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INFO OU INTOX ? Les six plus belles rumeurs de cette fin de semaine

Qu'est-ce qu'on pourrait sauver d'un mariage qui a gaspillé toute la corbeille des mariés ? Qu'est-ce qui pourrait empêcher de nouveaux records multi-millionnaires de tomber aux enchères ? Qu'est-ce qui pourrait redonner de l'espoir aux fournisseurs dont les donneurs d'ordres sont aux abonnés absents ? Qu'est-ce qui pourrait bien pousser Bernard Arnault à se nourrir de moules-frites néo-patriotiques ? SI VOUS DIT QUE...❝ Il y a du divorce dans l'air ❞


Qu'est-ce qu'on pourrait sauver d'un mariage qui a gaspillé toute la corbeille des mariés ? Qu'est-ce qui pourrait empêcher de nouveaux records multi-millionnaires de tomber aux enchères ? Qu'est-ce qui pourrait redonner de l'espoir aux fournisseurs dont les donneurs d'ordres sont aux abonnés absents ? Qu'est-ce qui pourrait bien pousser Bernard Arnault à se nourrir de moules-frites néo-patriotiques ?

SI VOUS DIT QUE...
❝ Il y a du divorce dans l'air ❞
••• Il faut le croire pour bon nombre de cas ! Non, on ne vous parlera pas ici de la vie personnelle de Bernard Arnault, ce surprenant et insatiable jeune homme toujours vert [cliquez sur l'image du couple en bas de page], mais de divorces entre maisons horlogères. Prenons – pas tout-à-fait par hasard ؟ – le cas de Ralph Lauren et de Richemont : après des parades amoureuses roucoulantes pendant les fiançailles [on allait voir ce qu'on allait voir !], la soupe à la grimace était servi dès les premières heures du mariage, c'est-à-dire dès le premier SIHH de janvier 2009. La logique matrimoniale est impitoyable : une fois que c'est parti en vrille dans un ménage, difficile de rattraper le coup, surtout quand la mégère (Ralph Lauren lui-même) n'est pas apprivoisée et que l'autre partenaire (Johann Rupert) s'en moque éperdument. Le contrat de mariage était de toute façon provisoire : nous arrivons dans quelques jours à la fin de la joint-venture signée à 50/50 entre le groupe et Polo Ralph Lauren. On sait déjà que l'état-major Richemont de Bellevue ne veut plus entendre parler de ce "bâton merdeux" : il semble hors de question de resigner avec Ralph Lauren (ci-dessous et en haut de page : remerciements Monsieur), qui vient d'essuyer là un cuisant et coûteux échec commercial. Exeunt les rêves communs : pour Richemont, l'ambition de mettre enfin un pied dans l'univers de la mode [le groupe n'y a jamais été chanceux] ; pour Ralph Lauren, l'objectif de réussir une entrée en fanfare dans le club très fermé de la haute horlogerie, sans passer par la case "marque de mode déclinée en montre".
Bye bye Geneva : ce n'est qu'un au-revoir...
••• Après cette fessée genevoise, il ne reste plus à M. Ralph Lauren qu'à trouver un autre partenaire pour ses montres [il y en a d'excellents aux Etats-Unis, mais on lui déconseille de retenter sa chance en Suisse]. Il doit surtout revoir toute sa copie pour redéfinir sa stratégie horlogère. Il avait tout faux : partenaire, produit, marketing, prix, distribution, communication et agenda. Rien n'était raccord avec la force, l'image, l'aura et le réseau de sa marque. Au prix d'une intense moment de solitude au milieu des choeurs triomphants d'une presse gavée de publicités, Business Montres aura été le premier média horloger – et donc le seul – à tirer la sonnette d'alarme et à refuser de prendre des vessies pour des lanternes. Avec un peu de lucidité, l'échec était programmé et la mort du projet annoncé ! Ralph Lauren a maintenant tout le loisir et toutes les chances de redonner du temps au temps pour apprendre vraiment le métier [qui ne se résume pas à brasser des idées contradictoires], avec un partenaire solide, avec une équipe remotivée, avec des fournisseurs fiables, pour revenir demain, en vainqueur, fort d'une proposition aussi pertinente que consistante, pour narguer ces "nains genevois" qui l'avaient traité par-dessus la jambe...
 
 
SI VOUS DIT QUE...
❝ L'hiver sera meurtrier pour les petites marques ❞
••• Il faut malheureusement se faire à cette idée : à une grosse poignée d'exceptions près [elles confirment la règle], beaucoup de jeunes marques indépendantes sortent très affaiblies d'un été qui n'aura que très peu répondu aux attentes, en Asie comme ailleurs. Et ce sera sans doute pire d'ici à la fin de l'année, quand il sera devenu clair pour tout le monde que le marché chinois est en train d'atterrir [même et surtout pour les montres de luxe], que le marché européen est entré pour plusieurs années dans un cycle de récession qui laisse peu de "gras" [celui dont on beurre les tartines horlogères] aux amateurs et que le marché américain entamera probablement, dès l'élection présidentielle, une violente partie de remise en cause de toutes les certitudes économiques [ce qui induira un nouveau rapport aux objets du temps]. Une certitude : dans les pires crises économiques, il y a toujours un groupe social qui parvient à tirer son épingle du jeu et à capter plus de ressources que les autres. Au coeur de la crise des "années 1930", alors que les classes populaires des Etats-Unis renouaient avec la misère, les folies d'Hollywood ont marqué les mémoires : c'est là qu'on a commandé à la maison Patek Philippe ses plus belles montres ! Dans la débâcle de la Russie post-communiste, les oligarques ont flambé tellement de dollars en montres suisses qu'ils ont créé des habitudes transmises aux nouveaux riches de l'économie poutinisée. Donc, la sélection entre les "petites marques" et les créateurs indépendants s'annonce darwinienne : ne survivront que les meilleurs, ceux qui ont à la fois une certaine consistance créative, une bonne appréhension des nouvelles attentes du marché, un accès consolidé à la distribution et, surtout, un actionnaire pas trop frileux qui sait garder son sang-froid [le mieux étant encore d'avoir verrouillé son capital sans dépendre d'un intervenant extérieur]...
••• Récemment, Business Montres publiait un in memoriam pour une sélection de 33 marques plus ou moins disparues ou sorties du radar au cours de ces dix dernières années. Il est probable qu'on devra refaire une liste similaire d'ici à Baselworld 2013, mais il sera beaucoup plus amusant de faire la liste des survivants et de comprendre comment ou pourquoi ils ont survécu. Bon courage, en tout cas, à ceux qui vont se lancer sur le marché dans les mois qui viennent : le compteur collection de Business Montres est déjà à 65 nouvelles marques pour la Génération 2012 : une quinzaine de nouvelles propositions sont attendues dans les semaines à venir, d'ici à la fin de l'année...
 
 
SI VOUS DIT QUE...
❝ Les fournisseurs horlogers commencent à pleurer ❞
••• C'est sans doute vrai pour beaucoup d'entre eux, mais pas pour tous, heureusement : en tout cas, les licenciements ont discrètement commencé dans l'aval de l'amont industriel – comprenez par là, à titre d'exemple, les fabriques d'écrins pour les montres, dont les volumes de commandes ont été brutalement coupés. Autre indice révélateur, parce que très discret et impossible à manipuler : les fournisseurs de cartons d'emballage destinés à l'horlogerie voient également fondre leurs carnets de commandes. Même profil bas chez les finisseurs, qui croulaient sous les demandes des marques l'année dernière. Une référence pour tout le monde : l'automne 2008 ! Ça promet...
 
 
SI VOUS DIT QUE...
❝ Le record des enchères pour une montre-bracelet tombera en novembre ❞
••• Disons qu'il y a toutes les chances pour qu'on batte le précédent record, celui d'Osvaldo Patrizzi (Antiquorum) en 2002, pour une Patek Philippe Heures universelles réf. 1415 : record établi à 4,026 millions de dollars (6,60 millions de CHF). Les calculs sont compliqués parce que, si on compte en francs suisses, ce record a été battu par Aurel Bacs (Christie's) en 2010, avec un chronographe Patek Philippe réf. 1527 adjugé à 6,25 millions de CHF . La monnaie de référence des enchères étant le dollar et la parité dollar-franc suisse ayant évolué, le record d'Osvaldo Patrizzi tient toujours en dollars. Sera-t-il battu pendant la session d'enchères de novembre ? Et par qui ? Pour les initiés, il n'y a pas photo : ce ne sera ni par Antiquorum, ni par Sotheby's, mais à peu près certainement par Christie's, qui s'avance à la bataille avec quelques pièces qui ont laissé sans voix les rares amateurs qui ont pu les prendre en main. Un chronographe Patek Philippe en platine presque unique au monde [l'autre est dans le tiroir à montres personnel de Philippe Stern] fait saliver les grands collectionneurs internationaux : la moitié d'entre eux considèrent cette montre comme le plus ultime des "Graal" de leur collection. L'autre moitié en pinceraient plutôt pour une montre-bracelet Patek Philippe, toujours en platine, cette fois vraiment pièce unique puisqu'issue d'une commande spéciale : ça tombe bien, elle sera également au catalogue de la vente. Deux occasions de battre un record du monde vieux de dix ans et conquis à une époque où les enchères de montres n'avaient pas l'enjeu planétaire qu'elles ont aujourd'hui. Ceci à condition que la dégradation des économies mondiales ne déclenche pas l'Apocalypse dès la mi-novembre, en attendant celle des Mayas à la mi-décembre ! De toute façon, Business Montres vous reparlera de ces montres et de bien d'autres, tout comme nous l'avons déjà fait pour la tout aussi exceptionnelle collection de "montres chinoises" dispersées par Christie's pendant cette session (Business Montres du 6 septembre)...
 
 
 
SI VOUS DIT QUE...
❝ Bernard Arnault veut devenir Belge ❞
••• C'est peut-être vrai, et ça ne va pas faire plaisir aux Suisses : selon la presse belge, le Français le plus riche d'Europe (accessoirement propriétaire du pôle horloger Swiss Made du groupe LVMH, dont TAG Heuer, Hublot, Zenith) a entamé les démarches pour se faire attribuer la nationalité belge. Officiellement, ce serait pour "développer des activités en Belgique", pays bien connu pour être la Mecque mondiale du luxe ! Mais il a peut-être des affaires à organiser avec son vieux copain et complice Albert Frère (l'homme le plus riche de Belgique). Plus sérieusement, on sait que la Belgique offre une fiscalité très alléchante en matière de transmission d'entreprise et de patrimoine : quand on a une quarantaine de milliards d'euros à distribuer à sa petite famille, ce n'est pas un argument négligeable. Donc, la rumeur est crédible. Pourquoi ne pas avoir choisi la Suisse ? Là, c'est la question qui fâche : on imagine les rigolades, lundi matin, autour des machines à café horlogères du groupe LVMH en Suisse. À la place des autorités genevoises, on se sentirait très mortifié de cette préférence belge, mais elles se consoleront avec quelques éléments de réponse ci-dessous...
 
••• C'est peut-être pas vrai, ou du moins ça ressemble à un habile montage médiatique : l'équipe qui coache personnellement Bernard Arnault semble avoir monté là [c'est dans sa culture, mais nous ne donnerons pas les noms] une belle opération de maskirovska – une de ces opérations déceptives que les experts soviétiques de la désinformation adoraient. Il s'agit de manipuler l'adversaire pour lui faire croire à des réalités qui le forcent à agir dans l'intérêt secret du manipulateur. Explications :
1) Puisqu'il est le patron français le mieux payé, Bernard Arnault sera le chef d'entreprise français le plus touché par la fameuse (et illusoire) taxation maximale de revenus au-delà des 75 % [il devrait se faire plumer par le fisc français de plusieurs millions d'euros par an]...
2) Bernard Arnault sait qu'on ne détourne pas un avion quand on reste sur la piste de décollage : en 1981, il avait fui à Miami lors de l'arrivée de François Mitterrand à l'Elysée. Ce qui n'avait rien changé aux premières lois de spoliations et de nationalisations de l'économie. Pas question de recommencer la même bêtise : la Belgique n'est que l'extension du territoire de la lutte.
3) Bernard Arnault fait du lobbying [on aura noté sa visite récente à Matignon] pour pousser le gouvernement à renoncer à cet impôt anti-Arnault, mais il ne peut pas faire ouvertement du chantage en promettant son départ en Belgique si on lui fait des misères. LVMH ne peut pas, techniquement, se mettre l'administration de Bercy et de Matignon à dos : tout l'art de cette séquence de lobbying consiste à faire plier l'autre sans lui faire perdre la face...
4) Quand un Bernard Arnault demande l'asile fiscal à un Etat voisin en se proposant d'en prendre la nationalité, il a les moyens d'exiger et d'obtenir une confidentialité totale de l'opération – ce qui laisse penser que la fuite a été plus ou moins organisée, sinon clairement téléguidée – dans l'intérêt mutuel de l'Etat belge, qui peut y voir une publicité sympathique pour un environnement fiscal favorable, et de Bernard Arnault, qui avance un pion sans avoir l'air d'y toucher...
5) À présent, c'est une presse habilement manipulée qui fait indirectement du chantage au gouvernement à propos de la possible délocalisation des milliards de Bernard Arnault. Ce n'est pas Bernard Arnault lui-même. Il n'y est pour rien, le saint homme ! La preuve, il dément plus que mollement. Bien joué, le coaching... On rapprochera cette technique de manipulation par ricochet – un grand classique de la maskirovska chère aux gourous de Bernard Arnault – de l'opération Michael Phelps avec Luis Vuitton pendant les jeux Olympiques : on laisse fuiter, on dément sans conviction pour se disculper, mais le buzz l'emporte et submerge tout sans qu'on puisse identifier le responsable ou le coupable des fuites...
6) La balle est dans le camp du Premier ministre français : il sait que Bernard Arnault est capable de partir, mais ce n'est pas Bernard Arnault qui l'en a menacé. C'est désormais à Jean-Marc Ayrault de se débrouiller avec la loi fiscale anti-Bernard Arnault. Légalement, dans le respect du droit européen [qui explique, outre les arcanes du droit belge, le fait que la Suisse, pays non communautaire, n'ait pas été retenue], le gouvernement ne peut pas entraver cet éventuel départ du patron de LVMH, ni sa demande d'une éventuelle double nationalité, qui aurait un poids symbolique énorme dans le débat public et qui pèse comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête des socialistes.
 
 
 
SI VOUS DIT QUE...
Business Montres va redevenir gratuit ❞
••• Rigolez doucement, on se paye votre tête : beaucoup en rêveraient, mais c'est pour l'instant exclu, en dépit de tous les problèmes techniques rencontrés pendant l'actuel passage en accès réservé aux abonnés payants. Entre les paiements impossibles et les payeurs privés d'accès, les motifs d'insatisfaction se multiplient, même si la pratique de l'abonnement groupé [sur demande] pour les marques et les groupes a soulagé quelques tensions. C'est exactement comme lors du lancement du Canal+, qui avait connu quelques déboires avec ses décodeurs : entre les ronchons qui ne veulent pas payer, les râleurs qui n'arrivent pas à payer et les payeurs qui sont privés d'accès, le passage à l'abonnement n'est pas un long fleuve tranquille pour Business Montres. On y travaille, ça va se régler, une peu de patience, mais n'espérez pas un retour à la gratuité pour les 75 % d'informations aujourd'hui accessibles aux seuls abonnés...
 
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