GPHG 2014 #3 : Le Swatch Group et le groupe LVMH se taillent la part du lion dans les présélections (100 % des perdants n'ont pas osé tenter leur chance)
Franchement, on se demande pourquoi le Swatch Group – qui s'adjuge un quart des présélections (sur 72 montres) – a autant attendu pour participer au Grand Prix d'Horlogerie de Genève. Pas sûr que l'actionnaire du groupe Richemont soit satisfait de ne voir que trois de ses marques encore en compétition. Premier bilan et perspectives de cette pré-saison 2014... ▶▶▶ GPHG saison 2014 Premier bilan d'une nouvelle formule
Franchement, on se demande pourquoi le Swatch Group – qui s'adjuge un quart des présélections (sur 72 montres) – a autant attendu pour participer au Grand Prix d'Horlogerie de Genève. Pas sûr que l'actionnaire du groupe Richemont soit satisfait de ne voir que trois de ses marques encore en compétition. Premier bilan et perspectives de cette pré-saison 2014...
▶▶▶ GPHG saison 2014 Premier bilan d'une nouvelle formulequi a considérablement ouvert le jeu... ◉◉◉◉ NON SEULEMENT LE GRAND PRIX D'HORLOGERIE DE GENÈVE a battu cette année des records d'inscription (avec 240 montres en compétition), mais il bat aussi des records d'« ouverture », avec 36 marques venues de 6 pays pour la phase finale de l'épreuve. Derrière la Suisse (25 marques, 70 % de l'ensemble), on remarque la présence de la France (6 marques) et de pays nouveaux venus comme les Pays-Bas (Grönefeld) ou le Royaume-Uni (Graff). 72 montres restent en lice pour se partager les 18 prix qui seront décernés par les 24 jurés votants (Stefano Macaluso représentera, sans droit de vote, l'Aiguille d'or attribuée en 2013 à Girard-Perregaux, marque exclue de la compétition cette année. Des jurés venus, eux, de dix pays différents, avec notamment quatre Américains (contre tout juste cinq Suisses) et 4 Asiatiques (Chine, Singapour, Japon)... ◉◉◉◉ LE SWATCH GROUP, ABSENT DE GENÈVE DEPUIS UNE DIZAINE D'ANNÉES, avait décidé cette année de revenir dans le concours, avec une grosse poignée de marques qui ont toutes décrocher une place pour la compétition finale. Le groupe s'impose même au premier rang avec 17 présélections, soit près d'un quart (23,6 %) des montres distinguées par le jury. Mention spéciale pour Breguet, qui s'adjuge d'emblée 6 présélections dans les douze catégories de prix. ◉◉◉◉ LE GROUPE LVMH, qui avait aligné toutes les marques du pôle conduit par Jean-Claude Biver, plus quelques autres, s'en tire très honorablement, avec 17 présélections (23,6 %) pour six marques toujours en compétition (les maisons Bvlgari et Zenith ont quatre montres chacune). Pas une seule présélection pour le groupe Kering (handicapé par l'exclusion réglementaire de Girard-Perregaux) et tout juste 6 montres sorties du lot (8,3 % des 72 montres présélectionnées) pour les trois marques rescapées du groupe Richemont : pas sûr que ça fasse plaisir à l'actionnaire qui doit revenir ces jours-ci de son « année sabbatique » avec, dit-on, l'intention de « faire du ménage ». Au prochain comité de direction, il pourra demander à ses CEO pourquoi ils ont laissé les concurrents s'ébattre sur un territoire qui était jusqu'ici leur chasse gardée... ◉◉◉◉ LE GPHG SEMBLE AVOIR ÉCHAPPÉ AU DANGER de la « cantonalisation » qui le menaçait du temps où les marques genevoises représentaient jusqu'aux trois-quarts des marques primées. On ne compte que 19 « montres genevoises » sur le total des 72 pièces du premier tri opéré par le jury, soit un gros quart de l'ensemble (26,3 %). De même, on notera que les marques « indépendantes » (hors groupes) représentent tout de même 45 % des présélections, avec, au premier rang, les 4 présélections qui vont à Chopard ou les 3 qui reviennent à Tudor (marque déjà primée en 2013, lors de sa première participation). Bonne surprise dans cette présélection : la présence de la jeune marque Claude Meylan, qui tentait sa chance pour la première fois (catégorie Montres à sonnerie), la pièce de Grönefeld (Tourbillon) et les deux montres placées par Christophe Claret (Sonnerie et Haute mécanique dame). Déception pour Graff, qui participait pour la première année : une seule sélection (Joaillerie), alors que la marque avait disposé ses pions dans de multiples catégories. Et consternation pour les grandes marques qui n'ont pas osé se lancer dans un concours de plus en plus représentatif de l'industrie horlogère suisse... 
◉◉◉◉ RAPPELONS AUX DÉÇUS QUE LES MONTRES PRÉSÉLECTIONNÉES le sont dans un premier temps pour les seules douze catégories de prix : elles pourront cependant – de même que des montres exceptionnelles qui n'auraient pas été présélectionnées – être récompensées par six autres prix (Aiguille d'or, etc.), qui ouvrent cette année l'éventail des pronostics pour cette compétition. Couplé à un verrouillage attentif de toutes les manipulations possibles par les commissaires et le président du jury, Aurel Bacs, le nouveau réglement intérieur a la souplesse suffisante pour compenser les erreurs éventuelles de cette première présélection et pour distinguer des montres qui le mériteraient, hors catégories institutionnelles. Ce réglement intérieur interdit d'attribuer deux prix à une même marque : il faut donc s'attendre à ce que des marques victorieuses dans leur catégorie soient « reclassées » pour des prix hors catégorie – ce qui libère une place pour la montre qui arriverait en seconde, voire en troisième position [dans le cas de reclassements multiples]... ◉◉◉◉ NOS PROPRES ESTIMATIONS (PUREMENT PERSONNELLES) POUR LA SÉLECTION FINALE, sachant que seuls les finalistes seront proclamés sur la scène cette année [se savoir sur le podium sans décrocher le prix était trop cruel pour l'égo de certains CEO] et compte tenu des inclinations particulières d'un jury très international et pas forcément expert de l'offre commerciale en cours : 
◉ Montre Dame (mais quand changera-t-on cette dénomination ringarde ?) : dans un trio de finalistes qui pourrait bien compter Breguet, De Grisogono et Harry Winston, les jurés seraient malins et originaux s'ils récompensaient l'Allegra dessinée par Fawaz Gruosi pour De Grisogono, mais ils pourraient ne prendre aucun risque en choisissant la Classique Dame de Breguet [ceci sans spéculer sur les chances de Breguet de décrocher une Aiguille d'or]... ◉ Haute mécanique Dame (même réflexion sur le côté Dame) : la Margot de Christophe Claret l'emporte largement sur une offre concurrente très (trop ?) sertie, mais ce serait une bonne occasion pour les jurés de rattraper le coup si le prix de la Montre Dame avait échappé à Breguet [ou si Breguet bénéficiait d'une autre récompense, hors catégorie]... ◉ Montre Homme : la sélection a été impitoyable pour des montres qui ne méritaient sans doute pas autant de rigueur, mais on imagine mal comment les jurés pourraient passer à côté de l'élégance suprême d'une Bvlgari Octo Finissimo ou, s'ils avaient la fibre néo-classique with a twist, comment ils pourraient négliger la Legacy Machine 101 de MB&F, voire la Seconde centrale d'Urban Jürgensen [cette fois sans le twist]... ◉ Chronographe : les propositions bizarres à la Artya ayant été recalées, le chronographe de l'année reste évidemment le Maxichrono DB29 présenté par De Bethune [une montre capable de plaire à des jurés experts autant qu'à des néophytes], mais les amateurs d'icônes seront forcément sensibles au côté obscur de la force – ou de la Lune – exprimé par la Speedmaster Dark Side of the Moon d'Omega. Dommage pour les autres... 
◉ Tourbillon : s'ils avaient négligé de voter pour Bvlgari dans la catégorie Homme, ou s'ils faisaient un double choix [désormais interdit] en reproposant la version tourbillon de l'Octo Finissimo, ce serait forcément cette dernière montre qui l'emporterait tellement elle résume bien l'art du tourbillon et des innovations mécaniques nécessaires pour entretenir le mythe. Second choix possible, au nom du respect des minorités visibles : le tourbillon Parallax de Grönefeld. Ou, en désespoir de cause, le Blancpain ou le Breguet... ◉ Calendrier : dans un monde parfait, il n'y aurait pas photo et la Midnight Planetarium de Van Cleef & Arpels l'emporterait haut la main, mais combien de jurés sont capables d'en apprécier la subtilité esthético-mécanique ? Alors un second choix pourrait se dessiner : celui du Quantième perpétuel Terralune de la manufacture A. Lange & Söhne... ◉ Sonnerie : six montres sélectionnées pour sept pièces en compétition, ce n'était pas trop difficile de tirer son épingle du jeu ! L'Amiral du Temps de Bvlgari a toutes ses chance, avec son verrou très intelligemment transformé en corne (ou l'inverse), mais la Répetition 5 de Claude Meylan mériterait un hommage, quoique cette catégorie soit favorable aux intérêts de Hublot... ◉ Exception mécanique : c'était autrefois une des catégories reines du GPHG, mais la sélection reste très relevée puisqu'il sera difficile de départager Hublot (LaFerrari, « oubliée » dans une autre version l'année dernière), l'automate aviaire de Jaquet Droz, la Legacy Machine n° 2 de MB&F, le Tourbillon V4 de TAG Heuer et l'ECM d'Urwerk. Choix difficile, compte tenu des autres possibilités de récompenser ses marques : disons que ce serait une occasion idéale pour saluer le retour de Jaquet Droz ou pour encourager Urwerk à revenir, même si la Monaco V4 reste une des montres les plus épatantes de l'année... 
◉ Petite aiguille : cette année encore, Bell & Ross mériterait de l'emporter (quoique la BR 03 ne soit pas à proprement parler un perdreau de l'année), même si, sur le plan technique, la Grand Seiko Hi-Beat mérite un vrai coup de chapeau, tout comme la Phase de lune Meiesterstuck Heritage de Montblanc (pour l'intelligence de son positionnement commercial (n'oublions pas que Montblanc a placé 4 montres dans ces présélections 2014)... ◉ Sport : on ne sait pas trop pourquoi, mais cette catégorie a toujours été la mal aimée du GPHG, alors que l'offre est généralement séduisante. Si les jurés avaient négligé Bell & Ross pour le prix précédent, personne ne trouverait à redire à un podium sportif, même si la Ranger de Tudor ou la T-Touch Expert Solar de Tissot sont de redoutables challengers [on se demande pourquoi la Tissot n'a pas concouru en Petite aiguille]... ◉ Joaillerie : on espère pour les jurés que le GPHG leur fournira les lunettes de soleil nécessaires à l'examen attentif de montres qui brillent de tant de feux, mais qui ont trop souvent un éclat qui masque une relative indigence créative. Il n'y a pas que les carats dans la vie d'une montre de joaillerie ! C'est pourquoi on peut saluer la performance des papillons multicolores de Graff ou l'élégance d'Hermès. Pour le reste... ◉ Métiers d'art : à défaut de comprendre et d'interpréter correctement le choix un peu étrange des jurés, dont l'éclectisme étonne, optons pour Hermès [sauf récompense précédente], avec une chance supplémentaire dévolue à Chanel pour sa délicieuse paire de Volutes enchantées et pour Chaumet pour sa montre Attrape-moi si tu m'aimes [un nom qui mériterait, en soi, une récompense : à quand le Prix du nom de modèle le plus original ?]. Autant que le choix ne sera pas facile, surtout avec Greubel Forsey comme alternative... 
◉ Innovation (hors catégorie) : avouons que Christophe Claret tient la corde (et pas seulement pour sa Margot), mais que Hublot mériterait une citation pour sa LaFerrari (concept Mathias Buttet), à moins que le Planetarium de Van Cleef & Arpels, le Maxichrono de De Bethune, la Monaco V4 Tourbillon de TAG Heuer ou l'EMC d'Urwerk ne les départage. Choix qui remettraient en cause les attributions précédentes... ◉ « Revival » (hors catégorie) : à défaut de pouvoir compter sur Tudor [deux années de suite, ce serait du favoritisme, même pour la Ranger], constatons qu'Omega dispose ici d'un atout majeur avec sa Speedmaster noire de nuit. Pourquoi pas Zenith, qui nous repropose son El Primero 410 ou son El Primero Lightweight, TAG Heuer pour son V4 Tourbillon, Bell & Ross pour sa Vintage sport ou Jaquet Droz pour l'éternel retour de sa Grande Seconde. Comme toujours, on prend les mêmes et on recommence... ◉ Révélation horlogère (hors catégorie) : pas facile de choisir le meilleur petit nouveau de l'année, la présélection du jury ayant plutôt favorisé les enseignes bien connues. Le réglement n'interdit cependant pas de piocher dans les marques non-présélectionnées. Ce qui ouvre le jeu pour des maisons comme Moritz Grossmann [à la limite du hors jeu pour la date de la renaissance, mais ça vaudrait le coup], comme Jeanrichard [en ne prenant en compte que la refondation version Sofisti], comme Artya, comme WATCHe ou, surtout, comme Julien Coudray – jeune marque pour laquelle ce ne serait que justice... ◉ Prix spécial du jury (et si, pour une fois, ce n'était pas une institution ou une icône ?) : les candidats ne manquent pas, mais on pourrait se pencher sur des CEO encore en activité plutôt que sur des vétérans en quasi-retraite. Avec une proposition à mi-chemin, qui serait Jean-Claude Biver pour l'ensemble de son oeuvre (Blancpain, Omega, Hublot, LVMH) ou Christophe Claret (même motif), voire encore François Thiébaud (Tissot), pour avoir cru à la technologie tactile et à son intérêt pour l'horlogerie... ◉ Aiguille d'or (la consécration) : en acceptant le postulat qu'il serait préférable de ne pas avoir de « redoublant » (marque déjà primée dans cette catégorie), il serait amusant de décerner cet hommage suprême à un « jeune loup » comme Maximilian Büsser (MB&F) ou à un méchanicien émérite comme Christophe Claret, sachant que le retour de Jean-Christophe Babin, cette fois sous casaque Bvlgari, aurait de la gueule [à condition qu'il nous promette de parler moins de 90 secondes !]. Breguet souffre ici de beaucoup de montres magnifiques, mais pas exceptionnelles – la même réflexion vaudrait pour Harry Winston, pour Zenith ou pour Montblanc. Admettons aussi que beaucoup de marques présélectionnées mériteraient ce trophée, avec des outsiders qui feraient causer dans le microcosme [par exemple, Fawaz Gruosi pour De Grisogono] ou des options plus radicalement classiques comme, carrément, Tudor ! 
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