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ENCHÈRES AUTOMNE 2012 #5 : Est-ce vraiment du Fragonard ?

Les notices des catalogues d'enchères sont de véritables scènes de théâtre, où se jouent tantôt des tragédies, tantôt de l'opéra-bouffe, mais il arrive aussi qu'on soit dans ces théâtres d'ombres qu'on dit "chinoises". Même les montres émaillées – celles qu'on dit aussi "chinoises" – peuvent relever de cette mise en scène...   ••• Le lot n° 40 de la prochaine vente Christie's Genève [voir, en bas de page, nos séquences précédentes] s'impose par la qualité de …


Les notices des catalogues d'enchères sont de véritables scènes de théâtre, où se jouent tantôt des tragédies, tantôt de l'opéra-bouffe, mais il arrive aussi qu'on soit dans ces théâtres d'ombres qu'on dit "chinoises".

Même les montres émaillées – celles qu'on dit aussi "chinoises" – peuvent relever de cette mise en scène...

 
 
••• Le lot n° 40 de la prochaine vente Christie's Genève [voir, en bas de page, nos séquences précédentes] s'impose par la qualité de sa décoration et celle de son mouvement à répétition des quarts : tout nous annonce une superbe pièce, mais rien n'est signé, ce qui pourrait décourager les collectionneurs de base. Un facteur qui, au contraire, pourrait encourager les amateurs qui seraient initiés aux secrets de cette pièce, tout de même estimée à 50 000-80 000 francs suisses par Aurel Bacs – ce qui est trop pour une montre "chinoise" qui ne serait qu'anonyme, et pas assez pour une pièce dotée d'un pedigree plus flatteur...
 
••• Pour le mouvement, on nous annonce de belles finitions, sans la moindre indication de provenance, tout en nous signalant qu'une telle montre à répétition des quarts, attribuée à Piguet & Meylan, est parfaitement décrite dans Montres et émaux de Genève, d'Alfred Chapuis (elle appartenait à la collection de Hans Wilsdorf, le fondateur de Rolex). Christie's aurait été fair-play de nous présenter cette montre Piguet & Meylan pour qu'on puisse juger de cette attribution, concept qui laisse toujours dubitatif dans un catalogue d'enchères ! La montre, dont le mouvement, le boîtier et la cuvette [superbement décorée de motifs floraux en émail champlevé, avec la signature IE] sont numérotés, est datée de 1815 (n° 1424 d'un fabricant inconnu).
 
••• De même, la décoration de la boîte est signalée comme d'après Fragonard. On nous précise que, quoique non signée, ce boîtier émaillé est digne des plus grands émailleurs genevois de l'époque. Pourquoi pas, même si le d'après n'est pas rassurant ? D'autant qu'on nous le situe "dans le style du peintre rococo Jean-Honoré Fragonard" – la qualificatif de "rococo" restant problématique pour Fragonard. Surtout avec une telle scène émaillée, qui n'est ni dans le goût du Fragonard de la grande époque (les bergères, les amours joufflus, les scènes gracieuses ou lestes), ni dans le style de l'Ancien régime dont il est le dernier grand peintre à nous avoir peint les frivolités. La coiffure et les vêtements de la dame (la maman ?), même son nez "grec", annoncent plutôt la bourgeoisie impériale dans son intimité familiale, de même que les éléments mobiliers : à cette époque, Fragonard avait été balayé par les peintres néo-classiques. Le décor de la cuvette (ci-dessous) laisse percer quelques indices sur cette ambiance esthétique plutôt néo-antiquisante...
 
 
••• Fragonard ou pas Fragonard, la facture de cette scène, la qualité de son exécution et la beauté de son rendu forcent l'admiration. La douceur et la lumière qui y règnent sont envoûtantes. La beauté du mouvement (deux marteaux et deux timbres) accompagne parfaitement cet ensemble, complété par une décoration extérieure (perles et émaillage) particulièrement soignée...
 
 
 
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