REPÉRAGES #280-2024 (accès libre)
Sept montres plus mécaniques, plus sportives et plus originales les unes que les autres (en prime : nos sept commentaires)
En toute transparence, ces nouveautés sont racontées ici du strict point de vue des marques. Elles sont expliquées dans la jamais trop fleurie « langue de boîte » – cette langue de bois des « boîtes » d’horlogerie, celle de nos « amies les marques » ! Dans tous les styles et à tous les prix, venues de Suisse ou d’ailleurs, au masculin comme au féminin, que va-t-on découvrir dans les vitrines ? Quand on aime, on ne compte pas ! Voici donc le 280e épisode de notre panorama des montres de l’année 2024, avec nos commentaires critiques sur sept montres de sept marques : B.R.M. Chronographes, Franck Muller, H. Moser & Cie., Jaeger-LeCoultre, Louis Érard x Vianney Halter, Pierre Lannier et Rado…
Cette chronique vise à vous tenir au courant des nouveautés qui affluent dans les vitrines horlogères : c’est, à ce jour, la plus complète des recensions que proposent les médias spécialisés, avec un peu plus de 2 000 pièces présentées chaque année. Soit, en moyenne, à peu près cinq nouveautés proposées par jour du calendrier : c’est exceptionnel – et même unique dans le paysage horloger ! Ces nouvelles montres sont commentées une par une : nous ajoutons à ces présentations des notations personnelles critiques, forcément subjectives et généralement pas complaisantes, mais toujours sincères, en bref, en vrac et toujours en toute liberté. Dans le formidable tsunami des nouveautés horlogères, cette sélection est déjà, en soi, une élimination du pire ou de l’insignifiant : il ne faut donc pas s’étonner que le meilleur y soit commenté plutôt positivement. Tout le monde l’aura compris : les absents ont toujours tort !
B.R.M. CHRONOGRAPHES nouvelle collection Honda Racing Corporation
Imaginez un univers où l’innovation et l’esprit racing d’une manufacture horlogère française se mêlent harmonieusement à la puissance brute et à l’ingénierie de pointe des véhicules de course japonais. C’est dans cet univers de rêves et de défis que B.R.M Chronographes et Honda Racing Corporation (HRC) trouvent leur convergence avec la commercialisation d’une nouvelle collection de montres aux couleurs de la branche racing du groupe japonais, Honda Racing Corporation. B.R.M Chronographes, labellisée entreprise du patrimoine vivant, incarne un savoir-faire artisanal. Chaque montre est le résultat d’une passion incontestable pour l’horlogerie et l’automobile où l’attention aux détails et la quête de perfection sont les maîtres mots. De l’autre côté, Honda Racing Corporation représente l’esprit indomptable de la compétition. La quête incessante de vitesse, de performance et d’innovation a forgé des légendes sur les circuits du monde entier. La commercialisation de cette collection exclusive marque une nouvelle étape dans l’engagement de B.R.M Chronographes à repousser les limites de la créativité et de la performance, tout en honorant le riche héritage des sports mécaniques. Quatre modèles de montres sont spécialement conçus pour les amateurs de motos, tandis qu’une autre série de quatre montres sera dédiée aux passionnés d’automobiles de la division Honda Racing Corporation. Chaque montre, est dotée d’un boîtier en inox 316 L, un matériau tout aussi essentiel dans l’univers des sports mécaniques puisqu’il contribue à la performance, la sécurité et l’apparence esthétique des véhicules. Il existe deux finitions de boîtier, un boîtier recouvert d’un traîtement en céramique blanche et un boîtier à damiers incarnant l’esprit racing. La manufacture française commercialisera uniquement des modèles 3 aiguilles avec un mouvement automatique apparent et squeletté à la main. Au-delà de la beauté mécanique du mouvement, ce travail de précision fait de chaque création une pièce unique. Un trait de similitude que l’on retrouve au cœur de la division Honda Racing Corporation puisque l’ingénierie de précision garantit les performances et la maniabilité des véhicules sur la piste. Sur le cadran, l’emblématique décalque numéro 12 de l’horloger laisse sa place au logo Honda Racing Corporation. Les détails visuels ne s’arrêtent pas là puisque la couronne est dotée d’une gravure qui reprend le logo de la division moto ou automobile Honda Racing Corporation. Ensuite, 2 modèles de montres sont équipées de trois ressorts connus sous le nom de «Shock Absorbers» (SA), une technologie novatrice développée par la manufacture française et conçue pour protéger le mouvement des chocs et des vibrations même dans les conditions les plus extrêmes. Enfin, l’ensemble de la collection de montres se distingue par les couleurs légendaires du logo Honda Racing Corporation, le bleu et le rouge.
UN COMMENTAIRE ? Aucune marque ne pouvait être plus légitime que B.R.M. Chronographes pour une « collab » avec Honda Racing Corp., qui va trouver là des montres à la hauteur de son univers mécanique (comptez dans les 7 130 euros pour ces diverses références, toutes plus saturées les unes que les autres de codes automobiles). B.R.M. Chronographes s’impose plus que jamais comme « LA » marque automotive par excellence…
H. MOSER & CIE. Pioneer Retrograde Seconds
Avec le modèle Pioneer Retrograde Seconds, H. Moser & Cie. poursuit sa quête d'innovation en proposant une complication ludique et visuelle, parfaitement intégrée à un design sportif et sophistiqué. Cette création s’inscrit dans la volonté d’offrir une complication surprenante et attractive, tout en restant fidèle à l'esprit pionnier de la maison. La Pioneer Retrograde Seconds vit au rythme du mécanisme des 30 secondes rétrogrades qui l’anime, une complication fascinante positionnée à 6 heures sur le cadran. Toutes les 30 secondes, l’aiguille effectue un retour éclair à sa position de départ, apportant ainsi un dynamisme unique et captivant. Avec son design inspiré des instruments de mesure et des compteurs de vitesse, cette complication rétrograde se marie à merveille avec l’esthétique sportive de la collection Pioneer, étanche à 120 mètres. H. Moser & Cie. reste fidèle à sa philosophie minimaliste en appliquant son logo en laque transparente sur le cadran Midnight Blue fumé, comme une signature secrète. Cette approche discrète met toute la lumière sur l’essence de la complication : le mécanisme rétrograde, affiché sur le cadran pour pouvoir en admirer le fonctionnement, grâce à la came en escargot double qui permet à l’aiguille des secondes d’effectuer son parcours en 30 secondes.
L’ingéniosité du modèle Pioneer Retrograde Seconds réside dans la transparence de son mécanisme, conçu pour être à la fois technique et ludique. Le limaçon, en contact permanent avec le secteur ou doigt, libère à la fin de chaque cycle l’énergie accumulée et stockée par un ressort spiral situé sous l’axe de l’aiguille des secondes, avec un porte-piton monté sur la platine. Quant au râteau, également visible sous le pont de la seconde rétrograde, il positionne précisément l’aiguille sur son chemin et libère l’énergie accumulée d’un seul coup, tout en maintenant le mécanisme sous contrôle. L'esthétique du pont squeletté aux moulures argentées de la seconde rétrograde rappelle le pont dutourbillon emblématique de H. Moser & Cie. Un disque bicolore, situé sous le limaçon, indique si l'on se trouve dans les premières ou les deuxièmes 30 secondes du cycle, ajoutant ainsi une touche supplémentaire de dynamisme et de plaisir visuel à l'ensemble. Au cœur de la Pioneer Retrograde Seconds vibre le mouvement à remontage automatique HMC 250. Basé sur le calibre de base HMC 201 développé par H. Moser & Cie., il est couplé à un module conçu par son partenaire Agenhor SA, qui a fait des mécanismes rétrogrades l’une de ses spécialités. Une combinaison ingénieuse pour un modèle assurément pertinent et efficace, qui se distingue par son caractère spectaculaire. Il incarne la volonté de H. Moser & Cie. de mettre en lumière une complication horlogère innovante, tout en conservant l’élégance et le minimalisme caractéristiques de la marque. Une montre destinée aux amateurs éclairés, en quête d'une pièce de caractère, pleine d’innovation et de raffinement. H. Moser & Cie. : de la haute horlogerie décalée pour les initiés.
UN COMMENTAIRE ? En pleine possession de ses moyens et consciente de son immense potentiel à l’heure où les grandes marques fatiguent et patinent dans leur grande misère créative, l’équipe de H. Moser & Cie joue en s’amusant beaucoup avec les codes de l’horlogerie mécanique, sans pour autant dissiper son identité (comptez dans les 20 000 euros pour cette montre automatique en acier de 42,8 mm, qui a la politesse de proposer trois jours de réserve de marche et d’être étanche à 120 m).
RADO Anatom (bracelet céramique)
La marche du progrès ne s’arrête jamais. Modifications et améliorations continues, tels sont les maîtres-mots des concepteurs de montres visionnaires de Rado. Pour la Rado Anatom, cinq nouvelles éditions symbolisent l’atteinte d’une harmonie ergonomique à l’état pur – une symbiose progressive où design et matériaux s’unissent pour épouser à la perfection les contours naturels du poignet. Les nouveaux modèles font suite au relancement couronné de succès de la Rado Anatom en 2023, qui a vu la montre renaître avec une lunette en céramique haute technologie noire mate et un bracelet en caoutchouc texturé. Quarante ans après l’introduction de l’originale, la version actualisée a captivé l’imagination des amateurs de montres des quatre coins du monde en tant que nouveau chapitre dans l’histoire du style. Les dernières éditions poussent le concept encore plus loin avec leur bracelet composé de maillons en céramique haute technologie polie assortie à la lunette. Cette amélioration soignée apporte un supplément de sensorialité à un design déjà sensuel. Avec sa céramique haute technologie, qui est non seulement légère et lisse mais s’adapte aussirapidement à la température corporelle, la Rado Anatom est incroyablement confortable, comme une seconde peau. Tel a toujours été l’objectif ultime de cette montre, comme son nom le suggère.Symbole de futurisme engagé lors de son lancement en 1983, la Rado Anatom a été sans aucun doute une montre révolutionnaire à son époque. Les éditions actuelles sont des descendantes reconnaissables de l’originale – elles adoptent une forme générale et une esthétique minimaliste similaires, et partagent des détails de design comme les lignes horizontales sur le cadran et le bracelet. N’oublions pas que Rado a développé la technique pour façonner le verre saphir de la première Anatom, un procédé toujours largement utilisé dans l’industrie horlogère. Mais, à l’instar du modèle de 2023, ces nouvelles éditions sont plus imposantes que l’originale, avec un boîtier de 32,5 mm. La forme plus sculptée arbore des bords biseautés au niveau du verre saphir cylindrique, de la lunette et des maillons de bracelet. Le boîtier s’effile jusqu’au bracelet puis continue de s’affiner jusqu’à atteindre 20 mm de largeur. Ces touches étudiées créent une merveilleuse sensation au toucher, ce qui contribue largement au plaisir de porter une Rado Anatom. À l’intérieur, le mouvement à quartz d’origine a été remplacé par un mouvement mécanique automatique – le calibre Rado R766 offrant une réserve de marche de 72 heures, un spiral amagnétique en Nivachron et un guichet de date à 6 heures.
Ces nouvelles éditions représentent une série de charmantes contradictions : un confort incroyable dans une esthétique audacieuse et élégante qui sait se démarquer. Des courbes organiques sans inflexions brusques, donnant une forme carrée. La légèreté suprême des composants en céramique haute technologie, juxtaposée à la durabilité surprenante du matériau. Tous ces éléments font de la Rado Anatom une icône de modernité du XXIe siècle, une expression de l’élégance qui peut être obtenue par un travail constant – probablement une métaphore du chemin de vie ou de la quête d’amélioration du porteur. Regardons de plus près ces cinq montres. Les deux premières sont dotées d’une lunette et d’un bracelet en céramique haute technologie noire polie, d’une couronne en céramique noire et d’un cadran laqué noir décoré de lignes horizontales espacées de manière irrégulière. Le choix se porte ensuite sur des finitions couleur acier ou or jaune au niveau des aiguilles, des index, du symbole de l’ancre mobile Rado et des maillons de jonction du bracelet. Enfin, la dernière version présente une lunette, un bracelet et une couronne en céramique haute technologie plasma polie, associés à un cadran laqué gris et agrémentés de sublimes finitions couleur or rose. Les trois montres dégagent un sentiment d’assurance dans un style contemporain. Les diamants apportent un panache supplémentaire aux deux variantes Rado Jubilé dotées d’une lunette et d’un bracelet en céramique haute technologie noire polie, d’une couronne en céramique noire et d’uncadran laqué noir. La première présente sans doute le cadran le plus minimaliste de cette nouvelle ligne avec trois diamants en guise d’index placés à 12 h, 3 h et 9 h. Les aiguilles couleur rhodium contrastent avec ce garde-temps entièrement noir – un design qui rappelle les étoiles scintillantes dans la clarté de la nuit. Pour la seconde, le cadran est également incrusté de trois diamants en guise d’index cette foisaccompagnés d’index imprimés en noir mat pour le reste du cadran. Au niveau du boîtier, les extrémités en acier inoxydable poli scintillent avec leurs 38 diamants, tandis que 124 autres diamants ornent les quatre premiers maillons de jonction du bracelet. Ces pierres précieuses apportent à la montre un scintillement incomparable et fascinant.
UN COMMENTAIRE ? Rado, c’est une niche dans la petite niche des montres design. Anatom, c’est une niche encore plus étroite à l’intérieur de cette niche, uniquement pour les amateurs de design encore plus exigeants. Il faut compter dans les 3 750 euros pour entrer dans cette niche, qui tient un peu de la secte en ne réservant le secret de ses plaisirs esthétiques qu’à une catégorie très sélective et très exclusive de ses initiés…
PIERRE LANNIER Copilote (réf. 231J439)
Vibrez au rythme de la performance avec la Copilote 231J439 fabriquée en France ! Avec son design inspiré des cockpits de nuit, son cadran noir à double finition et ses aiguilles bicolores orange et gris, cette montre est le choix ultime pour les amateurs de sensations fortes. Le boîtier en tonneau souligne la puissance de cette montre, tandis que la lunette à vis lui confère une allure sportive. Le cadran noir à double finition, combinant un centre rayé et un rehaut mat, évoque l’ambiance d’un cockpit de nuit, parfait pour ceux qui recherchent un look puissant et technologique. Les aiguilles et index bicolores, orange et gris, ajoutent une touche de dynamisme à ce modèle, tout en assurant une parfaite lisibilité en toutes circonstances. Le bracelet en acier noir brillant et mat de 24 mm, solide et confortable, accompagne vos mouvements avec souplesse. Étanche à 50 mètres, et avec une garantie de deux ans, la montre Copilote 231J439 se distingue comme la plus sportive de la gamme, prête à relever tous les défis. Ce modèle vous sera livré dans son écrin, prêt à vous suivre au quotidien comme dans vos aventures les plus intenses.
UN COMMENTAIRE ? « L’esprit de la course au poignet » : on a connu plus original comme proclamation horlogère, mais comment en vouloir à Pierre Lannier, qui fait l’effort de nous proposer à 249 euros un montre sportive aux allures de chronographe sans prétendre en être un (mouvement électronique) ?
LOUIS ÉRARD x Vianney Halter « Le Régulateur Louis Érard x Vianney Halter »
Louis Érard et l'horloger visionnaire indépendant Vianney Halter dévoilent Le Régulateur Louis Érard x Vianney Halter, une création unique en son genre qui associe le design avant-gardiste de Halter à l'expertise de Louis Érard. Ce garde-temps extraordinaire, doté d'un mouvement unique et complété par des boutons de manchette exclusifs fabriqués par Halter lui-même, a été vendu aux enchères par Phillips lors de la vente aux enchères de montres de « Hong Kong : XIX ». Cette vente aux enchères marque le 11e anniversaire du Lavish Attic et le 1er anniversaire du siège asiatique de Phillips. Le produit de la vente soutiendra les horlogers émergents en Asie par l'intermédiaire de la Fondation Albert Hausammann, qui incarne l'esprit de l'artisanat, de l'innovation et de l'horlogerie indépendante. Cette pièce unique symbolise l'union de deux forces créatrices : le design visionnaire de Vianney Halter et l'expertise de Louis Érard dans la création de garde-temps raffinés et accessibles. Halter, connu pour son esthétique « future past », réimagine la complication Regulator, signature de Louis Érard, avec une touche de modernité, tout en restant fidèle à son style distinctif. Le cadran sculpté, les aiguilles en acier bleui et la couronne crénelée emblématique de Halter rendent hommage à la riche histoire de l'horlogerie, tout en veillant à ce que la pièce reste innovante et résolument moderne dans son design. La montre est animée par un mouvement unique conçu par Vianney Halter lui-même, véritable témoignage de son savoir-faire. En outre, les boutons de manchette exclusifs, également fabriqués par Halter, soulignent encore la nature sur mesure de cette collaboration, ajoutant une touche personnelle au chef-d'œuvre. « Créer avec Vianney est une question d'amitié et de défi aux limites. Cette pièce est une véritable collaboration, mêlant détails complexes et codes indépendants de la Haute Horlogerie - suffisamment audacieuse pour se démarquer tout en étant faite pour être portée tous les jours » (Manuel Emch, CEO de Louis Érard). Le produit de la vente sera reversé à la Fondation Albert Hausammann, une organisation dédiée à la promotion des talents émergents dans le domaine de l'horlogerie. En offrant un soutien financier et des ressources, la fondation joue un rôle essentiel dans le développement de la prochaine génération d'artisans qualifiés, assurant la croissance continue et la durabilité de l'horlogerie indépendante en Asie.
UN COMMENTAIRE ? Adjugée pour un peu plus de 20 000 euros (six fois le prix des régulateurs de la marque), cette pièce unique de 42 mm anticipe le prochain lancement d’une série nettement moins limitée de régulateurs Louis Érard x Vianney Halter qui s’annoncent encore plus désirables, à des prix nettement plus accessibles que cette pièce unique exceptionnelle : tant mieux pour les amateurs, mais il ne faudra pas traîner pour passer commande – il n’y en aura pas pour tout le monde…
JAEGER-LECOULTRE Master Hybris Mechanica Calibre 362 (cadran bleu nuit)
Dix ans après la première Master Hybris Mechanica Calibre 362, Jaeger-LeCoultre dévoile une nouvelle interprétation de cette répétition minutes extra-plate : une édition limitée à cinq pièces associant un cadran soleillé bleu nuit profond à une boîte en or blanc 750/1000.Unanimement saluée aussi bien pour ses avancées techniques que pour son esthétique soignée, la Master Hybris Mechanica Calibre 362 témoigne de l’inventivité et de la maîtrise horlogère de la GrandeMaison. À son lancement, elle faisait partie des montres-bracelets à répétition minutes et tourbillon les plus minces alors en production. Aujourd’hui encore, à 7,8 mm, elle reste la répétition minutes la plusplate de la collection de la Manufacture – un exploit d’autant plus remarquable qu’elle présente un mouvement automatique à grande complication. Malgré ses 566 composants, celui-ci ne mesure en effet que 4,7 mm d’épaisseur. Pour concevoir la Master Hybris Mechanica Calibre 362, Jaeger-LeCoultre s’est appuyé sur son riche héritage dans deux domaines clés : les calibres à sonnerie et la précision. Depuis sa première répétition minutes en 1870, la Grande Maison a développé plus de 200 mouvements différents allant des alarmes relativement simples aux Grandes Sonneries et carillons Westminster les plus complexes. Les horlogers de la Manufacture n’ont eu de cesse de parfaire la qualité de l’acoustique, améliorant non seulement l’efficacité des mécanismes mais aussi la pureté et la beauté des mélodies. Quant à la recherche de la précision, valeur fondamentale de Jaeger-LeCoultre depuis sa création en 1833, son objet est double. D’abord la précision de la production, qui favorise la miniaturisation des composants et donc la fabrication de calibres extra-plats ; ensuite, la précision de la chronométrie, grâce à des recherches et innovations perpétuelles visant à perfectionner l’organe réglant – ce qui inclut notamment l’expérimentation de différents types de tourbillon et formes de spiraux. La longue histoire de la Maison en matière d’horlogerie extra-plate est également animée par sa philosophie, qui consiste à toujours marier la sophistication technique au raffinement esthétique.
La Master Hybris Mechanica Calibre 362 est le fruit de huit brevets distincts – deux antérieurs liés au mécanisme de sonnerie (timbres en cristal (2005) et marteaux à trébuchet (2009)) et six déposés spécifiquement pendant la conception de cette pièce : le balancier volant ; le tourbillon volant à balancier volant ; le spiral en « S » ; la came de remontoir fixe de la répétition minutes ; le bouton-poussoir rétractable de la répétition minutes ; la réduction des silences de la répétition minutes. Pour réduire l’épaisseur du Calibre 362 au maximum, il a fallu repenser entièrement l’organe réglant. Dans cette optique, Jaeger-LeCoultre a développé et breveté une nouvelle forme de tourbillon volant, équipé d’un balancier volant. À son tour, cette structure a exigé le remaniement du spiral : désormais placé au-dessus du balancier, le nouveau spiral breveté en forme de « S » peut être longuement admiré à travers le fond en verre saphir. En plus d’amincir le mouvement, sortir le tourbillon de sa cage a permis d’agrandir le balancier. Ce grand format ajouté à une fréquence de 21 600 alternances par heure (inhabituellement rapide pour un mouvement à tourbillon doté d’un balancier de cette taille) améliore la stabilité et donc la précision de la chronométrie. De plus, le choix d’un tourbillon volant, outre constituer une prouesse technique, apporte un avantage esthétique : sans pont ni cage, ses oscillations libèrent tout leur pouvoir hypnotique. Pour plus de commodité, le Calibre 362 a été conçu avec un remontage automatique. Par conséquent, les horlogers de Jaeger-LeCoultre ont dû modifier le design du rotor, qui se trouve normalement sur le dessus du mouvement et ajoute de l’épaisseur. Leur solution – inédite sur une montre-bracelet à grande complication – a été d’imaginer un rotor périphérique. Déporté sur le pourtour du calibre, il comporte une section en platine 950/1000 qui lui apporte le poids nécessaire à son fonctionnement et repose sur des roulements à billes en céramique qui fluidifient ses déplacements en limitant les frottements. Cette position présente elle aussi un intérêt visuel : le rotor en action peut être observé à travers les fentes pratiquées autour du cadran, tandis que la vue du mouvement à travers le fond saphir transparent est totalement dégagée.
Côté sonnerie, les timbres en cristal et les marteaux à trébuchet rehaussent la beauté de la mélodie. Exploitant les excellentes qualités acoustiques de ce matériau, les timbres sont fixés directement sur le verre de la montre, transformé en résonateur. Et, contrairement à une répétition minutes traditionnelle, la construction articulée des marteaux permet de limiter considérablement la perte d’énergie afin de maximiser la puissance de la frappe. À tous ces éléments, les horlogers ont encore ajouté une nouvelle invention : un système de réduction des silences. Intégré au mécanisme de frappe, il atténue la longue pause – typique sur les répétitions minutes classiques – entre la mélodie des heures et celle des minutes lorsqu’il n’y a pas de quart d’heure à sonner. Sur la Master Hybris Mechanica Calibre 362, les deux s’enchaînent plus rapidement. Enfin, pour affiner l’esthétique de la montre, les ingénieurs de Jaeger-LeCoultre ont conçu et breveté un nouveau dispositif de commande de la répétition minutes, composé d’un discret bouton de déverrouillage situé à 8 heures sur le flanc de la boîte et d’un poussoir rétractable à 10 heures. Lorsque le premier est actionné, le second émerge de la carrure ; lorsque ce dernier est enfoncé, la sonnerie est activée. Le poussoir reste engagé jusqu’à ce qu’il soit de nouveau déclenché, préservant ainsi l’épure de la boîte ronde. Ce système influe également sur les performances de la montre car il améliore sa résistance à la pénétration de l’eau, point faible de la grande majorité des répétitions minutes. Ainsi, la Master Hybris Mechanica Calibre 362 est étanche jusqu’à 3 bars. Avec 41 mm de diamètre pour seulement 7,8 mm d’épaisseur, la boîte de la Master Hybris Mechanica Calibre 362 évoque l’élégance des créations Jaeger-LeCoultre du début du XXe siècle, en particulier la montre de poche Couteau de 1907. La lunette, la carrure et les cornes effilées en or blanc poli à la main, choisi par la Manufacture pour ses qualités acoustiques supérieures, offrent sur cette nouvelle interprétation un contraste spectaculaire avec le cadran bleu nuit soleillé. Sur cette toile de fond à la nuance intense, la sobriété des indications rend un hommage tout en subtilité aux pièces historiques de la Maison : aiguilles Dauphine allongées, simples bâtons pour les heures et points blancs pour les minutes. Les finitions de Haute Horlogerie abondent, comme les Côtes de Genève sur certains ponts et l’anglage à la main. Les angles internes très nets témoignent du savoir-faire et du souci du détail des artisans de l’atelier des Métiers Rares, à l’instar des sections délicatement colimaçonnées de la masse oscillante périphérique, visibles sur les flancs de la boîte. Héritière de huit brevets, dont six déposés pour son développement, la Master Hybris Mechanica Calibre 362 illustre à merveille la quête perpétuelle de la Manufacture pour repousser les limites de l’innovation horlogère.
UN COMMENTAIRE ? La passion pour les hautes mécaniques horlogères ne serait-elle plus ce qu’elle était ? La précédente édition de cette Master Hybris Mechanica Calibre 362 (2014) comptait soixante-quinze pièces. Celle-ci n’en comptera que cinq, réalisées uniquement à la demande pour un prix qui sera réservé aux collectionneurs les plus sérieux. La montre n’en reste pas moins exceptionnelle par la compilation de ses avancées mécaniques et par une esthétique d’une rare sobriété à ce niveau de complication. On aurait rêvé, pour une telle montre, d’un boîtier plus « sonore » en or rose travaillé et aminci à la main, dans la grande tradition des montres de poche à sonnerie…
FRANCK MULLER Vanguard Loes Van Delft Skull
Franck Muller et l'artiste de renom Loes Van Delft unissent à nouveau leurs forces pour créer une montre exclusive en édition limitée inspirée par la puissante symbolique du « skull ». Avec seulement 75 pièces disponibles, cette deuxième création de leur collaboration est un must-have pour les amateurs d'art et d'horlogerie qui embrassent l'audace et le non conventionnel. Après le succès de la LVD Vanguard Color Dreams Limited Edition de l'année dernière, basée sur le personnage ludique Pjipje, Loes Van Delft adopte désormais un style plus sombre et plus intense. Le cadran de cette nouvelle montre présente un skull expressif, entouré de couleurs flamboyantes et de formes dynamiques. Avec des contours puissants et une palette de couleurs spectaculaire, Van Delft donne vie au pouvoir de la transformation. L'image sur le cadran symbolise à la fois le début et la fin, avec le skull comme métaphore du changement et du renouveau. Le design est d’une beauté brute et intemporelle, et les couleurs audacieuses soulignent l'équilibre entre la lumière et l'obscurité dans son œuvre. La nouvelle création témoigne de sa récente évolution artistique, inspirée par son personnage emblématique Pjipje, mais aussi par un voyage personnel vers des thèmes plus sombres tels que le skull. « Pour moi, les skulls représentent la transformation et la beauté des fins et des nouveaux départs, explique Loes Van Delft. Cette montre est pour moi une manière d’allier le cycle de la vie, du changement et de l’innovation. La force de la simplicité et l’équilibre entre la lumière et l’obscurité ont façonné cette pièce. »
Cette montre unique est non seulement un exploit technique mais aussi un chef-d’œuvre artistique. Chaque montre est accompagnée d'une œuvre d'art exclusive de Loes Van Delft, inspirée par le design du skull et de son style caractéristique. Cette œuvre d'art supplémentaire, qui fait référence au cadran, renforce la symbolique profonde et offre aux collectionneurs une connexion unique avec l'univers créatif de Van Delft. Les œuvres incarnent sa vision du changement, de l’abandon des images familières et de l'ouverture vers de nouvelles directions créatives. « Quand j'ai appris que la collaboration précédente avait été si chaleureusement accueillie par les collectionneurs du monde entier, j'ai été extrêmement reconnaissante », déclare Van Delft. Pour cette nouvelle création, je me suis laissée inspirer par le pouvoir du changement et la beauté qu’elle recèle. Le skull symbolise un nouveau départ et la possibilité de toujours découvrir de nouvelles choses ».Réputé pour sa maîtrise technique et ses designs révolutionnaires, Franck Muller associe l'horlogerie suisse à l'art avant-gardiste de Van Delft. Le cadran de la montre ne comporte pas de chiffres, permettant à l'art de s'exprimer pleinement et attirant l’attention sur le designaudacieux. Le boîtier, réalisée avec le soin et la précision qui caractérisent Franck Muller, fait de cette montre une œuvre d'art portable pour tous ceux qui souhaitent allier l'art et la technologie. Avec cette deuxième édition de leur collaboration, Franck Muller et Loes Van Delft poursuivent leur vision unique, où art et technologie fusionnent en un tout inspirant.
Loes Van Delft, née en 1991 (ci-dessous), est une peintre néerlandaise renommée. Elle est connue pour ses œuvres vibrantes et imaginatives qui mettent souvent en scène des personnages fantasques et des scènes de rêve. Loes Van Delft a commencé son parcours très jeune, en perfectionnant ses compétences à l'académie d'art de St Lucas, où elle a obtenu son diplôme en 2012. Le début de sa carrière a pris un tournant passionnant lorsqu'elle a fait un stage au sein de l'équipe créative Supperclub à Amsterdam, où elle a également organisé sa première exposition solo en 2011. Ses créations artistiques se caractérisent par une bizarrerie innocente et une impression de dessin animé insolent qu'elle a développée au cours de l'année, le personnage reconnaissable qu'elle appelle « Pjipje ». Loes Van Delft (ci-dessous) a déclaré un jour : « Mes peintures reflètent toujours quelque chose de la phase que je traverse dans ma vie. Si l'œuvre est riche en couleurs et rayonne de gaieté, elle indique une période positive. Si elle prend un ton légèrement plus sombre et que les expressions de Pjipje semblent plus sérieuses, elle indique une période difficile. Pour moi, mes peintures sont une sorte de journal intime ». Le style particulier de Loes Van Delft lui a valu de nombreuses récompenses au fil du temps. Récompensée par le Best Global Artist Award à l'Amsterdam International Art Fair en 2012, ses peintures ont fait l'objet de plusieurs expositions dans le monde entier, notamment à Amsterdam, à Barcelone et à Taiwan.
UN COMMENTAIRE ? Un « collab » artistique qui a tout de la « collab » intelligente, puisqu’elle respecte à la fois l’expressivité de l’artiste et l’identité de la marque. Proposée avec une œuvre d’art originale de Loes Van Delft au prix de 19 500 euros, cette superbe Vanguard automatique en titane est une vraie Franck Muller en même temps qu’une vraie création de de Loes Van Delft (la montre porte d’ailleurs les deux signatures). Attention, futur collector !
COORDINATION ÉDITORIALE : JACQUES PONS