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IN MEMORIAM (accès libre)
Saluons la mémoire de Thomas Mercier, un des génies en herbe de l’horlogerie contemporaine

Trente ans n’est pas un âge pour mourir. Thomas Mercier vient d’être sauvagement assassiné à Besançon. Il était un des espoirs des recherches horlogères contemporaines et un des pionniers des échappements mécaniques de nouvelle génération. Sa disparition dégarnit le créneau où veillent ceux qui travaillent à réenchanter l’avenir des montres.


C’est toujours la gorge serrée et avec une plume paralysée par l’émotion qu’on rend compte de la disparition d’un jeune talent horloger comme Thomas Mercier. Nos pensées vont évidemment à sa famille et à ses parents. Diplômé de la prestigieuse École des Mines et passé par l’École normale supérieure pour approfondir la physique théorique, Thomas Mercier était également musicien : comme tous les surdoués, il savait tout faire parce qu’il semblait apprendre comme d’autres respirent. On ne lui connaissait que des qualités : il était gentil, serviable, bon camarade, ouvert et bien élevé – c’était un enfant de la méritocratie française et de notre modèle traditionnel de vie en société. Stimulé par ses parents tous deux professeurs, ce gros travailleur avait accumulé tous les diplômes et on le sentait voué à une certaine renommée dans son domaine. Il savait faire aimer la science, il savait la partager et il savait la faire évoluer. En deux mots, c'était ce qu'on appelle un type bien, comme la France sait de moins en moins en produire…

La communauté horlogère avait découvert son existence en 2017, lors de la présentation de l’échappement révolutionnaire choisi par Zenith pour sa Defy Lab : Thomas Mercier faisait alors partie de l’équipe recrutée chez TAG Heuer par Guy Sémon en 2015 pour faire basculer la mécanique horlogère dans le XXIe siècle. On avait alors compris que ce Thomas Mercier, qui avait travaillé avec l’université de Delft (Pays-Bas), avec Harvard (États-Unis) ou au Nouveau-Mexique américain, était promis à un grand avenir. Depuis cette entrée fracassante dans l’actualité horlogère [le message n’était pas forcément facile à assimiler : Business Montres du 14 septembre 2017], on avait compris qu’il allait nous falloir compter avec un talent comme le sien. Sans lui, la Zenith Defy Lab n’aurait jamais vu le jour…

Hélas, les dieux de l’horlogerie regardent parfois ailleurs que là où ils devraient et, depuis, TAG Heuer et Zenith ont réorienté leur stratégie : Thomas Mercier avait donc quitté TAG Heuer et ce qui restait de l’ex-laboratoire de Guy Sémon en avril dernier et il s’était installé en Franche-Comté pour se rapprocher du cluster bisontin qui s’articule autour de l’université de Besançon et de ses chercheurs. C’est à Besançon qu’il a trouvé son destin, le mauvais jour et au mauvais moment, pour avoir croisé la route de la mauvaise personne, une sorte de délinquant totalement halluciné, multirécidiviste [18 mentions sur son casier judiciaire] et libéré d’une prison d’où il n’aurait jamais dû sortir si tôt alors qu’il avait été condamné à sept ans ferme – honte à ceux qui l’ont remis en liberté : est-ce un hasard si ce délinquant a immédiatement demandé l’aide d’un certain Dupont-Moretti [l’actuel ministre français de la Justice] ? Un assassinat sauvage, gratuit, perpétré au hasard avec une paire de ciseaux par un individu aux propos incohérents. Un vrai massacre barbare, sans le moindre mobile, au hasard d’une rencontre, par un vrai dingue [sans antécédents psychiatriques] qui avait son âge et qui a reconnu les faits après avoir été interpellé par la police…

Trente ans n’est pas un âge pour mourir, surtout pour des jeunes talents aussi exceptionnels que Thomas Mercier, qui avait encore tant à découvrir et à nous faire découvrir sur les échappements de nouvelle génération. Certaines pertes sont irréparables quand elles conduisent à obscurcir la connaissance, alors que tant de ceux qui restent contribuent déjà à l’assombrir par leur médiocrité. Ayons une dernière pensée pour sa famille et pour ses amis et souhaitons qu’une équipe horlogère reprenne un jour ses recherches pour redéfinir l’avenir de l’horlogerie mécanique (ci-dessous : l'oscillateur de la Defy Lab). Comme on aimerait qu’un hommage horloger, même en service minimum, lui soit rendu au Locle comme à La Chaux-de-Fonds ! On peut toujours rêver…


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