GPHG 2012 # 2 : Evolutions souhaitables pour la treizième édition
Le 16 / 11 / 2012 à 17:39 Par Le sniper de Business Montres - 3000 mots
La bonne tenue de l'ensemble des opérations du Grand Prix d'Horlogerie de Genève 2012 est un encouragement à faire encore mieux l'année prochaine...
Après le bilan positif de l'édition 2012 (Business Montres du 16 novembre), quelques éléments de réflexion sur l'édition 2013...
Montblanc TimeWriter II Bi-Fréquence : logée dans la catégorie montre Sport, ce chronographe innovant au millième de seconde était une des plus belles erreurs de casting de l'édition 2012...
◀▶ LES …
La bonne tenue de l'ensemble des opérations du Grand Prix d'Horlogerie de Genève 2012 est un encouragement à faire encore mieux l'année prochaine...
Après le bilan positif de l'édition 2012 (Business Montres du 16 novembre), quelques éléments de réflexion sur l'édition 2013...
Montblanc TimeWriter II Bi-Fréquence : logée dans la catégorie montre Sport, ce chronographe innovant au millième de seconde était une des plus belles erreurs de casting de l'édition 2012...
◀▶ LES BONNES NOUVELLES IDÉES 2012Tout ce qu'il faut garder parce que ça fonctionne bien...□□□ La remise des prix par des "artisans" : on ne le répètera jamais assez, le GPHG est une "fête de famille" qui doit le rester. Y associer des "artisans" et des "artistes" de l'amont est une nécessité. La cérémonie 2012 a prouvé à quel point c'était légitime : il faudra simplement que ces "remettants" soient encore plus et encore mieux valorisés dans les années à venir... □□□ Le duplex avec New York : pas forcément bien maîtrisé dans cette édition 2012, il n'en apportait pas moins l'indispensable touche de dé-cantonalisation indispensable. Il serait d'ailleurs préférable d'avoir trois minutes dans trois places horlogères internationales que neuf minutes dans un seul pays : ce sera pas facile à gérer en logistique, mais les avantages sont évidents. Sans parler des duplex possibles avec d'autres places suisses ou françaises : un petit tour place Vendôme ou dans la Bahnhofstrasse serait probablement apprécié par tout le monde – toujours dans l'esprit de la "fête de famille"... □□□ L'humour dans le style Beigbeder : ce n'est pas parce qu'on fait un métier sérieux qu'il faut se prendre au sérieux. Frédéric Beigbeder, qui n'était pas un choix a priori évident pour l'organisation du GPHG, a très bien tiré son épingle du jeu, d'autant qu'il n'avait pas de connaissance horlogères particulières. La question de la présence d'un "couple" sur la scène reste posée : la valeur ajoutée de Mlle Karembeu, évidente sur le plan esthétique, l'est beaucoup côté scénographique. Une touche de charme est toujours bienvenue, mais le GPHG – qui doit rester une fête de famille – se cherche toujours un casting féminin de référence... □□□ Le rythme général : à l'exception des longs tunnels politiques (voir ci-dessous), qui auront dévoré près d'un tiers du temps de la cérémonie (!), tout le monde a pu apprécier la nouvelle "nervosité" de la mise en scène, les enchaînements rapides des prix et le suspense bien entretenu jusqu'à la fin – même s'il est toujours un peu gâché par le fait d'asseoir aux premiers rangs les nominés potentiels, comme des hirondelles sur un fil à la veille de l'hiver. Si on raccourcissait les discours des politiques, on aurait le temps de faire venir le gagnant du fond de la salle... □□□ Les intermèdes musicaux : l'improvisation a capella d'Helène Walter a soulevé une émotion qui a permis de ménager une pause dans le rythme un peu haletant de la cérémonie. S'il faut se garder de multiplier les shows entre les prix, cette séquence aussi rapide que sobre était parfaitement juste et culturellement indispensable dans un rituel souvent trop compassé et convenu. On ne peut que se féliciter ici d'avoir permis à Hélène Walter de se rapprocher du public – toute la mise en scène gagnant d'ailleurs à se jouer moins en profondeur et davantage dans la largeur [cette année, les décors des spectacles en cours n'avaient pu être démontés et la scène était donc moins profonde, ce qui était finalement un bien]... □□□ Les Vieux Grenadiers : pourquoi cette timidité genevoise avec un élément-clé de l'identité cantonale ? Visuellement "impactant", leur rôle dans la cérémonie ne devrait pas se limiter à l'entrée au Grand Théâtre et à la chute finale. Il faudrait réfléchir à mieux les intégrer dans le décor, tout au long d'une cérémonie dont ils seraient l'horizon historique, et même musical grâce à leurs tambours, qui valent bien des jingles... □□□ Enfin, comment ne pas dire un mot des nouvelles règles de fonctionnement des votes du jury ? Cette année, pour la première fois, on a vraiment réduit au maximum les possibilités de tricheries et de petits arrangements entre amis. Ce qui a conduit certains habitués de la manipulation à ne plus prendre le moindre risque de présenter des montres. La morale y aura gagné ce que l'image y aura perdu. L'intégrité du GPHG 2.0 n'est désormais quasiment plus contestable... - Habring2, chronographe à rattrapante Doppel 2.0 : prix de la montre Sport 2012...
◀▶ LES BONNES QUESTIONS À SE POSERTout ce qu'il vaudrait mieux ne pas garder parce que ça ne fonctionne pas...□□□ Les discours "politiques" : peut-on admettre qu'un tiers de la cérémonie soit consacré à des péroraisons politiques (près de 30 minutes de discours "officiels" sur les 90 minutes du GPHG) ? De toute évidence : non ! C'est (répétons-le) une "fête de famille" où les autorités genevoises sont invitées, puisqu'elles en permettent la tenue dans un monument public, mais trop, c'est trop – d'autant que les discours convenus et réplicables d'une année sur l'autre [Pierre-François Unger a visiblement un inusable photocopieur] affadissent la cérémonie. Ils mettent l'accent sur la municipalisation exagérée du GPHG et ils disqualifient partiellement son ambition internationale. Ni le maire de Los Angeles, ni le gouverneur de Californie, ni son ministre de l'Economie n'interviennent dans la cérémonie des Oscars d'Hollywood... □□□ Les vidéos d'introduction des prix : ils gagneraient à être beaucoup plus brefs, beaucoup plus percutants, en intégrant dans leur mise en scène, dès les premières secondes, le nom du prix qui va être décerné. Une à deux minutes "perdues" en images inutiles pour les onze prix, c'est onze à vingt-deux minutes d'addition finale – sans parler du fait que ces vidéos cassent le rythme imposé par les présentateurs... □□□ Les procédures de présélection : pour gagner en représentativité et en exhaustivité, le GPHG doit davantage intégrer la profession vers l'amont comme vers l'aval. La sélection arbitraire de montres par le jury final, sur la seule base des dossiers soumis par les marques, prive l'ensemble du GPHG de 90 % des marques suisses. Un Grand Prix de référence ne peut pas – ne doit pas – dépendre du bon vouloir et des caprices stratégiques des marques et des groupes. On récompense au GPHG les montres les plus importantes de l'année, pas les marques les plus influentes, ni les maisons les plus coopératives. Il faut absolument instituer un double jury : le premier pour la présélection, le second pour la décision finale (voir ci-dessous). □□□ Le dîner et l'after : hormis pour d'évidentes raisons de profit commercial, le dîner est-il indispensable, alors que, dans cette fête de famille, tout le monde serait heureux de pouvoir se retrouver, plus vite, non pas assis placé, mais dans un cadre plus convivial et plus amical ? On peut imaginer un cocktail réservé aux invités des marques au premier étage, le champagne étant servi à l'after aux invités du GPHG, qui seront rejoints ultérieurement par les invités des marques... □□□ Les changements plus radicaux à mener sont précisés ci-dessous, mais il faut les comprendre dans une logique de développement du GPHG, qui n'a pas pour l'instant de concurrence véritable en Suisse, mais qui doit impérativement se réformer pour gagner en légitimité professionnelle, en audience confédérale et en référence internationale. - Hermès Arceau Marqueterie de Paille : une montre magnifique, victime des absurdités de la catégorie "Joaillerie et métiers d'art"...
◀▶ LES BONNES RÉPONSES AUX DÉFIS DE 2013Tout ce qu'il faudrait changer pour que ça fonctionne vraiment mieux...□□□ Deux jurys au lieu d'un : un panel de "professionnels" de tous les secteurs horlogers (fournisseurs, détaillants, journalistes, collectionneurs, analystes, communicateurs, acteur du métier, etc.) décident à titre personnel d'une liste de montres récentes – lancées au cours des douze derniers mois – à sélectionner pour le GPHG. Ce jury de présélection comprend de 200 à 300 membres jugés représentatifs : il se prononce en ligne, librement (suggestions possibles), avec un huissier pour contrôler les opérations. Ceci sans l'intervention des marques et sans présentation par celles-ci de "dossiers d'inscription". C'est cette base élargie qui permet de neutraliser les manipulations et les manoeuvres d'appareil. Chacun vote pour les montres de son choix, en attribuant des points qui permettent de créer un classement. On parviendrait ainsi, pour les différentes catégories de prix, à un véritable instantané de l'"opinion publique" horlogère. Un salon comme Baselworld est l'occasion de sensibiliser les professionnels aux nouveaux enjeux du GPHG. C'est cette présélection qui permettrait ensuite au jury de décision d'arbitrer entre des montres forcément représentatives des plus belles nouveautés de l'année, sur la base de montres réelles (prêtées par les marques ou par des détaillants) et avec des dossiers fournis par l'organisation du GPHG. □□□ Des prix plus nombreux : ne nous cachons pas derrière notre petit doigt. Les catégories de prix actuellement décernés remontent à la création du prix, autant dire à une autre époque. Les montres ont terriblement changé depuis 2000, les marques aussi, et les exigences du public également. Il faut multiplier par deux les prix décernés, en renonçant à s'embarrasser des accessits qui ne satisfont plus personne : une seule marque gagnante pour cinq marques présélectionnées et présentées en images. Un seul prix attribué, une rapide explication technique, un non moins rapide remerciement du lauréat et on enchaîne sur le prix suivant. Il deviendrait ainsi possible de "caser" quinze à vingt prix dans le même temps, les catégories devenant ainsi plus réalistes et plus représentatives des réalités du métier... □□□ Des nouvelles catégories de prix : sur la base du profil actuel des récompenses, il faut repréciser les catégories, en cessant de valoriser l'une ou l'autre au détriment des "moins prestigieuses". On garde l'Aiguille d'or (la meilleure note), le prix spécial du jury (homme ou institution primés pour leur passion au service de la montre), le prix du public (suffrage populaire) et le prix du meilleur Horloger constructeur (récompense de l'ingéniosité). La montre Homme doit correspondre à une montre simple et usuelle de type trois aiguilles. La montre Femme également. La montre Sport doit offrir des fonctionnalités sportives particulières. Un prix de la montre Chronographe (sans autre complication) doit être mis en place. Le plafond de prix de la Petite aiguille doit être abaissée à 5 000 CHF, mais il faut créer une catégorie supérieure Aiguille d'argent (5 000-15 000 CHF), sans oublier un prix pour la montre Electronique. La montre Joaillerie doit concerner des montres serties et la montre Métiers d'art des montres à valeur ajoutée artisanale. Il faut également séparer les notions de montre Design (on récompense un beau "coup de crayon"), de montre Innovation (révolution conceptuelle) et de montre Création (réinterprétation nouvelle d'une fonction connue, par exemple de l'affichage), en y ajoutant un prix de la Manufacture mécanique (motoriste). Deux catégories de complications sont nécessaires : Grande complication Tradition (tourbillon, répétition minutes, sonnerie) et Grande complication Avant-garde (mécanique contemporaine complexe, même sans tourbillon). On terminera par un prix du meilleur Photographe de montres et un prix de la Communication (campagne publicitaire), plus un prix du Collectionneur (la valorisation la plus spectaculaire dans l'univers du vintage) et un prix Hommage historique (réservé aux maisons centenaires pour la totalité de leur oeuvre). Soit une grosse vingtaine de catégories qui couvrent l'ensemble du spectre horloger... □□□ L'implication des marques : l'organisation logistique actuelle du GPHG le rend dépendant des marques. Pour le meilleur et pour le pire. Celles qui prennent le risque de participer sont taxées à l'entrée (inscription) et à la sortie (5 000 CHF pour l'exposition itinérante). Avec la présélection spontanée de montres par un jury de professionnels, les marques n'auraient plus à s'engager préalablement. Que telle ou telle ne veuille pas participer à la cérémonie de remise n'engage que son management : on peut cependant se demander quel serait l'impact pour l'image de marque du mépris d'une sélection "démocratique" (opérée par les professionnels du monde entier), puis d'une récompense annoncée et à nouveau méprisée par les responsables de la marque (surtout s'il y a une exposition à la clé, avant et après le GPHG : en vitrine plus qu'ailleurs, les absents ont toujours tort)... □□□ Des nouveaux parrains : il semble évident que certains de ces nouveaux prix (notamment les récompenses "hors captif") peuvent mobiliser de nouveaux soutiens commerciaux et contribuer ainsi à l'élargissement de l'audience du GPHG hors de son actuel rayon d'action cantonal... □□□ Un nouveau rythme de la cérémonie : vingt prix décernés en quatre-vingt-dix minutes, c'est moins de cinq minutes par récompense, transitions comprises. Les discours politiques en seront réduits d'autant – cette dépolitisation genevoise ne pouvant que permettre l'institutionnalisation confédérale du GPHG. Ce rythme est réaliste : c'est même, en plus lent, celui des RedDot Awards en Allemagne, cérémonie équivalente pour le design au GPHG. Sans temps morts, avec un minimum d'intermèdes diplomatiques ou musicaux, mais en conservant quelques duplex rapides avec d'autres métropoles horlogères, on peut doper non seulement la crédibilité internationale du GPHG, mais aussi sa valeur de référence et d'exhaustivité. □□□ Il y aurait beaucoup d'autres évolutions à conduire, mais on aura déjà fait beaucoup de progrès si on peut mettre en place, dès 2013, quelques-unes de celles qui sont listées ci-dessus, dont on remarquera qu'elles n'ont quasiment pas d'impact budgétaire sur le fonctionnement interne du prix... - Van Cleef & Arpels Midnight Poetic Wish : une autre erreur de casting dans la catégorie Grande Complication...
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