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REMUE-MÉNINGES (accès libre)
Un seul article à lire au programme d’aujourd’hui, mais il va vous faire phosporer les synapses

Habituellement, pour le week-end, « Business Montres » vous propose une grosse poignée d’articles intéressants et utiles pour comprendre les évolutions du monde tel qu’il va (ou ne va pas). L’étude de Michel Goya sur « Les Poilus et l’anti-fragilité » a tout pour nous plaire, pour nous secouer les neurones et pour nous inspirer…


 Michel Goya a été colonel dans différentes unités guerrières de l’armée française. Son blog La voie de l’épée est un des plus intéressants pour ceux qui s’intéressent aux affaires et aux évolutions de la pensée militaire. Alors que nous nous apprêter à fêter le centenaire des derniers combats de la Première Guerre mondiale, il a beaucoup travaillé la question, notamment dans Les vainqueurs – un analyse militaire de l’année 1918 (Tallandier, image en bas de la page). Sa récente étude sur Les Poilus et l’anti-fragilité synthétise ses réponses à la lancinante question : « Comment ont-ils fait pour tenir ? ». Michel Goya préfère « s’interroger sur la manière dont ils ont vaincu. L’armée française ne s’est pas contentée de résister, faisant effectivement preuve d’une solidité extraordinaire, elle s’est également totalement transformée en l’espace de quatre années seulement pour devenir la plus puissante du monde. Elle illustre ainsi parfaitement le concept développé par Nassim Nicholas Taleb d’organisation anti-fragile, c’est-à-dire de structure qui ne se dégrade pas avec les épreuves mais au contraire se renforce et se développe. »

 Son propos est purement militaire et ses arguments purement et historiquement reliés aux faits de cette époque. Les responsables horlogers qui se soucient d’acquérir ou de conserver une vision claire de l’avenir trouveront dans son texte et dans ses arguments matière à réflexion analogique sur les dangers qu’affronte actuellement l’industrie des montres [face aux mutations sociétales, face aux troubles de la géopolitique mondiale, face au défi des montres connectées, etc.] et sur les germes d’une possible résistance qui seront les bases d’une probable renaissance. Pour paraphraser un célèbre général à deux étoiles, si l’horlogerie suisse a perdu la première bataille, elle n’a pas perdu la guerre : l’étude de Michel Goya démontre que tout désespoir en politique [dans un sens stratégique très large] est une sottise absolue.

 En 1914, la France avait toutes les chances de perdre contre l’Allemagne et elle est entrée dans le conflit mondial dans des conditions qui auraient dû la mettre à genoux. Cependant, Michel Goya nous démontre qu’elle a su procéder à une vraie « révolution » en mobilisant ses forces, en faisant appel aux vraies compétences, en faisant circuler les idées nouvelles, en maintenant son esprit ouvert aux changements et en soutenant ses entrepreneurs [dans tous les sens du terme]. Michel Goya : « La victoire est le résultat de la volonté mais aussi et surtout de l’intelligence. Ce sont aussi la liberté d’expression, les débats, le bouillonnement d’idées, la culture scientifique du corps des officiers, la culture militaire des élites civiles, l’acceptation du « gaspillage » de ressources pour les projets alternatifs qui ont rendu la victoire possible. C’était il y a cent ans. »…

 D’un strict point de vue horloger, nous sommes en 1914 et, sur le papier, le sort de la guerre est déjà décidé d’avance. Nous avons perdu ! Sauf que, précisément, un exemple comme celui de la France entre 1914 et 1918 nous prouve que rien n’est jamais perdu s’il existe une volonté, donc un chemin. À nous de résister, d’apprendre et d’imaginer des solutions pour préparer le coup d’après. Ce ne sera probablement ni en regardant ailleurs (en attendant que ça passe), ni en regardant dans le rétroviseur, ni en regardant en bas à droite la bottom line des pertes et profits. Sursum corda (« Haut les cœurs » pour les non-latinistes !


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