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BUSINESS MONTRES x ATLANTICO (accès libre)
Quand le noir se noircit et quand le bleu devient plus bleu : c’est l’actualité toujours pas déconfinée des montres

Mais aussi la mobilisation généreuse des horlogers contre le Covid-19, la transparence absolue d’une icône, le paraphe encapsulé d’un empereur et la lumière qui géométrise la pénombre… Images ci-dessous : des pigments luminescents viennent ajouter leur éclat à l’architecture de la Twofold (Roger Dubuis), alors que de De Bethune nous offre une nouvelle symphonie en bleu...


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DE BETHUNE : Bleu, c’est bleu…

En un peu moins de deux décennies (la marque a été créée au XXIe siècle, en 2002), la manufacture De Bethune a réussi à imposer une certaine vision de l’horlogerie contemporaine, à la fois néo-classique et avant-gardiste. Si la maison est suisse [mais située à portée de fusil de la frontière française], elle tire son nom d’un chevalier horloger français éponyme du XVIIIe siècle. Un de ses co-fondateurs est un collectionneur italien et l’autre, Denis Flageollet, un Français des Vosges : on peut même le considérer comme un des trois ou quatre meilleurs horlogers de sa génération ! D’où la jubilation qui chavire le cœur des amateurs quand ils découvrent une nouvelle De Bethune à l’horizon : on sait à l’avance que l’esthétique s’imposera par sa singularité et la mécanique par son originalité, le tout témoignant d’une excentricité assumée. Ce « tourbillon » DB28 Kind of blue témoigne à la fois d’une maîtrise à peu près sans équivalent des techniques de la décoration horlogère et d’une vision très originale de l’horlogerie la plus méchanicienne qu’on puisse imaginer. Rien, ici, qui laisse indifférent : ce bleu semé d’une voie lactée d’or ne s’obtient qu’en travaillant le titane au degré près et presque à la seconde près ! On imagine la difficulté quand il s’agit d’obtenir sur une telle surface ce bleu parfaitement hormogène (ce savoir-faire est à peu près unique en Suisse). Passons rapidement sur les innovations techniques du mouvement mécanique, où le silicium et le titane se répondent pour améliorer la précision d’un mouvement qui pulse 36 000 fois par heure (dix fois plus vite qu’un cœur humain) pendant cinq ou six jours sans se lasser et sans être remonté. Terminons par le style de cette DB29, absolument impossible à comparer : rien qui puisse être trouvé ailleurs, seulement l’essence d’une idée de la mécanique horlogère qui s’enracine chez les grands maîtres du XVIIIe siècle et qui sait nous projeter, trois siècles plus tard, dans une autre dimension.

ROGER DUBUIS : Blanc, c’est blanc…

Pas moins de trois « premières » mondiales se sont donné rendez-vous dans cette Excalibur Twofold proposée par Roger Dubuis ! C’est la première fois qu’on réalise un boîtier de montre (45 mm) dans cette fibre de composite minéral, matériau plus blanc que blanc à base de silice pure à 99,95 %, qu’on a moulé et compressé pour lui donner forme. C’est aussi la première fois qu’on a « illuminé » de l’intérieur une montre en intégrant dans cette fibre de composite une matière luminescente 60 % plus brillante que celle qu’on utilise habituellement dans les beaux-arts de la montre. Enfin, le bracelet de la Twofold a été lui aussi réalisé à partir d’un caoutchouc KFM qui émet de la lumière dans la pénombre – c’est la première fois qu’on obtient cet effet. Au-delà de la prouesse technique et de cette esthétique réarchitecturée par le « squelettage » du mouvement révélé par l’absence de cadran, la Twofold s’impose par sa mécanique tout aussi puissante, grâce à son impressionnant double tourbillon. On est ici aux avant-postes de l’extrême modernité horlogère : ça se voit, ça se remarque (même dans la nuit) et ça se mérite, parce qu’il n’y aura que huit montres réalisées dans cette série Twofold…

H. MOSER & CIE. : Noir, c’est noir (et même plus encore)…

Le Vantablack (appelation protégée), c’est aujourd’hui la matière la plus noire qu’on puisse produire : c’est in matériau créé à partir de nanotubes de carbone (10 000 fois plus qu’un cheveu) qui sont capables d’absorber 99,9 % de la lumière qu’ils reçoivent. L’œil perçoit cette absence quasi-totale de lumière comme une sorte de gouffre visuel insondable, comme un « trou noir » ou comme une sublimation plus-que-parfaite du concept d’obscurité intégrale – avec, en plus, une intéressante note d’hyper-discrétion minimaliste. L’exercice était tentant pour un cadran horloger, mais délicat à réaliser, les nanotubes de carbone étant particulièrement difficiles à structurer s’il s’agir de conserver tout leur potentiel d’absorption des ondes lumineuses. La jeune marque indépendante suisse H. Moser & Cie, volontiers portée sur le non-conformisme, a décidé de prendre ce risque avec sa Venturer, en ne faisant qu’une discrète concession à la tradition horlogère : les aiguilles sont comme estompées, alors qu’on aurait pu les « effacer » en les vantablackisant – la lecture de l’heure aurait été plus problématique ! Deux tailles (39 mm et 43 mm) pour cette Venturer, qui peut parfaitement se passer d’index et de logo tellement elle porte, avec une puissance furtive, l’identité des créations d’une marque qui sait ne réserver que le meilleur aux initiés…

CHANEL : Clair, c’est clair…

Considérée comme une des premières « icônes » du XXIe siècle horloger, la J12 de Chanel s’est habillée de noir, de blanc, de titane, d’acier et même de pierres précieuses. La voici à présent dans le plus simple appareil, en version X-Ray : le boîtier est réalisé dans un verre saphir tout en transparence, qui affiche très clairement son intention de capter la lumière sans l’arrêter. Même les structures du mouvement sont taillées dans ce verre saphir, qui ne révèle, comme une radiographie, que les rouages de la montre. Chanel oblige, les index des heures sont des diamants qui piègent la lumière pour mieux la faire scintiller, la lunette qui encercle le cadran étant elle aussi pavée de diamants baguette. Comme on ne saurait imaginer Chanel faisant les choses à moitié, le bracelet lui-même a été sculpté dans des blocs de verre saphir : ces maillons aussi transparents que le boîtier sont une « première » dans l’histoire de l’horlogerie. Ces jeux de lumière sont le meilleur hommage que Chanel pouvait rendre à la magie des couleurs…

HEROÏCA TEMPUS : Lui, c’est lui…

Joli nom pour une nouvelle collection de montres, lancée par l’atelier genevois Golay Spierer autour du concept de « pièces uniques » signées de la main de personnalités célèbres. Jolie promesse, qu’on tient dès la première montre de cette série : le cadran porte le paraphe [historique et authentifié] de l’empereur Napoléon Ier : il s’agit de la signature originale de l’empereur, le document autographe étant joint à la montre. Une couronne de laurier est gravée sur la « lunette » de la montre (46 mm) et une abeille impériale (celles du sacre) stylisée sur le cadran. Au dos de la montre, enchâssé dans le fonds du boîtier, un « napoléon » d’or frappé en 1807, année de la rédaction de la lettre manuscrite de l’empereur. Le mouvement provient d’une prestigieuse manufacture suisse de haute horlogerie. Les pièces suivantes de cette collection Heroïca Tempus devraient honorer d’autres personnalités historiques, des hommes comme des femmes, mais l’atelier Golay Spierer est ouvert aux propositions de ceux qui voudraient ainsi encapsuler dans une montre la mémoire particulière d’un de leurs ancêtres ou d’un de leurs proches. Le vrai luxe, c’est l’exclusivité !

BON À SAVOIR : En vrac, en bref et en toute liberté…

Alors que pratiquement toutes les manufactures de montres sont à l’arrêt ou tournent au ralenti, la générosité de l’horlogerie suisse ne se dément pas. On vient de voir la maison Bvlgari reconvertir un de ses ateliers italiens dans la production de gel hydroalcoolique pour offrir des dizaines de milliers de flacons aux hôpitaux du canton de Neuchâtel. Pierre Salanitro, le plus important sertisseur horloger de l’industrie suisse, vient d’offrir 100 000 masques, achetés par ses soins, aux hôpitaux de Genève. Le fabricant de bracelets franco-suisse SIS vient de distribuer tout son stock d’équipements de protection (masques, gants, blouses, lunettes, charlottes, etc.) aux hôpitaux franc-comtois. D’autres ont donné de l’argent, prélevé sur leurs opérations commerciales. On espère à présent que les milliers de robots d’usinage du parc machines des marques suisses – aujourd’hui inutilisées – seront rapidement réaffectées à la production de pièces, de composants et d’éléments utiles à la réalisation de respirateurs pour les salles de réanimation (la Suisse en est déjà un des premiers fabricants en Europe). En pleine pandémie, alors que les ventes de montres sont au point mort, le temps des horlogers, c’est aussi le temps de la solidarité…


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