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MERCREDI : Luxe horloger froid, distribution chaude, joaillerie chinoise bouillante...

Une pomme de discorde entre historiens de l'horlogerie... Le pogrom anti-Rolex des nationalistes anti-japonais... Le joaillier chinois qui s'est échappé d'un album de Tintin... Les nouvelles manoeuvres multi-marques du Swatch Group... Le demi-siècle gagné en quatre minutes par Chanel... Pour ce milieu de semaine, le zappeur sachant zapper a zappé sur... Un affichage algébrique qui donne à réfléchir sur la numérotation horlogère...   〓 AU SOMMAIRE DE CE ZAPPING DU MERCREDI :Dix …


Une pomme de discorde entre historiens de l'horlogerie... Le pogrom anti-Rolex des nationalistes anti-japonais... Le joaillier chinois qui s'est échappé d'un album de Tintin... Les nouvelles manoeuvres multi-marques du Swatch Group... Le demi-siècle gagné en quatre minutes par Chanel... Pour ce milieu de semaine, le zappeur sachant zapper a zappé sur...

Un affichage algébrique qui donne à réfléchir sur la numérotation horlogère...
 
〓 AU SOMMAIRE DE CE ZAPPING DU MERCREDI :
Dix informations qui seront développées après l'atelier d'horlogerie ci-dessous...
••• Mais qu'est-ce que c'est que cette "affaire Sabrier" qui ébranle la communauté internationale des historiens ? Les accusations de confrères autorisés fusent sur la consistance de son travail d'historien de la montre automatique...
••• La montre du jour : des phases de lune, tout le monde en fait, des montres de femmes carrées aussi, mais Saint-Honoré Paris a tout de même réussi à rendre accessible un concept empreint d'une délicate french touch que les Suisses tarifieraient à des niveaux astronomiques [s'ils arrivaient à capter cette élégance So Paris]...
••• Rolex dans la tempête sino-japonaise : alors que les bruits de bottes se précisent en Chine à propos des îles Senkaku (nom japonais), Rolex devient un symbole d'occupation étrangère. Les marques de luxe sont à leur tour embedded...
••• De nouvelles questions sur l'affaire Péquignet : fallait-il vraiment alerter tout le monde sur l'inanité de la proposition d'effacer les dettes faite aux fournisseurs par les repreneurs ? Qui sont les vraies victimes et qui se victimise ?
••• L'intéressante tentative du Swatch Group pour relancer un concept multi-marques en centre-ville : premier test à Paris, sous une enseigne qui était jusqu'ici réservée aux aéroports...
••• Des informations horlogères à la volée, en vrac et en bref : les chaises musicales du jour (les naufragés du HMS Ralph Lauren), l'étrange clair-obscur de Raymond Weil, la démolition autorisée chez Old England, les raquettes de Rolex, la montée en Bourse de David Yurman, les preppies de TAG Heuer, les malheurs de Breitling, les soldes chez Bvlgari...
••• La nouvelle boutique Jaeger-LeCoultre de la place Vendôme : 500 mètres carrés pour une démonstration de luxe très français, qui manque au final de chaleur et de fantaisie, mais certainement pas de rigueur dans la présentation...
••• Le demi-siècle de légitimité gagné par la montre Chanel : 1987 moins 1932 = 55 ans ! L'exhumation fortuite d'un film des actualités Pathé de 1932 a permis de découvrir que Mademoiselle Chanel avait présenté des montres de joaillerie dès cette époque...
••• La vraie vedette de la Biennale, c'est Wallace : avec sa tête sortie d'une bande dessinée de Tintin, mais aussi avec ses créations exposées dans l'allé cailloutée de la Biennale, cet étonnant joaillier chinois s'est taillé un franc succès...
••• La poésie mensuelle des statistiques horlogères : c'est toujours un grand moment de bonheur, qu'on s'en voudrait de manquer, avec des observations passionnantes à faire au détour des colonnes de chiffres...
 
 
 
 
〓 LA GÉOPOLITIQUE DU LUXE
fait de Rolex un épouvantail anti-chinois et pro-japonais...
 
 
••• Les lecteurs de Business Montres l'ont souvent lu et relu ici : les marques de luxe – en particulier les marques horlogères, du fait de leur hypervisibilité publicitaire – n'échapperont plus aux questionnements sociétaux et seront de plus en plus prises en otages dans des conflits qui les dépassent. Récemment, le Swatch Group était dans le collimateur du lobby anti-iranien qui fait campagne aux Etats-Unis : la réponse maladroite de la direction du groupe avait envenimé la querelle jusqu'à ce que l'état-major de Bienne comprenne qu'il valait adopter un profil bas. Maintenant, c'est Rolex qui se trouve compromis dans la querelle sino-japonaise, hystérisée par la presse chinoise et probablement manipulée par le pouvoir en place, qui peut y trouver un dérivatif aux affaires de corruption et à la guerre des clans qui le minent. Rolex comme symbole d'occupation étrangère et de représentant officieux des Japonais haïs : il fallait le trouver (source : Hamusoku, Japon) ! C'est encore plus étonnant avec Dior (même lien). On aurait plutôt attendu une mise à sac des boutiques Seiko ou des corners Casio, mais Rolex est une double symbole nippo-européen. Quel rapport avec la souveraineté territoriale de l'une ou l'autre nation en conflit à propos de ces îles ? Aucun, sinon une forte connotation symbolique exprimée ici dans la pure et simple xénophobie. Ridicule ? Sans doute. Inquiétant ? Terriblement : les convulsions nationalistes sont un terrible ferment dans les dynamiques sociétales post-modernes. Les réactions excessives à l'affaire Arnault ont prouvé qu'on "ne joue pas impunément avec les affects du bon peuple" (Business Montres du 10 septembre). Dans un passé chinois pas si lointain, la fièvre obsidionale anti-Européens a créé des traumatismes dont toutes les blessures sont loin d'être refermées. Si, demain, cette aliénation mentale décidait de faire une fixation sur les marques horlogères occidentales ou sur celles qui sont trop liées au Japon, nous aurions du souci à nous faire...
 
 
 
〓 LA VRAIE VEDETTE
de la Biennale des Antiquités ressemble aux Chinois du Lotus Bleu (Tintin)...
••• La moquette de la Biennale, sous la coupole du Grand Palais (Paris), est feutrée de "pavés", mais l'allée qui regroupe la plupart des grands joaillier dans un sorte de ghetto para-vendômois est pavée de pierres précieuses : alors que Chanel et Piaget optaient pour l'aile droite, Dior, Bvlgari et Chaumet choisissant l'aile gauche, Cartier (c'est grand), Van Cleef & Arpels (c'est thématique), Harry Winston (c'est froid) et Boucheron (c'est génial) ont regroupé leurs espaces, mais ils auraient tort de snober un "ovni" joaillier venu de Hong Kong. Wallace Chan (ci-dessous) a parfaitement eu raison de prendre "Beyond Jewelry" comme signature : il est ailleurs ! Son bestiaire et son naturalisme figuratif ne sont pas très différents des nôtres [d'autant qu'on chinoise beaucoup dans la joaillerie européenne], mais ils ne sont pas traités, ni exprimés selon les mêmes codes. Les prix sont identiques dans le superlatif [ne manquez pas sa pièce monumentale à 56 millions de dollars, ou d'euros, on ne sait plus tès bien], mais sa gestion des trois dimensions est radicalement et culturellement autre, à des années-lumière de la place Vendôme.
 
 
••• Les visiteurs adorent, quoiqu'il soit difficile d'entrer en communication avec le "maître" barbichu, qui ne parle évidemment ni français, ni même anglais et qui ressemble furieusement à un personnage du Lotus Bleu (Tintin) : son assistante fait ce qu'elle peut pour expliquer la jade impériale, l'allégorie de la Grande Muraille de Chine, la philosophie zen mise en volumes aux limites de l'abstraction lyrique, les "scorpions d'amour" et toute la narration qu'on doit relier à ces oeuvres d'art. S'il y avait un équivalent à trouver au pouvoir déflagrant de Wallace Chan sur la tradition de la néo-joaillerie chinoise, ce sera le choc culturel causé par un René Lalique dans les arts décoratifs de la fin du XIXe siècle : le bijou féminin avait alors changé de statut, non sans se charger de réminiscences mythologiques et historiques qui rappellent les citations culturelles pratiquées et magnifiées par Wallace Chan. René Lalique avait été écrit la partition d'une haute joaillerie sur laquelle tout le monde allait danser au cours des années suivantes [on peut le vérifier à l'exposition Van Cleef & Arpels du musée des Arts décoratifs], de même que Wallace Chan réencode l'art joaillier traditionnel de la Chine...
 
 
 
〓 LA QUERELLE DES HISTORIENS
qui s'inquiètent des lacunes et des légèretés de Jean-Claude Sabrier...
••• Les querelles d'historiens ont ceci de particulier qu'elles montent vite en puissance, mais qu'elles savent rester lisibles puisqu'elles s'appuient sur des faits, des documents et des réalités ignorées des polémiques politiciennes ou littéraires. Ces querelles s'en sont pas moins féroces, et ravageuses pour les réputations. Historien jusqu'ici réputé pour sa connaissance des montres et des pendules des XVIIe et XVIIIe siècles, Jean-Claude Sabrier a publié récemment une histoire de La montre à remontage automatique, dont Business Montres avait rendu compte en émettant quelques réserves sur l'ignorance des documents de l'Académie des sciences concernant Hubert Sarton. Ignorance inexplicable [ces documents ont été publiés, entre autres ici-même], sauf si on les situe dans leur contexte marchand : expert dans une maison d'enchères, Jean-Claude Sabrier avait assuré la vente au musée Patek Philippe d'une montres formellement attribuée à Perrelet, alors que tout démontre qu'elle est conforme au croquis techniques de Sarton. Passons sur cette faiblesse chez un vétéran rspecté (et sans doute encore respectable) de l'histoire des montres.
••• Le problème est que les historiens "concurrents" – notamment les Anglo-Saxons – n'ont pas nos états d'âme et notre complaisance. Le premier à réagir avait été le Français Joseph Flores, déjà historiquement brouillé avec Jean-Claude Sabrier, mais très remonté depuis la publication de cette histoire du remontage automatique qui méprisait et Sarton et les nombreuses études consacrées à ce remontage automatique par Joseph Flores, en particulier dans la revue Horlogerie ancienne. Faiblesse documentaire qui a valu à Jean-Claude Sabrier une première volée de bois vert, avec un examen critique approfondi de son ouvrage : après cet impitoyable passage à l'essoreuse, on regarde évidemment le livre de Jean-Claude Sabrier avec un certain recul. Côté anglo-saxon, Business Montres avait déjà signalé (30 mai dernier) la "descente en flammes" du livre de Jean-Claude Sabrier par un des plus éminents historiens de l'horlogerie ancienne, Richard Watkins : une première livraison soulignait la "pauvreté" du livre français [avec des arguments documentaires imparables], alors qu'une seconde livraison concluait à son intérêt... publicitaire – ce qui vaut condamnation à mort chez les historiens. Second brûlot anti-Sabrier, toujours de la part d'historiens qui étaient ses "amis" : un texte de David Penney, autre référence absolue dans ce milieu, paru dans Antiquarian Horology (illustration placée sous le sommaire : un atelier d'horlogerie). Clair, net, précis, convaincant et définitif !
••• Le pire reste peut-être à venir : avec son extraordinaire minutie documentaire, Joseph Flores a remonté la trace de tous les documents (connus) qui concernent la montre à remontage automatique, domaine où son autorité internationale est à présent incontestable [ce qui n'exclut pas quelques savoureuses polémiques sur les détails]. Au cours de ses recherches, il a retrouvé les originaux de quelques documents cités (mais non documentés) par Jean-Claude Sabrier. L'un d'entre eux pose sérieusement problème, dans la mesure où il a non seulement été mal traduit (péché véniel), mais surtout détourné de son sens pour servir la thèse anti-sartonienne de Jean-Claude Sabrier : cette trahison d'un document original serait un crime aux yeux de la communauté des historiens. S'agit-il vraiment du même document, dont le sens aurait détourné, ou d'un autre document similaire quoique singulièrement proche sur de nombreux points ? Mystère ! Plusieurs demandes de vérification du document dont il dispose ont été adressées à Jean-Claude Sabrier, qui n'a pas souhaité y donner suite. La comparaison intertextuelle pourrait se révéler désastreuse – pour ses accusateurs (devenus calomniateurs si l'affaire s'éclaircit) comme pour l'accusé (devenu faussaire si la comparaison l'accable). A suivre – avec la prudence qui s'impose dans ces querelles d'historiens...
 
 
 
〓 LE DEMI-SIÈCLE GAGNÉ
par la montre Chanel le temps d'une actualité cinématographique...
••• On n'a pas tous les jours cinquante-cinq années de plus au compteur ! On datait jusqu'ici la naissance de la montre Chanel de 1987, Mademoiselle Chanel et ses successeurs n'étant pas crédités de la moindre montre avant cette date [on sait qu'elle aimait les montres masculines, qu'elle empruntait à ses amants, et pas les petites montres de dadames]. On vient pourtant de retrouver dans les archives de la maison un film des actualités cinématographiques de 1932, tourné par Pathé lors de la présentation de la première exposition de haut joaillerie Chanel. Au détour d'une image, comme négligemment posées sur un guéridon au milieu des autres créations, deux montres de joaillerie, largement serties (boîtier et bracelet), à peu près impossibles à identifier compte tenu de la qualité des images, mais indéniablement Chanel puisque présentées avec les pièces de cette première collection de haute joaillerie [collection qui a connu un curieux destin et de vives attaques, sur lesquelles nous reviendrons dans un autre épisode]...
••• Ces premières montres Chanel ont évidemment disparu de la circulation, mais elles retardent la naissance de la "marque" de cinquante-cinq ans : 1987 - 1932 : 55 ans entre ces montres serties de 1932 et le (re)lancement de la marque en 1987. Il ne reste plus à Chanel qu'à se replonger dans ses archives commerciales pour savoir à qui les mouvements de ses montres ont été achetés [à l'époque, des maisons de joaillerie comme Cartier ou Tiffany & Co se fournissaient en Suisse, chez Patek Philippe, chez European Watch, chez Jaeger-LeCoultre ou chez Vacheron Constantin], par qui elles ont été réalisées [la sous-traitance est probable] et, on l'espère, à qui les montres ont été vendues – si elles l'ont été !
 
 
 
〓 UNE PETITE PROMENADE
dans la nouvelle boutique Jaeger-LeCoultre de la place Vendôme...
••• La nouvelle boutique de la place Vendôme est à présent terminée, avec un agrafage très réussi entre l'ancien petit comptoir et les trois niveaux du n° 9, place Vendôme [face à la boutique Rolex, laquelle semble encore moins visible depuis que Jaeger-LeCoultre est à cheval sur les n° 7-9]. Beaux espaces lumineux, vitrines relativement sobres où les produits sont clairement mis en valeur [sans vouloir absolument présenter toutes les références] et parcours intérieur à volonté "pédagogique", le tout décoré dans un goût très chic français (matériaux, style) dont on espère qu'il sera lui aussi "pédagogique" à usage des nouveaux riches asiatiques : sur 500 mètres carrés, on découvre place Vendôme la plus grande boutique Jaeger-LeCoultre du monde. Amusante animation au plafond, avec un "manège" géant qui rappelle la forme et la giration du Sphérotourbillon (ci-dessous : la roue tourne autour du centre en se"déhanchant" comme le Sphérotourbillon). On remarquera que le mot "patrimoine" a chez Jaeger-LeCoultre une signification synchronique, et non diachronique : ici, les pièces du "patrimoine" ne désignent pas les montres de collection du passé [traitées un peu légèrement au sous-sol], mais les montres qui témoignent des métiers d'art contemporains (gravure, émaillage, sertissage, etc.).
 
 
••• Le vrai problème de ces nouvelles boutiques reste la formation du personnel : bien briefé pour faire visiter l'espace, le "vendeur" – qui semblait pourtant très fier de présenter les grandes complications – a pataugé assez tristement pour répondre à une question [posée sans la moindre malice] sur les différences entre le spiral du Sphérotourbillon et celui du Gyrotourbillon [il n'y en a pas, ils sont tous les deux cylindriques !]. Un vrai regret au final : on reste dans un registre de luxe un peu froid, plutôt distancié, sans véritable convivialité, ni touche artistique un tant soit peu décalée : le lounge n'est guère convaincant et rien n'y incite vraiment à la pause ou à cet abandon qui prélude aux coups de coeur. Cette ambiance versaillaise un peu guindée – qui tient en partie au choix des matériaux – explique pourquoi les montres "sportives" sont plutôt maltraitées dans cet espace Vendôme, où elles auraient du mal à imposer leur légitimité...
 
 
 
〓 LA LEÇON DE POÉSIE
que nous donnent tous les mois les statisticiens de la FH...
••• Pour les chiffres intégraux des exportations horlogères en août, on reportera au site de la FH suisse, dont on savourera le commentaire sur la "belle croissance" quoique, "toutes matières confondues, le nombre de pièces exportées ait légèrement reculé, tout en restant comparable à l'excellente année 2011". Soit, dans le même communiqué, un plus, un moins et un égal ! En y regardant de plus près, on constate que, une fois de plus, les 2,1 millions de montres vendues sont en recul [l'horlogerie suisse perd des marchés de marché] et que la "belle croissance" n'est plus tirée que par 38 000 montres très chères (plus de 3 000 CHF prix export) – c'est-à-dire par 1,8 % des montres exportées, qui sont pour la plupart des montres commandées il y a six ou douze mois, donc peu significatives de la demande actuelle. On note aussi que, sans la valeur de ces 1,8 % de montres, les exportations seraient globalement en net recul de moins de 20 %, soit un retour au niveau de 2010.
••• Autre détail significatif : les marchés qui ont le mieux "tourné" sont les marchés des touristes chinois, ce qui permet encore à l'horlogerie suisse de piloter à vue pour un atterrissage plutôt en douceur pour l'instant. Les global shoppers chinois ont cessé d'acheter en Chine pour reporter leurs achats sur Hong Kong, la Corée, la France ou l'Allemagne. Etrange : le recul marqué de Singapour  (- 20 % par rapport à l'année dernière, ce qui traduit un changement de comportement des amateurs chinois les plus occidentalisés) ou de la Malaisie (+ O,T %, même commentaire que pour Singapour). Intéressant : le coup d'arrêt à la croissance au Royaume-Uni (+ 1,1 % dans un pays durement frappé par la crise), qui ne trouve pas son pendant en Grèce (+ 23 % par rapport à l'année dernière, alors que le pays à genoux). La montre reste au coeur de l'actualité géopolitique : en pleine guerre civile syrienne, le business ne s'est jamais aussi bien porté qu'au Liban (marché de substitution, avec 90 % de progression par rapport à 2011), au Qatar (+ 134 %) ou dans le sultanat d'Oman (+ 286 %, ce qui correspond en réalité à une ou deux grosses commandes de la cour du sultan).
 
 
 
〓 LA MONTRE DU JOUR
nous promène dans la Lune avec la nouvelle Orsay Lady Moon de Saint-Honoré...
••• Orsay Lady Moon : dommage qu'une montre aussi parisienne, signée Saint-Honoré Paris, et qui trouvera son public dans des pays où la référence parisienne fait briller les yeux des femmes, n'ait pas choisi pour nom de baptême un nom plus français. C'est qu'elle a tout pour plaire, cette petite dame qui place la Lune au coeur de sa déclaration d'amour, derrière un paravent de nacre rose. Et quelle lune ! Elle se lève au centre du nacre, dans un halo plein de délicatesse, environnée de chiffres stylisés qui lui offrent un élégant écrin. L'ensemble de la proposition graphique est une réussite, tout en charme et en finesse : ce n'est plus de la "complication" horlogère, mais de la... compilation poétique (création Swiss Made, boîtier en 33 x 34 mm, mouvement à quartz).
 
 
 
 
〓 DES QUESTIONS
de lecteurs à propos de notre traitement de l'affaire Péquignet...
••• Première question concernant l'accès libre au dernier article concernant Péquignet (Business Montres du 18 septembre). Deux raisons à cette "gratuité" : d'abord, il est normal et habituel qu'une partie (environ 20 % des articles) restent accessibles à tous les lecteurs. D'autre part, il fallait aussi que cet article puisse être lu par tous ceux qui sont concernés en France et en Suisse. L'adresse de cette page a beaucoup circulé, non seulement dans l'entreprise, mais aussi dans tout le département : à chacun de se faire sa propre idée sur la proposition des repreneurs et sur leur vision de l'avenir d'une entreprise à laquelle ils promettent 250 % de croissance en deux ans ! Chacun pourra ainsi juger du réalisme de leur budget prévisionnel et de la délicatesse dont ils usent avec les anciens partenaires de l'entreprise : on a connu des débuts dans le métier horloger plus soucieux de diplomatie. Pas sûr que la brutalité de cette proposition d'annuler 60 % de la dette dans la moindre garantie effective soit le meilleur moyen de se faire des amis. Comme nous l'écrit un lecteur, "j'accepterais de ne toucher que 40 % de ce qu'on me doit si les deux repreneurs jouent le jeu en consignant personnellement chez le mandataire social le montant des sommes à rembourser. Donnant donnant..."
••• Entre autres questions : pourquoi continuer à s'en prendre à l'ancienne direction, alors que le "pauvre" Didier Leibundgut, qui a perdu le soutien financier de son frère, est aujourd'hui totalement marginalisé ? Il n'a plus accès aux comptes de l'entreprise, où il est en quelque sorte "interdit de gestion", ni à la production. Officiellement président du conseil de surveillance [ce qui ne correspond à rien dans une entreprise de ce type], on l'a prié de se contenter de piloter le marketing et la communication, ce qui l'oblige à reprendre contact avec tous les médias où il a une ardoise et tous les journalistes qui commencent à le regarder de travers. Bref, c'est une "victime" qui a l'impression d'être un siège éjectable et qui s'auto-victimise autant qu'il le peut auprès de ses relais locaux ! Sa position actuelle n'est sans doute pas confortable, mais le fait que le conducteur se soit blessé en lançant la voiture dans le mur ne l'exonère pas de ses responsabilités personnelles : le dolorisme complaisant de son actuel profil bas n'efface pas son arrogance passée – celle qui a mis en péril une quarantaine d'emplois, encore loin d'être sauvés. Difficile, pour les fournisseurs sauvagement plantés, d'oublier qui a mené le bateau au naufrage, en dépit de tous les avertissements, et qui s'est conduit avec eux de façon pour le moins cavalière et le plus souvent indélicate. Ne pas confondre les vraies victimes et le bourreau...
 
 
 
〓 LA NOUVELLE OFFENSIVE
du Swatch Group sur la distribution multi-marques... 
••• Sans faire preuve de pessimisme rabique, on peut estimer que le succès de la chaîne Tourbillon managée par le Swatch Group est pour le moins... contrasté. Manifestement, le concept multi-marques Tourbillon tarde à faire ses preuves sur le terrain, à quelques boutiques près. D'où l'attention qu'il faut porter à la dernière initiative du groupe sur ce terrain de la distribution multi-marques, où le groupe n'a jamais caché son intention d'entrer en force. Jusqu'à présent, Tech-Airport, la filiale du Swatch Group spécialisée dans le travel retail (distribution horlogère en environnement aéroportuaire), avait réservé sa grosse vingtaine de boutiques Hour Passion aux zones publiques et aux zones d'embarquement des 17 aéroports où opère le groupe. Gaël Vallade – qui gère Tech-Airport, mais qui est également le CEO de Tourbillon – a reçu le feu vert pour implanter un point de vente Hour Passion en centre-ville, au coeur de Paris, dans une jolie zone de chalandise. Cette désectorisation de Hour Passion est une grande première, qui ne va évidemment pas réjouir le coeur des détaillants multi-marques parisiens qui travaillent avec le Swatch Group [avaient-ils encore des illusions ?], mais qui confirme le rôle de plus en plus éminent d'un Gaël Vallade dans la galaxie hayékienne. A l'état-major de Bienne, où il a un accès direct au bureau de Nick Hayek, certains parlent déjà de lui comme le successeur désigné pour le fauteuil de Florence Ollivier, l'inamovible et inoxydable présidente du Swatch Group France/Espagne/Italie, qui pourrait ne pas attendre la limite d'âge [toujours très théorique au Swatch Group] pour tirer sa révérence...
 
 
 
 
〓 QUELQUES INFORMATIONS HORLOGÈRES
notées à la volée, en vrac, en bref et en toute liberté éditoriale...
 
••• CHAISES MUSICALES : Arnaud Vidal (ex-Audemars Piguet et ex-Bell & Ross), qui avait rejoint Ralph Lauren en début d'année comme vice-président de la marque et bras droit de Guy Châtillon (Business Montres du 14 janvier dernier), jette l'éponge à son tour et quitte un navire en perdition, alors que la joint-venture avec le groupe Richemont ne devrait pas être renouvelée (révélations Business Montres du 9 septembre)...
 
••• OLD ENGLAND : le groupe Bucherer vient tout juste d'être autorisé à lancer la démolition de certaines parties non protégées de la boutique parisienne, où il est toujours question de créer – en partenariat avec le groupe Richemont – le plus grand mégastore horloger de la capitale – mais ça ne sera pas avant le printemps 2013, dans le meilleur des cas [d'aucuns parlent déjà de septembre]...
 
••• BVLGARI : la montre BO1 est toujours au catalogue de la marque (et sur son site), ainsi que dans les vitrines des détaillants, mais elle est aussi soldée à moins 34 % sur Grouptoo (Suisse). Pas sûr que ça enchante les détaillants en question...
 
••• RICHARD MILLE : "Le luxe de masse est une stupidité". Au moins, c'est clairement dit, et assez logique quand on vend des montres à 1,5 millions de dollars (source : Expansión.com, Espagne). "Heureusement, il y a tous les jours plus de gens qui comprennent que la perfection a un coût : mes clients n'ont pas besoin de reconnaissance sociale ou de l'attention. Mes montres sont tous sauf des symboles statutaires ostentatoires". Son rêve : construire une voiture et... habiter en Espagne : comme il nous précise par ailleurs qu'il a "passé sa vie à vouloir ce dont il rêve", Rolls-Royce a gagné un concurrent et il y aura bientôt un château à vendre en Bretagne...
 
••• BREITLING : série noire pour la patrouille la plus prestigieuse de l'horlogerie suisse, avec un avion au tapis (crash au décollage, deux éjections, tout le monde est sauf) et deux avions immobilisés à la suite d'une fausse manoeuvre (un accident de voiture !)...
 
••• TAG HEUER : amusante "exclusivité", pas encore trop pratiquée par les marques horlogères, la série limitée universitaire. Les élèves de l'université américaine Harvard auront leur propre TAG Heuer : une Aquaracer acier à cadran nacre pour les filles (1 895 dollars), une Formula 1 à bracelet caoutchouc pour les garçons (1 295 dollars). Les cadrans sont décorés du blason de l'université – au cas où ces étudiants auraient oublié ce détail de leur année universitaire. C'est assez malin de prendre ses futurs clients "au berceau", ou presque...
 
••• ROLEX : c'est reparti pour une sixième saison avec Rolex comme partenaire officiel de la Coupe Davis (tennis). Chronométreur officiel du tournoi de Wimbledon, Rolex verrouille son territoire historique, où la marque est déjà partenaire de l'Open d'Australie, de la Coupe Davis, du Tennis Masters Cup, Masters Series de Monte-Carlo, de l'Open du Japon, du Dubai Tennis Championships, de l'Open de Chine, du Chennai Open ou du Madrid Open...
 
••• DAVID YURMAN : à quand une entrée en Bourse de la marque horlo-joaillière américaine ? C'est la dernière rumeur et elle est attisée par le profil des derniers recrutements au sein de l'état-major. Le nouveau CEO, Glenn Senk (ex-Urban Outfitters) a été intégré moyennant un part de capital. Glenn Senk a ensuite recruté quelques pointures venues de chez LVMH ou d'Anthropologie (c'était une révélation Business Montres du 13 août). Une nouvelle CFO, Adrienne Shapira (ex-Goldman Sachs) vient d'être nommé. C'est que ce qu'on appelle des "dispositions de combat"... 
 
••• RAYMOND WEIL : nouvelle campagne de communication pour la marque (ci-dessous). Pas facile d'en comprendre l'idée directrice, pas facile de décoder la visée stratégique, pas facile d'en imaginer l'impact ! Avec une lecture de gauche à droite, priorité est donnée au nom de la marque, qui tient visuellement plus de place que le produit lui-même : pour une marque sans forte notoriété, c'est aussi audacieux que risqué. On a choisi un produit relativement indifférencié de l'offre concurrente : à part les aficionados ultra-éduqués, qui saurait distinguer ce chronographe d'un de ses équivalents [si on cache la marque, qui peut l'identifier ?]. L'association montre-musique est pour le moins allusive et sibylline, sauf pour un très bon connaisseur de la marque, d'autant que le clair-obscur façon studio Harcourt focalise l'attention sur le halo de lumière [et non sur la partition], tout en le perturbant avec les notes rouges du cadran [on casse l'ambiance qu'on voulait établir]. Pas d'accroche et pas de concept apparent : un peu bizarre, tout ça...
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