CHAISES MUSICALES (accès libre)
C’est bon : on peut annoncer le départ de Sophie Guieysse, la redoutable DRH du groupe Richemont
Il n’était que temps, mais c’est verrouillé : Sophie Guieysse, la DRH du groupe Richemont, qui siégeait à ce titre au comité de direction, est partie s’éclater ailleurs avec d’impérieux projets personnels
Ainsi, le groupe Richemont a fini par se séparer de celle qui avait fait une large partie du « sale boulot » pour lequel on l’avait embauchée : licencier quelques barons surpayés. Elle était surtout le mauvais génie du CEO de Richemont, Jérôme Lambert, qu’elle a poussé à augmenter de 35 % les rémunérations du comité de direction (Senior Executive Committee) au moment même où les hauts managers du groupe voyaient leurs salaires amputés de 20 % et où le personnel voyait son bonus rogné de 25 % à 50 %. La publication officielle de cette augmentation indécente (« Touche pas au grisbi » : Business Montres du 27 mai et Business Montres du 28 mai) dans le rapport d’activités du groupe a été non seulement intempestive, mais tout aussi désastreuse que non anticipée : veiller à ce genre de dégâts d’image était une des missions de Sophie Guieysse – mais c’était peut-être beaucoup et sans doute trop lui demander : elle n’avait pas forcément démontré des compétences en gestion des ressources humaines dans ses postes précédents, notamment chez LVMH, à Canal+ et dans le groupe Rallye...
• Quelques usines italiennes du groupe sont déjà en grève à propos de cette réduction injustifiée du bonus des personnels : la mobilisation des syndicats semble forte. La contamination pourrait rapidement gagner la Suisse, avant de s’étendre à quelques filiales. En sortie de crise sanitaire et en pleine chronapocalypse, ce n’était pourtant pas le moment de créer des tensions sociales supplémentaires…
• Les CEO et les hauts managers dont on a réduit unilatéralement les salaires de 20 % ont, de leur côté, confié ce dossier à leur avocat, histoire de faire respecter par le groupe quelques élémentaires notions de droit social. S’ils ne sont pas, par principe, opposés à une baisse ponctuelle et solidaire de leur rémunération, ils tiennent à ce qu’on y mette les formes. Ils craignaient également d’autres mesures de rétorsion annoncées par une DRH qui « roulait sur la jante » pendant le confinement et qui voulait leur supprimer différents avantages sociaux contractuels…
• Cette augmentation anti-éthique du comité de direction [qui s’est réparti près de 10 millions de bonifications] aura été la cerise sur le gâteau après presque trois ans d’erreurs accumulées dans la gestion des ressources humaines d’un groupe que ses meilleurs éléments rêvent à présent de quitter [la quantité des CV de Richemont Boys disponibles sur le marché est impressionnante]. L’ambiance est devenue déplorable et délétère dans les couloirs. La « purge » Guieysse laisse les équipes Richemont sous tension, à la limite du burn out et de la démotivation…
• Ne nous inquiétons pas pour Sophie Guieysse, qui avait habilement manœuvré pour empocher cette année un gros million supplémentaire (ci-dessous) dont on peine à trouver la justification dans ses oeuvres passées. Elle part, va-t-on nous jurer, un peu à l’insu de son plein gré, mais c’est en raison d’impérieuses nécessités de gestion de sa carrière personnelle. Ses immenses talents, maintes fois prouvés dans ses postes précédents [un petit détour par Google est très édifiant], l’appellent incontestablement au développement des fantastiques projets managériaux qui l’attendent. C’est sûr, elle va nous manquer…
Johann Rupert est attendu la semaine prochaine à Genève pour une « explication de fond » avec la direction du groupe : l’actionnaire de référence de Richemont est déjà intervenu personnellement, au nom de considérations de common decency qui l’honorent, pour que soit réglé au plus vite et sans attendre le dossier Guieysse. Selon nos informations, il devrait procéder personnellement à quelques recadrages managériaux. Il n’est donc pas exclu que les mouvements de personnels annoncés au plus haut niveau (pour la fin de l’année dernière ou pour ce début d’année) soient finalement confirmés dans les jours qui viennent : pour l'actionnaire, trop, c’est trop, semble-t-il ! Final countdown : l’heure des comptes semble avoir sonné...