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SECONDE INTERCALAIRE (accès libre) : Comment les médias nous racontent n'importe quoi à propos de cette seconde qui va rallonger 2015...

Ce n'est pas à minuit, mardi 30 juin, qu'il faudra ajouter une seconde à nos horloges et à nos montres, mais le lendemain, mercredi 1er juillet, à deux heures du matin. Deux heures d'avance pour une seconde de plus : la notion d'heure universelle devient compliquée à suivre. Serait-il temps d'en changer ?   (Le Temps, Suisse : 27 juin 2015) ▶▶▶31 536 001 SECONDES EN 2015C'est …


Ce n'est pas à minuit, mardi 30 juin, qu'il faudra ajouter une seconde à nos horloges et à nos montres, mais le lendemain, mercredi 1er juillet, à deux heures du matin. Deux heures d'avance pour une seconde de plus : la notion d'heure universelle devient compliquée à suivre. Serait-il temps d'en changer ?

 
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(Le Temps, Suisse : 27 juin 2015)
 
31 536 001 SECONDES EN 2015
C'est pour quand,
la seconde qui compte double ?
 
◉◉ UNE SEULE SOURCE PROBANTE POUR LE TEMPS UNIVERSEL : l'Observatoire de Paris, seule autorité inernationale compétente pour indiquer l'heure UTC (Universal Time Coordinated), référence unique sur cette planète – et même au-delà, puisque les engins spatiaux terrestres fonctionnent en heure UTC, même sur la planète Mars ou hors du système solaire. À propos de la « seconde intercalaire » de 2015, sur laquelle nous attirions l'attention dès le début de l'année (Business Montres du 7 janvier et, plus récemment, Business Montres du 12 juin), que nous dit l'Observatoire de Paris ? « Ajout d’une seconde intercalaire dans la nuit du 30 juin au 1er juillet 2015 : le 1er juillet 2015, à 2 heures du matin en France, il faudra retarder les montres d’une petite seconde. Très exceptionnellement, la minute entre 1h 59 minutes et 2 heures durera une seconde de plus que la normale, soit 61 secondes au lieu de 60. Cette seconde supplémentaire, ou intercalaire comme on la désigne, permet de raccorder le temps “astronomique“ irrégulier lié à la rotation de la Terre, avec l’échelle de temps légal extrêmement stable défini depuis 1967 par des horloges atomiques . Dans l’échelle de temps internationale UTC, cette seconde interviendra le 30 juin 2015 juste avant minuit. »
 
(Communiqué officiel de l'Observatoire de Paris)
(Communiqué officiel de l'Observatoire de Paris)
 
◉◉ CHERCHEZ L'ERREUR ! Minuit ou deux heures du matin ? Mardi 30 juin ou mercredi 1er juillet ? C'est là qu'il faut faire la différence – comme le communiqué officiel de l'Observatoire de Paris – entre l'heure légale UTC et l'heure civile de nos montres. C'est aussi là qu'on comprend à quel point cette question de l'heure universelle est loin d'être réglée. Pour ce qui est est de la seconde intercalaire elle-même, son addition théorique aura bien lieu à minuit, mais son addition pratique n'aura lieu en France qu'à deux heures du matin, séquence horaire supposée moins « génante » pour tout changement planétaire. On va donc vivre une intéressante parenthèse de seconde flottante entre minuit et deux heures du matin, dans cette nuit du 30 juin au 1er juillet : tous les dispositifs horaires français, satellites GPS compris, auront une seconde légale de retard pendant deux heures. Ce qui est à la fois ridicule et grave pour certaines activités qui se jouent à la milliseconde : les avocats trancheront ! Reste à savoir si les réseaux informatiques supporteront sans bug majeur cette seconde intercalaire, qui est la vingt-sixième ajoutée depuis l'instauration de l'heure UTC, en 1972. Lors de la dernière opération de ce genre, en 2012, tout s'était bien passé ( à quelques détails près chez Google, Linkedin ou la compagnie d'aviation australienne Quantas), mais la complexification croissante des réseaux fait redouter quelques incidents...
 
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(Huffington Post)
 
◉◉ POURQUOI DE TELLES EMBROUILLES ? D'abord pour des raisons logistiques : si l'heure UTC est officiellement établie par l'Observatoire de Paris (Laboratoire national de métrologie et d’essais LNE-SYRTE) chargé de réaliser les références nationales de temps et en charge d’appliquer la seconde intercalaire), cette heure UTC est, d'une part, décidée par des instances internationales comme l'Union internationale des communications (UIT de Genève), et, d'autre part, « créée » par Paris, mais le Service de la rotation de la Terre du Service international de la rotation de la Terre et des systèmes de référence (IERS), implanté à l’Observatoire de Paris au sein du département SYRTE et chargé de mesurer les variations de l’orientation de la Terre, avec la responsabilité de prédire et d'annoncer ces secondes intercalaires (temps UT1 pour temps de rotation de la Terre). On touche du doigt la délicieuse complexité bureaucratique de la France quand on ajoute à ce tableau, déjà pas très simple à décrypter, l'entrée en jeu du BIPM (Bureau international des poids et mesures), qui calcule le temps atomique international (10-16 d'une précision, scientiquement rebaptisée incertitude) sur la base d'un réseau de 400 horloges atomiques réparties à travers le monde, dont 25 en France. Pour résumer en se trompant sans doute sur quelques détails, l'heure UTC – seule échelle légale de temps international – est la fusion du temps atomique du BIPM et du temps UT1 du SIRT sous l'oeil du SYRTE : compris ?
 
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◉◉ PRÉCISION PAS GENTILLE, MAIS UTILE : depuis 1972, cette joyeuse bureaucratie horaire n'a pas été capabme d'établir, pour la France, une « heure légale » digne de ce nom et fixée par décret (révélation Business Montres du 1er février 2015 : « La France donne l'heure à la Terre entière, mais elle a égaré son heure légale ! » Ce qui fait désordre, mais tout le monde survit sans cette « heure légale » fantomatique. C'est peut-être cette absence d'heure légale qui fait que les Français auront pendant deux heures le bénéfice d'une seconde flottante de décalage entre l'heure de la planète et l'heure de la République...
 
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◉◉ SE GREFFENT SUR CES MENUES SUBTILITÉS ADMINISTRATIVES d'autres considérations géopolitiques. L'heure universelle – qu'on vient de voir décidée par Genève, établie à Paris et créée dans le monde – est diffusée par Londres, pour respecter les prérogatives historiques et culturelles de l'Observatoire royal de Greenwich (ex-heure GMT). Cette heure UTC ne serait-elle pas trop « européenne » aux yeux des Américains ? Sans doute est-elle devenue un enjeu géopolitique : «Toujours à l'avant-garde de notre confort technologique, les Américains veulent supprimer cette seconde additionnelle, en coupant tout lien entre l'heure apparente (celle de la rotation de la Terre) et l'heure réelle (celle des atomes de césium qui rythment l'heure atomique). Les Britanniques s'y opposent en considérant que le « temps civil » relie utilement l'homme au cosmos : ils se méfient d'un temps « hors sol » qui démoderait définitivement leur heure GMT. Il se peut que 2015 soit l'année d'une décision internationale au sujet de cette seconde vagabonde, qui risque cette année d'entraîner de sérieux flottements sur Internet, sinon dans les GPS qui n'auraient pas été révisés pour se caler sur cet ajout », écrivions-nous en début d'année (Business Montres du 7 janvier). Les Américains, qui contrôlent déjà le réseau GPS et les géants du numérique, veulent de toute évidence reprendre la main sur cette « heure européenne » qui leur échappe : l'argument d'un temps purement technologie mesuré sans référence au ralentissement de la Terre est accessoire. La date de l'introduction de cette seconde intercalaire restant aléatoire [puisque liée aux convulsions imprévisibles de la planète], cet élément d'incertitude – on ajoute une seconde en moyenne tous les trois ou quatre ans – déplaît aux programmateurs des grands réseaux numériques et aux gestionnaires des grands systèmes informatiques. Lors de la prochaine réunion de l'UIT (Union internationale des télécommunications), à Genève, en novembre 2015, deux conceptions du temps s'affronteront autour du maintien ou de la suppression des secondes intercalaires : celle d'un temps plus « naturel », plus « chaud » (capable de relier les hommes à leur biotope planétaire), et celle d'un temps plus « scientifique », plus « froid » (fondée sur des états atomiques de la matière). Les hommes contre les robots atomiques : John Connor contre Terminator (ci-dessus) ? Philosophie contre épistémologie : ça promet...
 
◉◉ EN ATTENDANT, LE SUJET EST ASSEZ COMPLEXE pour qu'on arrête d'en rajouter dans les âneries médiatiques au sujet de cette trente-et-une millionième et cinq cent trente six mille-et-unième seconde de 2015 (31 536 001 pour faire simple). Une seconde de plus dans la vie, c'est toujours bon à prendre...
 
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