BUSINESS MONTRES + THE NAKED WATCHMAKER (accès libre)
Qui êtes-vous vraiment, Grégory Pons ? – But who are you really, Mr Pons ? (version française et version anglaise)
(version anglaise à la suite de la version française) Gregory Pons is one of the most well known journalists in the Swiss watch industry, his news letter, « Business Montres & Joaillerie » is subscribed to and read by virtually the entire french speaking industry. His directness does not always make him popular but no one can deny the depth of his knowledge and understanding of the industry of watchmaking. ••••• Grégory Pons est l'un des journalistes les plus connus dans l'industrie horlogère suisse. Sa lettre d'actualité, « Business Montres & Joaillerie », est lisible par souscription et elle est lue par pratiquement toute l'industrie francophone. Sa franchise ne le rend pas toujours populaire, mais personne ne peut nier la profondeur de sa connaissance et de sa compréhension de l'industrie horlogère.
•••• TEXTE INTÉGRAL
À retrouver sur l'excellent site de déconstruction horlogère mis en place par le non moins excellent Peter Speake-Marin The Naked Watchmaker (tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les objets horlogers sans jamais oser le demander) – english version below
1. Que faisaient vos parents et quelle a été votre enfance ?
••• Je suis issu d’une famille de militaires français, qui ont longtemps servi dans les « colonies » de l’ex-Empire française (principalement en Afrique), avec un berceau régional en Gascogne où mes ancêtres – artisans, paysans, hobereaux et poètes gascons – peuplent les cimetières des confins de la Bigorre, du Béarn et de l’Armagnac depuis au moins cinq siècles. Voire sans doute davantage, mais les guerres de religion et la guerre de Cent Ans ont détruit toutes les archives qui avaient échappé aux Anglais pillant le reste quand ils ont abandonné l’Aquitaine. Dans nos familles, toujours entre deux affectations géographiques, les femmes ne travaillent pas et elles éduquent les enfants. J’ai été élevé dans un Sénégal de carte postale, par un « boy » bambara nommé Coulibaly, avec le soleil, la plage, les copains noirs, les manguiers, les bananiers, les baobabs : du coup, je me sens plus Sénégalais que Français. J’ai le même lien affectif avec le Maroc, où s’est déroulée une autre partie de mon enfance, entre Rabat et Meknès : mon grand-père, mon père et mon frère sont nés là-bas ! Bref, je suis un expatrié chronique et un exilé permanent…
2. Que rêviez-vous de faire plus tard quand vous étiez enfant ?
••• J’ai toujours rêvé et je rêve toujours d’être archéologue, ce qui dénote un très ancien rapport particulier avec le temps. Je ne désespère pas de revenir un jour à ces premières amours historiques, où je décèle une passion inchangée pour raconter des histoires et donner un sens au temps qui passe – qu’on le mesure avec des mouvements horlogers ou avec des vestiges exhumés au pinceau et au scalpel. Enfant, la seule invention que je voulais réaliser était une machine à remonter le temps, qui m’aurait permis d’empêcher l’humiliation de Vercingétorix à Alésia, de libérer Jeanne d’Arc de son bûcher rouennais, d’accompagner Bonaparte dans sa traversée du pont d’Arcole et de servir dans les crapouillots avec mon arrière-grand-père, pendant la bataille de Verdun, en 1917…
3. Quels sont vos premiers souvenirs d'enfance ?
••• Les souvenirs dakarois sont plus tardifs, mais je devais quatre ou cinq ans quand je me relevais, la nuit, au Maroc, pour me glisser hors de ma chambre et rejoindre le souk du douar voisin, avec ses fumées de mouton rôti, ses lampes à pétrole, ses parfums d’épices, de miel et de menthe, ses relents de suint et de cuir, ses tentes bariolées, mais aussi le sourire des chibanis qui me laissaient trotter librement parce qu’ils avaient repéré que mon père me suivait discrètement, à distance, pour savoir comment je me débrouillais dans cette nuit marocaine. Impossible d’oublier ces sensations fortes, ces couleurs et ces odeurs, quand un bambin européen aux mèches blondes [si, si, j’ai les photos] faisait sans peur et sans reproche l’apprentissage de la liberté et de l’amitié entre les peuples…
4. Avez-vous déjà fait d'autres métiers que le vôtre ?
••• En plus du métier militaire (parachutiste) et avant de « faire » du journalisme, j’ai tâté de plein d’autres métiers, ne serait-ce que pour financer mes études : déchargeur de camions de caisses de whisky dans les entrepôts de Bercy, à Paris ; enquêteur pour des études de marché sur les bonbons Kréma (avec saisie des données sur cartes perforées, longtemps avant les ordinateurs personnels) ; veilleur de nuit chez Banania ; convoyeur de fonds pour la Poste ; laveur de carreaux en usine ; conseil en communication politique ou colleur d’affiches pendant les campagnes électorales…
5. Qu'est-ce qui vous a décidé à devenir journaliste ?
••• J’ai toujours aimé écrire et c’est à peu près la seule chose que je sais faire. Ce qui m’a le plus influencé pour faire mûrir ma vocation [pas d’autre mot] de journaliste, c’est sans doute la lecture de Paris-Match dans les années 1960 – les années de la guerre du Vietnam, des mercenaires en Afrique, des festivals hippies aux États-Unis, des contestations étudiantes en Europe. L’autre influence, c’est la lecture passionnée de la Comédie humaine de Balzac : un choc pour l’écriture et un vertige pour la vérité sociale. Quand on dit à un père officier qu’on veut devenir journaliste, c’est le malaise : il a fallu que je me débrouille tout seul, avec un premier article publié quand je n’avais pas dix-huit ans et que je hantais déjà les rédactions. Ensuite, après un détour prolongé par le 1er Régiment de parachutistes d’infanterie de marine (devise : « Qui ose gagne »), ce sera Sciences-Po et l’école de journalisme, rue du Louvre. Puis, ce sont de multiples rebonds rédactionnels et, dans les années 1990, la rencontre avec mon ami Stephan Ciejka (le patron de La Revue des Montres), qui m’a poussé à écrire mes premiers articles sur les montres avant de me propulser à 100 % dans le journalisme horloger…
6. Le pire job que vous ayez dû faire ?
••• Incontestablement, le nettoyage des forges dans les usines d’outillage Facom, en banlieue parisienne : une épaisseur de dix centimètres de suie à récurer sous des toitures en vitrages qui faisaient des centaines de mètres carrés. Le tout en pleine chaleur estivale, pendant des semaines ! Une poussière grasse qui s’infiltrait partout et qui résistait aux douches, d’épuisantes journées de huit heures, mais une découverte émerveillée du monde ouvrier et du peuple français dans ce qu’il a de pire et de meilleur…
7. Le moment le plus difficile de votre vie et votre manière de vous en sortir ?
••• Le ciel m’est tombé sur la tête quand j’ai découvert que ma myopie prononcée m’empêchait d’intégrer ce qu’on n’appelait pas encore les « forces spéciales » françaises, la seule condition militaire qui me paraissait digne du jeune homme motivé, intelligent et musclé que j’estimais être. Pas question de porter des lunettes dans les commandos ! C’est toute une orientation de vie qui se trouvait remise en cause. Sans me décourager, j’ai donc appris par cœur le tableau optométrique du test de présélection (les lettres à énoncer sur l’échelle Monoyer, de MRT en minuscule à ZU en majuscule) et j’ai pu tout de même m’engager dans les parachutistes, mais avec la certitude que je ne pourrais pas y faire une longue carrière. Il m’a donc fallu ensuite retrouver les bancs de Sciences-Po et de l’école de journalisme, où mon brevet parachutiste ne m’était plus d’une grande utilité…
8. Quelles ont été les grandes inspirations de votre vie ?
••• Dès l’âge de quatorze ans, la lecture de Balzac m’a incendié et le feu couve toujours : je fais aujourd’hui collection des différentes éditions de ses œuvres complètes. Ajoutons-y Alexandre Dumas et Jules Verne pour le goût du récit, en plus de Choderlos de Laclos pour le culte des Liaisons dangereuses, Paul Morand pour l’élégance elliptique et l’Antoine Blondin du Singe en hiver pour la dignité dans la désespérance. Ensuite, il y a la cristallisation d’une éthique personnelle, avec des personnages comme le général De Gaulle (celui de Londres plus que celui de l’Élysée, dont j’ai croisé le regard, un jour, à Dakar) et des héros comme Henry de Bournazel ou Honoré d’Estienne d’Orves aussi bien que le colonel Jeanpierre du 1er REP (mort au combat en Algérie). Pour les idées, un peu de Proudhon pour la vraie anarchie et un peu de Thoreau pour le libertarisme, mais toujours beaucoup d’Homère parce que rien n’a changé depuis l’Iliade et l’Odyssée (que je relis toujours en e-book sur mon téléphone). On ne devient pas journaliste sans aimer Gaston Leroux et sans respecter Albert Londres, mais que de soirées arrosées à écouter les « anciens » grands reporters de guerre en Indochine ou en Algérie raconter leurs campagnes dans les bistrots autour du Figaro – surtout quand on arrive trop tard sur le front éditorial, pile entre la fin de la guerre du Vietnam et la première Guerre du Golfe...
9. Ce que vous êtes plus fier ?
••• Aucune fierté personnelle si je me jauge avec l’échelle de mes ambitions initiales (devenir un grand reporter de guerre), mais une certaine satisfaction intime si je me juge par rapport à mes « confrères » perroquets et par rapport à mes premiers engagements éthiques : vivre de mon écriture, rester libre et ne jamais accepter le moindre collier autour du cou. Il me semble avoir réussi à imposer dans le monde horloger une certaine idée de l’indépendance éditoriale et une liberté de parole, assortie d’un traitement original de l’actualité dont Business Montres témoigne. C’est peu et cela n’a qu’une valeur dérisoire aux yeux de l’histoire, mais c’est beaucoup à mes yeux et à ceux de mes fidèles lecteurs…
10. Quels conseils donner à un jeune homme de vingt ans qui aimerait faire la même chose que vous ?
••• Une maxime bien française : « Bien faire et laisser braire ». Comme dit le poète René Char : « Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. À te regarder, ils s’habitueront ». Je n’aurais jamais pu lancer Business Montres si j’avais dû écouter les conseils des uns et les mises en garde des autres…
11. Trois choses sur la liste des chose à faire avant la fin de votre vie...
1) Essayer de trouver un jour un horloger qui dise sincèrement la vérité…
2) Essayer de comprendre comment fonctionne le cerveau féminin et ses infinis mystères…
3) Essayer d’écrire une bonne chanson (c’est pratiquement la seule discipline d’écriture que je n’ai pas réussi à pratiquer)…
12. Où en sera l'industrie des montres dans vingt ans ?
••• Une seule certitude : l’industrie horlogère de 2027 n’aura plus rien à voir, dans son organisation et dans ses productions, avec sa configuration actuelle. Tout aura changé : les acteurs, les marques, les montres, les prix, les circuits de commercialisation, les clients, les motivations d’achat et tout le reste. Une intuition : cette industrie va se reformater autour de deux pôles, avec un paysage en forme de sablier. Polarisation vers le haut, à des prix élevés : une ou deux poignées de grandes marques globalisées, avec quelques ateliers de créateurs et d’artisans pour les derniers collectionneurs. Polarisation vers le bas : une nuée de petites marques hyper-créatives mais accessibles, plus ou moins pérennes, sinon franchement éphémères, qui seront souvent connectées, reliées aux tendances de la mode ou tentées par le design. La « moyenne gamme » mainstream aura disparu…
Remerciements à Peter Speake-Marin (The Naked Watchmaker) pour cet entretien.
•••• VERSION ANGLAISE
Gregory Pons is one of the most well known journalists in the Swiss watch industry, his news letter the Business Montres & Joaillerie is subscribed to and read by virtually the entire french speaking industry. His directness does not always make him popular but no one can deny the depth of his knowledge and understanding of the industry of watchmaking.
1. What did your father do? what did your mother do? Describe briefly your childhood.
I come from a family of French soldiers, who served for a long time in the colonies of the former French Empire (mainly in Africa), with a regional cradle in Gascony where my ancestors - artisans, peasants, squires and poets Gascons - inhabit the cemeteries of the confines of Bigorre, Béarn and Armagnac for at least five centuries. Perhaps more, but the Religious wars and the Hundred Year War destroyed all the archives that had escaped with the English plundering the rest when they abandoned Aquitaine. In our family, always between assignments, women do not work and they educate children. I was brought up in a postcard Senegal, by a Bambara boy called Coulibaly, with the sun, the beach, my local buddies, mango trees, banana trees, the baobabs: suddenly I feel more Senegalese than French. I have the same affectionate bond with Morocco, where another part of my childhood took place between Rabat and Meknès: my grandfather, my father and my brother were born there! In short, I am a chronic expatriate and a permanent exile ...
2. As a child did you have any driving ambition? What did you want to be?
I have always dreamed of and I still dream of becoming an archaeologist, which denotes a very long-standing relationship with time. I see myself one day returning to this first historical love, where I discover an unchanged passion for telling stories and giving meaning to the passing time - whether measured with watch movements or with remains exhumed with a brush and scalpel. As a child, the only invention I wanted to make was a time machine that would have allowed me to prevent the humiliation of Vercingetorix at Alesia, to free Jeanne d'Arc from her Rouen pile, to accompany Bonaparte as he crossed the bridge of Arcole and to serve in the Crapouillots with my great-grandfather, during the battle of Verdun, in 1917 ...
3. What is your first memory as a child ?
Memories from Dakar came later, but I was four or five years old when I got up at night in Morocco to slip out of my room and join the market of the neighboring village with its scent of roast sheep, Oil lamps, the pungent smell of spices, honey and mint, the scent of wool grease and leather, its multicolored tents, but also the smiles of the Chibanis who let me stroll around freely because they had noticed that my father was following me discreetly, at a distance, to see how I managed on this Moroccan night. It is impossible to forget these strong sensations, the colours and the aromas, when a European toddler with blond hair [ah yes, I have the photos] without fear and without concern sampled his first lesson of the freedom and the friendship between people ...
4. Have you ever had another profession? What did you do?
In addition to the military occupation (paratrooper) and before "doing" journalism, I have done many other jobs, mainly to finance my studies: unloading trucks of whiskey boxes in the warehouses of Bercy , in Paris ; Investigator for market research on Krema candy (with data entry on punched cards, long before personal computers); Night watchman at Banania; Conveyor of funds for the Post Office; Factory tile washer; Counseling in political communication or putting up posters during election campaigns ...
5. What made you choose to become a journalist? Who have you worked for in the past? What made you decide to go in the direction you have chosen.
I've always liked to write and that's pretty much the only thing I can do. What influenced me most and helped ripen me to my vocation [no other words] as a journalist is probably the reading of Paris-Match in the 1960s - the years of the Vietnam War, the mercenaries in Africa, hippie festivals in the United States, student protests in Europe. The other influence was reading Balzac's Comédie humaine, a passionate read: a shock for literature and vertigo for social truth at the time. When you tell your father who is an army officer that you want to become a journalist, it’s a hard pill to swallow: I had to manage on my own, my first article published when I was not eighteen and I was already haunting The editorial offices. Then, after a long detour by the 1st Regiment of paratroopers of marine infantry (motto: "Who dares wins"), it was time for further education Sciences-Po and journalism school, rue du Louvre. Then there were multiple editorial rebounds and, in the 1990s, the meeting with my friend Stephan Ciejka (the boss of La Revue des Montres), which prompted me to write my first articles on watches before propelling me to 100% in watchmaking journalism ...
6. What’s the worst job you’ve ever had to do?
Undoubtedly, the cleaning of the furnaces at the Facom equipment factory, in the Parisian suburbs: soot ten centimeters thick to scour under glazed roofs that were hundreds of square meters. All in the heat of summer, for weeks! A greasy dust that penetrated everything and proved to be shower resistant, exhausting eight-hour days, but a marvelous discovery of the working class and the French people in what is good and bad ...
7. What has been the hardest moment in your life and how did you overcome it?
My world fell apart when I discovered that my pronounced short-sightedness prevented me from joining what was not yet called the French "special forces", the only military unit that seemed to me worthy of the young motivated, intelligent and muscular man that I felt I was. No question of wearing glasses in the commandos! It was a whole way of life that was challenged by this news. I did not let it discourage me, I learned the optometric table used for the pre-selection test by heart (the letters to be spelled on the Monoyer scale, from MRT to lowercase to ZU in capital letters) and I was able to join the paratroopers, but with the knowledge that this would not be a lifelong career. So, I had to return to the educational benches of Sciences Po and the school of journalism, where my parachutist certificate was no longer much use to me ...
8. Who has had the strongest influence on you? What are your greatest inspirations?
At the age of fourteen, reading Balzac set me on fire and that fire still burns: I now collect the different editions of his complete works. Let’s add Alexandre Dumas and Jules Verne for narrative, in addition to Choderlos de Laclos for culture “Dangerous Liaisons”, Paul Morand for absolute elegance and the Antoine Blondin du “Singe en hiver” for dignity during despair. Then there is the personification of a personal ethic, with characters such as General de Gaulle (that of London more than that of the Elysee, whom I once saw in Dakar) and heroes such as Henry de Bournazel or Honore d'Estienne d'Orves as well as Colonel Jeanpierre of the 1st REP (died in combat in Algeria). For ideas, a little Proudhon for true anarchy and a little Thoreau for libertarianism, but still a lot of Homer because nothing has changed since the “Iliad” and the “Odyssey” (which I always reread in e-Book on my phone). One does not become a journalist without loving Gaston Leroux and without respecting Albert London, evening listening to the "old" war reporters in Indochina or Algeria tell stories of their campaigns in the bistrots sitting around with a copy of the Figaro - especially when I was much top late on the editorial front, arriving between the end of the Vietnam War and the first Gulf War...
9. What are you most proud of.
No personal pride if I stick with the scale of my initial ambition (become a great war reporter), but a certain personal satisfaction if I judge myself in relation to my "fellow journalists" parrots and in relation to my first ethical commitments: Live from my writing, stay free and never accept the slightest chain around the neck. It seems to me that I managed to impose a certain idea of editorial independence and freedom of speech in the watchmaking world, coupled with an original coverage of the news which “Business Montres” testifies. It is not much and it has only a derisory value in the eyes of history, but it has value in my eyes and those of my faithful readers ...
10. What advice would you give to a 20 something someone thinking of taking a similar path as you?
A very French expression : " Bien faire et laisser braire ", « « Do well and dread no shame” *. As the poet René Char says: "Impose your luck, hold on to your happiness and go towards your risk. They will become accustomed to the look on your face. " I could never have launched “Business Montres” if I had to listen to the advice of some and the warnings of others ...
11. Name three things on your bucket list.
1) Try one day to find a watchmaker who honestly tells the truth ...
2) Try to understand how the feminine brain works and its infinite mysteries ...
3) Trying to write a good song (practically the only discipline of writing that I have not mastered).
12. Where do you think the industry is going to be in 10 years’ time?
There is only one certainty: the watch industry of 2027 will be nothing like it is today, its organization and its production, with its current configuration. Everything will have changed: protagonists, brands, watches, prices, marketing channels, customers, reasons to buy and everything else. An intuition: this industry will become polarized, with a landscape in the form of an hourglass. Polarization upwards, at high prices: one or two handfuls of major global brands, with some workshops of creators and craftsmen for the last collectors. Polarization down: a swarm of small hyper-creative but accessible, perennial, if not frankly ephemeral, brands that will often be connected, linked to fashion trends or tempted by design. The "mid-range" mainstream will have disappeared ...