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HISTOIRE : 20 juin 1492, réalisation du premier globe terrestre

Quelques jours avant la découverte (officielle et purement académique) de l'Amérique par Christophe Colomb, le cartographe et navigateur allemand Martin Behaïm (1459-1507) achevait la construction de ce qui est considéré aujourd'hui comme le premier "globe terrestre" de l'histoire. Cette pièce de cinquante centimètres de diamètre est conservée à Nuremberg, sa ville natale.      Ce globe terrestre prouve que, quelques semaines avant la navigation de Christophe Colomb, les Européens savaient qu'il y avait des terres à l'ouest de l'Europe, en direction de l'Asie... Il est probable que d'autres globes terrestres ont …


Quelques jours avant la découverte (officielle et purement académique) de l'Amérique par Christophe Colomb, le cartographe et navigateur allemand Martin Behaïm (1459-1507) achevait la construction de ce qui est considéré aujourd'hui comme le premier "globe terrestre" de l'histoire. Cette pièce de cinquante centimètres de diamètre est conservée à Nuremberg, sa ville natale. 

 

  Ce globe terrestre prouve que, quelques semaines avant la navigation de Christophe Colomb, les Européens savaient qu'il y avait des terres à l'ouest de l'Europe, en direction de l'Asie... Il est probable que d'autres globes terrestres ont existé bien avant celui de Martin Benhaim (ci-dessus), puisque la rotondité de la Terre avait été admise deux mille ans plus tôt, par les Grecs (Pythagore de Samos et Parménide, dès le Ve siècle avant notre ère). Vers 230 avant notre ère, le mathématicien Ératosthène avait même mesuré avec précision la circonférence de la Terre : 250 000 stades, environ 40 000 km, ce qui est à peu près exact. Rappelons brièvement qu'une partie de ce savoir cosmographique antique avait été mis en scène, quelques années plus tard, dans la machine d'Anticythère. Officiellement, à l'époque de Martin Behaïm (ci-dessous), on n'admettait cependant pas que la sphère terrestre tournait autour du soleil en compagnie d'autres planètes.

La solution de continuité entre les savants mécaniciens grecs et les cartographes de la fin du Moyen-Age creuse à peu près quinze siècles d'erreurs scientifiques, sur la base d'un sectarisme religieux qui niait cette rotondité de la Terre enseignée dans les universités européennes dès le XIIIe siècle. Officiellement,  les terres émergées sont regroupées dans la moitié nord du globe terrestre, sont entourées d'un immense fleuve, la"mer Océane", parsemée d'îles "dont chacune a une singularité, avec des habitants tels que les Pygmées, les Cyclopes, les Cynocéphales (hommes à tête de chien), les anthropophages etc. L'équateur marque la limite au-dessous de laquelle il est impossible aux hommes d'accéder" (Hérodote).

Sympathique poésie, qui va pousser Christophe Colomb à l'erreur en se fiant à des cartes comme celles de l'astronome florentin Paolo Toscanelli, qui réalise, en 1468, à l'attention du roi du Portugal, un document qui montre l'Europe séparée de l'Extrême-Orient par un océan de seulement 10 000 km de large, avec en son milieu une île mythique du nom d'Antilla ! En caravelle, c'est "jouable" : cette minimisation de la distance entre l'Asie et l'Europe va permettre de "découvrir" un nouveau monde – dont on sait aujourd'hui qu'il était connu de quelques initiés [voir également Les conditions des grandes découvertes]... On retrouve cette Antilla sur le globe terrestre de Martin Behaïm, dont il existe quelques fac-similés et répliques anciennes ou contemporaines (Martin Benhaïm's 1492 Erdapfel, qui présente également une notice biographique du cartographe allemand), dont une reproduction est visible à la Bibliothèque nationale (Paris). Mal restauré au XIXe siècle, le globe original a été détérioré. C'est le seul témoin qui nous soit parvenu des inquiétudes carto-cosmographiques d'un XVe siècle qui allait engendrer notre modernité : on peut classer ce globede 51 cm de diamètre parmi les "objets du temps" les plus remarquables de notre culture. A défaut d'indiquer le temps, il nous situe dans l'espace, mais c'est pour mieux nous permettre de comprendre le temps à travers la course du soleil à la surface du globe et par rapport aux étoiles...    
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