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DESTIN : La nouvelle passion de Jean-Claude Biver

Le président de Hublot est un grand sentimental, qui ne marche qu'à l'affectif et qui a sans doute plus besoin d'aimer que d'être aimé... Alors qu'il commence à prendre du champ chez Hublot, il lui fallait une nouvelle passion, dont il a dessiné les contours en intervenant sur les "méga-événements" sportifs au Forum économique de Davos...    ▶ Rebel with a new cause... ◉◉◉ On a tort de ne pas toujours prendre Jean-Claude Biver au sérieux …


Le président de Hublot est un grand sentimental, qui ne marche qu'à l'affectif et qui a sans doute plus besoin d'aimer que d'être aimé... Alors qu'il commence à prendre du champ chez Hublot, il lui fallait une nouvelle passion, dont il a dessiné les contours en intervenant sur les "méga-événements" sportifs au Forum économique de Davos... 

 
 
▶ Rebel with a new cause...
 
◉◉◉ On a tort de ne pas toujours prendre Jean-Claude Biver au sérieux : même dans ses pitreries d'estrade, dont il est le premier à rigoler, il laisse toujours percer un fond de vérité – qu'il faut savoir décoder et interpréter. La sincérité profonde de ce leader charismatique est parfois désarmante de franchise : comme tous les grands affectifs, il fonctionne à l'empathie et aux émotions collectives, qu'il ressent mieux que quiconque [c'est le propre du charisme] et qu'il utilise pour nourrir sa vision personnelle des êtres et de l'ordre du monde. Invité du Forum économique de Davos, où il a tous les ans son rond de serviette, Jean-Claude Biver planchait cette année sur les "méga-événements" sportifs qui sont les nouvelles grand-messes planétaires : il s'y connaît et c'est son territoire de référence, comme on a pu le vérifier avec sa préemption du football mondial par Hublot ou son accès au "chronométrage officiel" de la F1.
 
◉◉◉ Dans ces "méga-événements", on trouve cette matière première, cette pâte qu'un marketing intelligent peut faire lever : une méga-audience énergisée par une méga-mobilisation planétaire, qu'on ne retrouve guère, en dehors de la F1 et du football, que dans les jeux Olympiques et, parfois, dans certaines productions culturelles (on pense à Star Wars – qui manque à la panoplie de Jean-Claude Biver, ou à James Bond : on sait qu'il avait imposé le contrat à Omega quand il était un des gourous du Swatch Group, dans le sillage de Nicolas Hayek). Le fait que Jean-Claude Biver ait aimé les montres, qui expriment le code abstrait le plus universel de l'humanité [les angles horaires, qui ont fini par s'imposer à toutes les cultures, sans exception !], n'est sans doute pas une coïncidence : l'horlo-évangéliste a besoin d'une chaire planétaire et d'une nef aux dimensions du monde...
 
◉◉◉ Que manque-t-il, à ce jour, dans la trace bivérienne ? Une trace au sens sportif du terme, comme celle d'un skieur dans la poudreuse sur un champ de neige inviolé (on verra ci-dessous que l'allusion n'est pas fortuite). Il y manque, précisément, ce dont nous parlions voici quelques lignes : les jeux Olympiques ! Lesquels sont aujourd'hui la chasse gardée d'Omega, mais on sait que Jean-Claude Biver a l'art de rebondir et de penser autrement, à peu près systématiquement out of the box. En dehors des clous : il ne peut pas s'empêcher, face à une réalisation, de se demander comment on aurait pu faire autrement...
 
◉◉◉  C'est là que Davos a joué un rôle cristallisateur. Ueli Maurer, le président de la Confédération helvétique, était venu plancher lui aussi sur les mega-events, cette fois comme promoteur des éventuels jeux Olympiques d'hiver dans les Grisons, en 2022 (on sait qu'une votation est organisée, le 3 mars prochain, pour laisser la parole au peuple des Grisons au sujet de ces jeux, qui pourraient se dérouler à Davos et à St-Moritz). Si Jean-Claude Biver a une qualité, c'est la mise en perspective fulgurante d'un projet : il sait imaginer instantanément si "ça joue" ou non, si ça cadre avec ses principes d'action et si ça peut s'harmoniser avec les opérations en cours. Là, ce n'est rien de dire que ça a immédiatement tilté dans l'esprit de Jean-Claude Biver, qui devait tout de même y avoir réfléchi au préalable tellement sa vision du dossier était claire, mais qui a immédiatement embrayé en proposant de tout quitter pour défendre le projet, sans rémunération, avec une rafale de nouvelles idées qui ont suscité l'enthousiasme de la salle. Applaudissements spontanés de la tribune, dont Ueli Maurer, Peter Sauber (le fondateur de l'écurie de F1) ou Jess Shell (président de NBCUniversal International, responsable de la retransmission des JO) et chaleureuse ovation de la salle. Bibi superstar : la routine...
 
◉◉◉ Derrière cette intervention, qui fait de Jean-Claude Biver le "M. JO d'hiver 2022, quelques convictions fortes et un autre regard sur les jeux Olympiques. D'abord, un coup d'oeil sur le calendrier : chez Hublot, Jean-Claude Biver a commencé à prendre du champ et il ne joue plus que le rôle d'un tuteur – au sens horticole du terme – aux côtés de Ricardo Guadalupe, qui apprend le métier d'autant plus vite qu'il sait que ce tuteur ne sera bientôt plus à ses côtés. À force de prendre du champ en 2013, on ne sera pas loin du champ d'à côté en 2014 et carrément ailleurs en 2015. Ce qui tombe très bien, puisque la campagne officielle pour les candidatures aux jeux Olympiques d'hiver de 2022 commencera en 2015 – si les Grisons votent positivement et si la Suisse apporte son soutien au projet...
 
◉◉◉ Côté axiomes opérationnels : comme d'habitude avec Jean-Claude Biver, on va jouer à "1 + 1 = 3, 4 ou 5", en commençant par vérifier qu'on jouera bien "premier, différent et unique". Ce qui est le cas, dans toutes les cases de l'échiquier. 1 + 1 ? Les JO d'hiver + la Suisse, qui a déjà organisé deux olympiades (1928 et 1948) à St-Moritz, sympathique petit village du coeur de l'Europe, sans problème d'enneigement, ni surtout d'infrastructures. Le temps des jeux Olympiques d'hiver organisés fictivement dans des grandes métropole, avec un éclatement des activités dans de multiples stations, a vécu : les Jeux se cherchaient une nouvelle dimension, plus humaine, donc l'opération Grisons a du sens. 1 = 1 = 3, 4 ou 5 ? C'est viser d'abord un renforcement de l'identité et de la fierté suisse, à travers la valorisation de la Suisse centre-européenne, de son art de vivre, de son environnement naturel unique au monde et de la modestie de son approche olympique (peu de budgets pharaoniques, puisque tout ou presque est déjà sur place). C'est aussi choisir une thématique particulière, celle de l'eau : on sait que la Suisse est le plus grand château d'eau d'Europe, sinon du monde (eau douce), mais que la guerre de l'eau (douce) est pronostiquée pour les décennies à venir par tous les experts géopolitiques. Il y aura donc une dimension éthique, eco friendly et citoyenne mondiale dans la candidature suisse...
 
◉◉◉ Vous ne saviez pas, mais l'art de la fusion, c'est la neige ! Un cristal de neige, c'est la rencontre de l'eau et de l'air (froid) : c'est un méta-matériau, un état transitoire d'organisation de deux composants primordiaux, bref un témoin de la fusion élémentaire (au sens bachelardien du terme) ! Les éléments de langage marketing sont déjà au point, avant même que la fête ait commencé ! Les idées commencent à circuler : 1 % des droits télévisés affectés à des actions pour la purification des eaux à travers le monde ! La mascotte est déjà toute trouvée, à base de cristaux de neige et de gouttes d'eau. 100 % Swissness et Swiss Pride au rendez-vous ! On oublie Hublot et les montres, le Swatch Group et Swiss Timing : on ne regarde plus que la croix blanche du pavillon. La Suisse a déjà donné au monde la Croix-Rouge et quasiment élevé l'olympisme au rang d'un art. Pourquoi ne deviendrait-elle pas la mère des Eaux ? Ne serait-ce pas un message d'espoir pour les nouvelles générations – une vision dynamique mobilisatrice dans l'espace suisse comme à travers le monde ? On déculpabiliserait ainsi l'aura trop friquée qui s'attache aux jeux Olympiques en leur permettant de se retremper dans une eau lustrale plus éthique. Là, on dépasse largement les 3, 4 et 5 de l'addition idéale, tout en jouant bien sur le côté "premier, différent, unique". Donc, tous les composants sont prêts pour amorcer la réaction en chaîne...
 
◉◉◉ Bibi l'ambassadeur marchant sur les eaux ? Ce serait la couronnement d'une carrière d'infuenceur de premier plan : si Nicolas Hayek était encore parmi nous, la Confédération l'aurait supplié de prendre la tête du lobbying pour que la Suisse obtienne ces Jeux en 2012. Il était fatal qu'on s'adresse à son successeur médiatique international pour "tirer" ce comité d'organisation et lui assurer un impact planétaire. Jean-Claude Biver l'horlo-évangéliste est prêt pour se muer en Jean-Claude Biver l'hydro-évangéliste !
G.P.
 
 
 
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