Même si Baselworld 2017 n’a pas osé mettre en place une zone dédiée aux montres connectées (c’est quand même ballot, alors que le marché explose), la visibilité de cette nouvelle génération d’objets de poignet sera cette année moins spectaculaire, mais plus profonde. Même Omega (Swatch Group) se prépare à loger des puces NFC dans ses montres…

Baselworld reste le rendez-vous magique pour tout l’écosystème des objets du temps. Les grands débutants y débarquent un peu intimidés dans la cour des maternelles pour faire leurs premières armes, sous l’œil des vétérans rompus à toutes les combines de l’horlogerie. Prenons le cas d’un petit nouveau qui s’apprête à vivre son premier salon, au fond du Hall 2.0. Nom de famille : Carl Edmond. Son offre mérite le détour…

Voici quelques nouveautés qui arrivent sur le marché, qui sont déjà en vitrine ou qui le seront bientôt (présentation à Baselworld). Des montres commentées du point de vue des marques, racontées avec la délicieuse et jamais trop fleurie langue de bois de la communication horlogère. Dans tous les styles et à tous les prix, à prendre ou à laisser, pour les garçons comme pour les filles, c’est toujours intéressant de savoir ce qui se prépare. Sept propositions cette semaine, une par jour (« Quand on aime, on ne compte pas ») et par ordre alphabétique d’apparition à l’écran : Chopard, Concord, Ebel, Epos, Nobel, Tissot et Urban Jürgensen…

Mais aussi les habituels enfumages d’un grand fumiste, qui réussit à rester pertinent dans les détails tout en détaillant dans l’ensemble, les multiples plans de la future merveille mécanique d’un David Candaux en pleine forme et les 160 000 Gauss pour lesquels il faudrait mourir (huit fois la dose maximale d’une IRM) pour prouver que la montre résiste à n’importe quelle magnétisation : pas belle, la vie des montres ?

Honni soit qui mal y penche : établi à Fleurier, l’artisan horloger Michel Bourreau a mobilisé quelques copains pour créer une « horloge qui penche », objet du temps qui s’avère gentiment dérangeant – par ses matériaux autant par son concept déstabilisé…

Tardivement converti aux exigences de la carpo-révolution, Jean-Claude Biver a mis depuis les bouchées doubles pour faire de TAG Heuer le leader suisse des montres connectées et la première des grandes marques « historiques » à s’intéresser aux nouvelles générations qui animent ce marché. Pour TAG Heuer, l’aventure ne fait que (re)commencer : relancée dans la plaine du Grütli, cette épopée sera ambitieuse, suisse, high-tech et probablement « confédérale » — c’est-à-dire modulaire : place à la nouvelle « Connected Modular 45 »…

C’est bien connu : à Bâle, tout se vend pendant Baselworld, même les salons vides dans la tour du Ramada. C’est là que, sur plusieurs étages, du sol au plafond, le Swiss Creative Lab regroupe une grosse vingtaine de marques, tandis qu’une poignée d’indépendants font bande à part dans leur Time Square et quelques autres récalcitrants tentent d'exister dans les alentours…

Mais aussi un réveil de la haute horlogerie indépendante dans la vallée de Joux, quelques chaises musicales supplémentaires, les malheurs coréens du Swatch Group, la tragique montée de l’insécurité horlo-joaillière et le retour du « gag de l’inconnu connu » en accès libre décensuré…

Que de bleu chez De Bethune, ces derniers temps ! Si cette orgie cyanosée suppose une maîtrise absolue des arts du feu, elle traduit aussi un certain optimisme de la part d’une manufacture chahutée par la crise, mais toujours soucieuse de marquer sa différence. Plus bleu, tu meurs, mais De Bethune ne veut pas mourir !

C’était à lire au cours de ces derniers jours dans « Business Montres » ! Une compilation pré-Baselworld, avec beaucoup de révélations, pour rappeler (presque) tout ce qui a été publié en exclusivité, en avant-première, en exclusivité ou en toute originalité, en vrac, en bref ou en grande largeur, en chaire ou en rosse, mais toujours en toute liberté de parole et de pensée, sans la moindre publicité comme il se doit !

Mais seulement six bonnes réponses aux six questions de cette vingtième-deuxième séquence, qui vient enrichir notre test inédit de connaissances sur la haute horlogerie : elles s’ajoutent à la série des pages précédentes, inspirées par le jeu de « poursuite triviale » édité par la Fondation de la haute horlogerie, dont elles conservent les catégories initiales, mais dans une logique didactique plus rigoureuse et en toute indépendance multimarques.

Passé du fond du Hall 1.1, où il se morfondait, pour s’installer la lisière de l’espace joaillier de ce même Hall 1.1, juste en face de la rotonde Swarovski, Franck Dubarry a fait un choix original – à la hauteur du non-conformisme de sa proposition de l’année, aussi horlogèrement futuriste qu’esthétiquement originale. Plus « crazy » que jamais, Franck Dubarry est aussi un nouveau philosophe du temps : démonstration par l’image…

De nouveau à fond dans le musique en douze couvertures d'albums du temps des vinyles : suite de notre exploration des objets du temps dans l’univers graphique contemporain, mais sur les marges de la communication horlogère. Nos séries ont déjà exploré l'univers des timbres aussi bien que celui des comics de la pop culture américaine. Nous avons examiné certaines couvertures horlogères dans les romans policiers et les couvertures de magazines américains dessinées par le fameux Norman Rockwell. Nous avons apprécié les affiches automobiles et les cartes postales de Thanksgiving qui nous parlent d'horlogerie. Voici une nouvelle série de couvertures d'albums (disques) qui parlent du temps. L’imagination des graphistes est sans limites, qu'on parle de timbres ou d'affiches géantes. Originale et visuellement très forte, une telle compilation « horlo-culturelle » n’avait encore jamais été tentée dans les médias horlogers (il est vrai qu’il n’y a pas de publicités, ni d’annonceurs à la clé)…

Alors qu’on commence à beaucoup parler des nouveaux Ateliers où Baselworld a concentré cette année les plus rebelles des créateurs indépendants, un rapide retour historique sur l’origine de ce regroupement créatif. C’était en 2009, voici huit ans, dans ce qui allait s’imposer comme le Palace de Baselworld : The Watch Factory était un micro-salon dans le salon pour douze marques de haute horlogerie créative. Époque aussi sympathique qu’héroïque, au cœur d’une brutale crise horlogère, vite effacée par le gonflement inattendu de la « bulle » chinoise. La suite a prouvé que cette initiative était visionnaire (dix de ces douze pionniers sont toujours actifs), mais l’aventure recommence cette année, cette fois « dans le dur » de la grande halle 1 (parution initiale : « Business Montres » du 12 mars 2009)…

Régulièrement (quoique toujours avec des bémols de plus en plus marqués), on nous serine la fable de l’effondrement du marché des montres connectées. Il suffit d’y croire, mais ce déni de réalité se heurte aux chiffres dont nous disposons. Pendant que les horlogers suisses cèdent à ce fantasme négationniste, les smartwatches continuent leur percée et leur travail de sape : tiens, au fait, vous savez qui est désormais le « premier-horloger-du-monde » ? Indice : ce n’est plus ni un Suisse, ni un Californien (remerciements à Nawak pour le détournement du dessin ci-dessous)…