> 


CULTURE MÉCANIQUE : À quand le retour des sonneries « à la romaine » ?

Puisque les « montres qui sonnent » ont plus que jamais la faveur des collectionneurs, pourquoi ne pas relancer les sonneries sur une base numérique de chiffres romains, et non plus sur une base des chiffres arabes ? Une aventure mécanique tentée au XVIIe siècle mais totalement oubliée par la suite, alors qu'elle ne manque pas d'atouts techniques...  ◀▶ UNE FANTAISIE MÉCANIQUE ANGLAISEJoseph Knibb mériterait bien un hommage mécanique... ❏❏❏ La récente vente …


Puisque les « montres qui sonnent » ont plus que jamais la faveur des collectionneurs, pourquoi ne pas relancer les sonneries sur une base numérique de chiffres romains, et non plus sur une base des chiffres arabes ?

Une aventure mécanique tentée au XVIIe siècle mais totalement oubliée par la suite, alors qu'elle ne manque pas d'atouts techniques...

 
◀▶ UNE FANTAISIE MÉCANIQUE ANGLAISE
Joseph Knibb mériterait bien un hommage mécanique...
 
❏❏❏ La récente vente par Sotheby's de la collection privée rassemblée par George Daniels a replacé sous les feux de l'actualité la production du maître-horloger britannique Joseph Knibb (1640-1711), dont quelques pendules remarquables ont survécu [le lot n° 130 du catalogue Sotheby's a ainsi été emportée pour 1,9 millions de francs suisses : ci-dessus et ci-dessous], notamment celles qui proposaient une "sonnerie romaine" – dispositif mécanique dont Joseph Knibb semble avoir été à la fois l'inventeur et le seul utilisateur. Ce qui est dommage à plus d'un titre, compte tenu des différents avantages mécaniques de cette originalité horlogère au moment où les collectionneurs redécouvrent l'intérêt des montres à sonnerie...
 
❏❏❏ Généralement, pour ne sonner que les heures, un mouvement horloger à sonnerie mobilise ses marteaux 78 fois par séquence de douze heures (tour du cadran) : autant de coups que de chiffres arabes qui correspondent à l'heure affichée sur le cadran (12 = 11 = 10, etc.). En ne sonnant les heures que selon leurs chiffres romains (I, V ou X), le mouvement horloger ne mobilisera ses marteaux que 30 fois par tour de cadran : on comprend tout de suite l'économie de forces ainsi réalisée par le mouvement, dont le train de rouages affecté à la sonnerie est beaucoup plus simple et moins "gourmand" en énergie que pour une sonnerie "classique". Dans ce système de sonnerie "à la romaine", on peut se contenter de deux cloches (pour les pendules : ci-dessous) ou de deux timbres [si tant est que l'aventure ait déjà été tentée dans une montre : il ne nous a pas été possible de trouver des informations à ce sujet]...
 
❏❏❏ Selon la notation romaine d'une sonnerie et selon Joseph Knibb, le "I" correspond à un son plus aigu (petite cloche : ci-dessous), le "V" correspondant à un son plus grave (grande cloche). Logiquement, le "X" est un double "V", qui se reconnait donc au double coup sur la cloche grave. Pour nos 12 h : double coup grave + double coup aigu (4 frappes mécaniques au lieu de douze). Pour nos 11 h : double coup grave + simple coup aigu. Etc. Avec le problème du "4", on replonge dans la querelle du "IIII" des cadrans médiévaux et du "IV" dont Joseph Knibb a refait usage en décidant de le frapper par deux coups (un aigu suivi d'un grave), en le notant "IV" sur son cadran, plutôt par les quatre coups aigus qui auraient été nécessaires sur un cadran traditionnel. 60 frappes par jour au lieu de 156 : ce dispositif mécanique mérite qu'on s'y attarde...
 
❏❏❏ À quand un retour de cette "sonnerie à la romaine" ? Elle conviendrait particulièrement bien pour les montres à cadrans en chiffres romains. À quand une adaptation des principes mécaniques mis au point par Knibb pour la sonnerie des quarts et des minutes ? C'est juste une question de codes à intégrer dans l'esprit des collectionneurs : sans qu'il soit besoin de beaucoup fouiller, on finira aussi par découvrir que ce Joseph Knibb n'a eu qu'un tort [tout comme George Daniels] : celui de ne pas naître sur le continent, en France ou en Suisse, ce qui l'a conduit à être ignoré des historiens de l'horlogerie. Dommage ! On aurait découvrir qu'on lui devait peut-être le premier mouvement chronographe à aiguille rattrapante (visible à la St-Andrew's University), ainsi qu'un échappement très original, une ancre apparemment pionnière et quelques autres inventions qui auraient mérité d'être mieux connues – mais l'Anglais Joseph Knibb partage ici le sort injuste du Liégeois Hubert Sarton...
 
 
D'AUTRES SÉQUENCES RÉCENTES
DE L'ACTUALITÉ DES MONTRES...
   
Partagez cet article :

Restez informé !

Inscrivez-vous gratuitement à notre newsletter et recevez nos dernières infos directement dans votre boite de réception ! Nous n'utiliserons pas vos données personnelles à des fins commerciales et vous pourrez vous désabonner n'importe quand d'un simple clic.

Newsletter