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JEUDI : Le Club des Baratineurs a encore frappé (fact checking) !

Un ministre socialiste avec 100 000 euros de bling-bling sentimental dans ses fourgons, une reine qui n'est pas la première, un cas particulier finalement très banal et un chasseur qui n'était pas sur la bonne fréquence... Un soupçon de "fact checking" dans une actualité des montres où les arracheurs de dents prolifèrent...   ►►► AU SOMMAIRE DE CES SMS DU JEUDI▷ BREITLING : apparemment, pour le conte de fées en Alaska, ce n'était même pas la bonne …


Un ministre socialiste avec 100 000 euros de bling-bling sentimental dans ses fourgons, une reine qui n'est pas la première, un cas particulier finalement très banal et un chasseur qui n'était pas sur la bonne fréquence...

Un soupçon de "fact checking" dans une actualité des montres où les arracheurs de dents prolifèrent...

 

►►► AU SOMMAIRE DE CES SMS DU JEUDI
▷ BREITLING : apparemment, pour le conte de fées en Alaska, ce n'était même pas la bonne fréquence...
▷ PÉQUIGNET : raconter n'importe quoi aux journalistes doit être une maladie contagieuse...
▷ BREGUET : ce n'était probablement pas la "première", et elle n'était pas forcément ovale...
▷ SOCIALISME HORLOGER : que de montres de luxe chez ce ministre socialiste qui veut imposer la rigueur aux Français !
 
 
❏❏❏ BREGUET
La "première" montre-bracelet n'était sans doute pas la première...
••• Comme en témoignent les archives de la maison Breguet, il y aura deux siècles cette année que Caroline Murat, reine de Naples, recevait de la maison Breguet une pièce qu'elle avait commandée et qu'on nous présente comme la "première montre-bracelet de l’histoire de l’horlogerie". les archives de Breguet nous précisent qu'il s'agissait d'une "montre pour bracelet à répétition dont on lui fait le prix de 5000 francs". La commande de la Reine de Naples, devenue la montre Breguet n° 2639 était désignée dans le registres commerciaux comme “répétition de forme oblongue pour bracelet“. Elle possède un échappement à ancre dit “échappement libre“ et elle était dotée d'un thermomètre. Selon Breguet, "sa réalisation a demandé 34 opérations différentes impliquant 17 personnes", pour une facture de 4 800 francs de l'époque. Cette montre est revenue en réparation en mars 1849 : elle est alors décrite comme une "montre à répétition très plate n° 2639, cadran d’argent, chiffres arabes, à thermomètre et avance-retard hors du cadran, ladite montre s’ajustant dans un bracelet en cheveux garnis d’or, à la volonté, clé simple d’or, un autre bracelet garni d’or également, dans un étui de maroquin rouge". Sa propriétaire n’est autre que Louise Murat, quatrième et dernier enfant de Joachim et Caroline Murat, qui a épousé en 1825 le comte Giulio Rasponi. La facture de réparation précise : "On a repoli les pivots, rétabli le thermomètre, remis la répétition dans ses fonctions, remis le cadran à neuf, visité, nettoyé la montre dans toutes ses parties et réglée". La montre revient à nouveau en réparation en août 1855 : elle est décrite avec "une boîte en or guilloché et un «grand anneau d’or brisé", puis elle disparaît des registres Breguet. Introuvable à ce jour, la montre est inconnue des collectionneurs et des spécialistes. Aucun croquis de cette pièce n’a été retrouvé dans les archives. Rien ne peut nous garantir qu'elle ressemble à l'actuelle Reine de Naples (ci-dessous et en haut de page) – la forme "oblongue" ne signifiant pas forcément qu'elle était ovale...
 
 
••• D'autre part, l'histoire de l'horlogerie a retenu l'existence – prouvée par des images, des témoignages authentiques ou des pièces de musée – de plusieurs "montres-bracelets" antérieures à cette Breguet, comme les montres portées par la reine Elizabeth Ière d'Angleterre, la montre de poignet de Blaise Pascal ou même, sous l'Empire, les montres commandées à Chaumet (Nitot) par Eugène de Beauharnais (fils de l’impératrice Joséphine) pour la princesse Augusta de Bavière. On discutera longtemps de leur appellation : s'agissait-il de bracelets-montres ou de montres-bracelets ? La nuance est subtile... En tout cas, datées de 1811 (l'année qui précède la livraison à la reine de Naples), ces montres à bracelets acrostiches avaient été réalisées avec... l’horloger Abraham-Louis Breguet !
▷▷▷Indice moyen de baratinage : 30 % de flou artistico-historique...
 
 
 
❏❏❏ SOCIALISME HORLOGER
Les montres de luxe du ministre socialiste Jerôme Cahuzac...
••• Les cambrioleurs qui ont "cassé" l'appartement privé du ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, ont eu la main heureuse : 10 montres, 100 000 euros de butin ! Evidemment, quand on habite dans un "poulailler d'acajou" de 150 mètres carrés dans un des quartiers les plus chers de Paris (la rue Pierre-Ier de Serbie, au coeur du Triangle d'or parisien : une belle "basse-cour à bijoux"), on ne peut pas se permettre la même Swatch fatiguée que le président de la République. Pas question ici de stigmatiser les achats de luxe horloger de quiconque, mais on se souvient tout de même des sarcasmes dont on couvrait Nicolas Sarkozy à propos d'une "Rolex" qu'il n'a quasiment pas portée pendant son septennat. Pas question de reprocher au ministre Cahuzac son train de vie, et surtout pas ses montres, mais ça fait un peu désordre d'afficher une telle collection de montres de luxe quand on est membre d'un gouvernement qui traque les riches, qui veut ponctionner les retraités et qui ne rêve que de serrer la vis aux Français. Tant qu'à se faire passer pour un parangon de la morale publique et de l'austérité républicaine, autant se la jouer modeste dans ses goûts personnels : Marques préférées du "sinistre du Budget" : Rolex, Jaeger-Lecoultre, Boucheron, Chaumet et Breitling. Le cabinet du ministre a fait savoir que ces objets avaient surtout "une valeur sentimentale" : diable, 100 000 euros, c'est du grand sentiment ! Mais, quand on aime, on ne compte pas...
••• On pourrait d'ailleurs questionner les poignets des autres ministres de Bercy. Nos grands argentiers socialistes ont de belles collections de montres, à commencer par Pierre Moscovici, le ministre de tutelle de Jerôme Cahuzac (ci-contre : leurs éminences sont de grands collectionneurs !), qui se vantait encore de ses belles montres voici quelques années, dans les suppléments horlogers français (interview à Grégory Pons, où il expliquait son amour des Blancpain). On rêve d'un grand "bûcher des vanités", où les éminences socialistes viendraient solennellement apostasier leurs goûts de luxe en mettant leurs montres en vente aux enchères, au profit d'associations charitables, en brûlant leurs costumes sur mesures et en enfourchant de très prolétariens vélos pour repartir vers leurs ministères...
▷▷▷Indice moyen de baratinage : 100 % d'incohérence éthique...
 
 
 
❏❏❏ BREITLING
Apparemment, la balise de l'Emergency n'était pas sur la bonne fréquence...
••• Toujours pas le moindre commentaire de Breitling à propos de ce sauvetage miraculeux en Alaska (interrogations Business Montres du 9 octobre), imperturbablement relayé par les médias perroquets. En revanche, on en sait un peu plus sur les fréquences de la montre Emergency [dont il faut préciser qu'elle a déjà effectivement sauvé de nombreuses vies]. Sur Forumamontres, où l'histoire est désormais présentée comme "publi-info" (ce n'était pas le cas lundi), un blogueur – (Blackteam 6) expert incontesté sous pseudo – nous rappelle qu'il y a un doute sur la fréquence utilisée par la balise de détresse d'une montre qui ne peut en aucun cas être utilisée hors d'un contexte aéronautique [et certainement pas pour une chasse au caribou]. Le débat est très technique et il porte sur le différence entre les 121.5 MHz de la fréquence Breitling (dont le signal serait désormais obsolète et non pris en charge par les services d'urgence) et les 406/121.5 MHz (signal repéré par satellite). Ces précisions sur les balises viennent relativiser un peu plus la consistance du storytelling de Breitling, qui a peut-être trop fait confiance à son agence américaine de relations publiques. Comme le dit un des intervenants dans cette discussion : "Faudrait plutot équiper les Grizzlis de Breitling Emergency pour les protéger des gros blaireaux qui ont besoin de se rassurer dans leur virilité" ! Le plus simple serait tout de même que Breitling s'explique ouvertement sur ce ratage (éventuel) de communication (ci-dessous : le chasseur chassé – ou pas – par les SAR de l'Alaska)...
▷▷▷Indice moyen de baratinage : 100 % d'approximation...
 
 
 
 
❏❏❏ PÉQUIGNET
Indice de baratinage proche de l'alerte rouge !
••• Ne manquer sous aucun prétexte la dernière intervention dans la presse des nouveaux managers de Péquignet. Fraîchement converti aux vertiges des alpages mortuaciens, Laurent Katz (nouveau co-actionnaire) n'en répète pas moins, avec la foi du charbonnier néophyte : "On fait partie des deux petites dizaines d'entreprises qui font leurs propres mouvements, et on est la seule marque française à le faire, les autres sont suisses ou japonaises". Double baratinage, que la journaliste des Echos gobe sans sourciller, alors qu'elle est responsable du quotidien économique pour la Franche-Comté : il est vrai qu'il y a peut-être de la publicité dans l'air !
••• Reprenons : "Deux petites dizaines d'entreprises qui font leurs propres mouvements". En totalité ou en partie ? Laurent Katz ne le précise pas, mais Péquignet est loin de ne proposer que son mouvement maison pour ses collections de montres : on peut ainsi en déduire qu'il parle plus largement des maisons capables de produire au moins un mouvement in-house. Deux petites dizaines = un maximum de 20. Un rapide tour d'horizon permet d'évaluer à une... grosse soixantaine dans le monde le nombre des maisons capables de faire leurs propres mouvements. Ce qui ne fait guère qu'un minimum de 300 % d'erreur...
••• Passons pudiquement, à ce sujet, sur le fait que Péquignet ne "faisait" rien du tout, sinon la conception de son mouvement, mais que la maison faisait tout "faire" en Suisse, chez des fournisseurs aujourd'hui impayés. Ce concept de "manufacture déléguée" n'a rien de déshonorant dans la culture horlogère suisse, assise sur trois siècles de sous-traitance spécialisée. Seul problème : même avec une définition restrictive de cette délégation pour la réalisation d'un calibre [mouvements réalisés sur commande par des manufactures spécialisées], on doit multiplier par deux ou trois la soixantaine de maisons dont il était question, ce qui nous met au-delà des 1 000 %  d'erreur...
••• Également : "On est la seule marque française à le faire, les autres sont suisses ou japonaises". Deux fois n'importe quoi dans une même phrase : loin d'être la seule marque française à réaliser un mouvement, Péquignet n'est guère que la cinquième ou la sixième, puisque la manufacture parisienne BRM produit déjà un mouvement automatique et même un tourbillon, de même que L. Leroy et quelques horlogers indépendants [on ne comptera même pas dans ce total les calibres de Fabrication de montres normandes]. La fin de la phrase révèle l'inculture horloger du nouveau manager de Péquignet : aujourd'hui, de nombreuses marques du monde entier disposent de leurs propres mouvements mécaniques [qui ont l'avantage sur ceux de Péquignet de fonctionner correctement]. Ailleurs qu'au Japon ou en Suisse, on en produit chaque année quelques dizaines de millions en Inde, en Corée, en Chine, en Biélorussie, en Russie, en Allemagne [ce n'est pourtant pas loin de Morteau !], en Tchéquie, en Irlande ou aux Etats-Unis. La marge d'erreur avoisine encore ici les 1 000 % et plus encore...
••• Et ce n'est pas fini, puisqu'on trouve quelques perles délectables dans ce même article, auquel on décernera sans hésiter le bonnet d'âne de la semaine ! Concernant le mouvement automatique de Péquignet, sa "mise au point a pris dix-huit mois de plus que prévu et la trésorerie m'a manqué. Mais, financièrement, ce n'était pas du tout une folie", se défend "Didier Leibundgut, qui admet un passif de 6,5 millions d'euros". Creusé en moins de trois ans, un trou de 6,5 millions d'euros – près d'un an et demi de chiffre d'affaires ! – ne serait donc pas une "folie" : voilà qui promet pour la suite (ci-dessous : une affiche qui résume le film en cours de tournage). Chacun sera d'autant plus rassuré que Didier Leibundgut nous assure "le retour à l'équilibre pourrait revenir dès l'année prochaine". Homme de peu de foi ! Pourquoi ce "pourrait" conditionnel alors que le plan de continuation proposé par les repreneurs (révélation Business Montres du 18 septembre) ne prévoit pas moins de 250 % d'augmentation du chiffre d'affaires d'ici à 2014, avec un quasi-retour à la profitabilité dès 2013 ?
▷▷▷Indice moyen de baratinage : 300 % à 1 000 % de grand n'importe quoi...
 
 
 
 

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