lors de la Seconde Guerre mondiale.
UN COMMENTAIRE ? Une montre de « mémoire » que Lip propose pour un peu moins de 250 euros (mouvement électronique suisse Ronda, boîtier de 21,2 mm x 38,5 mm étanche à 30 m) : on peut apprécier les trois aiguilles bleuies « à l’ancienne », ainsi que le « chemin de fer » des minutes encerclé par les heures en chiffres romains. Dommage que le bracelet ne soit pas un tantinet plus qualitatif : Lip avait de nombreuses autres options pour rester dans l’esprit rétronostalgique de cette Churchill.
LOUIS VUITTON Tambour Taiko Spin Time Air Tourbillon (W9WG11)
Dévoilé en 2009, l’affichage dynamique tridimensionnel résolument avant-gardiste fait partie de la collection de haute horlogerie de la Maison et signe le tout premier mouvement développé par La Fabrique du Temps pour Louis Vuitton. L’ingénieux calibre à heures sautantes conçu par les fondateurs de La Fabrique du Temps, Michel Navas et Enrico Barbasini, s’inspire des tableaux d’affichage à guichet présents dans les gares et aéroports. La complication, devenue un pilier emblématique de l’horlogerie Louis Vuitton, est mise à l’honneur avec la présentation de la Tambour Taiko Spin Time. Avec le lancement du modèle Tambour Spin Time en 2009, Louis Vuitton ne s’impose plus simplement en concepteur de garde-temps mais s’érige en véritable manufacture de complications créatives. Au fil des années, la Spin Time évoluera pour donner naissance à une gamme variée de pièces horlogères incarnant le vaste répertoire de matières et de complications proposées par Louis Vuitton. Seize ans après la naissance de la montre Spin Time, Louis Vuitton dévoile la nouvelle collection Tambour Taiko Spin Time. Toujours centrée sur l’affichage tridimensionnel breveté de cubes rotatifs, la collection Tambour Taiko Spin Time n’en est pas moins résolument inédite. La collection est composée de six garde-temps en édition limitée, tous conçus en interne pour rendre hommage au raffinement de cette complication remarquable. Les montres arborent ainsi le même boîtier Tambour Taiko, avec un discret fond de boîte plein pour la version de 39,5 mm et ouvert pour le modèle de 42,5 mm, révélant le calibre manufacture. Dans un souci d’unité, les six variantes sont présentées dans un boîtier en or blanc 18 carats et un cadran gris dauphin à la fois sobre, captivant et immédiatement reconnaissable. Les cubes arborent, eux aussi, cette même tonalité gris dauphine, à l’exception de celui indiquant l’heure actuelle qui se pare d’une teinte gris clair. Bien que les divers éléments des cadrans soient de la même teinte, chaque détail est réalisé à l’aide de techniques variées – finition soleillée ou œil-de-faucon, offrant des nuances chromatiques variant au gré de la lumière. Cette association de couleurs et de textures est particulièrement sublimée sur les modèles sertis, dont la palette de bleu-gris se marie à un cadran en œil-de-faucon. Prisée pour sa teinte chatoyante et son veinage délicat, cette variété de quartz gris bleuté est mise à l’honneur pour la toute première fois de l’histoire horlogère de la Maison. Bien que dans le même esprit d’élégance épurée que la montre Tambour dévoilée en 2023, le boîtier de la Tambour Taiko affirme néanmoins sa singularité avec des cornes sculpturales qui s’affranchissent du bracelet intégré d’origine.
La Tambour Taiko Spin Time Air Tourbillon incarne la rencontre inédite de deux complications majeures. Expression parfaite de l’ADN horloger unique de Louis Vuitton, ce garde-temps allie l’affichage flottant de la Spin Time Air à un mécanisme chronométrique éminemment traditionnel, le tourbillon volant. La combinaison de ces deux complications a constitué un véritable défi pour l’atelier de développement de La Fabrique du Temps Louis Vuitton, qui a dû surmonter les contraintes d’espace pour loger au cœur du boîtier à la fois les mécanismes de la Tambour Taiko Spin Time Air et tourbillon volant. Le volume périphérique étant en grande partie occupé par les cubes, l’insertion du mouvement automatique et du tourbillon volant a requis une ingéniosité et une maîtrise technique remarquables. Au centre du cadran, le tourbillon volant exécute son ballet hypnotique à raison d’une révolution par minute, tandis que sa cage en acier, entièrement finie main prend des allures de Fleur de Monogram. Soulignant la virtuosité artistique de la décoration, la plaque inférieure en acier a été polie jusqu’à obtenir un fini miroir révélant l’envers de chacun des composants du tourbillon. L’intégration d’un tourbillon volant dans le mouvement LFT ST05.01 a nécessité une refonte complète du calibre de base. Non seulement le train de rouage a dû être adapté pour placer le tourbillon sur le centre du cadran, mais l’aiguille des minutes a également dû être déplacée en dessous et autour de la cage.
UN COMMENTAIRE ? Il faudra tout de même s’acquitter de la coquette somme de 190 000 euros pour jouer aux dés avec le temps, comme nous y invite cette Tambour Spin Time entièrement revue et corrigée, tant sur le plan mécanique que pour ce qui relève des finitions horlogères et esthétiques. On aura du mal à trouver des défauts à cette montre plus intègrement Swiss Made et génialement mécanique que bien des montres « suisses »…
CASIO x Pac-Man (A168WEPC et F-91WPC)
Casio est fier de dévoiler une collection de montres en édition spéciale pour célébrer les 50 ans de ses montres et le 45e anniversaire de Pac-Man, le jeu vidéo japonais légendaire apprécié par toutes les générations. Pour rappel, Pac-Man est l’un des jeux d’arcade les plus célèbres de tous les temps, sorti en mai 1980, qui consiste à déplacer un personnage qui, vu de profil, à l’intérieur d’un labyrinthe, afin de lui faire manger toutes les pac-gommes qui s’y trouvent en évitant d’être touché par des fantômes. Cette collaboration exclusive comprend 4 nouvelles montres, basées sur des modèles emblématiques, donnant vie à l'univers très coloré et rétro de Pac-Man. Les modèles ABL-100WEPC et CA-53WPC (ci-dessous en bas, à droite) rendent hommage aux premières consoles de jeux. L'ABL-100WEPC arbore un cadran noir, rappelant l'aspect des écrans monochromes des premiers jeux vidéo, tandis que le CA-53WPC se distingue par une lunette jaune évoquant les bornes d’arcade classiques. Le fermoir de l’ABL-100WEPC est gravé du nom « Pac-Man », et le fond du boîtier des deux modèles affiche des gravures représentant Pac-Man et les fantômes. Les montres de cette collection sont dotées de fonctionnalités modernes, tout en conservant leur esprit rétro…
UN COMMENTAIRE ? Toute une époque, ce Pac-Man, qui restera comme un des pionniers ludiques de notre entrée collective dans l’ère du numérique : comptez autour des 60-80 euros pour ce clin d’œil rétronostalgique, qui vous propose des montres multifonctionnelles relativement simplifiées pour ce qui est de leur apprentissage…
COORDINATION ÉDITORIALE : JACQUES PONS