GPHG 2025 #15 (accès libre)
Dix tourbillons qui visent la présélection au GPHG et leurs dix critiques argumentées
En parallèle avec nos pages « Repérages » habituelles, nous proposons cet été un « repérage » des montres inscrites pour le prochain GPHG, dans l’ordre choisi par le GPHG, mais dans le cadre d’une revue critique, éclairée et commentée. De quoi aider les académiciens à faire leur choix. Voici donc dix montres de dix marques en quête de prix : Cyrus, Gucci, Haute-Rive, Hautlence, Jacob & Co., Kerbedanz, Kross Studio, Louis Vuitton, Titan et Urban Jürgensen…

En toute transparence, avant d’être critiquées (au meilleur sens du terme) et appréciées, ces nouveautés sont expliquées dans la jamais trop fleurie « langue de boîte » : c’est la langue usuelle de nos « amies les marques » et c’est la langue de bois des « boîtes » d’horlogerie. Dans tous les styles et à tous les prix, venues de Suisse ou d’ailleurs, au masculin comme au féminin, quelles montres les académiciens vont-ils devoir sélectionner ? Certaines de ces montres ont déjà été présentées par Business Montres, mais nous y revenons avec plaisir ! Place à un nouvel épisode de notre panorama du GPHG 2025, avec nos commentaires critiques sur dix montres de dix marques…
GUCCI 25H Amphitheater
Depuis l’avènement du premier calibre exclusif de la Maison en 2021, la collection Gucci 25H a marqué chaque année par des innovations remarquables : le tourbillon volant squelette en 2022, le calendrier perpétuel en 2023, puis le répéteur minutes en 2024. Chaque création redéfinit les codes horlogers de Gucci. Cette année perpétue cette tradition d’excellence avec l’introduction d’une extraordinaire montre tourbillon squelette de 40mm inspirée du Colisée de la Rome antique. Toujours caractérisée par le boîtier ultra-fin remarquable de la collection avec seulement 7,3mm d’épaisseur, la nouvelle Gucci 25H Amphitheater présente un sertissage exceptionnel de diamants baguette en effet 3D étagé sur le rehaut de son boîtier multicouche en or rose. Elle est complétée par une cage de tourbillon volant à 6 heures, un bracelet en alligator brun, une boucle structurée ornée de diamants et une tige de remontoir tournante personnalisable. Cette nouvelle Gucci 25H représente un nouveau chapitre exceptionnel dans l’évolution continue de cette collection emblématique.
UN COMMENTAIRE ? Le problème n’est sans doute pas dans la montre elle-même, d’autant que le sertissage de ce tourbillon très architecturalement squeletté est d’une grande audace créative, mais dans la marque Gucci, qui a [provisoirement ? ] perdu tout crédit en matière de luxe : qui voudra 350 000 francs suisses dans une montre Gucci au boîtier en or rose de 40 mm x 47,3 mm x 8,4 mm d’épaisseur, étanche à 30 m, serti de 170 diamants baguette pesant 7,47 carats et mécanisé par un mouvement à remontage manuel affichant 72 heures de réserve de marche. Les académiciens présélectionneurs apprécieront sans doute le haut niveau de qualité de cette montre, mais sans pour autant en faire une des finalistes de la catégorie « Tourbillon »…
HAUTE-RIVE Honoris I Lagoverde
La force tranquille du temps : Lagoverde est l’interprétation la plus poétique et la plus confidentielle de Honoris I. Son boîtier en or gris 18 carats accueille un cadran d’une rare complexité : un fond d’or gravé à la main de vagues inspirées du lac de Neuchâtel, recouvert d’un émail grand feu translucide vert profond. Le motif gravé suit une perspective étudiée : les vagues sont plus marquées et plus larges à 6h, dans la zone du tourbillon, puis s’affinent progressivement vers 12h, où trône la roue du temps. Cette construction symbolique évoque la profondeur, la progression, et la dynamique du temps qui s’écoule. La teinte verte, vive et changeante, fait écho aux humeurs du lac sous l’orage – une nature agitée, imprévisible, d’une beauté brute. Au cœur de la montre, le tourbillon mystérieux volant semble en lévitation, porté par un mouvement manufacture breveté offrant une exceptionnelle réserve de marche de 1000 heures. Composé de 288 composants, ce calibre a été entièrement conçu et assemblé dans les ateliers de Haute-Rive. Limitée à seulement 8 exemplaires dans le monde, Honoris I Lagoverde s’adresse aux collectionneurs en quête d’élégance artisanale, de profondeur esthétique et de performance horlogère d’exception. La montre est montée sur un bracelet en cuir de perche teinté vert, cousu main, avec boucle ardillon en or gris. Lagoverde incarne la vision de Haute-Rive : sublimer le temps à travers la lumière, la matière et le silence.
UN COMMENTAIRE ? Un tourbillon en tout point digne d’éloges, respectueux des traditions de la bienfacture suisse, avec un intelligent narratif évocateur du lac de Neuchâtel sur les rives duquel il est né, et riche d’une exceptionnelle réserve de marche de 1 000 heures (comptez dans les 188 000 francs suisses pour ce boîtier en or de 42,5 mm x 11,9 mm d’épaisseur, étanche à 30 m et animé par un mouvement à remontage manuel aux performances hors du commun). Reste à savoir si 1 000 heures de réserve de marche n’auraient pas été plus à l’aise dans la catégorie « Exception mécanique » que dans ce plateau « Tourbillon » très relevé cette année : les concurrents y sont puissant et ce n’est pas un cadran émaillé de vagues vertes qui peut assurer une présélection face à l’adversité…
HAUTLENCE Helix Série 1
Ce garde-temps réimagine l'horlogerie comme une forme d'art tridimensionnelle. En son cœur tourne un tourbillon cylindrique central, comme une spirale d'ADN, marquant une évolution audacieuse de l'horlogerie, tant sur le plan visuel que mécanique. Le boîtier rectangulaire, fabriqué en titane grade 5, adopte un langage architectural brutaliste : compact, affirmé et sculpté avec précision. Un verre saphir bombé couronne la structure, courbant la lumière avec une précision chirurgicale et magnifiant la beauté cinétique qu'elle renferme. Le tourbillon est flanqué d'affichages rétrogrades des heures et des minutes, qui effectuent leur remise à zéro avec fluidité. Cette chorégraphie est animée par le calibre automatique D51, un mouvement manufacture doté d'un micro-rotor, de 235 composants, d'une fréquence de 3 Hz et d'une réserve de marche de 65 heures. La combinaison de proportions compactes, d'un design sculptural et d'une profondeur mécanique reflète la vision centrale de la montre : libérer le temps de la répétition circulaire et célébrer son mouvement ascendant, en constante évolution. Plus qu'un objet fonctionnel, cette pièce est un manifeste réunissant le design, le mouvement et l'expression philosophique dans une édition limitée à 28 exemplaires.
UN COMMENTAIRE ? Les années passent et le « style Hautlence » n’est toujours pas dépassé dans la « niche » des montres audacieuses vraiment pas comme les autres : il faut compter dans les 75 000 francs suisses [ce qui est presque un prix « raisonnable » par les temps de dinguerie tarifaire qui s’annoncent] pour ce boîtier en titane de 45 mm x 37 mm x 11,8 mm, étanche à 100 m et doté pa son mouvement automatique de 65 heures de réserve de marche pour ses heures et ses minutes rétrograde. Si les académiciens ont envie de se faire plaisir en tirant la langue aux marques plus convenues de cette catégorie « Tourbillon », ils n’oublierons pas d’adresser un message d’encouragement à Hautlence, mais il ne faut pas rêver pour le prix en finale – à moins qu’une révolution mentale soit en cours…
JACOB & CO. Astronomia Révolution tourbillon quatre axes
Le premier tourbillon à quatre axes au monde : il n'existe aucun autre tourbillon comme Astronomia Revolution Four-axis Tourbillon. Grâce à lui, Jacob & Co. a franchi l'ultime frontière de l'horlogerie. Astronomia Revolution Four-axis Tourbillon est un exploit inégalé dans le domaine des montres, et pas uniquement à cause du nombre inédit d'axes de son tourbillon. Son mouvement est vertical et tourne comme un manège. Jacob & Co. l'a doté d'une vitesse de rotation de 60 secondes. Le mouvement-même est une aiguille des secondes, ce qui représente le premier de ses axes. Les trois autres axes sont situés dans la cage de tourbillon, comme dans un tourbillon tri-axial traditionnel. Chaque axe a une période de rotation extrêmement élevée : 60, 18 et 24 secondes par tour. Cette cage est suspendue à l'extrémité d'un bras rotatif, comme un tourbillon volant. Sur l'autre bras se trouve le cadran des heures et des minutes, qui tourne en restant toujours à la verticale. L'énergie nécessaire au fonctionnement d' Astronomia Revolution Four-axis Tourbillon a besoin d'être maîtrisée avant d'atteindre son échappement. Elle est tout simplement trop forte pour ce délicat système. Jacob & Co. a donc créé un dispositif de force constante unique en son genre, implanté juste en amont de l'échappement, dans la cage de tourbillon. Il s'agit du remontoir d'égalité le plus rapide jamais créé. Il se recharge tous les 1/6e de seconde, à la même fréquence que le balancier oscille. L' Astronomia Revolution Four-axis Tourbillon de Jacob & Co. est un tourbillon à quatre axes, volant, à mouvement rotatif, à force constante et cages à haute vitesse. Il n'existe décidément aucun autre tourbillon de ce calibre.
UN COMMENTAIRE ? Ce manège enchanté aurait sans doute été plus à sa place en « Exception mécanique », où il y avait cette année nettement moins de montres à départager. En « tourbillon », il impose d’emblée sa créativité mécanique [même si la proclamation des « quatre axes » est plus narrative qu’effective] et son style disruptif : il faut compter 757 000 francs suisses pour ce boîtier aux dimensions exceptionnelles de 47 mm x 27 mm d’épaisseur [poignets de poulet s’abstenir !], étanche à 30 m et animé par un mouvement à remontage manuel dont l’échappement spécial est calé sur 36 heures de réserve de marche. Dans cette catégorie tourbillonnante, cette « révolution horlogère » est quatorze fois et demie plus épaisse que le tourbillon Finissimo de Bvlgari : les académiciens vont devoir faire preuve d’imagination pour présélectionner l’une ou l’autre de ces montres, sinon les deux à la fois en vue de la finale. Jacob & Co. serait de toute façon rattrapable en « Audace »…
KERBEDANZ Maxima GR8 Baby Blue
Une clarté nouvelle dans l’architecture horlogère contemporaine : avec la Maxima GR8, Kerbedanz propose une lecture résolument contemporaine du temps. Si la Maximus évoquait la grandeur antique par la monumentalité de son tourbillon, la Maxima GR8 en distille l’essence dans une forme épurée, mixte, tournée vers l’avenir. Son boîtier GR8, sculpté dans un seul bloc de saphir monocristallin, incarne une transparence absolue, magnifiant chaque détail mécanique et révélant une symétrie rigoureuse. L’architecture du mouvement, pensée comme une homothétie interne, assure une parfaite lisibilité des volumes et une tension visuelle maîtrisée. Un seul élément rompt cette symétrie calculée : le rotor décentré en or rose, dont l’équilibre subtil confère à la pièce une respiration organique. Ce désaxement volontaire introduit une nuance, un rythme, une singularité discrète — signature d’un design qui conjugue rigueur, audace et sensibilité. Le boîtier GR8 incarne une synthèse géométrique audacieuse, fusionnant trois archétypes horlogers – le tonneau, l’octogonal et le sphérique – en une forme sculpturale d’une cohérence rare. Entièrement usiné dans un bloc de saphir monocristallin, matériau parmi les plus durs et les plus exigeants à travailler, il offre une transparence absolue sur le cadran et sur la construction mécanique du mouvement. Véritable prouesse technique, la fabrication du boîtier mobilise plus de 80 heures d’usinage et de polissage diamant haute précision. Placée au centre absolu du cadran, la cage du tourbillon domine l’espace comme un organe palpitant. Elle effectue une rotation complète en 60 secondes — une cadence volontairement accélérée par rapport au modèle Maximus GR8, dont la version originelle tournait en 6 minutes. Ce rythme rapide n’est pas seulement une performance cinétique : il incarne une réponse horlogère à l’accélération contemporaine du monde, un reflet de notre époque en perpétuel mouvement. Grâce à la totale transparence du saphir monocristallin, le spectacle mécanique se dévoile sous tous les angles : de face, en plongée ou en tangente, l’œil accède sans entrave à la respiration du balancier, à la rotation fluide de la cage et à la coordination subtile des composants. Chaque oscillation devient visible, chaque détail participe à une mise en scène vivante de la régulation du temps. Au cœur de la Maxima GR8 bat un calibre automatique conçu sur mesure, développé pour répondre aux exigences techniques et esthétiques de cette architecture hors norme. L’énergie est délivrée par deux barillets montés en parallèle, assurant une réserve de marche de 65 heures. Cette configuration optimise la stabilité du couple transmis au tourbillon volant central, garantissant une régularité de marche exemplaire. Ici, forme et fonction ne sont pas juxtaposées mais imbriquées avec rigueur. La Maxima GR8 dépasse la notion classique de garde-temps. Elle devient un manifeste d’ingénierie émotionnelle, une sculpture horlogère, destinée à ceux qui cherchent à ressentir le temps dans sa matérialité, dans son mouvement, dans sa présence.
UN COMMENTAIRE ? Le narratif est riche, et sans doute plus consistant que l’expression esthétique finale qui crée un décalage entre les mots et la montre : on a un peu de mal à distinguer dans ce tourbillon « la maîtrise du temps comme matière et sa métamorphose en objet d’art » ou la « mécanique de haute précision, l’esthétique de rupture et l’hommage vibrant à la beauté du mouvement ». Comme il faut quand même compter dans les 330 000 francs suisses pour ce boîtier en saphir de 38,7 mm x 47,6 mm x 15,9 mm d’épaisseur, étanche à 30 m et mécanisé par un mouvement automatique avec 65 heures de réserve de marche (lecture « mystérieuse » de l’heure), ce n’est pas le « baby blue » de cette Maxima, ni son tourbillon « volant » qui vont convaincre les académiciens de la retenir pour une présélection qui s’annonce serrée (deux montres sur trois à éliminer parmi celles qui sont inscrites). Quand on vise à la « perfection homothétique du temps » [citation du narratif dont nous vous épargnons l’intégralité], on doit pouvoir faire mieux…
KROSS STUDIO MT1 : chronomètre tourbillon sept jours
Kross Studio présente un modèle inédit inaugurant une nouvelle collection, reflet de l’expression personnelle de son fondateur Marco Tedeschi. Entièrement manufacturée chez Kross Studio, cette pièce d’exception incarne l’excellence horlogère. En son cœur bat le nouveau calibre KS 7010 MT, un mouvement ajouré doté d’un tourbillon positionné à 6 heures. Il délivre une réserve de marche remarquable de 7 jours. Son boîtier épuré de 44 mm, sans cornes ni couronne apparente, adopte un design contemporain qui met en valeur l’esthétique et la mécanique du mouvement. À l’origine de la MT1 réside une quête de sophistication horlogère. Pour Marco Tedeschi, cette pièce se devait d’intégrer sa complication de prédilection, le tourbillon, en conjuguant réserve de marche remarquable et précision certifiée, le tout en privilégiant une construction épurée, sans superflu. Chaque détail incarne avec justesse la vision et l’essence même de son créateur. Ce mouvement à tourbillon volant positionné à 6 heures oscillant à une fréquence de 3Hz. Enfin, le squelettage révèle toute la complexité de ce mouvement et renforce son caractère résolument horloger et mécanique. A l'image de tous les calibres développés par Kross studio, l’architecture du KS 7010 MT est innovante. Une fois la cage tourbillon positionnée, le barillet surdimensionné occupe le maximum de l’espace disponible sur la platine dépassant son rayon, en s'affranchissant du pignon de centre, ce qui permet d’atteindre une remarquable réserve de marche de 7 jours. Le tout logé dans une boîte au diamètre contenu de 44 mm.
Côté cadran, l’architecture squelettée du mouvement est sublimée par des ponts anglés minutieusement travaillés et par la combinaison des matières et des finitions des pièces mobiles. Ce jeu de contrastes, entre technicité mécanique et sérénité visuelle, confère au Chronomètre Tourbillon 7 jours MT1 une identité unique. La boîte est réalisée en titane Grade 5 ELI (Extra Low Interstitials), une version hautement purifiée du titane Grade 5, dont les faibles teneurs en oxygène, azote, carbone et fer assurent une biocompatibilité accrue. Elle arbore une élégante finition satinée circulaire, subtilement contrastée par des chanfreins polis, soulignant son raffinement. Conçue pour offrir une expérience sensorielle unique, la MT1: Chronomètre Tourbillon 7 Jours se distingue par son boîtier circulaire de 44 mm. Ultralégère et totalement dépourvue d’angles vifs ou de de cornes, elle assure un port intégré et un confort incomparable. La glace saphir bombée vient accentuer la fluidité de ses lignes, tandis que l’intégration de la couronne au dos du boîtier renforce l’ergonomie et la prise en main. Son bracelet interchangeable, muni d’un système à bouton-poussoir dissimulé, permet une personnalisation immédiate : cuir de veau, alligator, textile ou caoutchouc, avec boucle ardillon ou déployante, chaque détail est pensé pour s’adapter aux préférences du porteur et sublimer l’expérience horlogère. Avec la MT1: Chronomètre Tourbillon 7 Jours, Marco Tedeschi exprime une vision résolument contemporaine de la haute horlogerie, alliant innovation technique et esthétique intemporelle, ouvrant la voie à de futures créations d'exception.
UN COMMENTAIRE ? Dans un goût contemporain parfaitement maîtrisé, ce tourbillon aux vertus innovante est proposé à 68 000 francs suisses, soit un prix raisonnable pour ce boîtier en titane de 44 mm x 15,3 mm, étanche à 30 m et animé par un mouvement à remontage manuel disposant de 168 heures de réserve de marche. Est-ce suffisant pour être présélectionné par les académiciens et accéder à la finale (la montre en est digne) ? Ce n’est pas exclu si les présélectionneurs vont preuve d’indépendance d’esprit et d’un minimum de dignité face à l’abus de position dominante des grandes marques. Le fondateur de Kross Studio, Marco Tedeschi, pourrait tout aussi bien faire un excellent candidat pour le prix « Révélation »...
LOUIS VUITTON Tambour Taiko Spin Time Air Tourbillon volant
La complication résolument unique et avant-gardiste de la montre Spin Time est le symbole de Louis Vuitton. Dévoilé en 2009, l’affichage dynamique tridimensionnel résolument avant-gardiste fait partie de la collection de Haute Horlogerie de la Maison et signe le tout premier mouvement développé par La Fabrique du Temps pour Louis Vuitton. L’ingénieux calibre à heures sautantes conçu par les fondateurs de La Fabrique du Temps, Michel Navas et Enrico Barbasini, s’inspire des tableaux d’affichage à guichet présents dans les gares et aéroports. Seize ans après le premier lancement de la montre Spin Time, Louis Vuitton dévoile sa nouvelle collection Tambour Taiko Spin Time. Toujours centrée sur l’affichage tridimensionnel breveté de cubes rotatifs, la collection Tambour Taiko Spin Time n’en est pas moins résolument inédite. La collection est composée de six garde-temps en édition limitée, tous conçus en interne et qui rendent hommage au raffinement de cette complication remarquable. La Tambour Taiko revisite la carrure Tambour emblématique de la Maison et se pare ainsi de cornes intégrées pour une allure plus élancée, à la fois contemporaine et élégante. Ce boîtier est un véritable chef-d’œuvre dans le jeu des surfaces miroir et satinées, ainsi que des volumes en relief et les surfaces en retrait. Chaque modèle de la collection Tambour Taiko Spin Time est équipé d’un calibre entièrement conçu et développé par La Fabrique du Temps Louis Vuitton. La nouvelle famille de mouvements Spin Time permet ainsi à la Maison de confirmer, une fois de plus, son statut de manufacture intégrée à Genève, cœur traditionnel de la Haute Horlogerie en Suisse. Pièce maîtresse de la collection, la Tambour Taiko Spin Time Air Tourbillon Volant incarne la rencontre inédite de deux complications majeures. Ce garde-temps unit l’affichage flottant Spin Time Air à un tourbillon volant, signature de l’expertise horlogère de Louis Vuitton. Relever le défi d’intégrer ces deux mécanismes dans un boîtier déjà occupé par les cubes rotatifs a exigé une ingéniosité technique remarquable. Au centre du cadran, le tourbillon volant tourne en une minute, sa cage finie main reprenant la forme d’une Fleur de Monogram. La plaque inférieure, polie miroir, dévoile l’envers raffiné de chaque composant. L’intégration d’un tourbillon volant dans le mouvement LFT ST05.01 a nécessité une refonte complète du calibre de base. Non seulement le train de rouage a dû être adapté pour placer le tourbillon sur le centre du cadran, mais l’aiguille des minutes a également dû être déplacée en dessous et autour de la cage.
UN COMMENTAIRE ? Tout est à la bonne place, avec les bons marqueurs rupturistes qui s’imposent et un concept original d’affichage sautant des heures, mais il manque à ce tourbillon central volant un je ne sais quoi de réellement séduisant : il faut compter dans les 167 000 francs suisses pour cette Tambour en or blanc de 42,5 mm x 12,4 mm d’épaisseur, étanche à 50 m et dotée d’un mouvement automatique disposant de 45 heures de réserve de marche. Sans préjuger des préjugés des académiciens dans une catégorie très « piégeuse » où les concurrents sont très forts, une présélection semble possible, mais ce sera une autre paire de manches pour la finale...
TITAN tourbillon volant
Un héritage réinventé : pour célébrer 40 ans d’excellence horlogère, le Titan Flying Tourbillon incarne bien plus qu’une montre : c’est une étape fondatrice dans l’histoire de l’horlogerie indienne. Fruit d’un design original imaginé en Inde, développé et terminé avec un partenaire suisse, le calibre 7TH1 incarne une expression ultime de savoir-faire, de précision et d'innovation. Produite en seulement quatre exemplaires dans le monde, cette pièce rare et précieuse conjugue l’héritage de Titan à l’élégance des Métiers d'Art et d’un savoir-faire contemporain. En son cœur bat un fascinant tourbillon volant, soutenu par un pont en forme de logo Titan — un détail ingénieux qui fait également office d’aiguille des secondes. Son cadran, orné à la main d’un motif guilloché traditionnel de type 'grain de riz', est sublimé par deux compteurs de couleur bleue comme le paon, en référence poétique à l’oiseau national indien. Réalisés dans un délicat guilloché flinqué, ces compteurs jouent avec la lumière et les textures, révélant toute la richesse du travail artisanal.
Logée dans un boîtier en or rose 18 carats, la montre allie sophistication et équilibre grâce à l’alternance subtile de finitions polies et satinées. Le verre saphir traité antireflet, côté cadran comme côté fond, offre une lisibilité parfaite et dévoile sans entrave les moindres détails du mouvement. Animé par une fréquence de 4 Hz, avec une réserve de marche de 36 heures et une précision de ±12 secondes par jour, le Titan Flying Tourbillon est testé dans six positions afin de garantir des performances irréprochables. Chaque garde-temps est par ailleurs décoré à la main selon chacune des quatre finitions exclusives — Perlage, Côtes de Genève, Satin spiralé ou Satin circulaire — faisant de chaque pièce une œuvre d’art singulière. Véritable prouesse technique, cette montre raconte une histoire de passion, de persévérance et d’excellence artistique. Imaginée avec fierté en Inde, elle rend hommage aux quarante années de Titan et ouvre un nouveau chapitre dans l’essor de la haute horlogerie indienne.
UN COMMENTAIRE ? On comprend avec ce tourbillon volant qu’il est désormais temps d’admettre la haute horlogerie mécanique indienne au banquet des grands horlogers internationaux – ce qui va en défriser plus d’un ! Il y aurait bien quelques reproches à faire à ce tourbillon, en tous points digne d’être présélectionné si les académiciens veulent bien regarder plus loin que le bout de leur nez : une réserve de marche un peu courte, des finitions parfois déconcertantes, un style un peu trop sage, mais l’ensemble emporte la conviction [quelques bases du métier restent à maîtriser, mais les fondamentaux sont bien posés]. Une fois passé le premier cap de la présélection, quels que soient les concurrents pour la finale, ce sera nettement plus dur pour ce tourbillon volant indien de décrocher un prix « tourbillon » : c’est dommage que le GPHG n’ose pas mettre en place un prix réservé aux marques exogènes, une sorte d’Aiguille d’or qui serait la tour de Babel de l’horlogerie globalisée…
URBAN JÜRGENSEN UJ-1 Tourbillon remontoir d’égalité « 250e anniversaire »
La UJ-1 « 250e anniversaire » séduit par l’harmonie de ses courbes et le jeu de lumière sur ses surfaces. Mais au-delà de cette beauté immédiate, elle témoigne d’une transmission rare : celle d’un savoir-faire horloger d’exception, porté de génération en génération. Cette montre rend hommage à l’héritage de Peter Baumberger et Derek Pratt tout en se projetant vers l’avenir, guidée par la main de Kari Voutilainen. Limitée à 75 exemplaires – répartis en trois références de 25 montres –, elle incarne avec justesse l’équilibre entre héritage et renouveau. Réinterprétation de la légendaire Urban Jürgensen Pratt Oval Pocket Watch créée par Derek Pratt, la UJ-1 transpose pour la première fois le mouvement emblématique de cette pièce dans une montre-bracelet – un défi que les horlogers rêvaient de relever depuis sa présentation. Chaque détail reflète un travail de finition à la main d’une patience extrême. Bien plus qu’un hommage, c’est une continuité – une montre qui, par sa seule présence au poignet, honore la valeur du temps. Son histoire est intimement liée au parcours de Kari Voutilainen, dont la relation avec Urban Jürgensen repose sur des idéaux partagés. Lorsque Derek Pratt ne fut plus en mesure d’achever l’Ovale, Peter Baumberger fit appel à Kari pour mener le projet à son terme. Aujourd’hui co-CEO de la Maison, Kari revient non pour reproduire, mais pour faire vivre une certaine idée du temps, porté avec beauté. La « 250e Anniversaire » ne cherche pas à figer le passé, mais à lui donner une nouvelle résonance. Chaque courbe, chaque roue, chaque surface guillochée parle à la fois de ce qui a été – et de ce qui reste à venir.
UN COMMENTAIRE ? Une montre néo-classique très aboutie, qui serait parfaitement convaincante pour la présélection comme pour le prix final en « Tourbillon », sauf que son prix est terrifiant : 398 000 francs suisses pour ce boîtier en platine de 39,5 mm x 12,2 mm d’épaisseur, étanche à 30 m et disposant d’un mouvement à remontage manuel avec 47 heures de réserve de marche et un remontoir d’égalité [ne s’est-on pas trompé d’époque ?]. Sensibles à la beauté de cette pièce et à sa mécanique plutôt exceptionnelle, de même qu’à ses finitions superlatives, les académiciens pourront la pousser dans la présélection, mais enverrait-elle le bon message si elle recevait le prix « Tourbillon » alors que les amateurs du monde entier sont vent debout contre l’arrogance tarifaire des alto-horlogers contemporains ?
CYRUS Etheral Twin Orbital Tourbillon
La nouvelle collection Etheral de Cyrus Genève est dotée de complications horlogères inédites et d'un boîtier rond, une première absolue pour la Maison. Après plus de six ans de travail, le projet lancé en 2018, sous la direction du maître horloger Jean-François Mojon, s'est concrétisé pour donner naissance à l’Etheral Twin Orbital Tourbillon réalisé dans un boîtier en or rose de 44 mm avec inserts en titane grade 5 et double couronne fonctionnelle. Avec son cadran mobile en 3D, le « Etheral Twin Orbital Tourbillon », en édition limitée à 18 pièces, est un hymne à la cinématique. Ce modèle indique les heures sautantes sur deux disques qui se déplacent sur le cadran tout en conservant une lisibilité horizontale, ainsi que les deux tourbillons volants, inclinés à 20°, tournant tous deux dans le sens horaire, le tout embarqué sur un châssis tournant en 1h et dont l’aiguille des minutes est intégrée au grand pont supérieur en forme triangulaire. Tout cela est rendu possible par le nouveau calibre de manufacture à remontage manuel Cyr518-E à double barillet garantissant une réserve de marche de 72 heures, comprenant pas moins de 510 composants, dont 63 rubis et un organe réglant fonctionnant à 21.600 v/ph. Ce mouvement innovant et finement décoré bénéficie de trois brevets. Un des trois brevets de ce mouvement inédit concerne le mécanisme d'équilibrage du châssis, nécessitant le développement d'une solution nouvelle et innovante pour assurer un fonctionnement impeccable en cas de chocs. Le positionnement du centre de gravité sur l'axe de rotation est la première mesure à prendre pour réduire l'impact des chocs sur le châssis. Cela permet d'annuler les effets des chocs linéaires. Cependant, les accélérations angulaires présentent toujours un effet perturbant vis-à-vis du châssis et donc des organes régnants. Le châssis entraîne une masse en rotation dans des directions opposées. Lors d'un choc ou d'une accélération angulaire, les effets dynamiques sont annulés car les inerties du châssis et de la masse en rotation sont égales mais avec un sens de rotation inversé.
Le mécanisme d'affichage de l'heure par combinaison des disques des dizaines et des unités fait l’objet de deux autres brevets. L'une concerne l'indicateur des heures. Elles apparaissent sur deux disques entraînés par une seule roue étoilée à denture triangulaire à travers une cinématique à 12 sauts. Outre sa simplicité, ce mécanisme présente l'avantage d'éviter toute désindexation. Un deuxième brevet concerne le mécanisme d'entraînement instantané avec surprise pour le réglage sans restriction de la mise à l'heure anti-horaire. Ce dispositif a pour but de faire sauter les heures sans double saut et sans désynchronisation lors de la mise à l'heure en sens anti-horaire. Une grande attention a été réservée à l'esthétique du fond de la montre qui reprend la disposition sophistiquée du cadran soulignée par des finitions raffinées telles que les surfaces grenées et microbillées, les angles polis à la main, les vis miroir polies et bien plus encore. On remarque ainsi que le disque de réserve de marche incliné, dont les ouvertures passent du blanc au noir puis au rouge lorsque la réserve de marche s'épuise, suit la forme de l'insolite aiguille des minutes. Ou encore les rochets du barillet grenés, avec traitement PVD noir et gravés du logo Cyrus. Le fond saphir antireflet, fixé par 8 vis en titane personnalisées, permet d'admirer les nombreux détails et les décors qui confirment, une fois de plus, le plus haut niveau de maîtrise de Cyrus Genève. Le Etheral Twin Orbital Tourbillon est complété par un bracelet en alligator noir fixé par une boucle ardillon en or rose et titane.
UN COMMENTAIRE ? Cet Etheral Twin Orbital Tourbillon concourt dans la catégorie « Exception mécanique », où il aura plus de chances de faire émerger sa singularité horlogère plutôt qu’en « Tourbillon », catégorie plus chargé et plus concurrencée. Il faut compter dans les 357 000 francs pour ce boîtier en or rose/titane de 44 mm x 16,3 mm d’épaisseur [ce qui est volumineux], étanche à 50 m et doté d’un mouvement à remontage manuel disposant de 72 heures de réserve de marche. Ce concept d’heures sautantes et de cadran rotatif est très ingénieux, mais les présélectionneurs devront éliminer presque deux montres sur trois pour désigner les finalistes : ce n’est donc pas gagné d’avance en « Exception mécanique », catégorie où la concurrence est violente…
COORDINATION ÉDITORIALE : JACQUES PONS