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CULTURE HORLOGÈRE (accès libre)
Les objets du temps dans les blasons et dans les armoiries officielles

L’héraldique est une science passionnante, qui met le monde en images sans recourir aux mots : à la fois protecteur et repère dans l’espace-temps, chaque blason est une image qui condense d’autres images et exprimant une certaine identité et une conception du monde. C’est une prise de position face aux forces de l’histoire et de la vie.


Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la Suisse, nation horlogère par excellence, ne compte pas – ou alors très peu (merci de nous les signaler) de blasons relatifs aux objets du temps. Cette absence d’héraldique horlogère est d’autant plus surprenante que de nombreuses familles de l’aristocratie suisse et des combourgeoisies cantonales possèdent leur blason. Allons donc chercher ailleurs que dans les watch valleys quelques éléments plus substantiels de l’héraldique horlogère : on en trouvera une concentration inattendue dans le domaine... hispanique !

Cette question de l'héraldique horlogère a largement été travaillée par un site qui fait autorité, comme Héraldie (« La communauté du blason »), qui a consacré en 2014 un dossier à « La mesure du temps en héraldique » (remerciements pour plusieurs blasons de cette page : lien ci-contre). Le texte introductif à ce dossier mérite une citation : « Le blason est une image-icône, un condensé de choses. D'où sa force, à la fois comme emblème et comme centre de suggestions. (…) C'est une image inspirante, pour peu de la considérer au-delà d'elle-même, derrière le bouclier qu'elle est toujours quelque part, car tel est son acte de naissance. Cette double fonction de protection et de signe de reconnaissance crée, de fait, un équilibre. Le blason est une image rassurante, non seulement parce qu'elle s'inscrit dans la durée et donc une forme de continuité, de stabilité, mais aussi parce qu'elle réactive sans cesse le symbolisme. Or, l'être humain a besoin de symboliser les choses importantes pour lui, essentielles, de les marquer d'une empreinte. Le blason est une empreinte par excellence. »

Passons maintenant aux choses sérieuses, avec quelques blasons très horlogers. Avec une précision : de nombreux blasons sont porteurs de symboles qui pourraient être horlogers, notamment des roues : il s’agit le plus souvent de roues de moulins, de roues solaires ou d’engrenages industriels, quasiment jamais de rouages horlogers. Nous les avons donc éliminées, même si des roues dentées comme celle de l’image en haut de l'article et ci-dessous évoquent furieusement les lunettes de certaines montres (voir notamment l’Overseas de Vacheron Constantin, à gauche, mais les allusions horlogères des blasons sont douteuses : en haut, le blason de Darnétal, en Seine-Maritime ; à droite, le blason d'Amfreville-la-Mi-Voie, en Seine-Maritime). On appréciera le rouage – horloger, celui-ci ! – du blason de la ville de Maîche, en Franche-Comté (France), dont la riche histoire horlogère méritait bien une roue dentée et, pourquoi pas, un fer à cheval...

Certains blasons évoquent ouvertement des objets du temps, comme des cadrans solaires (par ordre de rangement : le blason de la ville espagnole de Madarcos ; le blason de la ville de Patnow en Pologne ; le blason de la ville de Chauché, en Vendée (France) ; le blason personnel de la famille Allegue, en Galice (Espagne) ; le blason de la ville de Castil de Peones (Espagne) ; le blason personnel de la famille Carnerero en Castille (Espagne) ; le blason personnel du désormais vicomte et astronaute belge Dirk Frimout ; le blason de la ville espagnole de Madarcos, près de Madrid ; 

On trouve en héraldique européenne des blasons pour représenter des objets du temps très anciens, comme les traditionnels calendriers de bergers, qui sont les objets du temps solaires les plus anciennement utilisés en Europe (blason de la ville de Saint-Mars-du-Désert, en Loire-Atlantique (France). Voire des sabliers (toujours par ordre de rangement) comme celui du blason de la ville de Badevel, dans le Doubs, là où Frédéric Japy avait créé sa première fabrique (France) ; le blason de la ville de Lussac-les-Châteaux, dans la Vienne (France) ; le blason horlo-épiscopal de la cité de Saint-Nicolas-d'Aliermont, en Normandie (France), qui était un des principaux centres industriels de l'horlogerie française au XIXe siècle, grâce à l'horloger Honoré Pons ; le blason familial des Lagouanelle-Dély ; on appréciera enfin le blason colombien de la ville pétrolière de Barrancabermeja, ainsi que le blason en sablier du département mexicain de Totonicapan (dessiné en 1825) ; pour finir, le blason clanique et purement horloger des familles Camerena, ttès répandues dans la région de Valence et de Barcelone (Espagne)...

Sinon, quelques blasons se contentent de cadrans ou d'horloges plus explicites, comme le blason de la ville de Tassin-la-Demi-Lune (France), qui reprend l'image de l'horloge du lieu, au point de croisement des routes royales ; l'allusion horlogère est évidente sur le blason de la ville de Camblanes-et-Meynac, en Gironde (France) ; même iconographie simplifiée pour le blason de la guilde des horlogers de Vienne (Autriche) ; même évidence pour les armoiries corporatives de horlogers de Paris au XVIIIe siècle et pour celles des horlogers allemands, qui ferment la marche...



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