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CORONAFICTION (accès libre)
Que se passerait-il si un des employés de Rolex avait passé son week-end à Milan ?

Trois heures et demi de train pour le trajet entre Genève et la capitale lombarde, qui reste une destination très agréable pour un week-end pas trop loin de la Suisse. Il n’y a pratiquement aucun contrôle aux frontières. Imaginons maintenant qu’un employé de Rolex revienne contaminé sans le savoir de Milan…


L’hypothèse est tout sauf improbable, puisque le premier cas de coronavirus identifié à Genève est celui d’un informaticien qui revenait, justement, de la Fashion Week milanaise. S’il avait travaillé chez Rolex et s’il avait banalement travaillé plusieurs jours avant de s’inquiéter de sa contamination, c’est tout un atelier, voire plusieurs, tout un étage de bureaux, ou plusieurs, une ou deux cantines, sinon toute une usine qu’il aurait fallu décontaminer, en confinant dans une quarantaine obligatoire à domicile des dizaines ou même des centaines de personnes. S’il se produisait plusieurs cas de ce type dans les différents sites genevois de la marque à la couronne [un effet de la fameuse « chaîne de contamination »], c’est toute la production de la maison qui se trouverait affectée pour plusieurs semaines, alors que les machines continuent à tourner à plein régime sans pouvoir assouvir la demande. Il en serait de même pour différentes autres marques horlogères du bassin genevois : on pense ici à Patek Philippe, à Vacheron Constantin, à Chopard, au domaine Watchland de Franck Muller à Genthod ou au campus Richemont de Meyrin, qui sont autant d’« incubateurs » potentiels pour les milliers de personnes qui y travaillent…

L’horlogerie genevoise en panne, sans qu’on puisse accuser les ateliers chinois de la mettre à l’arrêt, avec le risque de renvoyer chez eux, en quarantaine forcée, des dizaines de milliers de frontaliers français potentiellement contaminés : quelle fantastique leçon de fragilité pour une horlogerie qui a colonisé tous les faubourgs de Genève et qui est si fière de ses sièges sociaux pharaoniques ! Il suffit d’un « patient zéro » pour gripper – c’est un jeu de mot atroce – les plus belles mécaniques horlogères. Tout comme il aura suffi d’un microscopique « cygne noir » coronaviral, imprévisible et inattendu, pour démantibuler sans pitié le nouvel ordre globalisé de la florissante industrie des montres. Laquelle mettra de longs mois, sinon des années, à se remettre de cette déstabilisation bien plus existentielle que conjoncturelle.

Si vous voyez le fanion nautique « Lima » (celui du L, jaune et noir) flotter sur le toit d’une manufacture horlogère, ne restez pas sous le vent : c’est le pavillon de quarantaine, qui signale traditionnellement une grave maladie contagieuse à bord (en haut de la page). Défense de rire : ça fait tousser et, par les temps qui courent, ça vous rend suspect…


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