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BAROMONTRES 2022 #12 (décembre – accès libre)
Les faits, les hommes et les marques qui ont influencé la météo horlogère de ce mois de décembre 2022

Dernier Baromontres de l’année 2022, avec dix coups de projecteur sur les grandes tendances climatologiques de l’horlogerie pour le mois de décembre 2022 : une fin d’année qui ne présage rien de bon pour l’hiver et le millésime qui suivront. Notre Baromontres exclusif évalue les hautes pressions et les dépressions de la barométrie pour tout ce qui concerne l’industrie horlogère. Un bulletin météo en toute liberté et sans la moindre révérence, avec le seul souci d’apporter un peu de lumière sur cette fin 2022 : pour le meilleur ou pour le pire ?


AVIS DE GRAND BEAU

❑❑❑❑ THOMAS BAILLOD (Ba111od)

Que n’a-t-on pas raconté lors du lancement de la marque Ba111od par un Thomas Baillod qui entendait révolutionner à la fois la distribution horlogère [avec un nouveau modèle d’affaires de co-partenariat avec la clientèle, dans le style « Tupperware »] et l’accès tarifaire aux belles mécaniques suisses ! Passées quelques provocations, aussi savoureuses que commercialement couronnées de succès [comme le tourbillon Swiss Made à 4 000 francs suisses], la marque a fini par installer son image et par s’instituer en véritable acteur de la nouvelle horlogerie, avec une superbe « manufacture » neuchâteloise, une équipe qui se renforce de mois en mois et des ambitions mécaniques qui peuvent effectivement contribuer à « démocratiser » l’accès à la haute horlogerie indépendante. Thomas le dynamiteur n’a pas fini de nous surprendre en 2023…

❑❑❑❑ QUENTIN CARNAILLE (des montres qui n’en sont pas)

Perpétuellement perché sur les marches de l’horlogerie, à la périphérie créative des objets du temps qui le fascinent, le jeune créateur lillois s’est  enfin décidé à créer ses propres montres (Business Montres du 6 décembre). Sauf que, bien sûr, ces quatorze sculptures-bracelets horlogères, proposées sans aiguilles dans un grand chaos mécanique, sont des montres qui en donnent beaucoup plus que les montres dont nous avons l’habitude : elles nous plongent dans une épatante diffraction de l’horlogerie et du temps qui passe, dans la perspective du « Ô temps ! Suspends ton vol » de Lamartine. Par d’astucieux jeux de miroir, le temps ne se trouve suspendu que pour être mieux projeté dans les éclats de lumière et les fragments de réalité piégés dans les reflets en abyme de ce miroir…

❑❑❑❑ JEAN-FRÉDÉRIC DUFOUR (Rolex)

Attendu depuis quelques mois, la décision de Rolex d’intervenir sur le marché secondaire, en partenariat avec le groupe Bucherer [qui établira les certificats CPO indispensables], est une tentative intéressante de reprendre la main sur ce marché de la seconde main qui croît désormais plus rapidement que le marché des montres neuves et qui a toutes les chances de le déborder dans l’année qui vient. Il n’y a pas vraiment de quoi calmer la spéculation sur les icônes Rolex, que les spéculateurs vont continuer à s’arracher à des prix déraisonnables pour des raisons qui relèvent de l’insécurité économique ambiante plus que d’une fièvre collectionneuse : même si les prix ont sérieusement chuté depuis un an sur le marché gris, ils restent cependant calés sur des niveaux trop élevés. L’initiative de Rolex ne fera donc que rassurer les vrais amateurs, sans qu’on puisse déjà comprendre quel sera son impact sur le marché…

❑❑❑❑ MARCO GABELLA (Watchonista)

Libéré des contraintes d’un partenariat qu’il subissait sans pouvoir s’exprimer à sa guise, le fondateur de Watchonista semble revivre un nouveau printemps créatif, qu’on peut vérifier dans les partenariats qu’il initie dans les multiples compartiments de l’art de vivre dans et autour de l’horlogerie [citons, récemment, son aventure horlo-cigarière autour d’une montre Lonsdale avec Cuervo y Sobrinos et le site Chronotempvs]. Cette extension du territoire de la lutte n’est pour Watchonista qu’un début : les amateurs de montres ne sont pas des monomaniaques unidimensionnels et ils ont le plus souvent plusieurs cordes à leurs passions existentielles. On peut donc. Faire orbiter autour du soleil horloger de nombreuses planètes périphériques, dans une sympathique ambiance de copinage qui sait ne pas se prendre (trop) au sérieux…

❑❑❑❑ GEORGES KERN (Breitling)

Encore lui, à croire qu’il a un abonnement dans les « Avis de beau temps » de notre Baromontres : il est vrai que, si le marché horloger se porte plutôt bien, la maison Breitling se porte encore mieux sous la férule de Georges Kern, qui commence à flirter avec la barre magique du milliard de francs suisses de chiffre d’affaires [on doit en être tout près, à quelques dizaines de millions près]. Ceci alors que Breitling n’en faisait pas la moitié lors de son rachat en 2017 : estimée alors dans les 800 millions [ce qui était bien payé par rapport aux performances de l’entreprise], la récente prise de participation majoritaire de Partners Group valorise Breitling autour des 4,2 milliards de francs (Business Montres du 23 décembre). Qui a fait mieux que Georges Kern cette année ?

❑❑❑❑ BUSINESS MONTRES (statistiques 2022)

En un an, fidèle à son principe de médiafacture indépendante d’informations horlogères (depuis 2004), Business Montres aura présenté à ses lecteurs près de 1 300 à 1 400 nouvelles montres et autant de pictofictions (dessins « piratés ») pour illustrer de façon non-conformiste mais toujours incisive l’actualité de l’horlogerie – on peut les retrouver sur notre page Instagram. Au fait, quels sont les autres médias horlogers qui peuvent se flatter d’un bilan éditorial aussi fécond ? On ne décompte pas ici les multiples révélations soumises à la sagacité de nos lecteurs, ainsi que toutes les chroniques et les coups de gueule qui ont accompagné cette année horlogère. Pour ne rien manquer de cette bataille rédactionnelle, rappelons à nos lecteurs qu’ils peuvent s’abonner (gratuitement) à la newsletter quotitienne qui regroupe les interventions mises en ligne la veille [formulaire à cliquer en bas de cette page]… 

AVIS DE TEMPS VARIABLE

❑❑❑❑ ALAIN DELAMURAZ (Jaquet Droz)

On est maintenant en droit de se demander si les efforts d’Alain Delamuraz pour injecter un supplément d’âme contemporain à la manufacture Jaquet Droz ne sont pas un peu désespérés. Aussi opportune qu’elle puisse être, la série ultra-limitée en hommage aux Rolling Stones a pu de chance de recréer la magie indispensable autour de la maison Jaquet Droz, qui semble s’enfermer dans un exclusivisme un peu suicidaire (« Repérages » Business Montres du 15 décembreet « Atlantic-Tac » Business Montres x Atlantico du 23 décembre). Une marque horlogère ne se rebâtit pas avec des « coups » ponctuels et sans lendemain, surtout dans un domaine aussi volatil et nébuleux que les métiers d’art, ni en misant sur une seule catégorie de collectionneurs tout aussi émotionnellement instables et imprévisibles…

❑❑❑❑ SPECIALIST WATCHMAKERS (SWM : division horlogère du groupe Richemont)

Un volume d’affaires commercial en hausse peut masquer de sérieuses pertes de parts de marché, les concurrents se débrouillant mieux pour surperformer ! Les marques horlogères du groupe Richemont semble piétiner, en dépit des fake news concernant le milliard de chiffre d’affaires attribué à IWC [qui n’en est guère qu’à 750 millions : source Business Montres] et le milliard en vue (?) pour Jaeger-LeCoultre [qui se traîne autour des 650 millions]. Évitons pudiquement de parler des autres marques, dont certaines sont noyées dans mes eaux d’une Bérézina annoncée. Ce qui ne remet pas en cause le bon comportement horloger de Cartier [n° 3 mondial pour l’horlogerie derrière Omega selon nos estimations, Morgan Stanley et Luxe Consult optant plutôt pour la deuxième place], de Van Cleef & Arpels ou des montres Montbanc, qui semblent enfin revivre, mais ces marques ne font pas partie du périmètre SWM ! Reste cette évidence : horlogèrement parlant, en termes de chiffre d’affaires, la division spécialisée du groupe Richemont n’est plus que la quatrième ou cinquième grande puissance de la planète horlogère. Et on descend encore plus bas dans le classement si on parle de profits…

AVIS DE TEMPÊTE

❑❑❑❑ AUDEMARS PIGUET (le fauteuil qui fait peur)

La succession de François-Henry Bennahmias tourne au psychodrame chez Audemars Piguet : après avoir beaucoup hésité, tergiversé et subi de violentes pressions (Business Montres du 21 décembre), le candidat pressenti a    finalement jeté l’éponge – trop tendu en interne, trop conflictuel avec le groupe qu’il aurait préféré quitter, trop limité comme marges de manœuvre et trop risqué avec le coup de tabac qui s’annonce pour 2023 ! C’est donc reparti pour un nouveau tour de chauffe, qui va réveiller quelques ambitions déçues et bien des égos meurtris. Le mandat de l’actuel et charismatique CEO s’en trouve prolongé d’autant, ce qui ne fait pas forcément le bonheur de ses actionnaires, ni celui de son nouveau patron du conseil d’administration. L’année 2023 sera pour la manufacture l’année de tous les dangers…

❑❑❑❑ WOKIDINGUERIES (la soumission aux idéologies de l’époque)

Par option philosophique imperméable aux éphémères tendances de l’époque et par nature mécaniquement intemporelle tellement elle est techniquement obsolète, l’horlogerie traditionne devrait s’éviter de verser dans les travers de son temps. Avec l’affaire FTX, on a constaté ces jours-ci que la cryptomanie des sectateurs du métavers et des NFT ne reposait que sur une gigantesque escroquerie capable de vaporiser des milliards : les manufactures avaient tout à perdre à ces petits jeux (relire l’avertissement de notre Baromontres du mois dernier : Business Montres du 30 novembre). Avec l’affaire Balenciaga, on a pu vérifier ce mois-ci à quel point l’idéologie wokiste, qui commence à imprégner les sphères dirigeantes de l’horlogerie, pouvait se révéler léthale pour une marque de luxe (Business Montres du 7 décembre). À force de jouer à « plus woke que moi, tu meurs », les marques de montres se trouvent à la fois devenues des cibles privilégiées pour les « minorités activistes » qui s’autoproclament championnes du « bien » et démunies de défenses naturelles face aux lobbies sociétaux qui les questionnent sur les moindres détails de leur narratif. L’habituel bullshit va empuantir 2023…

LES PRÉCÉDENTS BAROMONTRES 2022

❑❑❑❑  NOVEMBRE 2022Hervé Laniez ; Yvan Arpa, Jean-Christophe Babin, Bruno Bellamich et Carlos Rosillo, Christopher Bôle, Nicolas Brunschwig, Maximilian Büsser, Claude D’Amore, Franck Declerck, Fabienne Lupo, Sylvain Pinaud, William Rohr ; Raymond Loretan, les médias perroquets ; la cryptomanie (Business Montres du 30 novembre)

❑❑❑❑  OCTOBRE 2022Jacob et Benjamin Arabo, Jean Arnault, le Cercle des horlogers, Rick de la Croix, Georges Kern, Alexandre Léger, Thierry Stern ; inflation créative, Watches & Wonders ; Kany West et les ambassadeurs horlogers (Business Montres du 31 octobre)

❑❑❑❑  SEPTEMBRE 2022Alain Ballaguy ; Jean Arnault, Alexandre Beauregard, Tim Cook, Benoît Dubuis, Dominique Renaud et Julien Tixier, Guillaume Laidet, famille Herbelin, Samuel Hoffmann, Fabienne Lupo, Éric Pirson, Pierre Salanitro ; GPHG 2022, Harry Guhl ; Nick Hayek (Business Montres du 30 septembre)

❑❑❑❑  AOÛT 2022Piero Superchi ; Alessandro Bogliolo, Creamy Patina, Geneva Watch Days, Pierre Lannier, Sylvain Pinaud, Timex, « Repérages » ; GPHG 2022, récession, Instagram ; boule de neige chinoise, pénurie énergétique, Richemont-Farfetch, tropisme chinois (Business Montres du 31 août

❑❑❑❑  JUILLET 2022Taras Lemeshko ; George Bamford, David Henderson-Stewart, Emmanuel Macron, Ludwig Oechslin, Romain Réa, Rexhep Rexhepi ; GPHG 2022, groupe Richemont ; spéculation horlogère, capsules et collabs (Business Montres du 31 juillet) 

❑❑❑❑  JUIN 2022Yvan Arpa, Johan Bizy, Emmanuel Breguet, Maximilian Büsser, Antonio Calce, Hakim el Kadiri, Andrea Furlan, Pierre Jacques, Marine Lemonnier et Miguel Rordriguez (Business Montres du 30 juin)

❑❑❑❑  MAI 2022Jean-Jacques Fiechter ; Manuel Emch + Alain Silberstein +  William Rohr, Patrick Getreide, Georges Kern, Jean-Marie Schaller, Marco Tedeschi ; mercato virtuel ; enfumage statistique, insécurité, macro-économie délabrée (Business Montres du 31 mai)

❑❑❑❑  AVRIL 2022Carlo Lamprecht ; Jean-Christophe Babin, Jean-Louis Glénat, Fawaz Gruosi, Georges Kern, Étienne Malec, Maurizio Mazzocchi, David Sanchez, Alain Silberstein, Julien Tornare ; Karl Friedrich Scheufele, poisson d’avril de Business Montres ; Fondation de la haute horlogerie, Jérôme Lambert, Catherine Rénier (Business Montres du 30 avril)

❑❑❑❑  MARS 2022 : Raynald Aeschlimann et Nick Hayek, Jean-Jacques Annaud, Maximilian Büsser, Antonio Calce et Robert Greubel, Davide Cerrato, John-Mikaël Flaux, Georges Kern, Gautier Massoneau, Hervé Schülchter ; la contrebande Ukraine-Russie, Jean-Marc Pontroué, la Wonder Week ; Jérôme Lambert (Business Montres du 31 mars)

❑❑❑❑  FÉVRIER 2022Jean-Claude Biver, Marco Borraccino, David Chaumet, Claudio d’Amore, Alain Marhic, Patrick Pruniaux, François Servanin ; ras le sport chic !, Wonder Week Genève 2022 ; les enchères bizarres (Business Montres du 28 février  )

❑❑❑❑  JANVIER 2022 : Giovanni Zavota ; Jean-Christophe Babin, Stéphane Bianchi, Antonio Calce, Thierry Huron, indépendants français, Julien Tornare ; Davide Cerrato, Patrick Pruniaux, salons horlogers du printemps 2022 ; François-Henri Pinault (Business Montres du 1er février) 

 

Coordination éditoriale : Eyquem Pons


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