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Les dix plus énormes stupidités horlogères proférées pendant le confinement (troisième et dernière partie)

On a confiné les humains, mais malheureusement pas les crétins ! Le coronavirus a libéré la parole, plutôt pour le pire que pour le meilleur, notamment sur les réseaux sociaux de l’horlogerie où les uns et les autres ont pu se lancer dans un étourdissant concours de médiocrités auto-satisfaites. Il faudra se souvenir de quelques-unes de ces perles notées à la volée dans les deux premiers volets de ce survol de six semaines de confinement…


❏❏❏❏ À RELIRE

Les dix plus énormes stupidités horlogères proférées pendant le confinement (première partie : Business Montres du 2 mai – deuxième partie : Business Montres du 3 mai)

❏ CONTRESENS NUMÉRIQUE : « Heureusement qu’il y avait des réseaux sociaux »

« En avoir ou pas », comme disait Hemingway ! En effet, qu’aurions-nous fait pendant le confinement sans les réseaux sociaux, comme se le demandent les naïfs qui répètent ce qu’on leur raconte sur les… réseaux sociaux ? À vrai dire, on aurait probablement fait plus et mieux sans ces réseaux sociaux, en s’informant dans des médias traditionnels qui auraient pris le temps de la réflexion, en ne passant pas des centaines d’heures devant des écrans et – côté horlogerie – en ne subissant pas les lamentables exhibitions de CEO (souvent un peu hagards et mal éclairés) ou des « célébrités » qui n’avaient à dire à des interlocuteurs qui n’avaient rien à leur demander. Sans réseaux sociaux, on aurait évité à certaines marques de se ridiculiser dans des initiatives de « dialogue » et d’« animation » dont la bêtise éclatera dès qu’on sera tous sortis du confinement. Sans réseaux sociaux, les médias horlogers n’auraient pas fait la preuve éclatante de leur inutilité foncière dès lors que les marques se transformaient elles-mêmes en médias et démontraient que les médiateurs éditoriaux ne servaient plus à rien. Sans réseaux sociaux, les marques n’auraient pas réalisé qu’elles employaient – pour l’instant à domicile et en télétravail – des milliers de personnes dont les bullshit jobs n’apportaient rien à l’entreprise et ne servaient qu’à occuper des mètres carrés inutiles dans les états-majors [était-ce vraiment un progrès de s’en apercevoir ?]. Le meilleur pour la fin : qui a regretté l’absence des influenceurs, l’évaporation des KOL (key opinion leaders) et la disparition des blogueuses, qui n’avaient brutalement plus de médias sociaux pour minauder [ni de marques pour les rémunérer] ? Heureusement qu’il y avait une crise coronavirale pour que les marques réalisent à quel point elles ont pu gaspiller de précieuses ressources pour financer ces imposteurs…

❏ TROUILLE PANIQUE : « Rien à faire, on est foutus »

« À quoi bon » ? La chronapocalypse a mis en déroute le moral des Playmobil de l’horlogerie, qui n’avaient pour seule arme que leur tableau Excel et des commandes qui ne répondaient plus. D’où leur sentiment d’impuissance et d’abandon, au moment où leur (ancien) monde s’écroulait – celui de la croissance annuelle à deux chiffres, de la mondialisation heureuse, de la planète sillonnée en classe business et du bullshit marketing à outrance. Dénués de toute culture horlogère, dont le substrat n’est qu’une longue saga de crises surmontées [et tout aussi rapidement oubliées jusqu’au prochain cahot] dans un cimetière de marques disparues, ces résignés d’avance semblaient mûrs pour se recycler dans l’industrie du vélo ou la production d’épeautre bio, à leurs yeux désormais plus susceptibles de porter leurs ambitions de gentils petits soldats du capitalisme post-moderne. Dans les écoles commerciales, on avait oublié de leur inculquer la moindre expérience de la moindre crise – d’où leur propension à perdre leurs nerfs et à jeter le bébé avec l’eau du bain. « Tout est foutu », semblaient-ils nous suggérer, en se ralliant d’avance à la collaboration avec les géants de la montre connectée comme avec les transhumanistes qui veulent nous pucer avec des montres sous-cutanées. À la veille de la crise, fin 2019, ces champions de la méthode Coué se félicitaient de n’avoir que des raisons d’espérer dans l’actualité des montres [il suffisait de croire aux statistiques de la FH suisse] et ils prévoyaient une flamboyante année 2020, dans la foulée d’un premier trimestre qu serait dopée par le Nouvel An chinois : aujourd’hui, quand ils n’évoquent pas magiquement la divinité du « rebond », ils désespèrent trouver des solutions pour relancer la machine horlogère. Peut-on attendre de ces facteurs de démoralisation une rentrée horlogère pétrie d’esprit de résistance et en dispositions de combat ? On a des doutes…

❏ ABERRATION SYSTÉMIQUE : « En avant comme avant »

« Tout va très bien » ! Et même mieux que bien, chère Madame la marquise, puisque le « retour à la normale » est sous nos yeux, croyez-en nos actionnaires, nos analystes financiers, nos amis chinois, nos vaillants CEO, nos porte-paroles officiels des états-majors horlogers, nos si géniaux blogueurs et nos collectionneurs qui y croient dur comme fer [rayez les mentions inutiles]. Au pays des bisounours, on ne change pas une équipe qui perd – n’est-ce pas ? Ceux qui ont provoqué cette sortie de route, tous ceux qui ont jeté la voiture contre le mur en klaxonnant, ne doivent-ils impérativement reprendre le volant et ne surtout pas changer de logiciel mental ! Il va falloir produire encore plus, pressurer encore plus les fournisseurs, rançonner encore plus les clients avec des prix publics encore plus ahurissants, empiler encore plus de stocks et mépriser avec encore plus d’acharnement les montres connectées. Vous avez des doutes ? Nous aussi…

(BONUS) ÉTOURDERIE MÉDIATIQUE : Les plantages de Business Montres en confinement

Et une onzième portion pour la route ! Bien sûr, ici ou là, nous avons pu déraper, en dépit de notre volonté de ne pas faire d’analyse concernant les aspects sanitaires de la pandémie [domaine où nous n’avons pas la moindre compétence], en nous consacrant uniquement aux conséquences économiques de cette crise sur l’industrie des montres – analysée dès la fin janvier comme une chronapocalypse [ceci dans ce qui était alors un grand moment de solitude médiatique et sous les moqueries de nos amis CEO et de nos chers confrères, qui n’entrevoyaient alors qu’une « crisette » derrière une « gripette »]. Était-ce un plantage, dès le début février, de chiffrer les pertes horlogères autour des cinq milliards de francs suisses ? Sans doute, parce que le bilan sera probablement supérieur, avec les manufactures et les boutiques à l’arrêt. Était-ce un plantage d’annoncer, dès la fin février, un premier semestre « blanc » pour l’industrie horlogère ? Sans doute, parce que nous allons au-devant d’une vraie année sabbatique pour 2020. Était-ce un plantage que de pronostiquer, dès le début mars, 3 000 à 4 000 emplois horlogers supprimés d’ici à la fin de l’année, avec une soixantaine de marques au tapis. Bien sûr que nous nous sommes plantés : les pertes d’emploi seront supérieures, sans doute au-delà des 5 000 postes [dès qu’on aura dépensé les subsides généreusement accordés par la Confédération], et on peut désormais tabler sur une centaine de marques éliminées du marché [soit un tiers de la démographie horlogère européenne rayée de la carte]. Merci à nos lecteurs, qui ont pu profiter de presque toutes nos pages en accès libre, de bien vouloir nous pardonner tous ces plantages et tous ceux dont nous n’avons pas parlé…


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