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JEUDI : LOLwatch sur les traces de Breguet et le luxe en quête de nouveaux esthètes

Au secours, on a transformé une boutique de montres en concessionnaire pour Harley-Davidson body-rebuildées. Au secours, les nouveaux esthètes reformatent tous les codes d'un luxe qui méprise désormais le bling-bling... Au menu de ce pique-nique du jeudi, quelques informations horlogères en vrac, en bref et en toute liberté...     ❐ UN NOUVEAU CONCESSIONNAIRE HARLEY À GENÈVE ••• Gros embouteillage, hier, dans la petite rue Verdaine, qui descend de la …


Au secours, on a transformé une boutique de montres en concessionnaire pour Harley-Davidson body-rebuildées.

Au secours, les nouveaux esthètes reformatent tous les codes d'un luxe qui méprise désormais le bling-bling...

Au menu de ce pique-nique du jeudi, quelques informations horlogères en vrac, en bref et en toute liberté...

   

❐ UN NOUVEAU CONCESSIONNAIRE HARLEY À GENÈVE

••• Gros embouteillage, hier, dans la petite rue Verdaine, qui descend de la Vieille Ville, à Genève. Enorme container, chariot élévateur et débarquement de mystérieuses caisses, dans une ambiance qui rappelait le transfert des raptors dans Jurassic Park (image ci-dessous). Dans ces caisses, non pas des vélociraptors, mais des motoraptors ! Disons trois vélocipèdes à moteur : impossible de les qualifier de motos, ces engins qui ressembleraient à des Harley-Davidson après un très sévère régime de body-rebuilding. Ce sont tout simplement des sculptures de l'étrange "artiste" japonais Chicara Nagata (ci-dessous, au centre, avec son catogan de cheveux gris : à droite, Hervé Estienne), avec des roues parce que le chassis et le moteur sont ceux d'une moto, mais dans une architecture très personnelle, qui a remodelé tous les volumes. Trois motos dans une boutique qui vend aussi des montres : c'est du Maximilian Busser, et ce sera à MAD Gallery pendant quelques semaines. C'est la mode de la "préparation" des icônes : si on "prépare" les Rolex, pourquoi pas les Harley-Davidson ?

 

❐ L'OPÉRATION CROWDFUNDING CHEZ LOLWATCH

••• Nicolas Ruchonnet saura dans deux mois si son projet LOLwatch répond ou non à la sensibilité des amateurs de montres générationnelles, amusantes et décalées, en phase avec les codes "LOL" de notre époque. Le projet est en souscription sur le site de crowdfunding IndieGoGo, où il espère lever 50 000 dollars, avec plusieurs "tranches" d'achat possible pour les futurs acquéreurs. On peut découvrir les secrets de LOLwatch sur la chaîne images Business Montres Vision. Une nouveau site LOLwatch a été ouvert à cette occasion pour présenter le projet, les montres et leur créateur, Nicolas Ruchonnet – qui est ainsi le premier horloger suisse depuis Abraham Louis Breguet à tenter l'aventure du crowdfunding (financement participatif) sur Internet : si le grand Breguet vivait encore, il aurait lancé ses fameuses "montres de souscription" sur des sites comme IndieGoGo. Tous nos voeux à LOLwatch pour que l'aventure aille jusqu'au bout : d'abord parce que ces montres "émoticoniques" sont amusantes et bien pensées ; ensuite, parce que la réussite de cette première apparition d'une montre suisse dans l'univers du crowfunding numérique ouvrirait la porte à beaucoup d'autres projets. La demande est évidente : sans passer par les sites spécialisés, Vincent Plomb a réussi à trouver une centaine de souscripteurs à 5 000 CHF pour sa Vicenterra. Aux Etats-Unis, on compte déjà cinq ou six marques qui ont bouclé leur projet de lancement grâce aux fonds participatifs. Pourquoi pas en Suisse ?

 

❐ LES CHAISES MUSICALES DU JOUR

••• Maud Tiberti quittera le service de la communication de TAG Heuer au mois d'août pour rejoindre les relations publiques chez Zenith, qui prend ainsi du muscle...
••• Hoda Roche (ex-Guy Ellia) prend en charge les relations publiques d'Audemars Piguet sur le marché français : c'est plutôt une bonne nouvelle...
••• Mousse Jaquier, qui opérait dans les relations publiques pour De Grisogono, quitte Genève pour se lancer dans une nouvelle aventure en Chine et trouver le bonheur à Shanghai. Bon vent !
••• François Tissot, ex-directeur général de Chopard, "pompier volant" de plusieurs conseils d'administration horlogers (De Grisogono, RJ-Romain Jerome), entre au conseil d'administration d'Audemars Piguet (révélation Business Montres du 5 juin)... 

❐ LA VRAIE SITUATION À HONG KONG

••• Dans la logique de nos informations d'hier (Business Montres du 4 juillet), il ne s'agit évidemment pas de nier que Hong Kong reste, de loin, le plus important marché pour les montres suisses. Le coup de frein assez brutal pour ce qui concerne l'horlogerie – est, en tout cas [c'est ce qui est intéressant à relever] plus net et plus important que le coup de frein sur l'ensemble des ventes au détail. Il faut, bien entendu, le recadrer dans la perspective d'une dynamique exceptionnelle au cours de ces dernières années : en mai 2011, on était à + 61 % de croissance de ces ventes de montres ! On n'en est pas encore à un "effondrement", mais le ralentissement est tendanciel, comme le montre le schéma ci-dessous, qui compare les ventes locales de montres à Hong Kong au volume des exportations suisses :

••• Il n'y a pas que Hengdeli (leader chinois pour la distribution des montres suisses) qui peine actuellement sur le marché asiatique. Un autre grand réseau, Emperor, souffre aussi beaucoup : même les analystes n'y croient plus guère et ils admettent [contrairement à la langue de bois pratiquée en Suisse] que Hong Kong connaît un fort ralentissement de ses ventes horlogères. La baisse du prix de l'action Emperor témoigne de ce scepticisme (ci-contre) et plusieurs brokers – notamment PiperJaffray – jouent désormais Emperor à la baisse, en se méfiant de ses faiblesses sur un marché lui-même trébuchant. Facteurs pointés du doigt : des ventes beaucoup moins dynamiques que prévu, des ressources de touristes shoppers chinois qui se tarissent, l'extrême volatilité de la demande pour les montres de luxe (ralentissement de l'économie chinoise) une nette érosion des marges (loyers trop hauts, pression sur les prix), un cash flow négatif et un fort besoin de financements. Depuis 2009, on a pratiqué une course effrénée à la croissance, mais les profits ont pris l'escalier de service quand le chiffre d'affaires prenait l'ascenseur : il a été multiplié par trois depuis 2009, mais la croissance du bénéfice net, qui avait été de + 400 % en 2011 (!), sera négative en 2012 (- 8 %). Facteur d'explication possible : la "bulle du shopping" constatée en 2011 à Hong Kong reposait en grande partie sur... l'effet tsunami ! Les touristes chinois avaient alors annulé leur déplacement au Japon et s'étaient reportés en masse sur Hong Kong – dont il faudrait donc prendre les statistiques 2011 pour un effet d'aubaine ponctuel, et non comme une tendance lourde. D'où les erreurs d'optique qu'on a pu commettre en Suisse en prenant la déformation hongkongaise pour la conformation d'un nouveau paradigme de marché...

❐ LE COUP D'OEIL SUR LES NOUVELLES MARQUES 2012...

••• La démographie horlogère est dynamique, comme en témoigne son taux de natalité élevé puisque nous en sommes à peu près à une moyenne de 9 naissance de marque mensuelles depuis le début de l'année, tous segments de marché et tous pays confondus. Sachant que beaucoup de ces créations passent sous notre radar, la réalité est sans doute encore plus féconde. Parmi les offres les plus récentes, on remarque... AQUADIVE : c'est une reprise du nom de cette ancienne marque, qui était spécialisée – comme son nom l'indique – dans les montres de plongée. Disparue pendant la révolution du quartz, la marque vient de renaître, toujours dans l'univers des montres de plongée. Les nouvelles collections Aquadive (référence # 54/Génération 2012) rendent hommage à ce passé, avec des "plongeuses" dans le goût vintage (bracelet en mailles milanaises compris, mais on fait aussi dans le NATO), des boîtiers vaguement tonneau bien épais, du Superluminova qui "pète" et des modèles étanches à 5 000 m baptisés Bathyscaphe. Equipement à base de mouvements suisses comme il se doit, le tout à des prix relativement raisonnables (3 000 dollars tout de même, distribution en ligne)...

❐ QUELQUES ACTUALITÉS SUR LES MONTRES NOTÉES À LA VOLÉE...

••• Les fantaisies estivales de Bill's : fondée par trois étudiants en 2011 (référence # 42/Génération 2011 pour Business Montres du 20 mai 2011), la jeune marque Bill's (Bill's Technologies) persiste et signe dans son concept "Trois en un" (3 styles, 2 cadrans, 1 clip "Montre ton attitude", à retrouver sur la chaîne images Business Montres Vision). Un nouveau partenaire suisse (Mark & Styl) pour épauler leur développement, un nouveau site pour présenter leurs collections très générationnelles, des nouvelles lignes de produits, une vingtaine de couleurs pour les bracelets (ci-contre : cliquez sur la montre – on a bien dit la montre !) et toujours autant de culot pour innover dans la distribution du produit, qui est pour l'instant disponible en ligne...

••• Périscope Attitude : beaucoup de liens pour des "lectures utiles" (huit à dix propositions nouvelles par jour), dans une page rafraîchie en temps réel toute la journée, pour des informations qui aident à mieux comprendre le monde qui nous entoure (informations pas forcément relayées sur le Quotidien des Montres ou sur les médias sociaux liés à Business Montres)...

••• Le grand saut, c'est peut-être pour cet été : un dernier test dans les jours qui viennent et, si tout se passe bien, Felix Baumgartner (le sauteur en parachute, pas l'horloger) devrait tenter cette année de battre le record mondial de saut en altitude, avec un programme prévu à au moins 36 kilomètres de hauteur (120 000 pieds), à la frontière de l'espace. Un record potentiel et une première mondiale (le chuteur franchira le mur du son), dont Zenith sera le "chronométreur officiel". Pour Air & Space Magazine, Felix Baumgartner précise bien que ce grand saut, qui est une performance physique, a surtout une dimension scientifique indéniable : on ne connaît rien de la biologie humaine dans les ultra-hautes altitudes. Le Français Michel Fournier s'était lui aussi attaqué (en vain) à ce "grand saut", mais son projet pionnier n'a guère été soutenu par la France...

••• Les maîtres-horlogers chinois n'ont plus peur des complications : progrès ultra-rapides pour la haute horlogerie chinoise, notamment Beijing Watch et Sea-Gull. Un reportage sur place et une information intéressante : « “A chacune de nos participations à Baselworld, nos produits ont fait l'objet de plaintes pour violation de la propriété intellectuelle (dont plusieurs portées par le groupe Swatch). Nous avons toujours obtenu gain de cause“, précise Ma Guangli, qui dit avoir invité la Fédération Horlogère et à travers elle Nick Hayek à venir visiter les locaux de Sea-Gull à Tianjin. Car “la coopération ne peut que bénéficier aux deux pays“» (source : Swissinfo)...••• Disparition d'un grand designer : le "parrain" italien du design automobile, Sergio Pininfarina, vient de disparaître. Né en 1926, il avait été le génial créateur des plus belles Ferrari de ce siècle, son studio signant par ailleurs des voitures qui ont révolutionné l'industrie automobile, chez Fiat ou chez Maserati. La manufacture Bivet avait développé avec lui un modèle sportif de haute horlogerie...

••• Une montre intuitive pour les enfants : la nouvelle Pam Tim (référencée # 20/Génération 2012 par Business Montres, info n° 4 du 1e février dernier) se pose clairement en concurrente créative de Flik Flak. Sa nouvelle collection de montres à pictogrammes reste la façon la plus amusante d'apprendre à lire l'heure, dès 3 ans, sur une vraie montre. Avant cet âge, il est long et fastidieux pour eux d’intégrer toutes les données en même temps d’une montre dite pour enfants : petite et grande aiguilles, heures et minutes, mais aussi savoir compter jusqu’à 12, voire 24, voire 60 (et de cinq en cinq). Comprendre le principe abstrait de la découpe du cercle pour mesurer l’écoulement du temps n'est pas évident ! Avec la montre Pam Tim, c’est l’apprentissage en douceur, intuitivement : le tricycle avant le vélo ! Avec les combinaisons de pictogrammes d’activités et de pictogrammes temporels, l'enfant apprend d’abord à reconnaître les temps forts de sa journée : se lever, faire sa toilette, petit déjeuner, se brosser les dents, aller à l’école maternelle. Puis, au sein de ces différents moments, à l’aide du petit pictogramme sablier/camembert, il va pouvoir affiner son échelle de temps pour savoir si c’est le début de l’activité, la moitié ou presque la fin, indiquant qu’un nouveau temps fort de sa journée va survenir. Grâce à ce pictogramme sablier/camembert, il découvre en douceur, sans même y prendre garde, l’usage qui est fait du fractionnement du cercle pour décompter le temps. L'apprentissage de l'heure avec les aiguilles s'en trouvera plus tard merveilleusement facilité. Belle idée...

••• "Au feu le bling-bling, les esthètes sont de retour !" : le second numéro de la revue digitale INfluencia (dérivée du site) se penche sur les nouveaux codes du luxe, histoire d'explorer cet univers des nouveaux esthètes, "en quête de plaisirs expérientiels et de codes d'autant plus forts qu'ils ne sont reconnus que par un cercle privilégié d'initiés". Philosophes, sémiologues, historiens et experts pour faire la lumière sur ce secteur. Isabelle Musnik nous explique : "Étonnant : au XVIIIe siècle, le luxe était... un sujet de querelle philosophique. Face à face : Rousseau et Voltaire. Pour Rousseau : “Ou le luxe est l'effet des richesses, ou il les rend nécessaires ; il corrompt à la fois le riche et le pauvre, l'un par la possession, l'autre par la convoitise“. Voltaire, lui, défend le rôle de ce même luxe : “Si l'on entend par luxe tout ce qui est au-delà du nécessaire, le luxe est une suite naturelle des progrès de l'espèce humaine“. Aujourd'hui, plus de querelle philosophique. En trois siècles, le luxe, comme la lumière -lux- dont il est l'émanation, est passé du plus sombre au plus éclatant. La normalité est en train de ringardiser le bling-bling, le luxe s'encanaille dans les faubourgs. L'âge de l'hyperindividualisme voit s'affirmer un nouveau luxe, plus engagé, moins tourné vers le désir de l'admiration de l'autre et plus orienté vers la quête de plaisirs expérientiels et esthétiques"...

••• Le vrai prix d'une Rolex : en mettant de côté 3,00 euros par jour (le prix d'un ou deux cafés suivant les terrasses françaises ou suisses), on ne mettra guère que quatre ans à s'offrir sa première Rolex. Pas belle, la vie ?

••• Une montre de poche restée dans le glacier : macabre redécouverte dans un glacier suisse, où le réchauffement a permis de retrouver trois corps ensevelis dans une avalanche il y a 86 ans ("huitante-six", parce que c'est raconté par Le Matin). La montre de poche était toujours dans la poche d'une des victimes. Comme quoi, en 1926, les alpinistes n'avaient pas encore tous le réflexe de la montre-bracelet...

••• Encore du "bleu de France" pour Le Mans Classic : proposition de Richard Mille pour l'édition 2012, un chronographe tourbillon RM 008 aux couleurs bleu et jaune du circuit (ci-dessous), avec le logo du Mans posé sur le verre saphir, à 12 h. Boîtier en titane, remontage manuel, aiguille rattrapante, compteur des minutes du chronographe, indicateur de couple, réserve de marche et sélecteur de fonction (c'est le tourbillon qui fait office de petite seconde permanente). Cette RM 008 LMC s'ajoute à la proposition RM 011 dédiée au même événement (Business Montres du 28 juin)...

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